Bon anniversaire au millésime 1986 à Bordeaux Rive Gauche… et à Paul (nol) qui nous invite à fêter le sien lors d’une dégustation à thème… et quel thème !
Une horizontale de Bordeaux Rive Gauche 1986 ! Donc des vins à peine plus jeunes que lui...
Il nous prévient que les vins seront servis par paires et qu’il y aura un intrus avec un Rive Droite…
Mais la grande question est la suivante : les 1986 sont-ils enfin prêts ? En ayant bu pas mal entre 15 et 20 d’âge, ils étaient pour la plupart très jeunes, avec une structure tannique encore imposante.
C’est parti, mais avec un « Before » :
Champagne – Duval-Leroy – Blanc de blancs – 2002
La robe est claire et doté de bulles abondantes.
Le nez est très expressif, aux arômes finement évolués de fruits secs, sur une assise briochée et de fruits blancs.
La bouche présente également une certaine oxydation, une belle structure sans perdre en finesse, bien au contraire. La finale crayeuse est du plus bel effet mais on aurait aimé qu’elle se prolonge plus longtemps.
Très Bien
Vin n°1 – Saint Estèphe – Château Montrose – 1986
La robe est sombre et peu évoluée.
Le nez est intense, sur des arômes intéressants de cèdre, d’eucalyptus, de sous-bois et de champignons, malheureusement accompagnés de quelques traces liégeuses.
Par bonheur la bouche en est exempte. Elle se développe toute en finesse et en longueur sur un fruité secondaire très agréable.
Un vin qui me paraît à point.
Très Bien (+)
Vin n°2 – Saint Estèphe – Château Cos d’Estournel – 1986
Le service par paires permet de confirmer le copier-coller de la robe : sombre et peu évoluée.
Le nez est intense, plus jeune par son beau fruité de cassis, complexifié par des notes de tabac.
La bouche est ronde et harmonieuse, d’une chair encore bien fruitée, et se prolonge par une finale à la fois savoureuse et persistante.
Un beau vin qui est loin de faire ses 30 ans et qui pourra aller encore plus loin !
Très Bien +(+)
Les deux seconds crus classés de Saint-Estèphe en première paire : l’ami Paul commence très fort !
Vin n°3 – Saint Julien – Château Lagrange – 1986
La robe est très sombre et assez jeune.
Le nez est expressif, d’une belle palette aromatique : tabac et jolies touches balsamiques sur un fond de fruites compotés.
L’attaque est sur la finesse et l’élégance puis elle prend du corps en seconde partie, comme ayant bénéficié d’un rebond mais en fait sans doute tout simplement de beaux tanins fondus.
Très Bien +(+)
Vin n°4 – Margaux – Château Rausan-Ségla – 1986
La robe est très sombre et presque jeune !
D’une très belle intensité, le nez propose un fruité chatoyant, des épices orientales et un côté fumé-lardé, l’ensemble évoquant une syrah !!!???
La bouche possède une matière énorme qui habille une belle charpente, se pare d’un fruité primaire intense mais aussi de tanins bien présents et d’une certaine amertume en finale.
Un vin encore bien trop jeune.
Très bien +
Vin n°5 – Pessac Léognan – Château Haut-Bailly – 1986
La robe est sombre mais évoluée, la première de façon notable depuis le début.
Le nez s’ouvre à l’aération dans le verre sur une aromatique d’un grand classicisme et d’une belle complexité : sous-bois, boîte à tabac, rose, fumé, graphite…
La bouche est d’une élégance extrême, toute en filigrane, d’une longueur superlative et d’une sapidité à la fois fruitée et florale jusque dans la finale.
Un superbe vin à son apogée.
Très Bien ++/ Excellent
Vin n°6 – Saint-Emilion – Château Figeac – 1986
Il s’agit du pirate, mais avec 35 % de cabernet sauvignon, complétés par 35 % de cabernet franc, on n’est pas si éloigné que cela de la Rive Gauche en termes de cépages.
La robe est assez sombre et bien évoluée.
Le nez est très intense, sur des arômes évolués, avec un fond de fruits compotés mais des notes de vieux papier font surface.
La bouche charpentée et corsée possède une grosse et belle matière, et une attaque assez rigoureuse. Le milieu de bouche présente plus de fruit et de rondeur, avec des tanins très polis.
Très Bien +(+) mais quasiment
Excellent pour la seule bouche.
Vin n°7 – Saint Julien – Beychevelle – 1986
La robe est sombre et à peine évoluée.
Le nez est puissant, très classieux et d’une superbe complexité, magnifique par la fusion d’’arômes entre fruits noirs compotés, tabac, balsamique, cuir noble, bois précieux, mine de crayon…
L’équilibre en bouche est remarquable. L’attaque se fait en douceur et en finesse, puis la bouche prend de l’ampleur tout en gardant une élégance et une fraîcheur magnifiques.
Seulement un 4ème GCC ? Et alors... ? Un grand vin à son apogée.
Excellent
Vin n°8 – Saint Julien – Château Gruaud-Larose – 1986
Le nez très intense soulève de nets soupçons avec un côté liégeux au-delà du sous-bois, du fumé et du tabac.
La bouche confirme : vin bouchonné, non noté.
Dommage pour un vin qui m’a rarement déçu.
Vin n°9 – Pauillac – Château Pichon Comtesse de Lalande – 1986
La robe est sombre et assez évoluée.
Très intense, d’un grand classicisme, le nez séduit par son aromatique de cèdre, de fumé, de tabac et de sous-bois.
La rigueur du Pauillac est bien présente en bouche et se caractérise par cette acidité structurante, cette classe aristocratique et ce magnifique équilibre.
Un superbe vin à son apogée.
Très Bien ++ / Excellent
Vin n°10 – Pauillac – Château Lynch-Bages – 1986
La robe est très sombre et peu évoluée.
Le nez est intense et étonnant, par son fruité profond ; il se complète de notes de suie mais ne présente absolument aucun arôme de vieillissement.
La bouche est encore jeune par sa charpente, son ampleur et ses tanins présents.
Un beau vin en devenir.
Très Bien +
Enfin, un « After » pour accompagner le dessert.
Sauternes – Château Filhot – 1975
La robe est bien ambrée, sans être soutenue.
Le nez est puissant, sur un très beau botrytis, des arômes de raisins secs et de fruits surmûris d’une grande finesse.
L’équilibre en bouche est magnifique, tout est fondu, le fruit très pur, la liqueur affinée, l’acidité vibrante, l’élégance omniprésente.
Un magnifique liquoreux, sur un plateau d’apogée presque éternel.
Très Bien ++
Absorbé par tous ces beaux vins, je n’ai pas pris le temps de faire très attention aux plats servis par le restaurant, qui néanmoins m’ont paru d’un bon niveau. J’ai sans doute aussi négligé un peu mes voisins et j’espère qu’ils me le pardonneront. C'est d’autant plus regrettable que je n’en connaissais pas certains, un peu plus éloignés de moi, et c’était une très bonne occasion d’échanger. Heureusement, j’ai compris que ces échanges avaient très bien fonctionné un peu plus loin, et pas seulement pour parler du vin ! C’est une excellente chose et je me console un peu en me disant que ces notes succinctes pourront servir à d’autres LPViens qui se posent des questions sur leurs Bordeaux 1986.
Quand à Paul, je le remercie pour nous avoir ouvert ces très belles bouteilles et le félicite pour sa classe qui permet de créer l’harmonie entre les gens et qui n’a d’égale que sa modestie. Chapeau !
Jean-Loup