Une semaine après la première manche à Bertrix, nous nous retrouvons avec la crème des dégustateurs belges pour le BW trophy. Il valait clairement mieux se trouver dans la salle de dégustation que dehors, les éléments s’y déchaînant ^^.
Les règles de calculs suivantes sont appliquées : le cépage majoritaire (10 pts) (quelques points sont donnés pour un cépage minoritaire s’il est présent à plus de 25%), la grande région (6 pts), l’appellation (3 pts) et le millésime (1 pt).
Comme chaque année, la qualité de l’organisation est à soulignée. Nous sommes choyés du début à la fin.
Pour se mettre en jambe, quelques questions théoriques sont prévues pour entamer le concours. Elles ne serviront que pour l’attribution d’un lot et pour départager des équipes qui seraient à égalité de points lors de la dégustation.
Passons aux choses sérieuses, c’est-à-dire, la dégustation :
1) Nous commençons par un vin effervescent. La robe est or, dorée.
Le nez est sur la pomme, des notes de fleurs blanches, un côté pâtissier. J’ai l’impression qu’il y a du passage sous bois.
En bouche, la bulle est fine. Le vin est vineux, ample, sur les fruits blancs, les arômes pâtissiers avec une finale marquée par un couple acidité/amertume qui équilibre bien le tout. C’est assez bien foutu.
Bon, devant la qualité de la bulle, son côté vineux et les notes d’élevage, nous tablons sur un champagne. Nous hésitons entre chardonnay et pinot noir. Nous pensons bien qu’ils sont présents tous les 2, mais par stratégie, nous optons pour le chardonnay.
Nous indiquons, donc, champagne, chardonnay et nous le millésimons en 2010.
Il s’agissait :
Crémant du Jura, NM, Domaine André et Mireille Tissot (Jura – 50% Chardonnay – 40% Pinot Noir – 5% Poulsard – 5% Trousseau).
Bon, pas évident d’y voir un crémant du jura, mais nous engrangeons 10 points.
2) Le second vin propose une robe pâle avec des reflets verts. Le nez est très minéral, pétrolant. Niveau aromatique, il y a des fleurs blanches, de l’abricot, de même qu’un côté un peu bonbon.
La bouche est très pétrolante, avec peu de fruits. Par contre, c’est assez rond et un peu gras. Une légère acidité arrive en final.
Bon devant le côté très pétrolant du vin, nous ne réfléchissons pas très longtemps et le plaçons en Alsace sur un riesling en appellation Alsace. Comme il est un peu mous du genou, nous pensons à un millésime solaire et indiquons un 2015.
Il s’agissait :
Côtes du Roussillon, Les Pierres Blanches 2016, Domaine des Demoiselles (Languedoc-Roussillon – 40% Grenache Blanche – 40% Grenache Grise – 20 Macabeo).
Bon, nous sommes complètement passés à côté (comme 90% des concurrents). Donc, à retenir que dans le Roussillon, ça peut pétroler à mort^^ et qu’un brin de réflexion est à avoir quand nous rencontrons cet arôme…
Bref, une belle bulle !
3) Arrive le 3ème vin. La robe est paille. Le nez est sur les fruits jaunes, note levurée, présence d’un peu de mangue, de notes épicées. Enfin, sensation d’un léger oxydatif.
En bouche, c’est très rond, ample et gras, sur les fruits jaunes, une légère sensation sucrée ( ?) et une finale sur l’amertume. En soi, ce n’est pas désagréable.
Bon, pour le placer, c’est autre chose. Ma première idée est une roussanne. Mon frère pense aussi à une roussanne, sans exclure une marsanne. Nous le regoûtons régulièrement pour nous forger une hypothèse. La note sucrée que j’ai sentie m’embête un peu. Je l’évoque à mon frère et lui demande ce qu’il pense de l’hypothèse d’un pinot gris d’Alsace. Il ne ressent pas cette note, et hésite sur la présence d’élevage en bois. Nous serons dans l’hésitation jusqu’au bout, mais in fine, nous optons pour une roussanne en saint Jospeh en 2016.
Il s’agissait :
Alsace Grand Cru Sommerberg 2015, Domaine André Ehrhart (Alsace – 100% Riesling).
Bon, une grosse bulle…J’avoue ne pas savoir comment raccrocher ce vin au riesling…mais nous n’avons pas été les seuls. Aucune équipe n’aura indiquée riesling sur sa feuille. 2 équipes auront quand même indiquées l’Alsace. Un vin difficile à comprendre. Je peux entendre que 2015 est solaire, mais de là à avoir un riesling avec ce profil…
4) Le 4ème vin propose une robe or/dorée.
Le nez est sur la mangue, du citron, des notes vanillées et de la minéralité.
En bouche, ça attaque sur une belle amplitude avant de laisser la place à une belle droiture ciselante sur le citron. Plutôt pas mal fait.
Ma première idée m’emmène en Sud-ouest sur du gros manseng. Une légère sensation sucrée dans l’attaque me fait vaguement penser au chenin, mais le gros manseng a ma préférence.
Mon frère évoque de suite un chablis et je ne sais trop pourquoi, j’oublie complètement de discuter et de lui exposer mes hypothèses (sûrement encore occupé à me triturer les méninges avec le vin n°2). Je valide son idée et l’on indique donc un chardonnay de chablis en 2017.
Ce manque de discussion sera une grosse erreur de ma part, car il s’agissait :
Pacherenc du Vic-Bilh sec 2016, Domaine Labranche Laffont (Sud Ouest – 60% Gros Manseng – 40% Petit Manseng).
Bref, une bulle qui nous fait bien du mal, surtout que la solution était soulignée sur ma feuille…
5) Le dernier vin de la première série sera évident rien qu’au nez, d’ailleurs, je n’ai quasiment pas notes sur le bougre… La robe est dorée, le nez oxydatif sur la noix fraîche.
