En cette fin d'automne, ou les feuilles sont à terre, les foréziens sont bel et bien debout pour un pèlerinage de quelques heures (et quelques belles bouteilles) en cette belle terre bourguignonne. Nous partîmes à 3 (le chauffeur Jean Bernard, Cédric et votre serviteur) de bonne heure (et de bonne humeur!!!). Après avoir traversé la campagne roannaise, avoir cherché La Clayette (pas celle de la cave...le village...pour finir par ne pas le trouver!!!) nous voilà arrivé dans cette fort belle région burgonde, ou les vignes sont pour l'instant au repos.
pour une visite mémorable. A la suite de celà, nous reprenons notre cheval d'acier pour nous promener et nous recueillir quelques instants...Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer!!! (enfin, si c'est ici, je veux bien!!!)
Non sans avoir fait un petit crochet par la cité beaunoise, illuminée et parée de ces habits de lumière....
Nous voilà arrivé chez notre hôte. Le principe ce soir? Il nous offre quelques unes de ces bouteilles (chacune censée correspondre au goût ou à un attrait personnel de chaque convive, ce qui est en soit un bel acte de générosité et de recherche), nous lui apportons 2 bouteilles communes (un blanc et un rouge), le tout à l'aveugle. Les derniers convives arrivent (Nico pour le Forez, Francis, puis Jean Marc un peu plus tard pour les bourguignons), nous pouvons commencer cette soirée qui s'avèrera de très très haut niveau...
Go? c'est parti!!!
Vin 1: Champagne Brut Grand Cru, 2000, Egly Ouriet
Le premier vin est un effervescent. La robe est légèrement orangée, un peu vieil or. La bulle est très fine et peu vivace. on a un nez un peu oxydatif, sur le marc de raisin, les fruits jaunes mûrs, il y a peu d'effervescence. En bouche, on retrouve un vin mâchu, très puissant. On ressent du coing, un peu de raisin, mais aussi une pointe oxydative, légèrement champignoneuse et épicée, un peu trop prononcée pour moi. Les amers en final sont également un peu marqués et dérangeants. Au total, selon moi, c'est très (trop?) massif. Et même si c'est très charnu, droit, peu dosé, bien équilibré, j'ai un peu de mal à accrocher. J'évoque un champagne sur un grand terroir, vraisemblablement un Grand Cru, à dominante pinot noir, sur un millésime comme 1998, d'un grand vigneron (ou maison) tels que Jacquesson, Boulard, Selosse...
Bien (15/20)
Vin 2: Chevalier Montrachet 2006, Ramonet
Le second est un blanc sec à la robe jaune claire. Le nez est un peu porté sur la réduction: allumette grillée, pétard. A l'aération, les fleurs blanches apparaissent...La bouche est juste superbe. Elle est grasse, on retrouve une belle matière, fluide...de la poire, l'élevage se fait légèrement sentir, c'est très rond, on ressent une légère empreinte minérale. La finale est un peu grillée, avec de beaux amers. La finale est belle. On est selon moi sur un excellent chardonnay, encore un peu jeune, j'ai l'impression qu'il est un peu sur la retenue. J'adore. J'évoque au départ Chassagne (du style Blanchot Dessus, ou un terroir de cette envergure, chez un vigneron comme Ramonet ou Roger Belland, sur 2007) car il me paraît droit et un peu pierreux. Après discussion, la floralité apparait, je ne l'avais pas perçue au départ, et l'idée d'un grand Puligny est lancé...
Excellent à Exceptionnel (17,5/20). Regoûté 2 heures plus tard, il s'est encore plus ouvert, et la note s'en serait encore vue meilleure...Superbe.
Vin 3: Riesling Clos Sainte Hune 2009, Trimbach
Le second blanc présente également une robe jaune claire, mais légèrement plus foncée que le précédent. Le nez est un peu fermé, légèrement anisé. En bouche, on retrouve une arômatique très légèrement anisée, avec des notes de chlorophylle, de verveine. On est face à une belle acidité, et un très très léger gras (infime). Il me faut un peu de temps et d'aération pour retrouver des notes de zestes d'agrûmes, notamment d'orange, pour pouvoir situer ce vin. Au final, il s'agit d'un vin traçant, classieux, que j'imagine comme étant un grand riesling encore jeune (2010?).
Excellent (17/20)
Vin 4: Corton Grand Cru Les Maréchaudes 1981, Domaine Saier
Bouteille non prévue au départ et offerte par Thierry Brouin (
voir ici
). Le nez est liégeux...la bouteille n'a pas survécue...
ED
Vin 5: Vosne Romanée 1er Cru, Les Gaudichots 2009, Forey Père & Fils
Ce vin rouge présente une robe grenat rubis pour moi.. Le nez est typique d'un beau pinot, cassis, framboise. Elegant et fin. Ensuite...quelle bouche!!! On retrouve une grande finesse tannique avec un joli grain, un très bel éclat de fruit, un léger graphite. C'est un vin totalement délié, délicat, avec une bouche réellement exemplaire. Un coup de coeur. J'imagine direct un Grand Cru bourguignon (Clos de la Roche Ponsot?), sur un millésime très jeune (2011). C'est
Exceptionnel (18/20).
