Elitiste ? Peut-être, mais c’est surtout pour se faire plaisir car s’il est courant que tous les membres d’un groupe de dégustateurs apprécient le Champagne, cela est plus rare que tous ses membres soient fans de vins jaunes !
C’est donc Coralie et Greg qui nous accueillent chez eux pour cette soirée de gala. Et les accompagnements (apéritifs variés, poulet aux morilles, comté et mousse au chocolat) ont été à la hauteur des belles bouteilles !
Au programme, sept Champagne et quatre Jaunes, avec un sucre pour accompagner le dessert. Il faut noter qu’il n’y avait pas de maître de séance afin que tous les vins soient dégustés à l’aveugle, sauf pour l’apporteur. L’ordre a donc été choisi en fonction du niveau de puissance attendu, et cela s’est avéré fort judicieux !
Domaine Marguet – Champagne – Shaman 20
La robe est de couleur pelure d’oignon, légèrement orangé. Il ne s’agit pourtant pas d’un Champagne rosé !
Le nez brille par son intensité et encore plus par sa diversité : de petits fruits rouges, des notes pierreuses et une touche de fruits secs.
La bouche toute en élégance jouit d’une bonne concentration et d’une grande tension. L’aromatique est moins marquée qu’au nez et on ressent une sensation crayeuse. La finale de belle allonge se montre vibrante et salivante.
Très Bien +(+)
Domaine Agrapart – Champagne – Blanc de blancs – Minéral – 2012
L’or de la robe tire légèrement sur le vieil or.
D’une belle intensité et séduisant, le nez allie des fruits jaunes et des fruits secs, une touche de miel et un soupçon crayeux.
La bouche frappe par sa minéralité et ne peut donc renier le nom de sa cuvée. Elle ne manque cependant pas de gourmandise ni d’ampleur et la finale s’étire toute en finesse.
Très Bien ++
Champagne Jacquesson – Champ Caïn – 2008
La robe affiche un vieil or, plutôt léger.
Le nez très généreux, presque puissant, s’appuie sur un fond de fruits jaunes (mirabelle) et de massepain. Une touche oxydative et des accents truffés lui apportent une belle complexité et un côté décadent du plus bel effet.
Assez charpentée, dense et vineuse, la bouche est recentrée par une vivacité qui ne va pas jusqu’à une acidité acerbe. L'aromatique distinguée se poursuit dans la finale persistante qui associe avec bonheur impact et élégance.
Excellent (+)
Champagne Philippe Lancelot – Les Bas de Saran – 2008
La robe est parée d’un or moyen.
Le nez est expressif sans être intense, mais fait preuve de personnalité : du citron, des fruits jaunes et une touche de miel composent la palette aromatique.
La bouche ronde et appétente paraît assez dosée, mais dotée d’une vivacité suffisamment calibrée. L’aromatique paraît plus tertiaire qu’au nez et la finale salivante montre une certaine puissance.
Très Bien ++
Champagne Benoît Lahaye – Le jardin de la grosse pierre – 2015
La robe dorée se teinte de nuances rosées.
Très intense, le nez donne une impression de grande fraîcheur, associant groseille et agrumes.
La bouche contraste un peu, par sa largeur et sa densité. Mais on y décèle également une vivacité tonifiante qui lui donne du relief. L’aromatique patinée et la finale toute en raffinement parachèvent ce très beau tableau.
Excellent
Champagne Chartogne-Taillet – Les Barres – 2012
L’or de la robe est dense et s’oriente vers le vieil or.
Très généreux et luxuriant, le nez est marqué par les fruits secs, amande et noisette, et se complexifie par des senteurs de fruits confits, aussi bien de citron que d’abricot.
La bouche se livre sans retenue, cossue, concentrée et très goûteuse. Une acidité parfaitement millimétrée concourt à l’équilibre de ce vin de grande personnalité. La finale élégante et très persistante prend un profil plus effilé.
Excellent
A ce stade de la dégustation, nous sommes passés au poulet aux morilles et le vin tient parfaitement le choc face à ce plat haut en couleurs.
Champagne Jacques Selosse – Sous le Mont
La robe arbore une couleur vieil or attirante.