Pour ne pas anesthésier mon palais, je ne le goûte pas et nous indiquons, après une rapide concertation, un savagnin du jura, 2012 en côtes du Jura.
Il s’agissait :
Arbois Pupillin 2013, Désiré Petit (Jura – 100% Savagnin)
Bon, c’est quand même râlant pour l’appellation, pour le reste, pas grand-chose à ajouter.
6) Le premier vin rouge arrive…Ah ! ben non, c’est pas un rouge, mais un rosé ! La robe est saumonée.
Le nez est très sur les agrumes (pamplemousse, pomelo), le bonbon.
La bouche est ronde, ne manque pas de matière, de volume et la finale est portée par une belle amertume. On ressent de la chaleur dans ce vin. Niveau aromatique, c’est très agrume. A l’aération, apparaîtront quelques notes de fruits rouges.
Bon, n’étant pas des habitués des rosés, nous ne prendrons pas de risque ici. Nous indiquons cinsault, côtes de Provence, 2018.
Il s’agissait :
Bandol, Moulin des Costes 2017, Domaine Bunan (Provence – 40% Cinsault – 35% Mourvèdre – 25 % Grenache)
7) Le vin suivant présente une robe pâle, rubis.
Le nez est sur les fruits rouges/ fruits des bois, des notes végétales, herbacées, les épices.
La bouche est ronde et juteuse en attaque sur les fruits rouges, la cerise, les épices. La suite est moins à l’avenant, les tanins sont vert et la finale rustique/animale. Pas de grand plaisir sur ce vin, en ce qui me concerne.
Une hypothèse ce dégage rapidement : un pinot noir. Pas un bourguignon, mais un Jura ou un Loire (préférence de mon frère)….sauf que…la suite à lire au vin numéro 9 !
8) Le 8ème vin propose une robe très violacée.
Le nez est à l’avenant, sur les fruits rouges, la cerise, les épices.
La bouche est une vraie bombe de fruits rouges et d’épices. C’est frais, juteux, bien équilibré avec des tanins fins. Un vin très agréable.
Pas de grand débat concernant le cépage, nous tombons vite d’accord sur le gamay. Pour le placer, nous tergiversons entre le Beaujolais et la Loire. Son côté très épicé nous poussera à indiquer la Loire en 2016.
Il s’agissait :
Beaujolais Village, Vieilles Vignes 2017, Domaine Jean-Claude Lapalu (Bourgogne – 100% Gamay).
Pour le coup, c’est râlant de ne pas avoir été plus stratégique en le plaçant d’emblée en Bourgogne…
9) Le 9ème vin sera à la fois un plaisir et facteur de désillusion pour nous…
La robe est pâle, rubis, mais avec encore un peu de violacé.
Le nez, très charmeur, pinote énormément.
En bouche, c’est frais, fluide, élégant sur la cerise, la ronce et encore marqué par l’élevage. C’est vraiment bien foutu et d’une longueur plus qu’honorable… Bref, un beau pinot noir de Bourgogne. Etant sous le charme, nous le plaçons en Pommard 2015.
Le vin numéro 9 était :
Mercurey 1er Cru, En Sazenay 2016, Domaine Tupinier-Bautistat (Bourgogne – 100% Pinot Noir).
De fait, j’indique à mon frère, que le vin numéro 7, ne peut pas être un pinot. Placer deux pinots dans un concours, c’est du jamais vu…Je me braque complètement sur cette idée, et malgré les indications de mon frère, j’insiste pour mettre autre chose pour ce vin. Je pars dans tous les sens et me tourne vers la Corse et le nieluccio en Patrimonio 2017.
Le vin numéro 7 était en fait :
Sancerre 2015, Domaine Pierre Prieur & Fils (Loire – 100% Pinot Noir).
Encore ce jour, mon frère me lance des regards noirs…Bref, pas très fier sur ce coup là…^^
10) Le dernier vin arrive et propose une robe sombre, profonde aux reflets violacés.
Le nez est sur les fruits noirs, la réglisse, un côté animale assez puissant, ainsi que des notes florales et épicées.
La bouche est fluide, soyeuse, animale, végétale, sur les fruits noirs. Les tanins sont présent à asséchant et la finale assez fraîche. Pas mal en soi.
Pour le cépage, nous sommes vite d’accord : de la syrah. Par contre, nous hésitons pour la placer en Rhône ou en Languedoc-Roussillon. Doutant sur le fait qu’elle soit en mono ou en assemblage, nous cogitions beaucoup. In fine, nous pensons qu’il y a un peu de carignan et de grenache et nous plaçons le vin en Languedoc sur l’appellation Faugères, 2017.
Il s’agissait :
Crozes Hermitage, Les Hauts Granits 2016, Domaine Jeanine Boutin (Rhône- 100% Syrah).
Bref, ce n’est définitivement pas notre journée !
En conclusion, une semaine après notre beau résultat à Bertrix, nous redescendons les pieds sur terre lors de cette seconde manche. Nous finissons à une piètre 19ème place avec 78 points (le classement est assez serré, l’équipe classée 10ème est à 89 points, les premiers finissent avec 110 points). Je n’ai pas vraiment de regrets sur les vins 2 et 3. A aucun moment nous avons pensé à ces cépages-là. Par contre, je m’en veux beaucoup pour les vins 4 et 7 que nous avions. Cela nous fait redescendre de notre petit nuage, et nous booste à faire mieux la prochaine fois.
Résultats complets:
site BW trophy
Le championnat belge prend maintenant sa pause annuelle et ne reprendra qu’à la mi-septembre à Waremme.