LPV est un vaste univers où se côtoient les amateurs de tous genres.
Y'a les monomaniaques d'un cépage ou d'une région, le genre capables de vous réciter la généalogie d'une propriété sur 10 générations ou de vous localiser une parcelle au cm2 près.
Y'a les buveurs de grands noms qui ne jurent que par les pedigrees reconnus de tous honnis des banquiers sauf ceux des vignerons.
Y'a les intolérants aux goûts des autres, enfermés dans des schémas moultes fois répétés alors qui refusent de sortir de leur zone de confort.
Y'a ceux qu'aiment tout, y'a ceux qu'aiment rien, y'a les ravis et les grincheux, les tolérants et les donneurs de leçons, des vieux sages et des puceaux qui en savent plus qu'ils en ont bu .
Et puis y'a le K !
Le Pierre, avec sa dégaine de Jacques Brel et sa discrétion maladive, c'est pas vraiment le genre d'homme à jouer les stars des boums, à chercher les applaudissements ou à compter ses remerciements.
Et pourtant, s'il est un LPVien qui mérite des louanges pour son travail de fond et la qualité de son apport à ce forum, c'est bien lui.
Pour ses
analyse de terroirs
, pour son inlassable oeuvre de défrichage de nouveaux horizons
en Afrique du Sud
ou
en Allemagne
, pour ses chemins de traverse en
en cépages connus
ou
moins connus
.
Et j’en oublie des pages et des pages, que je vous invite à retrouver via la moteur de recherches.
Et pour vous dire comme il est taquin, le garçon, c'est une fois la route faite et le derrière assis à table que j'apprends qu'aujourd'hui, Peterka se bascule l'adolescence pour avancer vers l'âge de Pierre !
Et j'peux même pas la jouer façon LPVLeak sous la table en informant mon JLJ de l'évènement car il saura forcément que la fuite vient de moi...
Heureusement que des années d'amitié avec mon Al' m'ont vacciné contre toute tentative de réaction.
Mais j'vous jure, ces discrets, tous les mêmes...
Mais bon, avec le renfort de votre éminent modérateur Jean-Luc Javaux et de Philippe, un vrai Kéké champion d'Europe de dégustation, on devrait arriver à débusquer la bestiole et à la faire sortir de sa réserve légendaire, vous croyez pas ?
Allez, en piste pour un grand moment de dégustation à l'aveugle dans l'inconnu !
Domaine Karanika, Brut Nature Extra Cuvée de Réserve
100% Xinomavro
Robe d'un doré léger.
Nez très fruité, sur la pomme reinette, le jasmin, quelques petites notes curieuses, entre le plastique et le pneu.
Bouche pointue toute en vivacité, sur une acidité sèche sans aridité dont les qualités se limitent à ce côté tonique par un certain manque de matière pour lui donner plus d'ampleur.
La bulle titillante et les jolis goûts fruités posent toutefois une certaine gourmandise.
Ce même si la finale est courte, sans volume mais désaltérante.
Bien.
Champagne Lancelot Pienne, Brut Nature, Table Ronde
Robe bouton d'or.
Nez floral, sur les fleurs blanches, le citron jaune, quelques notes d'amandes.
Bouche bizarre, sur un lacté léger et des goûts de fruits secs, avec un volume un peu lent, comme fuyant la cohérence de trame..
Une grosse amertume casse totalement l'équilibre pour un vin qui semble illisible et un peu usé.
Je n'ai pas aimé.
Raumland, Triumvirat Grande Cuvée brut, 2009
Dégorgement mai 2017
Robe jaune paille.
Très beau nez plein et classe, sur le lait d'amandes, les fleurs blanches, de fines notes d'élevage parfaitement maîtrisées (crème).
Belle attaque avec de la richesse par sa matière ample et une très belle densité à cœur qui intègre parfaitement l'acidité pour produire un équilibre totalement réussi.
