Voilà qui va rassurer tout le monde !

amp.cnn.com/cnn/2019...

J’aurais une vision beaucoup plus triviale de ce sujet.

Ce qui fait monter le prix du vin, c’est la loi de l’offre et la demande. Point. Plus de gens veulent boire plus de vin dont la production ne suit pas l’augmentation de la demande. Les positionnements marketing, les positions quasi-monopolistiques, les spéculateurs à tous crins, l’augmentation du nombre de riches, la multiplication des sites de (re)vente, tout ceci relève de l’épiphénomène et contribue à la hausse des prix de manière marginale. Si la demande ne suivait pas, ces pratiques feraient ‘flop’ rapidement.
Je jouerai même à Madame Soleil en disant que la tendance haussière est partie pour durer longtemps encore, ce que je ne nous souhaite pas, à moins d’une vraie
bonne crise économique, ce que je nous souhaite encore moins.

Que certains (vignerons, cavistes, intermédiaires, etc …) profitent de ce déséquilibre, et le renforcent, est une évidence. Mais pour l’acheteur que je suis, savoir qui est le plus grand profiteur importe peu, ce qui compte c’est ce que j’ai effectivement payé et ce que j’ai dans la bouteille. Tout au plus, connaître le profiteur me permettra d’essayer, si possible, de le contourner.

Ce qui transparait dans les 2 paragraphes ci-dessus, c’est le capitalisme (pour faire très court) et l’avidité. Oui, idéalement, le monde serait différent (meilleur?) sans ces deux mots (maux?). Mais il est des réalités qui s’imposent à nous.

Je ne crois pas que ces ‘moteurs’ de l’être humain soient nouveaux. Ils ont existé depuis que le monde est monde et, au risque de passer pour fataliste, quelque chose me dit qu’ils sont encore là pour un moment.
Que ce soit pour le vin ou pour tout autre bien ou service, la recherche du profit est un des rouages essentiels des sociétés humaines. Je veux bien que certains fonctionnent différemment, mais ils ne sont que des exceptions dans un océan d’envies à satisfaire.

Jérôme a indiqué que ses réflexions dépassent le sujet du vin. Effectivement, je le rejoins quand il dit que la loi du profit maximum précipite notre perte. Et d’ailleurs il suffit de constater que l’économie mondiale est basée sur la croissance, alors que nous vivons dans un environnement fini (la Terre). Pas besoin d’être grand clerc pour deviner l’issue si rien ne change.
Le vin n’est pas un produit de première nécessité et c’est pour ça que je ne peux m’empêcher de considérer le sujet avec légèreté. De toute façon, pour ce genre de produit, c’est l’acheteur qui fait le marché. Il en irait autrement avec d’autres produits. Pourquoi des sociétés privées sont-elles autorisées à exploiter et faire du profit avec … l’eau, bien nécessaire si il en est? Je ne me suis jamais trouvé de tropisme marxisto-léniniste, mais moi Président, je te nationaliserais toute la gestion, distribution et vente de l’eau (minérale ou des toilettes) vite fait bien fait.

Jérôme, encore, a évoqué la morale ou un comportement moral. Bien que je salue son refus d’un état de fait qui ne lui convient vraiment pas, je dois dire que j’ai beaucoup de peine à l’accompagner quand il introduit l’idée de morale. Il doit y avoir autant, voir beaucoup plus (selon les moments et les contextes), de morales que de gens sur Terre. Donc, et même si elle a souvent été invoquée dans l’histoire pour justifier les pires atrocités, LA morale n’existe pas. C’est un mythe dangereux.

Bon, moi qui voulais faire trivial, simple et court, je me rends compte que je pourrais en écrire des pages et des pages. Je vais m’arrêter là avant de provoquer une urticaire anaphylactique chez certains lecteurs.

Bien cordialement,
Eric

Ce qui fait monter le prix du vin, c’est la loi de l’offre et la demande. Point.

