DOMAINE ARLAUD
Domaine Arlaud
41 Rue d’Epernay
21220 Morey-Saint-Denis
Tél. : +33 (0)3 80 34 32 65
Mail : contact@domainearlaud. com
Coordonnées GPS : Latitude 47.1929184 - Longitude 4.9769442
www.domainearlaud.com
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Facebook pages consacrées au Domaine Arlaud
Le domaine produit des vins dans les appellations suivantes :
BOURGOGNE
BOURGOGNE ALIGOTE
BOURGOGNE HAUTES-CÔTES DE NUITS
BONNES MARES
BOURGOGNE PASSE-TOUT-GRAINS
CHARMES-CHAMBERTIN
CHAMBOLLE-MUSIGNY
CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru
CLOS DE LA ROCHE
CLOS SAINT-DENIS
GEVREY-CHAMBERTIN
GEVREY-CHAMBERTIN 1er Cru
MOREY-SAINT-DENIS
MOREY-SAINT-DENIS 1er Cru
Reportage d'Isabelle publié sur LPV le 29 Avr 2007 à 15:24 :
SPLENDEUR ET MISÈRES DU DOMAINE ARLAUD, CÔTES DE NUITS, MILLÉSIME 2004
Un titre balzacien pour rendre compte d’une dégustation du millésime 2004 du Domaine Arlaud, et pour dévoiler l’imaginaire vers lequel nous amène la confrontation d’un excellent vin bu dans un millésime offensif. Le vin s’est rêvé plus qu’il ne s’est apprécié en raison de sa jeunesse et des difficultés engendrées par les intempéries du mois d’août 2004. Néanmoins, qu’il a été apprécié, comme l’ébauche merveilleuse des grandes promesses qu’il murmure à chaque gorgée.
De splendides Côtes de Nuits, dans les Misères d’un millésime.
Pour rappel, 2004 est une année mal engagée en raison d'un été pluvieux et gris qui a déclenché des attaques de pourriture dès le milieu du mois d'août. «
Elle a aussi supporter une pression oïdium sans précédent depuis 15 ans, des dégâts considérables causés par plusieurs orages de grêles dans les deux Les degrés atteints dans les meilleurs parcelles dès le 18 septembre ont pu faire croire à certain que la maturité était de mise partout et qu'il était logique de commencer à couper les pinots noirs à partir du 20/09 et les crus de chardonnays à partir du 22/09. A l'exclusion notable de parcelles touchées par la grêle, l'oïdium et le mildiou il n'en était rien.
Degré ne signifie pas maturité complète et voir des bennes de raisins composées partiellement de grains rosés pour les rouges et verts pour les chardonnays n'est pas normal dans une région où le prix moyen des AOC village avoisine les 15 euros par bouteille. La côte de Nuits a été sage cette année. Très peu nombreux furent les crus coupés avant le 25/09 et beaucoup de crus et grands crus ont été en revanche récoltés après le 27/09. De nombreux secteurs ont été victimes de la grêle du 22/08 et des précédentes, cela a engendré au total des baies "blessées" conjuguées parfois à des attaques d'oïdium et de mildiou. », d’après Patrick Essa, spécialiste de la Bourgogne, rédacteur du site
www.degustateurs.com et observateur éclairé du vignoble de Côte d'Or.( Citation relevée à partir du site
www.chazallet.com
ICI
)
La Revue des Vins de France Spécial Millésime 2004,
N° 492, de juin2005 soutient cette analyse.
Les analyses organoleptiques sont immédiatement déroutantes.
Les perceptions volatiles que confère l’expression aromatique des vins sont tellement saisissantes parfois qu’elles offrent la certitude qu’elles bafouent la hiérarchie tant attendue des composés volatils. Les notes dominantes devraient être dominées, et inversement. En substance, les meilleures fragrances se font tout juste sentir, mais elles sont bien là, dans l’attente de la plus juste expression d’elles-mêmes que leur donnera le vieillissement, et qu’a pu prouver d’autres millésimes.