Le vin déroule une puissance certaine et si n'était une petite amertume (qui ne dérange que moi), je serais totalement sous le charme.
Très bien.
Truite fumée, crème à l'ail des ours
Domaine Gavalas, Santorini Natural Ferment, 2018
Robe cristalline à peine teintée d'un léger grisé.
Nez présent, net, sur l'aubépine, la guimauve, le citron confit et des notes minérales assez difficiles à définir.
Bouche étonnante, d'une immédiate perception saline et d'un équilibre à la fois sec et pourtant épais, avec comme une fine sucrosité qui m'évoque l'édulcorant ou encore la sensation curieuse quand on goûte une eau de Contrex.
Chaque gorgée goûtée s'exprime différemment, parfois pointue, parfois plus replète, toujours avec ces sensations contradictoires et ces notes florales et minérales très présentes.
Trop de messages contradictoires pour que j'adhère totalement mais rien à dire, il y a du vin.
Étonnant.
Weingut Jäger, Riesling Smaragd Achleiten, 2015
Robe jaune paille.
Nez puissant et généreux, ouvert, sur la fleur d'oranger, le côté agrumes d'une Eau de Cologne et d'étonnantes et présentes notes de réglisse. A l'aération, le vin prend du minéral qui le retend et évite tout effet d'opulence écœurante.
Bouche riche, statuée, sur un volume plein et souple par une petite sucrosité bien tranchée par une acidité structurelle très agréable.
L'équilibre est tout en générosité, sur des goûts francs très en phase avec le nez, entre l'agrume, le fruit de la passion et toujours ce côté réglissé.
Finale longue et puissante, un tout petit peu large à mon goût mais d'un équilibre généreux très réussi.
Très bien.
Saint Jacques et Asperges blanches
Weingut Velich, Burgenland, Tiglat, 2008
Robe vieil or.
Nez brouillon, bizarre, pas vraiment sur l'oxydation mais lourdaud par des notes de caramel au lait, de crème moka, de sparadrap, de cendrier.
Bouche bizarre, très riche par une forme de sucrosité mais aussi par une acidité bien présente et une grande concentration (sensation d'extraits secs) mais qui ne s'associent pas, créant un effet brut et pesant sur le palais.
L'aromatique lourde, sur un côté Paris Brest ajoute encore du poids et crée un effet écœurant qui n'appelle pas à se resservir.
Finale illisible, pesante et dissociée.
ED ?
Weingut Franz Hirtzberger, Spitzer Honivogl Grüner Veltliner, 2001
Robe très nettement dorée.
Nez extraordinaire de complexité, élégant, puissant, d'une fraîcheur géniale pourtant quand se répondent des senteurs minérales fumées, des notes mentholées, des aromes d'évolution sur le thé et le tabac et même quelque chose d'alliacé qui m'évoque la truffe blanche ! Whaou, quelle classe !
Aucun doute que c'est un vieux riesling !
Bouche passionnante, sur de délicieux goûts épicés et pierreux, sur le thé à la bergamote, la pierre à briquet toute fine, sans trame acide puissante comme je les aime mais pourtant parfaitement tenue par une gestion de l'amertume qui étire le vin et porte la finale avec une grande cohérence.
Rien à dire et même si je n'ai pas de prédisposition face à ce type d'équilibre et que je n'aurais pas dit non à une belle trame tranchante, c'est un grand vin !
Lotte, bouillon asiatique
Weingut Clemens Busch, Marienburg Raffes, 2013
Robe sur un doré léger.
Nez délicieusement gourmand, franc et fruité, sur la mirabelle, le fruit de la passion, une jolie pointe mentholée.
Bouche redoutablement lisible et facile, sur un équilibre plein et juteux, tout en tenue et en présence, compromis d'une belle matière fruitée et d'une trame acide bien mûre.
Le déroulé à la fois frais et long est tout en équilibre maitrisé et d'une gourmandise brillante.
Excellent.
Weingut Eichholz, Pinot Noir AOC Grisons, 2011
Robe grenat profond.
