Après Michel, quelques notes sur cette très belle journée consacrée aux CDP 1998 (10 - finalement 11 - + 2 pirates). Un grand merci à notre hôte et aux cuisiniers talentueux !
Pour information, certains vins ont été ouverts la veille au soir, les autres tôt le matin. Je n’avais pas de thermomètre, mais les températures de service étaient plutôt raisonnables (les bouteilles faisaient un petit passage par la cave à vin avant d’arriver sur la table), 15/16° à vue de nez.
Paire n° 1
Pegau réservée 1998 : mauvaise impression à l’ouverture tôt le matin : ça sent fort la cour de ferme, la sueur de cheval, avec un côté pourri / moisi fort désagréable. J’en parle à Antoine en arrivant qui me dit que cela arrive chez Pegau : banco, je lui dit, c’est effectivement Pegau ! Après quelques heures d’aération, l’amélioration est nette…. mais le vin n’est tout de même pas bien net ! C’est dommage car il y a une belle matière derrière, mais avec des tanins assez marqués. A revoir sur une autre bouteille.
Chapoutier croix de bois 1998 : robe évoluée, nez d’abord sur les fruits cuits type prune / pruneau et les herbes (thym, lavande) puis viennent quelques touches de fraises compotées ; le volume en bouche n’est pas énorme, mais il y a une belle fraîcheur avec presque une sensation mentholée ; c’est fin et précis mais je pense qu’il ne faut pas trop tarder à le boire.
Très bien –
Paire n° 2
Gardine, cuvée des Générations 1998 : très belle robe sombre, brillante, sans trace d’évolution. Si le thème n’avait pas été CDP 1998, je ne suis pas certain que je serais parti en Rhône sud. Au nez, beaucoup de fruit, des notes d’élevage assez marquées et l’alcool présent. En bouche, toujours beaucoup de fruits (pas cuits), une petite touche poivrée ; c’est puissant, les tanins sont encore assez présents. Pour moi un vin à attendre pour qu’il s’assagisse un peu et se complexifie sur le plan aromatique.
Bien +
Janasse, cuvée Chaupin 1998 : un nez sur les fruits cuits, prune, figue et les herbes séchées ; en bouche, l’alcool se fait assez discret, les tanins sont souples, mais il y a petite sensation sucrailleuse qui me dérange un peu. C’est bon, mais cela manque peut-être légèrement de complexité et il n’y a pas cette fraîcheur en fin de bouche qui était bien agréable sur le Chapoutier. Sinon je pense que le vin est à point et ne gagnera pas grand chose à être attendu.
Bien ++
Paire n° 3
Clos du Mont Olivet, cuvée du Papet 1998 : irrémédiablement bouchonné ; et pourtant, à l’ouverture, tôt le matin, je n’avais rien senti… Je l’avais mis en paire avec la Geynale car c’est le CDP qui faisait le plus « Rhône nord » (au nez, à l'ouverture) !
Beaurenard 1998 : il remplace le Papet au pied levé, merci Alex ! Le vin est à point et commence même peut-être à fatiguer légèrement, avec un côté un peu cuit et poussiéreux. La complexité est moyenne et la longueur limitée. A posteriori, on constate que l’écart qualitatif avec la cuvée Boisrenard est important. A boire.
Assez Bien + / Bien - -
Cornas, la Geynale, Robert Michel, 1998 : le côté « lardé » très présent à l’ouverture s’est largement estompé avec l’aération (bouteille ouverte la veille) ; c’est très bon aussi bien au nez qu’en bouche, fruits noirs, touche florale, poivre, un peu d’agrumes. De la fraîcheur et un petit côté austère qui me plait beaucoup. L’équilibre est superbe. Très beau fond de verre sur les épices.
Excellent
Paire n° 4
Beaucastel 1995 : nez superbe de complexité, cerise, herbes, épices, cuir, tabac, fumée, une note balsamique ; il y a également une légère touche « animale », mais on dira animal noble ! En bouche, le vin semble à parfaite maturité : beaucoup de profondeur, c’est rond, ample et voluptueux avec des tanins souples, presque « gras ». A 20 ans, il semble au top !
Excellent +
Beaucastel 1998 : moins de complexité au nez que son grand frère, sur les fruits confiturés et les herbes ; et moins d’équilibre en bouche, avec des tanins encore un peu saillants et l’alcool assez présent. Un vin qui a sans doute besoin d’encore quelques années pour se fondre et se complexifier. On va donc garder les dernières encore un peu, en toute confiance. Mais aujourd’hui encore, 1995 reste selon moi au-dessus.
Bien ++ / TB –
Paire n° 5
Bois de boursan, cuvée des Felix 1998 : nez profond et expressif, sur la cerise noire, la mûre, le cuir et les épices. Bouche parfaitement équilibrée, alcool intégré, tanins policés, avec une petite touche « viandée ». Longue finale d’une grande douceur. Après 99, 00 et 01 dégustés récemment, ce 98 me confirme que j’aime beaucoup cette cuvée !
Excellent -
Vieille Julienne VV 1998 : plus beaucoup de souvenirs sur ce vin, n’ayant pas suffisamment craché…. ; un nez frais sur la cerise et un peu poivré ; en bouche, c’est précis, le fruit n’est pas « cuit », mais le vin m’est apparu un peu frêle par rapport aux autres : la matière est assez légère et la longueur moyenne ; c’est bon, mais on reste un peu sur sa faim…
Bien
Paire n° 6
Mordorée, reine des bois 1998 : nez frais, un peu fermé, sur les fruits noirs, avec quelques notes de sous-bois ; en bouche, c’est davantage sur le fruit cuit et le pruneau, la matière est imposante, bien mure (presque un peu « doucereuse ») et avec une très belle qualité de tanins. C’est concentré, mais pas lourd : l’élevage est très bien intégré, l’alcool ne fatigue pas le palais. Un vin qui devrait encore se bonifier avec le temps.
Très bien +
Beaurenard, cuvée Boisrenard 1998 : nez relativement discret, un peu fumé, sur les fruits noirs avec un peu de réglisse ; la bouche est fraîche, sur la cerise noire, la fraise confiturée, les herbes et le poivre ; très belle matière, avec une acidité assez élevée, des tanins encore présents, mais « civilisés ». Il me semble que ce très beau vin a encore un important potentiel de garde et d’amélioration. A attendre sereinement.
Très bien ++ / excellent -
Au final, de beaux voire de très beaux vins, même si mes deux préférés sont…. des pirates (mais Bois de Boursan et Beaurenard, Boisrenard vraiment pas loin derrière) ! Dans l’ensemble, des CDP 98 bien équilibrés et qui ne « fatiguent » pas le palais, malgré l’effet de séquence. J’allais dire que je n’avais pas été gêné par l’alcool, mais là, en revanche, l’effet de séquence à joué à plein ! Merci à Michel de m’avoir guidé jusqu’au métro !
Paul