Ben voilà, c’est pourtant simple, comment se fait-il que personne n’y avait encore pensé ?


Luc

Bon, je vais laisser pour un moment, j'ai un petit coup de fatigue, là !

Roger Soif écrit: La Finance a décidément bon dos... Pourtant les choses ont bien changé ces dix dernières années, depuis la crise de 2008. (1) Je peux t'assurer que des jeunes très aisés, on en trouvait beaucoup plus dans le secteur il y a 10 ou 20 ans qu'aujourd'hui. Le niveau des bonus était alors bien plus élevé. L'explosion du nombre de riches, au niveau mondial, se situe plus dans les secteur du commerce international (effet globalisation) et dans les nouvelles technologies (nouveaux entrepreneurs). (2) Les taux bas n'ont qu'un impact mineur et très indirect sur cette évolution. (3) Il y a aujourd'hui près de 40 millions de millionnaires dans le monde, et ce nombre est en augmentation constante. Et dans le même temps, toujours pas plus de 6.000 bouteilles de Romanée-Conti à vendre chaque année, ou 200.000 caisses de 1er cru de Bordeaux. Voilà la raison de l'inflation sur ces bouteilles, et sur toutes celles qui servent d'alternative....
Après, je vais pas insister sur les investissements des Pinault ou autres dans les domaines viticoles, mais il est clair qu'ils misent sur une augmentation future du prix des bouteilles. Ce n'est pas leur investissement qui provoque cette hausse, mais ils comptent bien en bénéficier. (4) Regarde LVMH et Yquem : ils essaient bien désespérément de faire monter les prix, en fixant des prix de sortie élevés, mais le marché n'en veut pas, et les prix stagnent. Par ailleurs, c'est vrai que les taux bas favorisent ces investissements, mais ce n'est qu'un facteur (la rentabilité d'un investissement est fonction du coût du capital et du rendement espéré de l'actif, rien d'autre). (5)

(1) Ah oui, vraiment ? C'est à cause des nombreuses condamnations suite à la crise de 2008 qu'il y a eu une prise de conscience générale ?!
(2) Je te suggère d'aller faire un tour sur Monster ou Indeed et de comparer les salaires à la sortie d'école entre les métiers de la finance et le reste. Tu me diras s'il vaut mieux faire actuaire ou chirurgien.
Pour le coup des bonus, billets en classe affaire et notes de frais gonflées etc., c'était le cas dans tous les business où il y avait de la thune.
(3) Tu auras sûrement compris que je ne partage pas ton opinion.
(4) Le prix des bouteilles finit bien pas refléter (ou du moins prendre en compte) le prix de production, qui inclut le foncier. Les prix d'achat actuels font monter le foncier à des prix déments sauf pour les grands groupes. Cf. les histoires de transmission etc.
(5) On est d'accord. Et en l'occurence, le coût du capital est tellement faible que le moindre rendement positif fait que la rentabilité est assurée. C'est là où c'est biaisé.
Si tu vises une renta à 80 ans ou plus, alors tu ne vas pas miser sur des boîtes technos. Tu choisis un business pérenne qui a fait ses preuves. La terre reste le plus sûr. On ne sait pas ce qu'on en fera dans 50 ans mais à priori, elle sera toujours là...

Alain

Ah et sinon, @Jérôme, j'achète de la Terrasse d'Elise depuis les 2011 et je ne me souviens pas de l'Enclos à moins de 15€. Tu es sûr que ce n'était pas une promo ponctuelle de ton caviste ?

Alain

alain_vin écrit: Ah et sinon, @Jérôme, j'achète de la Terrasse d'Elise depuis les 2011 et je ne me souviens pas de l'Enclos à moins de 15€. Tu es sûr que ce n'était pas une promo ponctuelle de ton caviste ?