Le nez combine avec bonheur intensité, complexité et grande fraîcheur. La farandole des arômes est foisonnante, explorant les fruits rouges, les fruits secs, des notes pâtissières, d’autres boisées et épicées.
La bouche parfaitement aboutie associe puissance et finesse, sur une aromatique patinée finement oxydative. L’énorme persistance de la finale s’enrichit de fins amers qui la relancent constamment.
Excellent (+)
L’accord est magnifique (4 + / 5) avec le poulet aux morilles, en parfaite osmose.
Je m’aperçois que je n’ai rien noté sur la bulle de chacun de ces sept vins. C’est sans doute qu’elle s’est à chaque fois montrée discrète et au service du vin.
On attaque maintenant les vins jaunes avec un premier vin qui n’en est pas un mais qui a trompé tout le monde. Ce n’est qu’après avoir goûté aux suivants que la différence a été claire.
Domaine Macle – Côtes du Jura – 2015
La robe vieil or n’est pas ambrée et pas très dense.
Le nez intense et fin part d’abord sur le curry puis vers le céleri mais le troisième arôme du triptyque classique, la noix, n’apparaît pas. La bouche se révèle large et onctueuse, habillée d’une aromatique très appétente. La tension est minimum mais ce vin a été servi sans doute un peu trop chaud (plus que 16° ?). La longueur moyenne le différencie peut-être d’un jaune et c’est dans la finale que la noix se montre.
Très Bien +
Domaine Labet – Côtes du Jura – Vin Jaune – 2015
La robe est ambrée.
Intense et vraiment très délicat, le nez exhale une aromatique inattendue de whisky et de raisins secs, avec un peu de sotolon qui apparaît à l’aération.
La bouche est d’une finesse superlative, avec toujours cet arôme de whisky et une texture soyeuse. La tension est sous-jacente, mais bien présente pour la tenir droite jusqu’à une finale expressive et goûteuse, de grande allonge, mais qui chauffe un peu, seul tout petit bémol.
Excellent
Domaine Stéphane Tissot – Arbois – Vin Jaune – En Spois – 2016
La robe se situe entre le vieil or et l’ambré, mais se montre peu dense.
Très expressif, le nez se situe au barycentre du triangle noix - curry – céleri, alliant masculinité et féminité, ce qui a déclenché une discussion sur les termes politiquement corrects ou pas. Mais même notre représentante de la gent féminine emploie ces termes pour décrire certains vins.
La bouche d’une très grande ampleur et bien grasse développe des saveurs extraverties, encadrée par une juste acidité. Elle se termine sur une finale alanguie.
Très Bien ++ / Excellent
Le comté de 24 mois de super-compétition qui l’accompagnait est sans doute un des meilleurs que j’ai jamais dégustés. Le mariage était forcément réussi.
Domaine François Rousset-Martin – Château Chalon – n°12 – 2000
Ce vin a été élevé douze ans sous voile avant d’être mis en bouteille.
La robe est de couleur vieil or.
Bien généreux, le nez offre un panel d’épices très variées, de la coriandre et une touche animale. On est forcément ravi par cette complexité.
La bouche joue dans un registre axé sur la finesse, avec un profil rectiligne et une aromatique tertiaire. La finale savoureuse et salivante fait preuve d’un grand raffinement.
Très Bien ++ / Excellent
Mas Amiel – Maury – Réserve – 15 ans d’âge
La robe assez claire paraît très évoluée, les teintes tuilées gagnant jusqu’au cœur du disque, alors que son pourtour est de couleur acajou.
Le nez débordant associe des fruits rouges, des raisins secs et une touche fumée.
La bouche affiche une richesse certaine en saveurs et une certaine richesse en sucre. Une grande acidité équilibrante et rafraichissante contribue de plus à lui procurer une superbe allonge bien goûteuse, au sucre prononcé.
Très Bien +
Un énorme merci à Greg pour sa générosité, tant au niveau du solide que du liquide. Et bravo à tous pour vos apports et votre convivialité.
On se réunit moins souvent avec LPV78, mais on se réunit bien !
A très vite j’espère après les vacances d’été !
Jean-Loup