Le samedi 4 mai, nous avons invité 2 couples d'amis.
Nous nous connaissons tout simplement parce que nous avons en commun d'avoir des filles du même âge qui sont amies.
Les filles étaient amies et les parents ont appris à se connaitre.
C'est ainsi que j'ai mieux connu un certain Gaétan qui était le seul à avoir percuté lors d'une réunion de parents d'élèves lorsque j'ai dit que la chapelle que je préfère est à l'Hermitage ...
Humour particulier pour passion particulière.
Le 3ème couple n'est pas fêlé au point de faire des go fast bourguignons mais ils apprécient de boire du bon vin.
C'est donc avec plaisir qu'on ouvre de belles bouteilles quand on se retrouve. Ils apprécient particulièrement les bulles, j'avais donc proposé à Gaétan qu'on ouvre un peu plus de champagne qu'habituellement.
Je commence par la dernière bouteille du champagne familial.
Christian Roy et fils, blanc de blanc
Ce champagne non millésimé n'est plus produit puisque maintenant ils vendent le raisin.
C'est frais avec une bulle fine. C'est agréable mais ça manque de complexité et de longueur.
Je constate que je prends de plus en plus de plaisir avec d'excellents champagnes mais qu'à contrario je deviens plus difficile avec les entrées de gamme.
Ce que la bouteille suivante va prouver de manière magistrale.
Champagne Philipponnat "1522" Grand cru 2007
Dégorgement janvier 2016, dosage 4,5g
PN 65%, Chardonnay 35%
Une robe dorée. Un nez complexe avec un peu de beurre, des fruits jaunes bien mûres.
Légères notes de framboises, un peu de fruits secs.
Du volume en bouche, un champagne qui marque sa présence et qui semble nous montrer ce qu'est un grand Champagne avec une densité qui pousse presque à la méditation. Autant le précédent se buvait facilement sans y prêter attention, autant celui là s'impose.
L'attaque est très vineuse et la finale plus minérale, longue et fine. C'est un peu comme si le pinot s'exprimait d'abord pour ensuite laisser la place au chardonnay.
Un excellent vin qui a ravi toute la tablée.
Un grand merci à Vougeot qui avait vanté cette cuvée. C'est après avoir lu son CR que je m'étais laissé tenté sur le chemin encore long pour moi de la découverte des champagnes de qualité.
Champagne Alain Bernard, Blanc de noir grand cru brut nature
Gaétan m'avait demandé si je préférais qu'il apporte un blanc de blanc ou un blanc de noir.
Je lui avais répondu qu'on pourrait finir par un 100% pinot noir après avoir commencé par un chardonnay puis un assemblage.
La robe est légèrement rosée.
Un peu de fruits rouges au nez ( influence de la couleur ?) mais c'est assez discret.
La bouche semble plus massive mais au sens péjoratif du terme, c'est à dire que ça manque de finesse et la finale est assez brève.
Je pense être passé à coté de ce champagne le samedi soir. Il en restait un verre que j'ai bu 48h plus tard pour accompagner un morceau de lapin et je l'ai alors mieux apprécié surtout pour le coté vineux. Mais je ne suis pas franchement emballé par cette bouteille.
Gaétan avait d'ailleurs bien résumé la situation en disant que c'était bien difficile de passer après le Philipponnat
Châteauneuf-du-Pape, Château de La Font du Loup, Le Puy Rolland 1999 cuvée du III ème millénaire
Gratin de boeuf oblige, j'avais prévenu Gaétan qu'il ne fallait pas de Bourgogne.
Il apporte donc un Rhône me dit-il et prend soin de l'habiller d'une chaussette.
On distingue assez nettement les dessins sur la bouteille donc oui c'est un C9P
La robe est cuivrée, assez profonde donc oui ce n'est pas un Bourgogne ...
... mais ce nez de vieux pinot ( je propose 97 ou 99) ... là je me demande si Gaétan ne m'a joué un tour en mettant un Bourgogne dans une bouteille de Châteauneuf.
C'est délicatement épicé, légèrement poivré avec des notes de fleurs séchées.
Les tannins sont complètement fondus, un vin tout en finesse, harmonieux qui commence par une belle attaque et se termine par une finale tout en longueur sans aucun creux ni amertume.
Wouah qu'est-ce que tu nous as apporté là ? On retire la chaussette
" ah bein là tu ne connais pas" me glisse mon ami d'une voix malicieuse.
Non je n'avais même jamais entendu le nom de ce château. Un coup d'oeil rapide sur LPV montre qu'à défaut d'être inconnu il n'est tout de même pas souvent commenté alors qu'il y a un paquet de fouineurs sur ce forum.
En pensant à un pinot, j'étais bien à coté mais Gaétan me dit que les notes épicées assez marquées doivent indiquer une forte proportion de Syrah.
Renseignement pris sur le site du château, c'est un 100% Grenache.
Ce n'est pas encore demain qu'on va battre les belges dans les compétitions de dégustation à l'aveugle en binôme
Clos Dubreuil 1998
Quel est le comble pour le mécano de LPV ?
N'avoir jamais bu un vin de garage
Jérôme ayant révélé la veille de notre repas que Gaétan bricolait parfois dans l'ombre, je lui ai fait ce petit clin d'oeil.
J'hésitais entre cette bouteille et un médoc 2003 qui sera pour une autre fois.
Une robe profonde et un nez moins évolué que dans mes souvenirs.
Pas de truffe mais des arômes plus classiques de St Emilion.
Un peu de fruits noirs, de cassis. Je le trouve gourmand mais Gaétan trouve que l'élevage marque encore un peu trop le vin.
Je dois être moins sensible que lui sur ce point car je trouve le vin harmonieux mais méritant de vieillir encore un peu en cave.
La bouche est ample, c'est un rive droite assez puissant. Il y a une belle structure.
Les tannins sont soyeux et la finale reste longue et puissante.
Finalement je pense que le vin aurait mieux plu à Gérard qu'à Gaétan. Je lui garderai la dernière pour un futur repas.
Domaine Jean-Paul & Benoît Droin - Chablis 1er cru Vaillons 2013
Pour accompagner le fromage et notamment l'époisse de chez Berthaut, j'ouvre une demi-bouteille de cette cuvée que j'affectionne.
Fruits jaunes, citron, notes minérales, très belle tension ... je retrouve les qualités habituelles de cette cuvée.
Gaétan l'a bien apprécié également ainsi que nos épouses.
Une valeur sûre pour moi chez Droin
Château Coutet 1989
Pour finir, ce Sauternes que j'avais mieux goûté une fois précédente.
La fatigue à ce moment du repas a sans doute joué en sa défaveur.
Je l'ai goûté à nouveau tranquillement le dimanche soir et j'ai retrouvé toutes les qualités de cette cuvée.
Un très beau rôti, des fruits jaunes confits avec tout de même une belle fraîcheur.
J'en viens à me demander s'il ne faut pas que je réserve ce type de vin pour des repas moins arrosés dans lesquels ils trouveront plus facilement leur place sur un beau dessert.
Finalement nous avons passé un excellent moment avec un 3ème couple qui n'avait pas l'habitude de placer les vins au centre d'une soirée.
Une anecdote croustillante: Au moment où nous commençons à déguster le Bordeaux, nos 3 épouses parlaient d'éducation par rapport à nos filles.
Et là Gaétan, absolument pas dans la discussion des femmes annonce : " Je trouve que l'élevage est trop présent"