Alain

Oui effectivement je n'avais pas rebondit mais achetant aussi cette cuvée enclos tous les ans depuis le millésime 2011 (pas au domaine mais tout comme...) l'augmentation est stable et est partie d'un point bas autour de 15.5€ sur les 2011 pour être autour de 19€ pour les 2017.
Vu que j'aime beaucoup ce vin ça ne me choque pas du tout, surtout quand je reprends ma facture de Saint Joseph Gonon 2009 chez cave privée à 18€/bt...

Laurent

Content que mon argumentation t'ait convaincu, en lisant ce fil, j'avais eu l'impression qu'il y a des évidences qui peinent à s'imposer. Et ça évite les redites.

Bien cordialement ,
Eric

C'était ironique, je pense. Relis le fil depuis le début – courage ! – et tu pourras constater que l'offre et la demande ont déjà été évoquées. Mais elles sont loin de tout expliquer : il existe des producteurs qui possèdent cette morale dont parle Jérôme et se refusent à vendre leurs vins aux prix où le marché est prêt à les payer (Coche, Raveneau, Dauvissat, Clos Rougeard avant le rachat par Bouygues.

Certains ont en tout cas bien compris la leçon : Montrachet des 7

« J'en ai marre de voir des vins vendus 100 ou 150 € par des vignerons et revendus 10 fois plus cher sur internet par des gens qui au final gagnent beaucoup, beaucoup plus d'argent que les producteurs sans rien faire. C'est pour tenter de tuer la spéculation dans l'oeuf que nous avons décidé de vendre le Montrachet à ce prix ».

et donc, il le vend 6000 balles. logique !

Là on commence à avoir du niveau, cependant il faut aller plus loin et rajouter un 0, elle serait ainsi tuée de chez tuée pendant 10 ans minimum.
Et bam les spéculateurs, dans les dents!
Et en plus il y a le "contrat moral de les boire", et bam bam bam!
Et bam ceux qui disent que ce n'est pas une question de morale, bam bam bam!

Ma seule réserve concerne la radicalité de telles idées, mais la fin ne justifie t-elle pas les moyens? =-D

C'est vrai qu'intégrer un système de traçabilité et augmenter le coût de la bouteille pour financer ce système (de genre 10/15 euros par bouteille), ce serait tellement plus simple, mais bien moins rentable pour eux...Après ils viendront encore se plaindre de l'augmentation du prix du foncier bourguignon...Perso, je ne joue pas/plus. Tellement moyen de se faire plaisir ailleurs...même en Bourgogne pour des prix plus réalistes par rapport aux coûts de production.

Le Montrachet du domaine Leflaive qui serait vendu à 100/150 € à la propriété et sur lequel d'odieux spéculateurs s'enrichiraient, cela n'existe hélas que dans l'imagination de Brice de la Morandière.

Que c'est beau cette opération de com en se parant du manteau "anti vil spéculateur qui mange la laine du gentil vigneron qui gratte la terre pour vivre". J'en chialerais presque tiens !

Marc

bonaye écrit: Le Montrachet du domaine Leflaive qui serait vendu à 100/150 € à la propriété et sur lequel d'odieux spéculateurs s'enrichiraient, cela n'existe hélas que dans l'imagination de Brice de la Morandière.

Il est gonflé morandiere.
Quand les heritiers d'anne-claude (dont lui ) sont arrivés aux commandes, ils ont explosé les prix de vente domaine.
C'est plutot leur puligny que leur montrachet qui est à 100balles.

Tiens, je me suis tapé un Bourgogne générique Cachat-Ocquidant ' La Chapelle Notre Dame ' 2016, plein de fruit, une matière énorme pour l'appellation, grosse mâche. Là personne ne spécule...

Mais qu'est-ce que c'est d'autre que de la spéculation, cette opération de communication commerciale ?

définition 1 : Opération financière, commerciale faite pour tirer profit des variations du marché
définition 2 : Action de miser sur quelque chose pour en tirer un profit, un avantage

dans les deux cas, on est en plein dedans.