Nez brouillon, avec un terrible élevage caramélisé qui pèse sur le fruit (myrtille) et sur de jolies notes végétales, sur l'eucalyptus.
La bouche est malheureusement tout autant saccagée que le nez par ce boisé prégnant et qui écrase une matière pourtant superbe de densité et de relance, sur une intégration de l'acidité parfaite.
Mais difficile de dépasser cette aromatique grossière où le fumé et le réglissé seraient supportables si n'était ce sale côté Werther vraiment écœurant.
Dommage car la matière semblait remarquable.
A revoir.
Weingut Heinrich, Burgenland, Gabarinza, 1999
Robe profonde d'une évolution notable, orangée sur l'extérieur du disque mais encore bien sombre à cœur.
Nez au bouquet complexe d'un vin d'un certain âge, quand un léger végétal, des notes d'iode répondent à des senteurs bien mûres, sur le chocolat, un fruit noir épicé encore présent. C'est très beau et ça m'évoque un vieux bordeaux d'un beau millésime !
La bouche est une leçon d'équilibre, sur une attaque suave d'un beau volume plein parfaitement porté par une superbe acidité. L'ensemble est juteux et à la fois dotée d'une trame pleine de classe, sur un moelleux frais d'une puissance parfaitement enrobée au point de maturité parfait.
Finale pleine de chair aux tanins totalement intégrés, sur des goûts de fruits noirs, de thé, avec un fin végétal très agréable.
Excellent !
Un vin passionnant qui bouleverse mes codes et concilie les qualités de plusieurs régions françaises : la classe d'un bordeaux bien mûr, la présence d'une syrah fraîche, la délicatesse aromatique d'un pinot.
Superbe découverte !
Domaine Dugat-Py, Charmes-Chambertin, 1996
Robe nettement évoluée, sur un vermillon rouille.
Très beau nez épicé, sur le tabac, le thé noir puis viennent des senteurs florales, sur le coquelicot, la pivoine, presque la fraise.
Bouche fraîche et élégante, à la belle attaque ample et à la jolie chair agréable.
A compter du milieu de bouche, la trame acide élevée grignote ce joli équilibre pour prendre un peu trop de place, créant comme une rayure dans ce bel ensemble.
Finale un peu aride et manquant de confort mais qui offre de délicieux goûts de fraise des bois, de foin qui se prolongent longuement.
Très bien.
Marie-Thérèse Chappaz, Grain d'Or Ermitage, 2010
Robe jaune paille.
Nez large et riche, sur la crème, la pierre à fusil, le citron.
Bouche puissante, avec une grande présence et longueur mais trop de gras et de richesse à mon goût, sur une viscosité engluante qui manque de relance à mon goût.
Les goûts sont marqués par l'élevage, sur un caramel lacté et un fumé qui ajoute encore du poids.
Finale longue portée par une belle amertume mais qui manque vraiment de gniac pour moi.
Il y a indéniablement du vin. Mais je n'aime pas.
Familie A. Boner-Liechti, Malanser Completer, 2005
Robe sur un léger vert fluo.
Nez brillant, précis, complexe, sur la menthe, le poivre vert, le citron vert, l'ananas frais, un petit côté caoutchouc.
Bouche délicieuse, racée, sur une sucrosité franche portée par une acidité magnifique qui produit un effet cristallin sur le palais, avec un déroulé d'eau de roche qui dépasse l'effet désaltérant pour livrer un équilibre à la fois plein et fin de toute grande classe !
Finale délicieuse de fraîcheur et de gourmandise, sur une acidité salivante extrême mais sans aucune morsure ni sécheresse, sur des goûts mentholés, d'agrumes et de fin exotisme assez irrésistible.
Splendide. Et un vrai coup de coeur !
Pour un portrait du cépage Completer et comprendre la rareté de ce vin : www.letemps.ch/lifes...