Il faut s’imaginer le merveilleux palimpseste aromatique enfoui sous l’ingratitude de la jeunesse et d’un millésime difficile.
Néanmoins selon Romain Arlaud, le millésime 2004 apporte plus d’acidité dans les vins que le millésime 2003, qui certes, en manquait terriblement.
Seule parade à ces difficultés météorologiques, le travail de l’homme, du terroir et … Du cheval.
Le tri de la grappe a été essentiel, le respect du terroir, - sans être en parfaite biodynamie pour autant, et traitement par soufre et poudre de roche –, et, le labour à cheval.
Romain Arlaud a longuement parlé de sa jument de trait.
L’effort est concluant. Les vins sont très prometteurs, même si globalement ils sont encore trop nerveux. En raison de leur trop grande acidité. Mais ils offrent une matière étonnante. Le vin fait parler de lui longtemps.
Morey Saint Denis Village Rouge
Le nez dévoile l’âcreté de la peau de banane, le camphre. Une exhalaison qui annonce de l’acidité, d’autant que les derniers parfums sont ceux de la griotte acidulée, de la baie rose. Le verre vide continue de répandre un quart d’heure après la griotte et le caramel.
La bouche offre la reprise des parfums de poivre, plus justement de la menthe poivrée, confirme une très forte acidité qui hélas la réduit en finale vers de la verdeur. Pour autant, et c’est inattendu en raison de cette verdeur, il est difficile de lui trouver de l’amertume, cette verdeur étant essentiellement soulignée par l’apport du végétal. Un vin en manque d’équilibre qui se cherche donc.
Morey Saint Denis 1er cru Les Millandes
Le vin offre une conjugaison surprenante des arômes de venaison et de fleurs.
Les Millandes s’ouvre sur une très lourde odeur de géranium. Le verre me transporte sur un balcon fleuri de géraniums, les soirs d’été brûlant, au moment de l’arrosage…(souvenirs d’enfance)…
Quant à la venaison, elle reste difficile à établir… elle ne correspond pas à la fourrure, ni au gibier à proprement parler, plutôt aux restes d’un faisan qui vient d’être vidé. C’est à la fois doux, et sanguin.
La bouche multiplie les fragrances gioyeuses, corrobore l’acidité florale et lourde de l’odorat, mais la décline en impressions chlorophylliennes, doux rappel du
Village Rouge, affirme un peu moins d’acidité, mais montre toutefois encore trop de nervosité. L’expression de terroir est garantie par une veine minérale qui se trame à travers la texture aromatique par des nuances de craie. La signature que laisse le verre vide est empreinte d’odeurs du tabac. J’ai pensé au Clan, que bourrait mon père dans sa pipe.
Morey Saint Denis 1er cru Aux Chezeaux
Le nez explore des domaines herbeux, la forte odeur de l’herbe fraîchement tondue, avec quelques touches mentholées, et des odeurs de craie. (Je les repère assez bien, celles-ci car je vis douze heures par semaine devant un tableau noir…. ). Un paysage rustique, et animal aussi. L’aspect giboyeux semble inscrit dans les gènes de ce domaine…
La bouche recueille l’éclat vif et nerveux de la viande. Cette fois on pénètre complètement dans le registre de la venaison. Le grain des tanins est très fin, un envahissement buccal qui laisse éclore dans la finale le goudron et le tabac. L’impression que l’alcool domine… Se traduit dans une longueur un peu asséchante. Ce manque de fraîcheur, en dépit d’une grande acidité, provient d’un léger boisé mal maîtrisé, agaçant, qui ne demanderait qu’à évoluer vers le bourgeon (de cassis).
