1997 plus ou moins un…
1997, c’est le thème qu’avait retenu par Didier pour cette superbe dégustation de dimanche midi. Pourquoi 1997 ? Parce que c’est l’année de naissance de son fils Pierre ! N’ayant pu se cantonner à ce seul millésime, Didier a parfois rajouté ou enlevé une unité pour aboutir à un grand éclectisme et un excellent niveau.
Nous étions donc six LPViens autour de la table : Didier, Camille, Cédric (chouette, encore un LPVien que j’apprécie pour ses écrits, et que j’ai pu rencontrer en « vrai »), Henri, Yann et moi-même, ainsi que nos épouses et compagnes (c’était l’une ou l’autre et jamais les deux !

). Et, cerise sur le gâteau, Pierre était naturellement présent pour cette dégustation en son honneur !
Je n’ai pas fait de photos des plats

, absorbé par les conversations diverses et variées, mais en l’occurrence le sens le plus sollicité étant le goût encore plus que la vue, je peux vous dire que c’était en tout point remarquable, avec un choix très pointu des produits et assaisonnements et des cuissons remarquables de précision. Bravo Didier et Anna !

Pour les photos des étiquettes, c’est plus facile, on peut y revenir plus tard…
Avec un foie gras maison, juste parfait.
Domaine Freslier – Vouvray pétillant – 1996
La robe est bien dorée, presque ambrée.
Le nez s’ouvre sur des arômes de fruits secs et de fruits jaunes, teintés de notes pâtissières et d’une touche oxydative.
En bouche la bulle est évanescente, à peine perceptible. La rondeur s’accompagne d’une bonne ampleur, avec peut-être un léger déficit d’acidité. La pointe oxydative qui ressort en finale lui apporte cependant un peu de peps.
Bien ++
L’accord est intéressant avec le foie gras (3,5 / 5), la rondeur du vin et du plat se mariant bien.
Domaine Pierre Moncuit – Champagne – Cuvée Nicole Moncuit – Blanc de blancs – 1996
La robe est légèrement ambrée tout en étant relativement translucide.
Le nez fait parler la puissance et la complexité : des senteurs de fruits secs, noisette mais aussi noix, s’entremêlent avec du sous-bois et de la torréfaction, en évoluant vers la truffe.
La bouche est à la fois corsée et tendue, civilisée par une bulle discrète, fine et caressante. D’une très grande persistance, la finale savoureuse combine salinité et retour oxydatif.
Je l’ai encore plus apprécié que le 1990 bu deux auparavant à la même table.
Très Bien ++
En revanche sa puissance lui fait dominer le foie gras (2,5 / 5).
Avec un tartare de saumon, filet de julienne et Saint-Jacques (une tuerie)
Domaine Huet – Vouvray sec – Le Haut-Lieu – 1996
L’or de la robe est soutenu et dense.
Très ouvert et élégant, le nez offre des arômes finement grillés et de fruits jaunes.
La bouche est grasse et enveloppante, dotée d’une belle matière fruitée, la finale de bonne allonge étant toute en tension et en finesse.
Nous l’avons tous pris pour un excellent Bourgogne !
Très Bien ++
Le vin gagne encore en tension et en délicatesse sur le plat et signe un très bel accord (4 / 5).
Domaine Philippe Tessier – Cour Cheverny – 1997
La robe affiche un or moyen.
Très intense, le nez développe des arômes d’angélique (cela aurait pu me m’aider à retrouver le cépage, l’ayant déjà identifiée d’après mes notes, merci LPV, dans La Porte Dorée 2007 et Les Sables 2011), de fruits très mûrs et de cire, avec en plus une note iodée.
La bouche étonne par son aromatique à la fois intense et unique. Elle est ample et étoffée, habillée par un léger gras, soutenue par une certaine vivacité et d’un long final.
Très Bien (+)
L’accord est plutôt réussi (3,5 / 5), même si le vin prend un peu le dessus sur le tartare.
