Michel, tu le fais exprès Titre de l'article pour rappel : "Wannabe Wine Connoisseurs Can Now Buy Instant Cellars for $5,000"
Il me semble bien qu'on parle de gens qui veulent être/sont/se disent amateurs non ?

Marc

Non, je ne pense pas Marc ; c'est juste une formulation racoleuse.

La cible de sotheby n'est certainement pas les casses-couilles de passionnés, sectaires qui plus est (dont je fais partie)

Juste pour rappeler qu'il y a quelques années LECLERC ou CARREFOUR - je ne sais plus - proposaient des caves "clef en main" lors de leurs foires aux vins.
Chacun pouvait trouver cave à son pied en investissant 500, 1000 ou 1500 francs - me semble-t-il - pour repartir avec une cave "débutant", "amateur" ou "connaisseur". C'est ainsi qu'ils avaient baptisé ce mode d'achat.
Le bon, voire très bon, côtoyait le moins bien et je pense que c'est pour cette raison que ce système à fait FLOP.

Pour une fois je ne partage pas l’avis de l’ami Oliv.
Je ne vois pas ce qu’il y a de déshonorant à confier un choix de vins à un caviste quand on ne se sent pas suffisamment compétent et si on en a les moyens .
Si le caviste est honnête ils n'ont pas plus de chance de se tromper qu’en se fiant aux notes Parker .
Rien ne dit que ces heureux fortunés ne deviendront pas de grands amateurs plus rapidement qu’après un parcours initiatique

Et puis que savez vous de ces gens ? Ils sont fortunés donc ils n’ont pas la vraie passion du vin ?
Mais ils ont peut être d’autres passions qui valent bien celle du vin .

Aucun souci à déléguer le conseil, Raymond.
Je le fais systématiquement quand je rentre chez un caviste. Car c'est la meilleure manière de découvrir des nouveautés, en valorisant dans un rapport de confiance le travail du vrai professionnel.

Mais dans le cas que je vitupère plus haut, faut pas la jouer modeste et débarquer chez un pro en version Wannabe afin qu'il te garantisse le status de Wine Connoisseur au seul motif que tu t'offres une cave toute faite.

C'était le sens de mon coup de sang vis à vis d'un monde où le paraître prend de plus en plus de place.

Et surtout le parcours initiatique, je le vois plus comme un plaisir que comme une contrainte.

D'accord avec Oliv, c'était également le sens de ma remarque.
Après s'il y a un marché, notamment pour ceux qui voyagent et ont plusieurs maisons, très bien.
Mais si c'est pour se concevoir une belle cave et ensuite se la péter, ben ...

je viens de passer 3 jours dans le beaujolais,
j ai pu deguster souvent et acheter pas mal a des prix de 10 a 30 euros.
en plus leurs vins s ammeliorent,leur philisophie de production s oriente de plus en plus sur le bio ou la biodynamie.
les grands bourgognes etant devenus inaccessibles, c est passionnant de decouvrir toutes sortes de gamay.
la restaurateur qui servait l aligoté de coche ou la syrah de reynaud en pichet m avait fait connaitre le plaisir de boire un corcelette. je l en remercie aujour d hui car je peux prendre mon plaisir tous les jours avec ces vins là par exemple

Oui il reste des vins accessibles mais le problème n'est pas vraiment là: il réside plutôt dans le constat que la gamme de ceux inaccessibles s'étend sans cesse, gagne successivement beaucoup de régions et réduit continuellement le groupe de ceux que l'on peut acquérir à des prix en lien avec le produit.

Tout à fait d'accord avec Agrippa !

Histoire d'aller un peu dans le sens de Michel sur le monde à part qu'est LPV. Je suis tombé sur ça ce matin sur Facebook :

Whisky
Les prix ont flambé cette année sur les bouteilles de single malt les plus rares. De quoi stimuler les papilles des collectionneurs et des spéculateurs.

www.lerevenu.com/pla...

Et pendant ce temps... on retrouve certains produits en sérieuse déflation ! (ouf...)

Impossible de récupérer bearer token (consumer)

Si l'anecdote est vraie, ça fait ~22€ pour un vin sorti 69€ en primeurs !! Si les négociants anglais commencent à destocker aussi violemment, ça va valoir le coup d'aller faire quelques emplettes là bas...

edit : la fonction pour inclure un tweet ne semble pas marcher, c'est normal ? Du coup j'ai mis un lien URL.

Un 2013 rouge à Bordeaux sera toujours trop cher

Bordeaux
Les négociants vendant le « vin le plus cher de Bordeaux » confirment son positionnement tarifaire de niche, qu’ils relient à une demande croissante de vins pensés pour être d’exception.



www.vitisphere.com/a...