Miser sur le fait qu'à ce prix, certains seront intéressés et achèteront n'écartent absolument pas le danger que d'autres seront prêt à mettre le double. (et que certains acheteurs initiaux s’assiéront gentiment sur leur contrat moral -)) pour réaliser un profit facile)

quand tu acceptes le principe de payer 6000 € (j'aime bien le environ de l'article, je pense que c'est pour être au plus juste des frais de production !) une bouteille de vin, je pense que ta morale n'en est pas à quelques accrocs près.

Je tiens quand même à préciser que la vente de 100 de ces bouteilles rapporte plus que le salaire annuel d'un cadre sup dans notre pays. (je ne parle pas de la Suisse, hein ! -)) )

Le seul moyen de stopper la spéculation est de revenir à des prix décents car nous voyons bien que plus c'est cher et plus la spéculation est vive. L'excellence de chaque région ne devrait pas dépasser 20 / 30 euros (c'est de la provoc, mais pas tant que ça) : cela permet largement de payer le talent des meilleurs. Dès que l'on est au dessus de ce type de prix, on est clairement dans la spéculation : c'est à dire que l'on décroche totalement le prix de la valeur du travail et du bien vivre du faiseur).
et le prix de l'hectare ne s'envolerait pas en conséquence : car aujourd'hui, alors que c'est une conséquence, on nous le brandit comme une cause, une justification : fallait pas jouer au con.

Donc, la technique de l'ultra spéculation pour tuer dans l’œuf la spéculation, il faudra me l'expliquer.
Je vais continuer d'aller danser sous la pluie, tant que l'on n'aura pas renommé cette putain de "loi de l'offre et de la demande", la loi " de la vile nature humaine".

600k€ c’est un cadre dirigeant et plutôt d’une belle structure.
Cadre supérieur plutôt 85k€.

Attention à l’inflation aussi.

600 * 100 : 60 000
j'ai parlé de 100 bouteilles.

La on parle de 6000 × 100 = 600000

j'ai juste dit que la vente de 100 représentait etc ...

Dans ton post tu parles de la vente de 100 bouteilles et au prix unitaire de 6000. Ça fait 600 000€.

T’es gêné avec les prix décidément

désolé : décidément je n'étais pas bien réveillé ce matin et en plus j'ai insisté. Mais cela enfonce encore plus le clou

Le domaine Leflaive se fiche clairement du monde parce que leurs bouteilles ne sont déjà plus spéculatives.

Un caviste d'une des villes les plus riches de Moselle me disait qu'il avait du mal à écouler les Bourgognes 2013 à 33€ et qu'il n'avait donc pas pris cette entrée de gamme sur 2014 parce qu'au prix où il les aurait touché, il lui serait impossible de les vendre en appliquant la hausse très forte subie.
Tout le monde ne s'appelle pas Coche Dury ou D'Auvenay

Concernant le prix de 6000€, je trouve qu'ils auraient pu monter un peu à 6016€ pour avoir une symbolique parce que 6000€, c'est le prix d'une petite voiture d'occasion et ça fait un peu tache

Tu t'imagines bosser un an pour une caisse de 12 ?

Sylvain,
Oui pour Coche-Dury, encore que c'est doute moins vrai maintenant et en plus avec le changement de style, peut-être que certains ne retrouveront plus ce qu'ils attendaient et ce pourquoi ils étaient près à payer.
Pour d'Auvenay, j'ai eu un jour un tarif domaine entre les mains et je me demande si les prix de marché n'étaient pas inférieurs vu les prix de sortie stratosphériques. Sur le coup, c'était bien la vigneronne qui prenait le gros (et c'est énorme) de la marge.

Exceptionnel le lapsus de Jérôme !!

600, 6000, 60000, c'est vrai qu'on est déjà largué et à zéro depuis un moment...

Luc