Quelques vins invités autour d'un agneau à la gargoulette.

La gargoulette est un plat tunisien où l'agneau cuit à l'étouffé, servi avec une fine semoule de blé, aussi facile à exécuter que succulent, est proposé par Ph Faure Brac dans son livre Vins et Mets du monde.

Tenuta Fauri. Pecorino 2016. Abruzzo.
à l'apéro

Les acheteurs vins de Monoprix, ont le talent de dénicher parfois de vraies pépites venant d'ailleurs ; ce blanc sec italien des Abruzzes, de pur pecorino, a d'ailleurs été sélectionné, il y'a quelques mois par mes camarades du Jury Monoprix Gourmet.
Le nez charmant, caressant, aux parfums de fruits exotiques et de fleurs blanches, est adossé à une jolie structure minérale (silex) ; son voile mentholé, un peu miellé, la tension qui l'anime, lui donnent de la fraicheur imbibant son grain singulier (première découverte du cépage Pecorino).
La bouche juteuse, tout en éclats lumineux, tant le caillou et le fruit, éclairés par sa vivacité, s'épousent, s'élargissent, s'allongent sur la persistance, révèlent une sacrée densité confortée d'amers sapides, gourmands à souhait. Ce blanc parfumé, à haute personnalité, est vraiment très bon !

Michel et Stéphane Ogier. l'Ame Sœur 2012. Syrah de Seyssuel. Collines Rhodaniennes.

Le nez très avenant, très typé syrah rhodanienne (cassis, tapenade, violette, complétés ici de touches de vanille et de laurier), dégage une impression de densité, de profondeur, de fraicheur. Un beau grain parfumé caressant, assez attachant.
La bouche prolonge cette expression gourmande, parfaitement définie : sa texture veloutée, sa fine acidité, ses tannins accueillants, totalement voués au gout savoureux, confirment cette impression d'équilibre et de pureté ; la persistance florale, assez craquante, en témoigne longuement.

Mas Champart. Causse du Bousquet 2011. Sant Chinian.

Au nez, une double impression : sa densité moelleuse et sa fine tension contrebalancent son profil structuré, concentré, assez droit (parfois austère dans sa jeunesse). Cet équilibre velouté, plus précis que démonstratif, met bien en relief les parfums de fruits noirs, de garrigue, de violette, en un grain sculpté dynamique émouvant.
La bouche précise ce caractère velouté et fin, à l'empreinte minérale prononcée ; l'intensité qui l'anime donne de l'ampleur, de l'allonge à la présence un peu charnue des tannins sur les amers ; comme s'ils s'allégeaient en s'étirant sur la finale dont on ne sait plus très bien ce qui appartient au fruit, à la fleur ou au caillou. J'apprécie vraiment ce coté précis, pur, sans concessions ni artifice, qui au final, mine de rien, dégage un charme fou porteur d'émotion.

Domaine La Terrasse d'Elise. Enclos 2013. Hérault.

Merci LPV dont les 26 pages consacrées au domaine, ont fini par me convaincre de gouter à ce vin, déjà au restaurant l'Octopus à Béziers, l'été dernier, alors que j'en avais acheté juste avant, quelques bouteilles sur ID.
Une première impression de fraicheur fruitée intense, se dégage de la densité, de la profondeur du nez ; elle élargit le paysage tout en l'aérant. Son profil plutôt acide fait verser les parfums du coté des fruits rouges (fraise écrasée) mêlés à de multiples touches complexes (thym, orange, réglisse, graphite). Un caractère un peu fougueux presque sanguin, hautement singulier s'en dégage.
La bouche coulante, gourmande à souhait, a un sacré relief ; un merveilleux jeu de saveurs épicées dont chacune associe à l'autre, le relief (CAD la singularité) qui lui est spécifique, provoque des rencontres inattendues, des accidents heureux (superbe illustration de ce que je tentais d'évoquer ICI à propos du Cornas La Geynale), compose au final un paysage buccal à l' harmonie touchante ; sa texture s'anime sur un mode vibrant, vivant, profondément attachant. Pour faire écho à Jérôme, si un vin a du caractère (au sens où il l'entend), c'est bien celui là !!

Joyeux Noël à tous.

Daniel