On avance cette semaine en terre connues avec une série de blancs Slovènes. L’an dernier… ou il y a deux ans, nous avions exploré « assez largement » le pays mais en nous tenant plutôt aux cépages internationaux, Sauvignon Blanc, Riesling, Chardonnay, Pinot Noir...
Cette année, on repart en Slovénie pour une session de blancs sur cépages plus locaux ou régionaux.
5 vins, ouvert sur le moment sans aération préalable et que j’ai regoûté sur 5 jours. Les vins ont été dégusté en Sophienwald Bordeaux et Cocoon vin rouge. A noter au passage que le rendu des deux verres est extrêmement proche sur des vins jeunes. Cocoon se présente comme une alternative sympathique pour votre bourse.
Erzetic, Rebula Classic 2023 (Goriška Brda)
Le nez est très aromatique, sur le floral et fruit exotique. C’est franchement plaisant bien que ça laisse penser à un vin travaillé sur la réduction et la préfermentaire, entre autre, ce qui me laisse un peu dubitatif quant à l’avenir de la bouche. Cette dernière attaque propre, bien que très droite et peu expressive puis enchaîne sur une finale très amère, type pamplemousse léger voire plastique. Cette finale pas très fine n’est pas des plus plaisantes et c’est dommage vu le nez. Ce vin me semble extrêmement technique dans le mauvais sens du terme. Ce n’est pas quelque chose que je vais retenir. Pour ma part, c’est un no go. Bof.
Aucune amélioration sur 5 jours.
Guerila Pinela 2023 (Vipavska Dolina
)
Alors pour le coup, le nez est magnifique, très aromatique et bien équilibré. La bouche est à l’avenant avec une dominante d’agrume à la fois avec une jolie acidité et un corps bien rond. C’est tendu et souple en même temps avec une bonne complexité. C’est très franchement top, je recommande clairement de goûter.
Très stable sur les jours qui ont suivi.
Ferjancic, Zelen 2023 (Vipavska Dolina)
Le nez me rappelle le gin, avec un côté genièvre. Assez vert et peu expressif. Bouche est droite à l’extrême, on peut trouver une trace exotique et mangue parmi les amers d’herbe fraîche (plaisants) et une longueur correcte sur un corps fin. C’est pas mal mais très austère.
Après 5 jours, le vin connaît une amélioration certaine. L’amertume et l’acidité se fondent un peu, les arômes se sont complexifiés. Pour les amateurs de vins droits !
Pucer z Vrha, Malvazija Pristna 2022 (Slovenska Istra)
Là, on passe sur un vin puissant au nez de fruit jaune. En bouche, c’est riche, sur une touche d’amande et l’orange en finale. On est marqué par le gras du vin, ça n’est pas follement complexe mais c’est structuré. Ca fait un peu penser à un semillon bien mûr.
Je ne suis pas particulièrement fan de ce vin qui manque un peu de précision mais il n’est pas exclu que ce soit une bouteille moins bonne… ce vin donne l’impression d’être sensible à l’oxydation.
Pas vraiment d’amélioration au départ jusque J+5 puis le vin a gagné en complexité au nez, développant plus d’exotique. L’équilibre est un peu trop sur le gras mais il y a clairement amélioration.
Šuklje, Belo140 2023(Kerner et Riesling) (Bela krajina)
Bon, celui-là va mettre tout le monde d’accord. Bien que l’élevage soit encore un peu sensible (ce qui est logique vu la jeunesse du vin), on est sur un niveau de précision et de classe infiniment plus élevé que les autres.
Le nez porte des touches de vanille (certains trouvent coco), grillé doux et un mélange de baies et fruits blanc. C’est complexe et d’une belle intensité. La bouche est déliée et puissante, tout en étant magnifiquement équilibrée et acidulée. On a un équilibre idéal entre le gras de l’élevage et l’acidité délicieuse du vin. La bouche est donc riche, complexe et large tout en s’étirant magnifiquement sur un trame acide tranchante et douce à la fois. Le vin se déroule sur l’agrume pour dévier petit à petit sur les baies comme la groseille en finale. C’est simplement excellent.
Le vin s’est amélioré sur 2 jours. Mais je ne pourrai vous en dire plus car la bouteille n’a pas eu la possibilité physique de durer plus longtemps.
Réellement excellent mais en plus remarquablement placé niveau prix. Je serais curieux de regouter ça quand ce sera parfaitement en place, dans 3 à 5 ans. Pour moi, le meilleur vin de la journée et un de mes tops de l’année.
Enfin nous arrivons à la dernière bouteille :
Antoine Jaboulet-Vercherre, Renesansa Laški Riesling 2021 (Štajerska)
Alors pour le fun, laski en finnois, ça signifie quelque chose comme « gros lard », donc sourire quand j’ai dit montré le nom du cépage. Aucun lien en revanche puisqu’il s’agit ici d’un Welshrielsing et donc un cépage particulièrement frais et acide.
Le vin est probablement un des meilleurs Welshriesling que j’ai goûté, avec une belle structure et beaucoup de tenue en bouche. Mais c’est quand même un peu simple en terme d’aromatique. Sans doute encore jeune vu qu’il n’a pas bougé depuis. (vous noterez que celui-ci, j’en ai encore un fond à suivre aujourd’hui). C’est le vin qui a le plus plu avec Šuklje mais pour moi, c’est difficile de le placer au dessus. Le style est très différent, sans doute beaucoup plus taillé pour la garde. Mais pour moi, il manque un peu d’âme.
Cette série pour le coup n’a pas été dégusté au hasard. Guillaume m’avait recommandé un ordre, somme toute rationnel. La conclusion est la même que lors de la précédente série sur les vins tranquilles. Les vins sont globalement plutôt chers (ce n’est pas le cas de Belo). Les meilleurs vins sont excellents mais les meilleurs vins ne sont souvent pas fait par des Slovènes, on dirait
(Gross la dernière fois était très impressionnant)
C’est quelque chose que j’ai remarqué dans beaucoup de ces pays « jeunes », au départ, les locaux manquent d’une certaine humilité, si j’ose dire. Ou devrais-je dire, de recul en tout cas. D’expérience assurément. Du coup, il y a une sorte d’absence de remise en question. La consommation locale est forte et patriotique, les vins se vendent. On reste alors sur des choses un peu trop brouillonnes, un peu trop rustiques. Peut-être que cela manque aussi d’ambition ? En tout cas, si je me réfère par exemple à la Slovaquie, le relais se passe, l’évolution est contagieuse et on se retrouve avec une augmentation globale du niveau.
Toutefois, dans la série, Guerila est une belle réussite, pour le coup locale. Je n’ai pas les tarifs des vins pour juger du rqp, mais il produit là un très bon vin, très typé et original.
En tout cas, cela donne l’impression d’avoir une excellente dynamique, les meilleurs vins sont racés et d’un équilibre magnifique. Et dans notre série, ce n’est pas pour être chauvin ou flatteur, mais Guillaume fait un boulot magnifique.