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Catherine et les garçons. blancs du Mâconnais, crus du Beaujolais.

  • daniel popp
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Catherine et les garçons. blancs du Mâconnais, crus du Beaujolais.

Boulot, santé ou enfants obligent, on ne se réunit pas souvent, et ce soir là nos deux Philippe, le Barret et le Modat, n’étaient pas là, mais on s’est bien régalé sans pouvoir répondre à l’inévitable question : « les grands crus du Beaujolais, plutôt bien représentés ce soir là, ont-ils la capacité de nous transporter, à l’instar des grands vins des autres régions « Ah y'a vraiment des questions à la con !!!!! :?


blancs
1 Saint Véran Clos des Poncetys 2009. Domaine Guffens Heynen.
petite assiette de radis noir et de filets de thon germon.

Le nez citronné, un peu fleuri (tilleul) sur fond d’empreinte beurrée et d’une touche d’amande amère, dégage autant de puissance retenue que de délicatesse. Plus il s’aère, plus il s’élargit jusqu’à en apparaitre opulent, plus il gagne en finesse comme pour rejoindre un point ressenti, bien tangible, où son grain d’aromes ne serait plus qu’harmonie souveraine.
La bouche témoigne de la même précision. Sa fine acidité prolongée d’amers pleins, est un modèle d’équilibre, de justesse. Un équilibre dynamique, presque vibrant dont la touche boisée délicate mêlée à l’amande amère, témoigne longtemps, longtemps, longtemps…
La suggestion de l’accord proposée par Ph Bourguignon sur une simple tranche de radis noir, accompagné d’un filet de thon germon sur pain grillé beurré, est vraiment inspirée.

2 Mâcon-Cruzille, Clos de la Mollepierre 2016. Domaine Guillot-Broux.
assiette de coquillages et fruits de mer.

Au nez, une impression de fruit mûr, presque exubérant, sur fond d’empreinte minérale prononcée, résolument crayeuse, le tout animé d’une tension revigorante presque joyeuse. On sent tout de suite que les huitres, bulots, crevettes et langoustines vont adorer !
Mais il serait dommage de vouer ce vin seulement à sa vocation de compagnon. Sa bouche finement tendue, joliment équilibrée, résolument gourmande, donne l’impression de sucer un caillou fruité où pousseraient comme par miracle, mirabelle et citron vert dont le jeu de correspondances entre rondeur et vivacité, est du plus bel effet.
Cela faisait des années que je n’avais pas gouté un blanc du domaine Guillot-Broux que Bruno Quenioux m’avait fait découvrir du temps où il animait la cave de Lafayette Gourmet. Chapeau !

3 Pouilly Fuissé les petits crous 2008. Domaine Guffens Heynen.

Saint Pierre au curry.

Le nez entre puissance, finesse et délicatesse, est étonnant de précision, de justesse. Agrumes, fleur d’acacia, noisette, brioche, comme recouverts d’une fine empreinte beurrée que Bordier aurait complétée d’une touche d’épice orientale, se présentent tour à tour ou croisés. Un nombre d’or aromatique semble ordonner leurs variantes subtiles en un jeu de transparence diaphane résolument posée, si présente.
La bouche dégage un volume impressionnant, large, puissant, en expansion. Paradoxalement ce coté extraverti, presque opulent, est parfaitement équilibré par la tension souveraine qui en révèle toute la profondeur, toute la finesse, toute la fraicheur qui fait s’envoler les amers pleins et délicats. Cette totale maitrise et l’harmonie qui en découle signe vraiment le grand vin. Le Saint Pierre et la sauce divine de Maitre André, qui l’accompagne, en raffolent.

4 Pouilly Fuissé CC 2009. Domaine Guffens Heynen.
id

Cette bouteille a malheureusement un défaut, comme si le vin était traversé ponctuellement d’une odeur et d’un gout de carton mouillé (je force un peu le trait) qui vont et qui viennent, sans jamais masquer les réelles qualités de structure du style Guffens, qui font presque oublier l’intrus évoqué.
Effet millésime ? (tous les 2009 servis ont été étonnants d’équilibre et de fraicheur). Le nez parait ici plus exubérant, exotique, presque tropical, mais à nouveau, la vivacité pénétrant jusqu’au cœur de l’agrume tirant vers l’ananas, toujours remarquable de finesse et de précision, garde sous contrôle le fruit mûr généreux qui caracole sans jamais déborder.
La bouche puissante, large, dynamique au point d’en paraitre vibrante, renouvèle sur un autre diapason l’équilibre paradoxal entre densité, finesse, tension et plénitude, jusqu’à faire rentrer tous ses éléments en unité. Avec en finale ce petit voile parasite et des amers un peu trop prononcés confirmant après l’embellie, que cette bouteille ne se goute pas au mieux de sa forme. Mais ces trois blancs de Guffens sont vraiment des modèles. Sous ses doigt, le vin s’émeut.

rouges
5 Morgon Côtes de Py 2010. Jean Marc Burgaud.
assiette de charcuterie

Le nez friand après aération, tend vers la cerise bien mûre comme traversée d’un parfum floral entre violette et jasmin et d’une touche entre chocolat et cacao. On ressent une vraie structure qui à l’ouverture gardait les arômes un peu tenus.
La bouche précise cette impression de verticalité dont le coté austère dégage un vrai charme. De prime abord, la priorité semble vouée à la structure tannique dont les amers un peu râpeux, au gout légèrement animal, demandent encore à se fondre pour que la mâche s’arrondisse pleinement. Mais au final, les parfums qui se dégagent du jeu de saveurs persistantes, assez loin des canons gourmands immédiats du gamay, se révèlent assez prenants. Et plus les jours passaient, plus ce coté un peu janséniste à l’ouverture, s’ornait d’un grand sourire.

