Alors que LPV Tokyo s'apprête à célébrer ses 2 ans d'existence, nous nous sommes réunis à la fin du mois dernier en l'honneur de Martin qui s'apprête à rentrer en France.La quasi-totalité du groupe avait répondu présent, soit une dizaine de personnes, pour une soirée sans thème particulier. En tout, 17 bouteilles furent ouvertes (!!!), impossible donc de faire un CR exhaustif, je vais revenir sur celles qui m'auront marqué. Les vins ont été bus à l'aveugle. 

Domaine Jean-Paul & Benoît Droin, Chablis Grand Cru, Les Clos 2017
Tout est en place pour donner un grand vin d'ici quelques années, mais ça se boit déjà très bien ! Superbe.

Domaine Jean-Louis Chave - Saint Joseph 2017
Un Saint Joseph dense, puissant mais qui se boit avec une étonnante facilité, sans lourdeur ni richesse excessive. Même remarque que pour le Droin, c'est bien évidemment trop tôt mais on prend quand même déjà beaucoup de plaisir. Très beau. 

Domaine Kei Shiogai - Pommard 2020
Certains sont partis en Roussillon, d'autres en Rhône Nord. Et même les palais les plus affûtés du groupe (et grands amateurs de pinot noir) ont été incapables de placer cette bouteille au profil sudiste en Bourgogne. À la levée de la chaussette, certains n'en démordent pas : « C'est un Cornas ! ». Difficile de les contredire tant le profil est atypique et, réflexion faite, rappelle effectivement un Cornas ! Là aussi, c'est un vin qui apporte du plaisir car bien en place mais je préfère largement les Pommard plus classiques (soupire de soulagement de mon banquier). Pour info, ce vin a été ouvert sur recommandation du vigneron, qui estime qu'il pouvait déjà être bu.
 
Clos du Mont Olivet - Châteauneuf-du-Pape 1997
Difficile de placer ce vin dans une région tant les années ont gommé les caractéristiques de l'appellation (sauf pour l'invité d'honneur qui aura, aussi, quasiment trouvé le millésime). Surprise à la levée de la chaussette, on parle de vin de "témoignage" (façon polie de dire que la bouteille n'a aucun mérite si ce n'est celui d'avoir traversé les années sans partir en sucette). De mon côté, j'ai beaucoup apprécié ce très joli vin tout en délicatesse (touche de rose fanée, fraise...) 

Alcidini - Shiraz & Muscat
Ce vin thaïlandais est un véritable OVNI qui n'aura laissé personne indifférent à cause, ou plutôt grâce à un goût d'éther que les amateurs de rhum connaissent bien. C'est la première fois que je croisais cette caractéristique dans un vin et accompagné d'un plat approprié (mais alors quoi???), ça pourrait être une expérience unique.
Nous avons également goûté durant la soirée un autre vin du domaine, la Syrah reserve 2013, qui lui n'était pas du tout rock'n roll, mais qui présentait quand même une pointe de rancio laissant à penser que ce domaine propose des vins plutôt atypiques. 

Château Mars - Hosaka Sannokura Rouge 2019
À l'opposé complet de l'Alcidini, on retombe dans le classicisme le plus total et on se croirait dans le Bordelais… alors que nous sommes dans la préfecture de Yamanashi, à une centaine de kilomètres de Tokyo. On pourrait reprocher le manque de complexité, mais les vins rouges japonais rencontrés sont souvent tellement décevants que, pour une fois, on ne va pas bouder son plaisir, si modeste soit-il. 

Merci pour ce compte-rendu.
Je ne peux pas m'empêcher une curiosité, quel est votre circuit pour organiser à l'autre bout du monde des dégustations de vins parfois difficile à trouver y compris en habitant le village du vigneron ?
Je pense que la logistique des dégustations à l'étranger est aussi un sujet de "reportage".

Merci  … j‘étais à Tokyo au mois de mars cette année, la prochaine fois j‘annonce ma visite 😉 … quelle ville !!!

concernant le Pommard de Kei Shiogai est-ce imputable au millésime 2020 tout de même hyper riche et mûr ou au style du vigneron  ? 
perso j‘ai bu les Gevrey Les Barraques et Les Cherbaudes (cf rubrique sur LPV ) et j‘adore ce style intense mais  à la fois en apesanteur….
enfin, du mystère de la dégustation 😊

 

Bonjour,

Je me permets de répondre parce que c'est probablement similaire à Tokyo... Lorsque je vivais en Californie dans la Silicon Valley, je trouvais chez les cavistes absolument tout ce que je voulais, y compris des bouteilles rares difficiles à trouver en France voire introuvables, à partir du moment où j'étais prêt à mettre le prix, et même si je n'étais pas un client régulier de ce dit-caviste. C'est une approche du vin très différente de celle que je connais en France, où les cavistes vont réserver les meilleures cuvées des domaines recherchés à leurs meilleurs clients, ou alors les vignerons auront leur clientèle historique et fidèle, mais d'autres n'y auront pas forcément leurs entrées.