Bourgogne
"Il y a tellement de soucis au niveau des tarifs - les prix n’arrêtent pas de grimper - que maintenant la clientèle française n’a plus les moyens de boire une grande bouteille de Bourgogne, donc les seuls marchés possibles sont asiatiques. Les grands domaines bourguignons sont dans un sens heureux car ces grands vins, ils arrivent à les vendre, mais pour la consommation française, c’est une chose négative et ça fait peur pour les années à venir, je pense." - Cédric Bilien, Hong Kong

www.letelegramme.fr/...

Article fort intéressant.
Mais j'ai vu que le reportage "l'ivresse du succès " d'envoyé spécial est programmé pour le jeudi 11 octobre et non pour le 18.

Et pour ma part je trouve plutôt cocasse le message délivré, de la part de quelqu'un qui "organise" le flux des grandes bouteilles vers l'Asie, et accessoirement en vit probablement fort confortablement.

Position faussement gênée face à l'amateur français maintenant quasi-dépossédé de "sa" Bourgogne ??

Faudrait peut-être voir à ne pas en plus se payer notre figure, non ?

Signé un petit amateur de bourgogne quasi-dépossédé..

Je viens de recevoir les tarifs d'un domaine nuiton
Entre 2014 et 2016 la hausse est d'environ 32% sur les villages et 1er crus et de 43 à 47% sur les grands crus

S'il existait une rubrique des grands crus nuitons à moins de 100€, je crois qu'elle serait assez vide.
Avec les excellentes récoltes en volumes de 17 et 18, j'espère que les prix vont baisser. Comment ça je suis naïf ? Ha oui le fameux cliquet bourguignon, j'allais l'oublier.

oliv écrit: Bourgogne
"Il y a tellement de soucis au niveau des tarifs - les prix n’arrêtent pas de grimper - que maintenant la clientèle française n’a plus les moyens de boire une grande bouteille de Bourgogne, donc les seuls marchés possibles sont asiatiques. Les grands domaines bourguignons sont dans un sens heureux car ces grands vins, ils arrivent à les vendre, mais pour la consommation française, c’est une chose négative et ça fait peur pour les années à venir, je pense." - Cédric Bilien, Hong Kong

www.letelegramme.fr/...

Comme pour les bordeaux 2009 et 10, les chinois vont un jour dire stop.
Et bizarrement, il va avoir un reflux massif avec des producteurs qui vont se rappeler de nous.

Que Dionysos t'entende!

Bourgogne
Jusqu'à 30 000 euros à Hong Hong pour des caisses de gevrey-chambertin, jusqu'à 2 600 euros une bouteille sur internet ! Où s'arrêtera la folie de la spéculation qui touche les vins de Bourgogne ? Dans cet extrait d'"Envoyé spécial", le viticulteur Eric Rousseau dit sa façon de penser.

"Moi, je serais acheteur, à ce prix-là, je n'en achèterais pas. Je ne comprends pas pourquoi il y a des prix aussi élevés."

www.francetvinfo.fr/...

Si Eric Rousseau ne comprend pas pourquoi les prix sont si élevés, il n'a qu'à les proposer à la vente à des prix décents, avec interdiction de revente au risque de perdre l'allocation (par contrôle des numéros de série) : je suis certain qu'il les vendra tous ! -))

Je pense la situation plus complexe, Jérôme.
La demande pour certains vins actuellement, ceux de Bourgogne en particulier, est telle et les disponibilités financières si importantes pour une frange toujours grandissante de la population mondiale que les prix départ domaine n'ont finalement plus d'autre influence que de permettre à ceux qui font le vin de récupérer une part plus importante de la marge que feront ceux qui revendront quoiqu'il arrive les bouteilles en seconde main. Nous sommes dans un monde où certains peuvent s'offrir ce qu'ils souhaitent, sans limite de prix.

Pour avoir eu l'occasion de discuter du sujet directement avec Eric Rousseau il y a quelques années à Villa d'Este, il illustre parfaitement ici la situation schizophrène d'un monde du vin bourguignon perdu dans ses valeurs et qui se trouve à la croisée des chemins, quand un univers historiquement paysan est en train d'être inéluctablement happé par celui du luxe et de l'argent et quand les (il)limites des uns révolutionnent les réalités des autres.

Rester raisonnable dans ses prix départ domaine comme l'a défendu très longtemps un Jean-François Coche n'a jamais eu aucune influence sur les prix en seconde main. La montée très importante des prix participe ainsi de la volonté de récupérer un peu de cette marge prise par ceux qui ne font pas le vin.
Et pour le client historique, ces bouteilles deviennent alors de plus en plus difficiles à boire pour peu qu'on arrive à suivre son allocation, avec ce goût de potentiel d'autre chose qui vous parasite le tire bouchon quand on pense à ce qu'on pourrait faire avec ce que vaut ce vin en seconde main.
La schizophrénie gagne donc alors aussi l'amateur, générant une mécanique que je pense inarrêtable car totalement irrationnelle.

Le modèle bourguignon de la viticulture familiale risque de s'éteindre à très court terme car personne n'a la solution face à une demande aussi déraisonnable.
On pourra toujours se réconforter en se disant que même déprises de leur histoire, les familles en sortiront enrichies considérablement, aussi douloureuse que soit la cession d'un domaine historique comme Bonneau du Martray par exemple.

