Cela faisait quelques temps qu'Arnaud avait envie d'une soirée "truelle". Il a donc profité du fait de nous accueillir chez lui pour nous la proposer.

Le thème était donc organisé comme suit :
- 3 équipes de 3
- chaque équipe doit fournir une bouteille de la même appellation et de la même couleur
- si possible du même millésime.

Comme à l'accoutumée, les vins ont ensuite été dégustés étiquettes découvertes sur les plats suivants :
- Tarte au rouget, tomates séchées et basilic
- Gâteau d'aubergines
- Blanquette de veau à la ciboulette (enfin en principe )
- Plateau de fromage
- Galette des rois (sans la fève !)

Je vous joins mes commentaires de dégustation, charge aux collègues de partager leurs impressions.

1ère truelle

Vin 1
Robe d'un or très pâle, pratiquement translucide.
Nez miellé sur des notes de verveine, de chlorophylle, de fruits jaunes (mirabelle) et d'agrumes légèrement confits.
Bouche à l'attaque pleine structurée autour d'une amertume qui accompagne une matière mûre mais encore brouillonne à ce stade.
La finale-de longueur moyenne-est un peu trop chaleureuse et manque pour l'instant de précision.
Le vin nécessite d'un peu de temps pour se mettre en place.

Domaine Laurent et Dominique Courbis blanc 2016 - Saint-Joseph


Vin 2
Robe or clair trouble et épaisse.
Nez un peu mutique où se dégagent à l'aération des notes de poivre Timut et de Cédrat.
Bouche brouillonne caractérisée par une matière riche manquant d'équilibre et de lisibilité.
Une acidité bienvenue sur la finale parvient toutefois à recentrer un peu une matière qui me semble à ce stade un peu grossière.

La ferme des Sept lunes blanc 2016 - Saint-Joseph


Vin 3
Robe translucide au pourtour plus doré.
Nez légèrement en dedans sur le citron et les fleurs blanches.
Bouche tourbée révélant une matière imposante et monolithique qui semble engoncée dans un élevage qui anesthésie son fruit.
La perception finale est un peu trop chaleureuse, renforçant le côté "too much"de ce vin à ce stade.

Maison Michel Chapoutier Deschants blanc 2016 - Saint-Joseph



2ème truelle

Vin 4
Robe grenat très foncée avec un liseré lâche plus clair.
Nez de vendange entière présentant des notes de réduction qui s'estompent à l'aération pour laisser place à des notes de cassis et une légère volatile.
Bouche à l'attaque végétale où le fruit à du mal à percer.
La matière semble très tannique et sans finesse (température de service ?).
L'astringence finale n'aide pas à atténuer cette sensation végétale.
À noter toutefois que le vin s'est montré sous un meilleur jour au cours du repas.

Domaine Alain Graillot rouge 2010 - Crozes-Hermitage


Vin 5
Robe violine.
Nez finement grillé sur des notes balsamiques, le cassis, le menthol et le poivre.
Bouche à l'attaque franche qui déroule une matière équilibrée et structurée autour d'une acidité rafraichissante qui allonge le vin.
Les tanins demandent encore à se fondre mais le jus est en l'état agréable sans être grand.

Nicolas Badel Intuition 2014 - IGP Collines Rhodaniennes
NB : la personne qui avait amené cette bouteille pensait que c'était un Crozes-Hermitage...


Vin 6
Robe grenat foncée qui s'éclaircit à son pourtour pour finir sur un liseré rose.
Nez complexe où se mêlent des notes animales, les fruits noirs macérés (cerise, cassis) et le poivre de Sichuan.
Bouche à l'attaque pleine où se déploie un jus concentré tout en restant délié, et canalisé par une acidité rafraichissante.
Le vin pinote à souhait et fait montre d'un équilibre remarquable entre une matière riche aux tanins assouplis qui apporte sa structure
et les fruits macérés qui amènent de la complexité...grand vin !

Domaine Alain Graillot rouge 2001 - Crozes-Hermitage



3ème truelle

Vin 7
Robe grenat foncé au liseré plus clair.
Nez de vendange entière au départ réduit qui s'ouvrent ensuite sur des notes de fruits noirs, de fumé et d'élevage.
Attaque en bouche sur l'amertume. La matière est à la fois dense et veloutée, structurée autour de cette trame amère.
En finale le vin se durcit un peu et finit sur une finale légèrement asséchante.

Domaine Alain Graillot rouge 2011 - Saint-Joseph


Vin 8
Robe noire au liseré bleuté.
Nez grillé aux notes fumées et de cassis.
Bouche mâcheuse à l'attaque pleine qui déroule ensuite sur une matière fruitée et structurée bien canalisée par une acidité rafraichissante.
Une sensation d'élevage luxieux bien intégré s'exprime sur la finale en accompagnant harmonieusement une trame tannique assagie.