Le constat que tu fais est toutefois assez triste je trouve, car une personne habitant le village même du vigneron peut ne pas avoir accès à ses vins, tandis qu'une personne vivant à l'autre bout du monde n'aura qu'à sortir le chéquier pour acheter ses vins... Tout un concept! 

Bien cordialement,

Thibault

Thibaut

Rien de nouveau sous le soleil !

thibsana1985 écrit:

Bonjour,

Je me permets de répondre parce que c'est probablement similaire à Tokyo... Lorsque je vivais en Californie dans la Silicon Valley, je trouvais chez les cavistes absolument tout ce que je voulais, y compris des bouteilles rares difficiles à trouver en France voire introuvables, à partir du moment où j'étais prêt à mettre le prix, et même si je n'étais pas un client régulier de ce dit-caviste. C'est une approche du vin très différente de celle que je connais en France, où les cavistes vont réserver les meilleures cuvées des domaines recherchés à leurs meilleurs clients, ou alors les vignerons auront leur clientèle historique et fidèle, mais d'autres n'y auront pas forcément leurs entrées.

Le constat que tu fais est toutefois assez triste je trouve, car une personne habitant le village même du vigneron peut ne pas avoir accès à ses vins, tandis qu'une personne vivant à l'autre bout du monde n'aura qu'à sortir le chéquier pour acheter ses vins... Tout un concept! 

Bien cordialement,

Thibault

Intéressant, merci !

mgtusi écrit:

Thibaut

Rien de nouveau sous le soleil !
 

Et pourtant je ne parlais pas de Marseille... 

Une partie des bouteilles vient de France et a fait le voyage dans des valises et l'autre partie a été achetée directement au Japon (on trouve de tout ici, mais ce qui est rare et cher en France est souvent rare et très cher ici, sauf si vous êtes fan de Beaujolais Village des années 90/2000, choix pléthorique en seconde main !)

claudius écrit:

Merci  … j‘étais à Tokyo au mois de mars cette année, la prochaine fois j‘annonce ma visite 😉 … quelle ville !!!

concernant le Pommard de Kei Shiogai est-ce imputable au millésime 2020 tout de même hyper riche et mûr ou au style du vigneron  ? 
perso j‘ai bu les Gevrey Les Barraques et Les Cherbaudes (cf rubrique sur LPV ) et j‘adore ce style intense mais  à la fois en apesanteur….
enfin, du mystère de la dégustation 😊 

Première rencontre avec le domaine donc je ne saurais pas trop te dire mais c'est vrai que j'ai été surpris à la levée de la chaussette car, d'après d'autres CR, le style du vigneron me semblait assez éloigné de ce qu'on avait dans le verre. Mystère(s) de la dégustation comme tu dis !

Merci pour le CR, Jean: une très belle soirée concluant de deux ans de dégustations marquées par un éclectisme qui me manquera : France, Australie, US, Slovénie, Japon, Thaïlande pour cet opus.
J’ajouterai le très bon Blanc de Blancs de Benoit Lahaye, servi à température un poil élevée à la liste des vins marquants du jour, que j’avais bien mieux gouté les échantillons thaïlandais quelques jours plus tôt et que si je n’ai pas beaucoup d’éléments de comparaison sur les bourgognes 2020, on était clairement sur un pommard de millésime chaud et pas complètement maîtrisé pour le Kei Shiogai et comme souvent sur les vins spéculatifs, c'était bon mais sans valoir ce que certains sont prêts à y mettre.
En ce qui concerne les approvisionnements au Japon, je trouve les tarifs relativement raisonnables compte tenu de la faiblesse récente du yen: ils ont tissé des liens anciens et je pense que les exportateurs leur ménagent des tarifs particuliers (pas du vin mais j’ai trouvé les chartreuses moins chères qu’à Voiron). Ils ont aussi et surtout la particularité d’avoir évité toute inflation pendant des années et les tarifs des millésimes anciens ne sont quasiment jamais réévalués.
Enfin si n’est pas forcément un grand pays d’amateurs dans le sens où le vin, à contrario de la bière, est complètement dispensable à la plupart des nippons, c’est un vrai pays de connaisseurs et de défricheurs prudents: ils arpentent partout dans le monde les régions les plus célèbres pour y découvrir les jeunes pousses mais ne s’aventurent que rarement en dehors de ces régions: on trouve du Krug en supermarché, il n’est pas très difficile de trouver des bouteilles d’Egly Ouriet ou d’Arnoux-Lachaux mais trouver un pinot blanc, une altesse, un gamay d’Auvergne ou un Cahors peut s’avérer très compliqué car ça ne semble les intéresser que lorsque l’un de leurs compatriotes s’y est installé.

Bon retour Martin, RDV le 11 

J‘ai été très surpris de trouver du CdR de Charvin pour 3000¥
dans un petit supermarché - épicerie … sinon beaux choix à prix en effet très corrects chez les cavistes 

 

claudius écrit:

J‘ai été très surpris de trouver du CdR de Charvin pour 3000¥
dans un petit supermarché - épicerie … sinon beaux choix à prix en effet très corrects chez les cavistes 


 

Soit à peu près 19 €, ce n'est pas excessif (3000 yens ça cause pas)