Domaine Pierre Bise, Coteaux du Layon Beaulieu, L'Anclaie, 1994
Robe cuivrée aux reflets vert fluo.
Nez classique, un peu linéaire, sur l'abricot, des notes de safran mais aussi de moins élégantes senteurs iodées.
Bouche sur une liqueur riche, un peu massive malgré la présence d'une bonne acidité.
Gouts à l'ancienne, avec toujours cette pointe iodée qui manque de netteté.
Finale puissante, à la sucrosité un peu collante malgré la présence d'une certaine amertume.
Un bon vin mais sur un côté trop classique qui ne m'émeut pas vraiment.
Brillat Savarin, fourme d'Ambert, Shropshire
Weingut Kerpen, Berkasteler Johannisbrünnchen Riesling Eiswein, 1995
Robe vieil or.
Nez sur le pneu, le thé fumé, le citron vert, la menthe.
Bouche qui détonne après le massif du Pierre Bise, sur une acidité dantesque qui prend un peu le pas sur une sucrosité légère (effet de séquence ? ).
Malgré de jolis goûts mentholés, le vin me semble un peu acéré, avec un petit côté strict et très citrique qui s'exprime trop sèchement dans la finale.
Bien, peut-être plus hors séquence.
Mas Amiel, Maury, 1954
Robe acajou légèrement trouble.
Nez complexe et agréable, capiteux et chaud, sur le grué de cacao, la noix de pécan, les fruits secs (datte, figue, raisin de Corinthe), le caramel au lait.
La bouche en revanche fait son âge, agréable et paisible, sur une sucrosité douce et un alcool bien intégré.
Le vin manque un peu de puissance pour gagner en présence et en allonge mais ses jolis goûts torréfiés ont du charme.
Bien à très bien.
Marie-Thérèse Chappaz, Ermitage, 2006
240 oechsle
Robe cuivrée ambrée, d'une viscosité importante visible sur les parois du verre.
Nez puissant, sur la confiture d'abricot, le miel, le caramel blond.
Bouche énorme de richesse, d'une épaisseur sirupeuse digne d'une cuillerée de miel.
Les goûts sont étonnants, avec l'impression de cristaux de sel dans un caramel et toujours ces notes de confiture d'abricot.
Finale sirupeuse, ardente de sucrosité.
Trop extrême pour moi.
A réserver aux becs à sucre.
Domaine Pieria Eratini, Meta Malagouzia, 2011
Robe saumonnée.
Nez étonnant, tout en exubérance, sur le grillé, l'abricot, la papaye, la poire tapée, des notes florales, un côté cognac.
Bouche chaleureuse et éthérée, totalement baroque de goûts, avec de la richesse mais aussi une grande fermeté par son toucher presque tannique.
Finale marquée par l'alcool, avec une ardeur un peu excessive pour moi.
Pas mal du tout.
Mais compliqué d'accorder ce genre de vin à l'aromatique de liquoreux mais à la bouche à la fois sèche et alcooleuse.
Ouille ouille ouille, les copains, je suis sûr que ce week end, j'aurais pu traverser le Channel plus vite que l'Eurostar tellement j'ai ramé à l'aveugle !
Et Pierre qui me répondait avec une impassible régularité "Non !" quand je voyais de la Petite Arvine sur un Assyrtiko, du Riesling sur un Gruner Vetliner !
Ah j'comprends mieux maintenant pourquoi les belges trustent régulièrement les places aux concours de dégustation ! Avec de pareils coachs, forcément, à la longue, la diversité du monde du vin, ça finit par rentrer.
A Philippe et Jean-Luc pour ce moment parfait de convivialité et à Christine et à Pierre, pour cet anniversaire superbe mais plus encore pour le merveilleux week-end passé ensemble et qui m'a rappelé l'ambiance intime et simple des moments chez Al' qui m'étaient si chers, un tout grand merci.
Un grand moment pour moi, un de plus !
Bises à tous
Oliv
*Crédit photos :
www.atelierdeschefs....