6 Moulin à vent 2011. Jean Paul Brun.
id

Le nez parfumé, fin, délicat, procure une impression de clarté, d’ouverture, d’évidence. Comme si la fraise et la framboise rehaussée du fil acide de la groseille, permettaient à l’inévitable cerise de sortir de ses limites, de jouer à se transformer en hybride recomposé à chaque inspir. L’harmonie qui se dégage de ces heureux mariages olfactifs, signe la composition, lui donne l’impression d’être arrivé à bon port.
La bouche gourmande et structurée navigue harmonieusement entre ces deux pôles. Mais c’est la rondeur totalement fondue et la vivacité d’un équilibre plutôt acide qui font loi et fait pour cette dernière, jubiler les amers épicés dont la touche un peu anisée, mêlée aux fruits rouges, est vraiment émouvante.

7 Morgon cuvée pi (3,14) 2009. Jean Foillard.
pintade aux choux

Le nez profond, intense, épicé dégage un parfum superbe : de la cerise bien juteuse égayée d’un parfum floral tirant vers le jasmin, adossée à une sacrée structure ; le tout dégage vraiment un charme fou.
La bouche si fondue qu’elle en parait moelleuse, vous donne l’impression de descendre au plus profond du grain dense, concentré, à la fois vif et rond, pénétré d’une fine acidité assez diabolique. Elle semble animer, éclairer chaque gorgée avant de se fondre aux amers que chaque lapement de langue renouvèle comme une suite d’échos sur la persistance. J’adore ces vins qui s’élèvent autant qu’ils s’approfondissent dans une même gorgée et un présent qui n’appartient plus au temps.

8 Morgon les impénitents 2009. Domaine Desvignes.

id
Le nez fruité, concentré dégage une fraicheur étonnante pour ce millésime réputé chaud donnant parfois au gamay un accent rhodanien. Concentrés, déployés de toutes parts, ses arômes paraissent épanouis, mûrs à souhait, sur un profil équilibré réjouissant, tendu comme il faut.
La bouche juteuse confirme cette impression harmonieuse. Son coulant fin, gourmand, tenu par une fine acidité, révèle à quel point la structure sous jacente, toute au service d’une buvabilité exemplaire, sait se faire discrète tout en apportant aux saveurs une complexité, une profondeur, une précision assez remarquables. Un très très bon vin de gamay, assurément. Capable de jouer dans la cour des grands ? Joker.

9 Morgon Le clos de Lys 1997. domaine J. Chamonard.

id

La robe plus trouble tu meurs, évoquerait quelque Trousseau ou Poulsard d’Overnoy, selon certains. Le nez sur la cerise noire, un peu fumé, presque bois brulé, pénétré d’épices, ne laisse pas supposer que la bouche est passée du coté obscur. Nous n’avons pas réussi à déterminer qui de l’acidité volatile décapante ou des amers qui vous « gâtent » la bouche pour une semaine, est le plus terrifiant. Après les vins dénaturés, les vins épouvantables ?:X :dash: ;)
Problème de bouteille peut être (dire que cela fait des années qu’Olivier la conservait précieusement pour C&G), mais le mythe Chanudet dont certains disent que ses vieux Morgons valent bien des Volnays, à l’aveugle, ne nous a pas fait danser le cha cha cha ce soir là.

blanc
10 Viré Clessé. cuvée Quintaine 2005. Cuvée E J Thévenet. Domaine de la Bongran.
assiette de fromages

Le nez complexe, épanoui, légèrement mentholé, évoque un panier d’agrumes bien mûrs (citron, orange, mandarine) vite rejoints par la poire et la mirabelle, quelques notes de fruits secs, le tout pénétré d’un parfum de truffe étonnant, la liste pourrait s’allonger sans fin. Mais c’est la structure qui impressionne le plus, la façon dont la tension fine à souhait ordonne, compose ce festival d’arômes avec une précision d’orfèvre, une délicatesse vraiment émouvante.
La bouche semble faire tournoyer les saveurs, comme si elles tanguaient, portées par cette tension souveraine qui donne des ailes aux amers charnus, gouteux en diable, déployant à l’infini leurs saveurs délicates pénétrées d’un soupçon de sucre fondu au fruit. A ce moment, ce sont bien plus que des saveurs que l’on goute, c’est de la joie.
Et là, après avoir rédigé ces lignes, comme un eurêka révélé par ce grain merveilleux, je me suis souvenu que j’avais gouté le même vin, il y’a trois ans et quelques mois, qui m’avait déjà profondément ému et inspiré d’autres mots pour décrire toujours et plus ce qui est dans le fonds impensable.

Merci de m’avoir lu.

Daniel
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01 Mar 2019 17:29 #1

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Merci Daniel , superbe sélection (tu)
didier

Mal-voyant depuis 31 ans et passionné de vins comme vous tous
01 Mar 2019 18:03 #2

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