A 25 ans, on est jeune !
Cette assertion valait pour les vins du millésime 1989 bus en 2014 lors d’une dégustation relatée ci-dessus, mais cela vaut encore plus lorsque Julien fête son anniversaire !
Jeune il l’est sur l’état civil, mais jeune il l’est aussi par son ouverture vers les autres et son désir de découvrir encore plus sur le vin, alors qu’il en connait nettement plus que la plupart de ceux qui ont le double de son âge et même plus…
Et quoi de mieux pour un fou de vin que d’inviter d’autres passionnés pour une dégustation qui fera date ?
J’ai eu la grande chance d’être parmi les heureux élus en compagnie de Benjamin, Bernard, Camille, Claire, Didier, Nicole, Rachid et Samuel. L’ambiance extrêmement chaleureuse a été pour beaucoup dans la réussite de cette demi-journée, mais que dire des plats concoctés par Julien et par son acolyte Bernard ! Et que dire des vins au menu !
Que dire ? Eh bien je vais vous en dire un peu…
Avec de savoureuses gougères
Clos des Maladries – Champagne – Extra-Brut – 2013
Ce vin est élaboré par Etienne Calsac à partir de chardonnay sur des terroirs de grands crus d’Avize. Après un élevage à 30 % en fûts de chêne, il a été dégorgé en août 2017 et dosé à 2 g/l.
La robe est d’un or clair.
Le nez intense est tout en élégance, sur un fruité avenant, finement grillé, où s’entremêlent des notes briochées.
L’attaque assez large laisse le devant de la scène à une grande fraîcheur pour une bouche à la trame tendue et à la bulle subtile. La persistance également en finesse parachève cette belle œuvre.
Une très belle découverte que ce Champagne d’un style très épuré !
Très Bien ++
En accompagnement de délicieuses huitres chaudes gratinées à la fondue de poireau
Domaine Leflaive – Puligny-Montrachet 1er cru – Clavoillon – 1999
La robe présente un or jaune d’une grande densité.
Le nez très intense est encore marqué par son élevage luxueux : les arômes grillés et beurrés se combinent à des notes d’amande, le tout sur un fond de fruits jaunes qui se développe à l’aération dans le verre.
La bouche possède un très beau volume, sa rondeur étant accentuée par le toucher très gras et une bonne sapidité. Le boisé est encore bien présent, relativement enrobé mais pas encore assez à mon goût, certains ayant été moins indulgents.
Le vin prend le dessus sur la très belle entrée mais l’association lui permet de s’affiner.
Très Bien ++, surtout sur le plat.
Jardins des Esméraldins – Vin de Table de France – Genèse blanc
Il s’agit d’un vin de Loire élaboré par Xavier Caillard à partir de raisins du cépage chenin du millésime 2004.
La robe est vraiment bien ambrée.
Peu intense à l’origine, le nez va s’ouvrir à l’aération pour développer une aromatique relativement classique de tilleul et de coing, avec peut-être des senteurs miellées un peu exacerbées.
Un léger pétillant apparait en bouche, l’aromatique se décalant vers la pomme. On ressent une impression de vin très sec, accentuée par une énorme acidité, et en même temps toujours ce côté miellé très riche. Du miel sans sucre ! Le vin s’étire très longuement, j’allais dire indéfiniment, sur une finale très saline.
Un véritable OVNI et une rareté absolue !
Très Bien +
Pour accompagner de superbes coquilles Saint-Jacques aux noisettes et purée de panais
Domaine Jean-Paul & Benoît Droin – Chablis Grand Cru – Les Clos – 2010
La robe affiche un or clair.
Le nez puissant possède une remarquable complexité ; la coquille d’huître se lie aux fruits blancs et des notes miellées disputent à d’autres crayeuses le pouvoir d’élargir la palette.
L’attaque en bouche est d’un volume énorme et se fait sphérique, bien aidée par une grosse matière très mûre. Le vin adopte ensuite un profil plus rectiligne, à la minéralité naissante. La persistance est magnifique et n’est surpassée que par une finale classieuse et d’une précision formidable.
Le mariage est fort réussi avec les Saint-Jacques, grâce à un respect mutuel des saveurs.
Excellent + pour ce bébé grand vin qui se boit avec une facilité déconcertante !
Clos Rougeard – Saumur – Brézé – 2009
La robe présente un or moyen.
Puissant et luxuriant, le nez nous fait voyager en Orient par ses parfums miellés et de fruits jaunes et, plus encore, épicés et exotiques.
Après une longue aération et resservi sur les fromages, des herbes aromatiques apporteront encore plus de complexité.
La bouche conjugue à la fois une matière imposante et riche et une tension énorme. Alors que sur les Clos de Droin l’une précédait l’autre c’est la fusion des deux qui enchante. Puissance et finesse, on a tous les marqueurs d’un grand vin ! La finale reste très sapide sans manquer de salinité.