Morey Saint Denis 1er Cru Les Ruchots
Première vraie rencontre avec le fruit. En particulier le cassis, justement. L’odeur de la feuille de noyer est plaisante et apporte avec elle, en bouche, les saveurs du brou de noix, et de sa pellicule. Une amertume bien vivifiante, un peu sucrailleuse, comme si l’acidité n’était plus intégrée au vin. Ou au contraire, plus dominée cette fois-ci, apportant le corsé si emblématique de la Bourgogne, grâce au toasté, au fumé qui se dessine par derrière. Ne pas s’y tromper cependant ; le vin reste encore bien trop impressionnant par son mordant.
Clos de la Roche
Le nez est comparable à celui des Ruchots, sauf qu’il offre l’extraordinaire puissance olfactive de la branche du pied de tomate, que l’on croise l’été dans la serre. Un bouquet de tomates vertes, et une expression minérale qui tendent le vin, pour affiner ses côtés alcooleux, lui apporter moins d’exubérance, plus de longueur et plus de finesse, en bouche. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que je venais enfin de trouver le seul vin qui pouvait accompagner le lapin à la Brévent, recette à base de purée de tomates. J’ai ressenti d'ailleurs juste ce qu’il fallait de venaison, dans l’équilibre des saveurs végétales. Toutefois Romain Arlaud, trouve que c’est ce vin qui exprime le plus le côté animal. Je confirme l’accord mets/vins… Lapin à la Brévent, Clos de la Roche 2004.
Clos Saint Denis
Un nez complètement différent qui nous amène doucement vers les subtilités des saveurs de civette. Un bon point olfactif, pour un vin qui en bouche va taire ce profil aromatique, au profit de traces de tabac, et des marques minérales de la craie. Un vin très différent pour un terroir différent. La vigne est plantée sur la roche mère du calcaire, sur un sol très aride, et c’est la digestion de ce calcaire qui est rendue ici.
Une grande vivacité soutient une longueur en bouche intéressante.
Subsiste dans le verre vide les odeurs de noisette et du grillé.
Conclusion ; les vins du Domaine Arlaud sont intéressants et très dignes des meilleures expressions burgondes. La découverte de ce qu’a produit le millésime 2004 est très parlant sur les qualités attendues des autres cuvées du Domaine des millésimes 2002 et 2005.
La dégustation s’est terminée d’ailleurs par le
Clos Saint Denis 2001 et
1999.
Une vision apothéotique de ce que peut produire l’envie de l’excellence est appréciée dans ces deux millésimes.
Le Clos Saint Denis 2001 présente un nez très plaisant, empyreumatique, et offre en bouche, enfin !, une multitude de fruits, bien mûrs, comme la fraise, mais poivrée, la framboise très mûre, et la poire comice. Un vin parfaitement équilibré, et l’éclosion par une finale parfaite dans sa longueur de notes d’épices douces, comme la baie rose, et l’encens.
Le Clos Saint Denis 1999, bénéficie en plus d’une parfaite reprise des saveurs du 2001, de plus de longueur en bouche, du goût du champignon, et laisse un nez dominé par le tabac, le boisé, le poivre, et le champignon. Des saveurs plus complexes, plus terriennes.
A noter que la Revue des Vins de France,
d’avril 2007, N°510, n’a pas retenu le Domaine Arlaud, dans sa dégustation des grands Bourgognes de la Côte de Nuits. En revanche, en dégustation à l’aveugle, pour le compte-rendu des Côtes de Nuits 2004, paru dans le
N°492, de juin 2005, le Clos Saint Denis a été retenu.
Isabelle
Très beau Compte-rendu même si j'en retiens quand même une certaine impression de végétalité (
"géranium",
"forte odeur de l’herbe fraîchement tondue",
"feuille de noyer ",
"l’extraordinaire puissance olfactive de la branche du pied de tomate"), sur les vins du millésime.
Petite question hors sujet: je connais Cyprien au domaine Arlaud, mais pas Romain. Est-ce une erreur de ma part ou peut être le prénom de son père?