Domaine Pierre et Jérôme Coursodon La Sensonne 2011 - Saint-Joseph


Vin 9
Robe grenat aux reflets acajou.
Nez fumé sur le poivre, la groseille et le cassis.
Bouche à l'attaque large où déroule une matière à la fois puissante et veloutée bien canalisée par la fraîcheur amenée par des notes mentholées.
Le tout est équilibré à souhait avec cette sensation de plénitude due à une palette aromatique et gustative complexe qui confère au vin toute sa classe.
La persistance en bouche est très longue.
Il est excellent en l'état et le vieillissement devrait le faire gagner en complexité.

Domaine Jean-Louis Chave 2011 - Saint-Joseph


Un Châteauneuf du Pape du Clos Saint Jean 2005 et un Rasteau VDN du domaine des Escaravailles ont également été dégustés (le Clos Saint Jean avant le repas et le VDN avec la galette) mais je n'ai pas pris de notes donc je laisse les collègues les commenter

Encore une belle soirée avec d'excellents vins et les plats qui vont bien (allez Arnaud encore un effort en n'oubliant pas la ciboulette et tu seras au top ! ).
Merci pour ton accueil Arnaud et merci à tous de pouvoir partager ensemble de si beaux moments !

J'ai dû rater un truc : que viennent faire des truelles dans l'histoire ?

Truelle ---> tr... trois ?

Je croyais que dans le Rhône sud, on parlait de triplette

Effectivement : triplette, trio, etc. Arnaud préfère truelle donc on ne va pas le contredire...

Bonjour à tous,

Cela faisait un long moment que je n'étais pas intervenu... pour plusieurs raisons mais j'espère que sur 2019 j'aurai plus de temps pour cela. Après aucune inquiétude à avoir j'aime toujours le vin, la découverte et le partage qu'il engendre !

Pour ce qui est de LPV Vaucluse c'est un plaisir de retourner auprès d'eux (géographiquement) parce ce que ce groupe est GENIAL !!

Cette dégustation:
OUIII Truelle du LPVvien --> dérivé du français duel --> confrontation à deux --> exprime donc une confrontation à trois

Merci (encore et toujours) à David pour ses contributions. A Arnaud pour son accueil.

La soirée était superbe et très intéressante, confimation pour les vins du Domaine Graillot qui avec un peu d'âge sont vraiment magnifiques !!!
Superbe truelle de Saint-Joseph sur un millésime 2011 qui s'est déjà très bien livré !

Dufraisse Mathieu

Le thème était donc organisé comme suit :
- 3 équipes de 3
- chaque équipe doit fournir une bouteille de la même appellation et de la même couleur
- si possible du même millésime.

Avec une contrainte de plus : l'appellation est à choisir dans une région donnée. Et cette fois-ci c'était même réduit à deux appellations, ce qui rend le résultat encore plus intéressant !

Jean-Loup

C'est d'autant plus étonnant que nous n'avions AUCUNE contrainte dans le choix de l'appellation, ni une Région, même pas un pays...
Est ce le fruit du hasard ou notre passion inconditionnelle et commune pour les vins du Rhône Nord ? Va savoir...

Personnellement, en tant que pur amateur de Syrah, que du bonheur !! Graillot, c'est grand (et ça vieillit plutôt pas mal !), et Chave en St Joseph, même si cela n'atteint pas la classe de ses Hermitage, ça vaut vraiment le détour. J'ai une 2012
(merci David !) qui va attendre encore quelques années. À déguster avec les copains.
Que dire sur les St Joseph blancs 2016 ? Pas vraiment en place (trop jeunes ?). Les trois vins étaient très différents, le Courbis étant peut être le plus typique de l'appellation.

Belle dégustation au final, très conviviale, avec un bel accueil d'Arnaud, Monsieur "oupsss, ciboulette..."

Mathieu tu mets en avant les vins de Graillot en particulier mais les commentaires de David montrent à quel point ses vins ne sont pas faciles à boire dans leurs premières années ... cela me fait penser aux Bandol d'il y a 20 ans !

BIBI N,

Je ne l'interpréterais par forcément de cette manière pour conclure que ce n'est pas "pas faciles à boire". Bien sûr c'est encore mieux et plus en place si on patiente mais en jeunesse dans ce style là on est face à un vin longiligne, franc, plein avec du fruit quand même.

Je pense que certain ce font quand même plaisir avec des Graillot jeunes ?

Bah, c'est toujours pareil : si tu achètes par caisse entière, tu peux t'amuser à en ouvrir une entre 3 et 5 ans et une autre (voire deux, soyons fous) entre 5 et 10. Mais si tu en as peu d'exemplaires, la patience me semble de mise.

Ou comment résumer la galère quand on commence à acheter du vin.

Clément, qui a 2 Graillot 2016 en cave et qui devra donc être bien patient...

Il y a deux types de vins à acheter : les vins que tu bois dans les 5 ans, et ceux que tu mets de côté et que tu t'interdis de toucher. Ca peut paraître difficile au départ, mais au final, tu te rends compte que l'effort en valait la peine : on est vraiment dans une autre dimension. Après, il est possible d'acheter des bouteilles âgées pour des prix pas forcément déconnants (j'ai encore acheté des Loire blancs 2002 ces 3-4 dernières années pour moins de 30 € la bouteille).