Il a naturellement un peu écrasé le plat…
Excellent (+) et je serais allé plus haut s’il ne lui manquait pas un peu de la « torchabilité » du Chablis.
Avec un filet de bœuf et purée maison
Julien sait que pour des grands vins il faut des bons produits et de la simplicité : c’était super !
Domaine Jean Tardy – Vosne-Romanée 1er cru – Les Chaumes – 2007
Moyennement sombre, la robe est assez tuilée sur la frange.
Le nez intense exhale un fruité secondaire et des arômes floraux tels que la rose.
Ronde à l’attaque, la bouche est bien équilibrée par une bonne vivacité, ce qui lui confère une très grande buvabilité. D’une longueur honnête la finale fait ressortir un léger déficit de maturité.
Très Bien (+) mais d’autres ont en encore plus apprécié que moi la belle finesse de ce vin.
Domaine Guyon – Echezeaux – 2010
La robe est bien sombre et ne dénote ni indice de jeunesse ni trace d’évolution.
Le nez assez serré mais élégant se détend à l’aération et fait apparaître tour à tour des fruits noirs, des notes épicées et les premières touches florales que j’attends des vieux et grands bourgognes.
La bouche est dense, bâtie sur une grosse matière compacte, encore engoncée dans sa structure de jeunesse, dotée de petits tanins sensibles mais très fins. Elle ne cessera de se libérer peu à peu à l’aération ce qui laisse augurer un avenir radieux.
Très Bien +(+) dès à présent à condition de bien l’oxygéner.
Domaine Comte Georges de Vogüé – Chambolle Musigny – 2006
La robe assez sombre dévoile des reflets bien tuilés.
Intense et très délicat à la fois, le nez propose des arômes de cerise très purs, à peine teintés de rose fanée.
La bouche est l’élégance même, d’une trame toute en finesse, d’une matière mûre et suffisamment dense, d’une texture soyeuse et d’une longueur superlative.
Un village mais pour moi un grand vin !
Excellent +
Château Pontet-Canet – Pauillac – 1990
La robe hésitant entre le sombre et le très sombre présente une certaine évolution.
D’une très belle intensité, le nez somptueux développe une palette d’arômes large et classiques de mine de crayon, de cuir et balsamiques sur un fond de fruits noirs.
La bouche à l’austérité classieuse toute pauillacaine possède encore une trame très serrée, une grande fraîcheur et une persistance superbe toute en finesse.
Excellent (+)
Château Pape Clément – Pessac-Léognan – 1986
Le nez bien ouvert livre des arômes de cassis, de mûre et de cuir, mâtinés de notes fumées prégnantes.
La mâche en bouche surprend par son volume, la richesse de la matière imprime une sensation presque chocolatée, et pourtant l’ensemble ne manque pas de finesse. Sur la longue finale le côté fumé du nez ressort et signe le terroir.
Très Bien ++ / Excellent
C’est à mon avis sur les deux bordeaux que le plat s’est le mieux allié mais les trois bourgognes ont été de beaux faire valoir !
Avec un assortiment de fromages
On a eu droit aux « revenez-y » mais aussi à un extra non prévu et quel extra !
Domaine Guiberteau – Saumur – Brézé – 2005
L’or de la robe est très légèrement ambré et très peu dense.
Le nez d’une grande intensité et d’une finesse égale combine beaux arômes classiques de tilleul et de fruits blancs tels que la poire, ou encore de miel, à d’autres au style légèrement oxydatif comme les raisins secs.
La bouche est magistrale : son équilibre est bâti sur de remarquables appuis tels qu’une belle rondeur sapide, une vivacité à toute épreuve, une sensation de sucre sans sucre. La finale crayeuse est de toute beauté.
Encore un grand vin !
Excellent
Pour accompagner une tarte aux pommes d’anthologie (finesse de la pâte, saveur des pommes, délicatesse de la compote de pommes)
Julien Thurel – Poiré du Loiret
La robe est de couleur paille vraiment claire.
Le nez très intense offre des arômes de … poire très purs.
Toute en tension et dynamique, la bouche, éclairée par ces mêmes belles saveurs de poire très fines, reste présente très longtemps. L’accord avec la tarte aux pommes est remarquable, la tarte apportant son léger sucré et le poiré son élan incisif.
Du niveau d’un Eric Bordelet, entout cas je suis preneur d’une dégustation comparative !
Bien ++
Et voilà, c’est déjà fini, mais quel bon moment passé ensemble grâce à Julien qui a su nous réunir pour partager ce jalon important !
Aucune fausse note, beaucoup de grands vins, des échanges argumentés et joyeux. Bon, on ne va pas attendre 25 ans pour recommencer !
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup