Gaston Gérard s'invite entre beaunois et foréziens!!!
Il est des traditions qui perdurent depuis des années, et ce déplacement en terres beaunoises en est une, en dépit des défections qui touchèrent malheureusement cette année l'armada forézienne. Ainsi, nos deux vaillants amis JB et Nico sont donc excusés pour raisons professionnelles, ce qui ne nous empêchera pas de penser à eux et de nous régaler, même en leur absence...Pour rappel, voici retracé les précédents épisodes:
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Déplacement burgonde pour quelques Foréziens!!!
et visite du
Domaine des Lambrays
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Soirée de Gala chez Simon
et visite chez
Thibault Liger -Bélair
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Les foréziens viennent allumer le feu à Beaune
et visite chez
Sylvie Esmonin
Comme énoncé, nous ne serons que deux à
"monter" à Beaune, mais ne croyez pas que ce trajet aura été une balade de santé! En effet, nous ne sommes pas venu, Cédric et moi, pour vendre des cravates, alors il aura bien fallu meubler l'emploi du temps. Si vous avez été attentif ces derniers jours, vous aurez suivi notre périple qui commença à Givry chez
Joblot
, nous emmena ensuite à Savigny Lès Beaune au domaine
Simon Bize
, puis se termina au domaine
Bruno Clair
.
Le point de chute le soir était donc formalisé, comme chaque année maintenant depuis 4 ans, chez Simon, avec 2 compères Beaunois, complété par un invité de choix: un ancien maire de Dijon, j'ai nommé
Gaston Gérard
! Hein?! Quoi??? Il est mort il y a 50 ans??? Ah? Vous êtes sûr???!!! Mais alors...
on m'aurait menti???
...Et bien...pas tout à fait! Gaston Gérard, a été effectivement député-maire de Dijon, il vécu de 1878 à 1969, mais surtout, en ce qui nous concerne, il donna son nom à une recette gastronomique: le fameux
Poulet Gaston Gérard
. Cette recette a été créée accidentellement par la première épouse de Gaston Gérard, qui échappa un pot de paprika sur son poulet. Pour tenter de corriger son erreur, elle rajouta de la crème, du vin blanc et du comté râpé. La pression était d'autant plus grande que les époux Gérard recevaient pour ce repas le prince des gastronomes, le célèbre critique culinaire
Curnonsky
. Il trouva ce poulet très à son goût, félicita Mme Gérard et baptisa cette recette du nom de son hôte.
Vous venez donc de deviner que Simon allait nous régaler autour d'un Poulet Gaston Gérard, en tentant particulièrement de mettre ce plat en valeur! Sans trop m'avancer dans ce compte-rendu, et au risque de couper court à tout suspens, il y est parfaitement arrivé! Au delà de cette recette
légère gastronomique, l'idée était de tenter des accords parfaits entre les différents plats et les vins qui devaient les accompagner. Ces derniers proviennent tous de la cave de notre hôte, qui nous aura gentiment soigné, excepté le sucre en final, que nous aurons apporté, afin qu'il joue également le jeu de l'aveugle. Allez, cette fois c'est parti: A taaaaaable!!!
Le repas
(frugal, et peu calorique!!! )
:
Apéritif: Véritables rosette de Lyon, et Bellota Bellota & Vin 1 et 2
Plat: Poulet Gaston Gérard, purée à l'huile de truffe
(de compétition!!!) & Vin 3
Fromages: & Vin 4-5 et 6
Dessert: Panna Cotta Ananas / Noix de Coco & Vin 7
A noter que les vins sont dégustés dans des verres
Italesse Sparkle
, au rendu visuel et gustatif vraiment excellent.
Vin 1: Lucien Aviet, Arbois (Trousseau), Cuvée des Géologues, 2014 (Macération 191 jours)
La robe est grenat rubis. Le nez est un peu fumé, avec de la cerise sur un fond charcutier. La bouche est de demi-corps, se révélant sphérique, épicée, avec une dominante sur les agrumes et un beau trait végétal. Il n'y a pas de tanins ni de gras perceptibles, c'est parfaitement fondu, avec malgré tout une structure tenue par une belle acidité et de fins amers. La finale est de longueur moyenne. Je trouve ce vin un peu réservé pour l'instant, un peu sur la retenue. J'hésite entre pinot noir sur un village bourguignon, voire un gamay "type bourgogne", dans l'esprit un Moulin à Vent de Liger-Bélair. Perdu, mais une découverte sympathique, avec un accord et une mise en bouche très satisfaisante en début de dégustation.
Bien à Très Bien (15,5/20)
Vin 2: Champagne Huré Frères, Champagne, Mémoire, Soléra
La robe est jaune légèrement dorée, avec une effervescence très fine, parfaitement mise en valeur par le verre Italesse Sparkle. On a un nez précis de coing, avec une pointe de pomme et une sensation d'oxydation ménagée: très beau. La bouche est tonique, sur la pomme/coing, fruits jaunes. La matière parait mûre, avec un fond crayeux. La bulle est tonique et impactante. Ce vin à la belle vivacité est d'une précision redoutable, avec du caractère. Le très faible dosage
(2g/L) participe de cet équilibre tendu mais est bien compensé par une belle maturité et une certaine forme de richesse et densité. Il me fait furieusement penser à une
Toulette 2008 de Janisson-Baradon
.
Excellent vin (17/20) pour ce qui se révèle être une solera de la montagne de Reims, débutée en 1982, à large dominante dominante de pinots (45% Meunier, 45% Noir) complété par 10% de chardonnay.
Vin 3: Champagne Benoît Marguet, Champagne Grand Cru, Ambonnay, 2011
Dégorgement octobre 2012, 50% Pinot Noir, 50% Chardonnay
La robe est jaune légèrement dorée, avec un fin cordon de bulles. Le nez est un peu renfermé, fumé et boisé, sur le coing, avec la aussi, une sorte d'oxydation ménagée, et un côté frais. La bouche est droite, avec assez peu de bulles. On retrouve des fruits jaunes essentiellement dans un ensemble moins bien équilibré, et assez boisé et réglissé. Il est moins vineux mais paradoxalement plus dense et se présente plus austère, en partie à cause d'amers assez importants en final et d'une absence complète de dosage, ce qui le rend un peu dur. J'étais sur un blanc de noirs.
Bien (15/20) mais il ne me semble pas en place.
Vin 4: Domaine Raveneau, Petit Chablis, 2015
La robe est jaune claire à reflets gris, signant un vin probablement assez jeune. Le nez est réduit, puis s'ouvre rapidement sur le gravier humide, le citron vert et de belles notes exotiques. La bouche est droite, finement enrobée par un léger gras. On retrouve une aromatique boisée/réglissée, encore marquée par des amers, heureusement contrebalancé par une matière assez riche et mûre. La finale me parait un peu désordonnée et brouillonne. Ce vin me paraît jeune et à attendre. J'étais sur un sauvignon du sancerrois, pourquoi pas chez Boulay, sur 2015.
Très Bien (16/20). Joli niveau pour ce niveau de cru.
Vin 5: Domaine de Saint Pierre, Arbois (Chardonnay), Les Brûlées, 2016
La robe est or. Le nez est empreint d'une réduction tenace et assez désagréable sur des notes d'écuries, de chien mouillé, de marée et d'oeuf punais...Un vrai bonheur...La bouche est par contre marquée d'un fruité assez puissant et très typé exotique et citron vert. La bouche est déséquilibrée par des amers réglissés imposants, ainsi que par une sensation brûlante liée à des notes alcooleuses chaleureuses et mentholées. La finale s'effondre assez brutalement...Bref, je vois bien un chardonnay nature déviant.
ED...Comme dit autour de la table:
"Le vin est peut être sans soufre, mais nous on souffre!!!"...et du coup
"on arboiras pas de celui-là!!!"...
Vin 6: Domaine de l'Hortus, IGP Val de Montferrand, 2016
La robe est or/vert. On a un nez exotique, sur la mangue, la papaye et le citron vert. La bouche est dense, puissante, un peu chaleureuse.L'ensemble est riche, mûr, magnifié par un joli boisé et porté par une acidité assez importante. Il parait relativement frais, malgré une finale très marquée par la réglisse. J'étais encore une fois sur un sauvignon. C'est
Très Bien (16/20), et force est de reconnaître qu'étiquette découverte, l'équilibre obtenu, pour un vin du sud, est très satisfaisant.
Vin 7: Disznoko, Tokali, Aszu Eszencia, 1997
Non à l'aveugle.
La robe est brune marron, typé
"Coca Cola" faisant redouté un vin très (trop?) évolué. Le nez est complexe sur le pruneau, les fruits confits, la figue et la chlorophylle. La bouche paraît beaucoup plus jeune, elle se montre d'un grand équilibre grâce à une acidité d'une justesse remarquable et d'un apport en sucre paraissant assez modéré. Le toucher de bouche est très beau, velouté et marqué par une aromatique fruitée d'une grande fraîcheur, tournant sur les agrumes, l'écorce d'orange, la mandarine, le citron
(yuzu) et les épices
(cannelle, poivre blanc). La finale s'étire de façon délicate, sans jamais faire ressortir le sucre.
Très Bien à Excellent (16,5/20) et goûté a peu de chose près comme il y a
3 ans
, à la nuance près que la robe est sur cette bouteille nettement plus évoluée et moins engageante.
Il est désormais l'heure de remercier Simon et son épouse, pour l'accueil et les talents culinaires: vous nous avez régalé! Merci également à Madame Gérard d'avoir planté sa recette il y a quelques décennies! Merci enfin aux différents camarades autour de la table, ou les échanges sont riches et toujours intéressants à entendre. Je retiendrais particulièrement, outre le Bellota Bellota, la sauce du poulet et la purée, la qualité du champagne Huré que je ne connaissais pas.
C'est ainsi que se termine cette soirée, et pour ma part, mon périple bourguignon annuel.
A très bientôt les amis, et déjà partant pour un nouvel épisode l'an prochain!
Passez de bonnes fêtes.