Battle de magnums chez Hubert : Juratour vs LPV Vaucluse
A notre tour de partager nos impressions sur cette dégustation marathon. Tophe se joint à moi pour ce compte-rendu à 4 mains (2 qui tiennent le verre et deux pour prendre des notes
).
Plus de détails sur le contexte
ici
Un grand merci à Hubert et Catherine pour leur accueil, rendez-vous est pris avec les amis du Vaucluse qui oseront se risquer dans l’antre du JuraTOur, dans le Noooord….
Vins bus en magnum sauf mention contraire, à l’aveugle sauf mention contraire.
Crémant du Jura cuvée Clair-Obscur domaine Jean-Louis Overnoy à Orbagna à priori dégorgé en 2015
Chris : (pas à l’aveugle) Petite bulle nerveuse, très jeune, pas oxydé du tout (en référence aux précédents magnums ouverts les années passées, la première trop tôt, la suivante en voie d’oxydation, la 3èe parfaite, celle-là serait presque un peu jeune). Bouche sur la fraicheur citronnée sans une once de sucre résiduel, petite dureté en fin de bouche. On pourrait lui reprocher un relative simplicité mais il a été servi un peu frais. Il s’est bien ouvert avec la température apportant un peu d’arômes et de complexité et encore plus le lendemain qui l’a vu très fringant.
Tophe : Jolie robe dorée, nez un poil levuréen, bulle fine. C’est vif, pas vineux, citronné. Un côté brioché se développe à l’ouverture. Une petite rondeur en finale, mais ça finit un peu court. Surprise en apprenant qu’il s’agit d’un 100% pinot noir, j’aurais parié sur un chardonnay.
3 blancs en triplette :
Sancerre les Monts Damnés 2012 Domaine François Cotat
Tophe : Robe bien claire, très joli nez, élégant, sur le chèvrefeuille à l’ouverture, devient de plus en plus démonstratif, puissant, complexe, entre la fleur blanche et le fruit exotique. Superbe équilibre en bouche, énergie et longueur.
Chris :Robe jaune paille brillante, nez légèrement fruité, mûr avec quelques notes exotiques et aussi herbacées et florales (chèvrefeuille). L’attaque en bouche est douce, fluide avec une acidité assez marquée, très citronnée, plus des arômes exotiques, de litchi, de pêche blanche. Je l’ai trouvé un peu court, raccourci par une finale dure sur le citron jaune presqu'astringent. Certainement prometteur et servi 10 ans trop tôt.
TB
Roussette du Bugey « Sur Plantaz 2012 » domaine des Plantaz (75cl)
Chris : Notes beurrées, vanille-caramel. Attaque en bouche douce, presque molle vs le précédent ; acidité sans tension notable, beurré jusqu’en finale tenue par quelques notes citronnées salivante
B+
C’est là que Tophe a parlé de « Roussette de Cuisine », pas sympa pour le vin mais on lui pardonne c’était pour le jeu de mot
Tophe : Robe dorée assez sombre. Nez un peu lourd, pâtissier. On part sur le caramel au lait et le vin, pataud en bouche, donne l’impression d’être un peu fatigué.
Pouilly-Loché 2011, Clos des Rocs monopole (75cl)
Tophe : Robe dorée, nez très particulier avec un beurré-vanillé appuyé. L’élevage se retrouve en bouche et domine ce qui semble être un chardonnay. L’acidité est cependant présente. Un Jura trop boisé ?
Chris : Nez grillé, cacahouète et quelques notes jurassiques qui interpellent ; un petit défaut aussi avec des relents de carton mouillé fugaces. Assez compact, très bel équilibre en bouche entre jus citronné et matière salivante complexe. Finale ascendante
TB+
2 blancs en doublette :
Arbois 2011 Les Amants, Stéphane Tissot
(pour la doc : cuvée élaborée à partir de la fameuse Clos de Curon qui présentait trop de volatile pour être marchande ; elle a donc été assemblée à quelques fûts de Mailloche d’où le nom Les Amants)
Chris : Très beau nez, grillé, petite note d’allumette ? voire une pointe de vernis (qui s’explique étiquette découverte). Très belle bouche citronnée, pas si complexe mais beau citron mûr ; traçant sans agressivité, finale salivante sur le citron
TB++/EXC- assez proche de ma propre expérience sur la cuvée en Janvier dernier)
Tophe : Nez grillé-réduit qui avec la forme de bouteille se devinant sous la chaussette, oriente assez rapidement les juratouriens sur un vigneron arboisien bien connu de nos services. Beaucoup de gnac, mais la matière répond présent. Pas un vin de ouf, mais il se présente avec moins d’oxydatif que la bouteille dégustée il y a quelques mois avec LPV Franche-Comté.