Avec un ris de veau simplement poêlé et sa sauce revigorante
Domaine Lucien Crochet – Sancerre – Cuvée Prestige – 1997
L’or de la robe est clair, brillant, presque fluo !
Le nez très intense exhale des arômes fruités prégnants, presque exotiques, d’autres floraux élégants et enfin des notes crayeuses.
Très aromatique, la bouche est très équilibrée, avec même quelques sucres résiduelles qui participent à l’impression de rondeur, tout en conservant une grande fraîcheur et une belle allonge.
Très Bien ++ / Excellent
C’est un mariage fusionnel (4,5 / 5) que ce très beau vin réussit avec le ris de veau.
Clos de la Coulée de Serrant – Savennières-Coulée de Serrant – 1998
La robe est parée d’un or ambré peu soutenu.
D’une très belle intensité, le nez virevolte entre fruits compotés, coing, pain d’épices et miel, avec en permanence une très fine touche oxydative qui rajoute à la complexité et que j’apprécie lorsque ce n’est pas dominant.
La bouche combine des arômes tertiaires, une grande acidité vertébrale et une sensation de très légers sucres résiduels. Le tout est très harmonieux, jusqu’à une finale salivante.
Très Bien ++ / Excellent
Le plat s’est accordé à merveille (4+ / 5) avec le vin en faisant ressortir les épices de celui-ci.
Au final, quatre très bons blancs de Loire mais tous tellement différents : bravo Didier !
Avec une terrine de foies de volaille
Domaine des Roches Neuves – Saumur-Champigny – La Marginale – 1997
La robe assez sombre est bien tuilée sur les rebords du disque.
Le nez très intense et distingué est sur le poivron mûr, le sous-bois et les fruits noirs compotés.
Dense et corsée, la bouche est tenue par une très grande fraîcheur. Les tanins et l’aromatique sont racés mais un peu trop austères et végétaux à mon goût.
Très Bien sans plus mais d’autres ont été plus sensibles à la classe de ce vin.
La terrine lui est très bénéfique (4 / 5) en le civilisant grandement.
Domaine Bruno Clair – Clos de Bèze – 1996
La robe moyennement sombre est très évoluée, avec une couleur acajou.
Le nez est très intense et classieux, mêlant des arômes de fruits rouges légèrement compotés et de belles notes florales qui ravissent.
La bouche toute en élégance et longueur, donne une sensation d’aboutissement, avec la même aromatique et un toucher soyeux. La finale très persistance redonne de l’ampleur au vin et invite à une nouvelle gorgée.
Excellent (+)
En revanche son acidité, en arrière-plan lorsque le vin est bu tout seul, ressort un peu trop sur la terrine (3 / 5).
Avec un gigot de sept heures
Château de Fonsalette – Côtes-du-Rhône – Syrah – 1997
La bouteille avait été épaulée pendant 48 h sur les conseils d’Emmanuel Reynaud.
La robe est sombre, avec des reflets tuilés.
Le nez est puissant, très fumé, sur la suie et des notes végétales très présentes.
La bouche présente le même registre sérieux, une certaine austérité mais plutôt noble, avec une belle droiture et une grande allonge. C’est mon premier Fonsalette – Syrah et je suis surpris, au moins sur ce millésime et cette bouteille, d’un style tellement différent du style Reynaud.
Très Bien +(+)
L’accord est fort réussi avec le gigot qui l’assagit et l’arrondit (4 / 5).
Casa Lapostolle – Rappel Valley – Chili – Cuvée Alexandre – Merlot – 1997
La robe très sombre a des reflets assez tuilés.
D’une très belle générosité, le nez est épanoui et serein, sur une aromatique distinguée de fruits compotés et de fines épices.
La bouche joue dans le même registre, celui de l’élégance et de l’harmonie. L’ensemble est complètement fondu, d’une grande fraîcheur et d’un grain très fin et soyeux. La magnifique persistance permet d’en profiter encore plus.
