TOKAJ HÉTSZŐLŐ
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Hongrie, Tokaji, Hétszolo 1996 - Harslevelu Aszu, 6 puttonyos
C'est une de ces erreurs d'ouverture qui me font poster ici. Je cherchais un petit liquoreux pour mes fromages du soir, et pan, j'ouvre ce qui pour moi est un des plus grands hongrois que je connaisse. Et ma dernière bouteille de cette mise introuvable. Bref, pour moi, c'est un peu comme ouvrir un grand millésime d'Yquem, sur une omelette au jambon. Elle a beau être bien faite, il y a un petit décalage en termes de présence. J'ai vite laissé tomber les fromages, autant vous le dire tout de suite.
On est sur un mono-cépage harslevelu, qui me fait penser au passito italien... sur un 6 puttonyos, summum de la densité pour les Aszu. C'est relativement rare, ce monocépage sur un vin si dense, et offre un vin d'une pureté et d'une structure linéaire que n'ont pas les Aszu traditionnels, plus chiens fous au niveau de la gamme aromatique et de leur comportement en bouche.
La robe est ocre jaune, aux reflets de bronze.
Le nez est un monument de fruits, coing et miel d'acacia, abricot sec, ananas et pêche fraîche. Je sentirais presque le duvet de cette dernière sur le bout de mon museau... ça promet.
La bouche est encore plus magistrale. Je me prends une grosse claque tant la matière est ample, dense, envahissante. Un soyeux onctueux d'une telle intensité, qu'il fait même un peu trembler tant ce pourrait être un imbuvable et écoeurant sirop... doute de très courte durée, car le fruit explose et liquéfie toute cette force dans un jus d'une grande finesse. Un peu comme une gélatine maison fond brusquement à la chaleur de la bouche la bouche, pour redevenir ce jus ou ce bouillon avec lequel on l'a préparée. Bref, là, c'est le fruit, coing en tête, et une ribambelle de fruits jaune. C'est à ce "moment" qu'arrive l'acidité. Rien à voir avec cette acidité centrale, presque structurelle, qui constitue le squelette des Aszu de bonne facture. Non, ce serait plutôt comme une seconde vague légère, qui suivrait la première toute en puissance, et qui rafraîchirait le tout par une délicate seconde couche : la douceur, le fruité, le jus... tout prend un relief autre, mai sans la moindre exagération, comme un pastel qui s'impose par la maestria indiscutable de son exécution et non par la puissance de sa matière.
La longueur est interminable, et prête à rêver, tant c'est tout le vin qui s'y retrouve en écho, et non une de ses caractéristiques plus persistante.
Vous l'aurez compris, une très, très grande bouteille, et une belle émotion pour moi.