Mais il est vraiment à craindre que très bientôt, nombre de ces grands vins disparaissent totalement des caves de l'amateur passionné.

Ma réponse était volontairement simpliste et provocatrice, mais il n'empêche que je me demande quand même à qui profite le crime.
Des producteurs comme Rousseau peuvent s'étonner de la hausse des prix, mais il est clair qu'une partie de cette hausse retombe dans leur poche (même si pas l’entièreté).
Je me dis aussi que si les producteurs voulaient vraiment limiter cette hémorragie, ils le feraient. Je le répète encore et encore, nonobstant une demande très forte, personne n'est obligé de monter les prix. Si les prix montent, c'est qu'à un moment quelqu'un le décide. Il n'y a rien de mécanique qui n'échappe au contrôle humain.

Certes Jérôme
Mais les propos de Olivier résonnent singulièrement pour la plupart des amateurs dont je fais partie. Un exemple, le Meursault Perrieres Coche 2016 est vendu 112 euro, en seconde main il est revendu 1500 au bas mot. A la place de Raphaël Coche vous décidez quoi?

Le prix de sortie domaine, je suis d'accord qu'il émane de la décision du propriétaire.
Mais une fois les vins vendus, la mécanique qui s'enclenche derrière est aussi rationnelle qu'un achat en vente aux enchères.
Et là, même s'il vit très bien avec les tarifs actuels, le vigneron n'y peut absolument rien sinon prendre acte de la marge x^x prise par d'autres sur son travail.
La hausse des prix est ainsi souvent une volonté de réduire cet écart, resserrant par là-même le noeud coulant du cercle qui devient vicieux.
Mais comment le rendre vertueux quand 1000€ pour certains, c'est 1€ pour d'autres ?

Jérôme,

Admettons que tu possèdes en cave quelques bouteilles de Chambertin de Rousseau, achetées il y a quelques années chez un caviste aux alentours de 150 € la bouteille. C'est cher, c'est évident, mais on peut se payer une ou deux bouteilles si on gagne un peu plus que le salaire minimum.
Puis tu te rends compte que ces bouteilles, actuellement, tu peux les revendre facilement 10 fois plus cher au moins.
Tu refuses de céder par principe ? Tu te dis que décidément, non, tu ne participeras pas à cette surenchère immonde ?
Ou tu te dis que si un riche amateur, ou un riche abruti, tu choisis ce qui te convient le mieux, est prêt à te donner 2000 € pour ta bouteille, tu pourras faire des choses bien plus utiles avec ces 2000 € pour toi ou ta famille que de prendre un tire-bouchon, la boire et la pisser quelques heures plus tard ?


Luc

Moi, ce qui me paraît sain, c'est qu'Eric Rousseau estime que s'il était dans la situation d'acheteur, il n'en achèterait pas à ce prix-là.
S'il les vendait moins cher, cela contribuerait peut-être à réduire la pression inflationniste sur sa production, mais sans doute assez peu.
La nature humaine étant ainsi faite, il serait sans doute le seul à le faire, et considéré comme "l'idiot du village" par ses pairs.
Par contre, il sait très bien que s'il proposait ses Chambertin à 1000€, il n'en vendrait plus.
La DRC numérote ses bouteilles, mais cela n'empêche pas de les voir passer, floutées si besoin, aux enchères.
A mon avis, la hausse des prix ne procède pas de la décision de quelqu'un, mais d'un ensemble de facteurs et d'intervenants, et pour l'essentiel d'un déséquilibre entre une offre réduite et locale et une demande mondialisée.
De plus, il ne faut pas mesestimer un effet de mode, qui fait qu'aujourd'hui l'intérêt se porte sur la Bourgogne, alors qu'il y a 30 ou 40 ans, on ne jurait que par le Bordeaux.
Au début des années 70, en France, il etait du dernier chic d'installer chez soi une chaîne Hi-Fi.
Qu'en reste t'il aujourd'hui ?
Les modes changent... Et les surplus de liquidités des pays émergents trouveront bien dans l'avenir d'autres objets de convoitises.
Pour ma part, je n'achète plus de grands crus en CdN, et je continue à me fournir en Côte de Beaune auprès de domaines peu médiatisés, où la pression inflationniste est moins forte.
Les bulles, ça grossit, et ça éclate !

Mais Rachid,

112 pour du vin c'est déjà beaucoup trop. et c'est parce qu'il y a ce prix très élevé que ça spécule derrière. Ce n'est pas la qualité qui crée la spéculation car des vins de ce niveau il y en a un paquet en France et ailleurs.

Si les producteurs étaient si inquiets que cela de la hausse ils mettraient en place un système qui contrôle la distribution : avec les marges qu'ils se font, ils en ont les moyens.

Luc,
oui, c'est bien un problème de principe.