Vin 6: Saint Julien Beychevelle, Château Léoville Las Cases 1985 (bouteille commune, non à l'aveugle)
Vin débouché (Audouzé) 5 heures, très beau bouchon long, impregné sur la quasi totalité. Provenance d'un caviste qui l'avait acheté en primeur.
La robe est grenat rubis, éclatante, assez jeune. Elle est simplement légèrement plus translucide sur le disque, sans signe majeur d'évolution. Le nez est typiquement cassis, boîte à cigare, hâtre de cheminée, fumée, cèdre...Très classe. En bouche, on retrouve ces notes de tabac, de havane...mais également de petits fruits, notamment le cassis, avec un très léger soupçon de poivron, de façon subliminale. La bouche est très fraîche, d'une grande longueur, avec un très fin côté crémeux. Il est pur, long...Bref, c'est un vin qui a la classe, et est tout simplement
Grand (19/20). C'est la seconde fois que je goûte ce vin cette année (
voir ici
), et on est au même niveau globalement. Une réussite.
Vin 7: Hermitage La Chapelle 2003, Paul Jaboulet Ainé
Le vin suivant possède une robe grenat foncée. Au nez, on retrouve des notes de grain de blé, un peu de pruneau. c'est un peu réduit, le nez ne fait pas très net. En bouche, on retrouve une matière ferrugineuse. Il paraît un peu évolué, avec des notes de terre, un peu de fourrure, d'animal...En second lieu, on retrouve des fruits noirs, avec un côté un peu cuit, mais surtout des notes d'alcool un peu prégnantes qui déséquilibrent le vin. Il s'agit d'une déception (et ce, bien avant la levée de l'aveugle) concernant ce vin à la matière assèchante. C'est pour moi un vin d'assemblage syrah/grenache, type Châteauneuf du Pape (Vieux Télégraphe?) sur un millésime 1998. Comme disait Nico:
"Je sens la syrah réduite qui pue le cul de chaval!!!". Merci Nico pour ton éclairage et ces précisions!!!
Regouté avec de la joue de porc, c'est un peu mieux, le gras du plat masque un peu les défauts mais cela reste néanmoins insuffisant à ce niveau. Au total, c'est juste
Correct à Assez Bien (13,5/20), en tout cas bien moins goûté que
La Chapelle 1999
Vin 8: Sidre Brut Tendre, Eric Bordelet (2013)
Un effervescent d'un autre style qui arrive: la robe est jaune orangée. On est en présence d'un nez de pomme. En bouche, on retrouve de la pomme, avec un style légèrement oxydatif. C'est droit, bien construit. C'est pour moi
Très Bien (16/20), j'aime beaucoup cette première en ce qui me concerne.
Vin 9: Savennières Clos de la Coulée de Serrant 1991 (seconde bouteille commune, non à l'aveugle)
La robe est jaune d'or. Le nez est sur le champignon, la terre. En bouche, on retrouve la quinquina, l'orange amère (et son écorce). C'est un vin tendu, droit, avec une belle mâche, un peu de fruits jaunes, une petite pointe oxydative, et surtout de gros amers en final. C'est pour moi comme un sanglier: ça court tout droit sans réfléchir, et ça défonce tout sur son passage! C'est un style particulier, un vin au caractère affirmé, qui à priori, ferait jeune.
Très Bien (16/20), en tout cas, bien plus belle expérience que
celle-ci
. Elle s'est bien comportée sur le fromage. Je suis heureux de l'avoir recroisé...et ça montre que les Coulées sont capables de bien vieillir. Mais je ne me battrai pas pour en acquérir...
Vin 10: Tokaji, Azsu Eszencia 1997, Dizsnoko
Le dernier vin de la soirée est un liquoreux. La robe est orangée, acajou, ambrée. Au nez, on retrouve de l'alcool, avec un côté un peu oxydatif, qui s'accompagnent de notes de datte, de figue, un peu de violette...En bouche, on retrouve de l'écorce d'orange. C'est doucereux, extrêmement bien équilibré, avec malgré tout une grosse acidité (ce n'est pas un défaut, je précise). La même arômatique qu'au nez se retrouve. La longueur est belle, l'accord avec le gâteau (pâte sablée, avec une sorte de mousse dense à la pistache et griotte légèrement confites) fonctionne très bien. J'étais parti sur un Rivesaltes d'une petite quarantaine d'années. C'est
Excellent (17/20).
Et c'est ainsi que se conclue cette superbe soirée ou la qualité des vins goûté n'aura eu d'égal que la générosité de notre hôte. Merci pour tout Simon, à très vite les copains pour une prochaine soirée toujours aussi sympa, et bonnes fêtes de fin d'année.