C'est dans la très sympathique salle (privatisée) à manger des Carmes que 10 insatiables du vin se sont retrouvés, pour la 23ème fois sous la bannière du cercle LPV BzH !!
J'avais raté la 1ère édition "BG" qui avait enchanté nombre de convives.
Me voilà donc présent pour ce tome II, en remerciant au passage Martin & Bernard qui ont dû s'arracher les cheveux (ou les poils du torse pour Bernard, histoire d'épargner sa crinière de chef d'orchestre sous psychostimulants) pour gérer les souhaits et les propositions de tous, dans ce type d'exercice dégustatif.
Trêve de blabla, mon bilan de crachoir :
- Anjou Blanc - A Françoise 2015 - Thibaud Boudignon :
Mon apport, suite au souhait de Sebus. J'avais forcément quelques craintes concernant ce millésime classé comme puissant (que j'avais eu la chance de découvrir sur fût) dont le "goûtage express en arrivant au resto" criait "carafe-moi" !!
Une grosse demi-heure plus tard, le nez est toujours salivant, crayeux, avec de timides notes d'élevage. L'attaque reste "monstrueuse", mais plus agile qu'à l'ouverture. Une forme d'astringence anime l'ensemble. Le vin déroule et clame son caractère cristallin. La longueur est superlative et l'acidité sur un point d'équilibre modèle. Seb' semble (très) séduit, même si j'aurais aimé offrir un Boudi moins démonstratif et plus serein. Bouteille au potentiel de longévité évident.
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- Chablis 1er Cru - "La Forest" 2012 - V.Dauvissat (en remplacement du, très bouchonné , Chablis 1er Cru - Montée de Tonnerre 2002 - F.Raveneau)
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Le généreux mécène est forcément (très) déçu par cette déconvenue (le demandeur aussi), mais il avait prévu un plan B. Un nez moins expressif que l'Anjou, un soupçon de bois et une fine réduction s'expriment au-dessus du godet. L'attaque est "très bourguignonne". Le chardo se dévoile, la réduction persiste, un étrange caramel lacté s'impose dans la partition. Il souffre un poil derrière Boudignon (à mon humble avis), mais sait rester digne. J'ai regoûté le fond de quille, une fois rentré chez moi. Le caramel avait disparu, la réduction était toujours là, mais le profil semblait plus "austère".
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- Côtes du Jura - Les Chalasses Vieilles Vignes 2008 - J.F Ganevat :
Le nez le plus délicat du trio des blancs. Une robe évoluée, une attaque qui ne dénote pas du nez, tout en finesse, en élégance avec, pour moi, une sensation de quelques sr alignés avec la matière. Finale interminable sur le curry et ses copines épicées. Un modèle d'équilibre et de suavité.
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- Emilia IGT Bianco - Ageno 2011 - La Stoppa :
Une bonne âme souhaitait goûter un vin orange (il cumulait déjà le Raveneau bouchonné, donc autant noircir le tableau jusqu'au bout). Le nez
déboite le chat syphilitique qui fait des crises d'acidocétoses est chafouin, pharma, peu sexy. La bouche interloque les sens, la pomme blette domine. Aucun plaisir en l'état, quand les vins rouges de la maison m'ont procuré souvent de bons moments. Nous démembrons le demandeur et décoiffons le généreux donateur pour ce jackass du chai !!
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- Crozes-Hermitage 2016 - Laurent Combier :
Un invité de dernière minute nous gratifie de ce rouge très réduit au pif, mais dont l'attaque est plutôt agréable, relativement concentrée, simple, à l'acidulé salvateur dans un registre sans grande ambition. Ça fait le job !
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- Chinon - Clos de l'Echo 2005 - Couly-Dutheil :
J'étais demandeur d'un "vieux Chinon à maturité". Le vieux cabernophobe que je suis/reste tente pour la énième fois d'être convaincu par "le breton". Le nez exprime des notes marquées de Fe2+/Fe3+, mais reste relativement peu disert. Une attaque fraîche, au grain peu poli (comprendre "granuleux), adossée à une expression végétale très forte. Si la 1ère gorgée me fait crier "cab' franc", le caractère juvénile et rafle/végétal domine outrageusement, sans poivronner pour autant. Les 05 sont-ils vraiment intorchables jusqu'en 2088 ?!
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- St-Joseph - Vignes de l'Hospice 2007 - E. Guigal :
Un 1er nez hyper flatteur mêlant cassis et ébénisterie soignée, louchant par moments sur un pinot. La bouche penche plutôt pour un cab' so. Un profil que je qualifie comme "techno, à l'élevage outrancier, à la finale amère rédhibitoire", aux antipodes d'une syrah que l'on dit de "grande lignée".
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- Cornas - La Geynale 2003 - Robert Michel :
Un nez très élégant, au fin élevage, quand la bouche délivre une matière tonique, à l'acidité nerveuse, au "trait vert" sur le fil, d'un juvénile stupéfiant, une fois la chaussette descendue, qui en a encore sous la godasse.
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- Crozes-Hermitage - La Guiraude 2015 - A. Graillot :
Un joli nez mûr anime mes muqueuses, une pointe de volatile, un fond poivré. Le gargarisme à suivre confirme les notes poivrées puissantes, une fine rafle dessine les contours d'un vin encore un peu brouillon. La structure est évidemment (trop) jeune, "le nez est plus mûr que la bouche". Forcément trop tôt, mais que ne ferait-on pour satisfaire un amateur.
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- Muscat Beaumes-de-Venise - Vin Doux Naturel 2015 - Domaine des Bernardins :
Si le 1er nez m'évoque le litchi, le second clame sans hésiter "muscat". C'est rond, c'est gras, au(x) sucre(s) équilibré(s) et ça matche pas mal avec l'acidulé de notre dessert à l'ananas. Annick est contente, c'est le principal !!
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Mon tiercé, pour le coup, monochrome :
1/ Côtes du Jura - Les Chalasses Vieilles Vignes 2008 - J.F Ganevat
2/ Anjou Blanc - A Françoise 2015 - Thibaud Boudignon
3/ Chablis 1er Cru - "La Forest" 2012 - V.Dauvissat
Encore merci à tous les participants pour ce bon moment de convivialité, ainsi qu'au staff des Carmes, d'un professionnalisme sans failles, face à des allumés du tire-bouchon comme nous !!