Didier nous dit que plus jeune il était encore très « Nouveau monde » par sa puissance et son manque de subtilité : il a bien fait d’attendre pour cette bouteille !
Excellent (+)
Le gigot et le vin se fondent parfaitement pour un superbe accord. (4 + / 5).
Château Pape Clément – Pessac Léognan – 1996
La bouteille avait été épaulée pendant 24 h.
La robe très sombre fait à peine apparaître une évolution sur le bord du disque.
Le nez intense marque surtout par sa complexité et sa belle aromatique tertiaire : la panoplie comprend du cigare, du cuir noble et des fruits noirs compotés et s’enrichit de notes de bois précieux du plus bel effet.
L’équilibre de la bouche est remarquable car elle allie une grande race à une superbe finesse : la chair au fruité tertiaire s’appuie sur une matière bien mûre, l’acidité assure une grande tenue sans se mettre en avant, la finale droite et vibrante affiche une certaine salinité. Un grand vin à point.
Excellent +
Le mariage avec le gigot est d’une évidence naturelle (4,5 / 5).
Avec les fromages, un vin hors thème, servi étiquette découverte
Domaine Lucien Clavelin Fils – Côtes du Jura – 1958
On notera que le propriétaire est bien nommé, même si la bouteille fait 75 cl. D’ailleurs le vin nous a paru être un vin ouillé, même si une petite oxydation a été ressentie en raison du vieillissement.
L’or de la robe est légèrement ambré.
Bien ouvert, le nez développe des arômes de fruits jaunes, de miel et de fines notes oxydatives de noix et de safran.
La bouche est très marquée par l’acidité ce qui lui donne un profil très droit et tendu, mais la rend un peu maigre.
Bien +(+)
Le vin reprend de la rondeur sur les fromages, en particulier un comté de 13 mois. Il s’améliore tellement que je rehausse sa note à Très Bien avec ce bel accord (4 / 5).
Avec une tarte tatin à la mangue confite
Château Suduiraut – Sauternes – 1997
La robe est très ambrée et d’une belle profondeur.
Le nez est très intense mais surtout d’une superbe complexité olfactive par sa richesse de parfums. Le botrytis est d’une grande évidence, les arômes d’abricot confit, de miel et de safran se répondent, bien complétés par une note rafraichissante d’écorce d’orange.
La bouche dense, d’un beau moelleux mais équilibrée, sait garder de la vivacité, ce qui la rend digeste. La magnifique allonge se clôt sur une finale marquée par les agrumes.
Excellent (+)
L’accord (3,5 / 5) se fait sur l’aromatique, la mangue venant compléter la gamme fruitée du vin, mais le dessert prend un peu trop le dessus pour rendre ce duo inoubliable.
Domaine Huet – Vouvray – Cuvée Constance – 1997
La robe très foncée évoque l’acajou et le caramel.
Expressif et captivant, le nez réussit la fusion harmonieuse d’arômes aussi variés que les fruits compotés, le bois précieux, les épices nobles et des parfums d’infusion.
La bouche est puissante, c’est un concentré de saveurs et de liqueur, mais elle est magnifiquement contrebalancée par une acidité dantesque qui lui apporte finesse et persistance. La finale est à l’avenant, alliant sapidité et vibration.
Excellent +
Pas d’accord à noter : ce vin est à boire pour lui tout seul !
Ces quatre ou cinq heures ont passé trop vite ! Ce voyage vingt ans en arrière, et même soixante pour un vin (!), a été un ravissement, d’autant que les conversations n’oubliaient pas les actualités. Côté vins, un niveau remarquable, ce qui est difficile étant donné la variété des vins proposés, avec pas de déceptions, sauf peut-être la syrah de Fonsalette pour moi.
Beaucoup de coups de cœur avec notamment le vin chilien, la cuvée Constance et bien sûr le Pape Clément : quel éclectisme !
Un énorme merci à Anna et à Didier pour leur accueil et leur générosité, et à tous les autres pour leur convivialité !
Jean-Loup