Arbois Curon 2002 Curon domaine de la Tournelle
Tophe : Un nez déroutant, assez ouvert, mais un peu végétal, avec une pointe oxydative qui va grandissante à l’aération. L’acidité marquée me fait penser à un savagnin ouillé qui serait un peu sorti de sa trajectoire. Peu de plaisir. Et tout faux, c’est un chardo.
Chris : Nez moins grillé, un peu floral. La bouche est très sèche, dure avec une acidité très marquée ; il semble un peu oxydé, la finale est salivante mais avec une sorte de rondeur voire de plat tout en restant sur la première impression de dureté du jus de citron pas très mûr.
TB- quand même comme Jean-Michel … à peu près
On passe aux rouges, 2 rouges en doublette d'abord:
VdP de l’Hérault 2007 Le Pradel, domaine de la Terrasse d’Elise
Chris : Au nez, rondeur de fruits mûrs et un peu de volatile. Bouche en ½ corps mais pas maigre, assez acide mais bien enrobée ; finale grenadine et fruits rouges, acidité salivante, petits tannins encore durs, très digeste
TB++
Tophe : Robe rubis, nez un peu sauvage, panier de fruits. Joli toucher de boucher. C’est léger en bouche et frais, mais il y a de la matière et de la complexité. Une pointe de volatile vient épicer agréablement le tout. Très agréable à boire.
Arbois 2007 cuvée des Géologues, réserve des Rosiers, Lucien Aviet.
Chris : Nez qui renarde, floral, fruité avec grenadine et fraise, un peu poivré. Bouche fine, très acide, un vin décharné pour moi qui a dépassé son apogée (expérimenté récemment sur un Trousseau 2012 cuvée Louis de Gahier)
Tophe : Nez un peu dans le style Reynaud, agrumes, pot-pourri de fleurs fanées et de fruits. En bouche, une acidité fine soutient de jolis arômes dans la suite du nez, le toucher de bouche est très cool, soyeux, puis plus rien ! C’est bon, mais court, dommage ça aurait pu être très très bon. Atypique pour un trousseau de 12 ans. A noter qu’au moment du débouchage deux heures avant, le vin n’exprimait pas grand-chose. (Autre manière de dire « il était fermé quand je l’ai ouvert:) » )
Une triplette de rouges :
Vin de France L’Anglore Nizon 2015, Eric Pfifferling
Tophe : Un ovni au nez capable de passer en quelques minutes du miel de sapin à des puissantes notes florales, en passant par les petits fruits rouges et les agrumes, le tout très en finesse. Finesse et texture délicate qu’on retrouve en bouche, le festival aromatique pourrait vite dérailler en too much, mais bien au contraire, le vin reste élégant, sans aucune lourdeur, grande buvabilité, là aussi proche de l’esprit Reynaud. Un régal.
Chris : Robe plutôt claire et trouble, nez fraise et réglisse. On retrouve cette aromatique en bouche, avec une acidité traçante sur une base douceureuse, finale sirop acidulé fraise-grenadine ; moi j’aime
TB++
Côte du Rhône Vieux Sage 2014, le Clos des Grillons (Nicolas Renaud)
Tophe : Une bouteille plus stricte, avec un nez typé nature, c’est un peu astringent en bouche, avec une matière sévère mais fine. Plutôt pas mal, mais ça manque de gourmandise en l’état. Bu trop jeune ?
Chris : Léger renard au nez justement avec de la volatile aussi, grenadine, fruits rouges frais, grenade. Attaque assez ronde puis matière fine, très sec vs l’aromatique, dureté astringente qui raccourci la finale encore très jeune, à patienter un peu
B++ s’améliore un peu avec l’aération
IGP Toscana Montedesassi 2015, Az. Agr. Il Borghetto (100% sangiovese)
aéré 3 heures dont la moité en carafe
Chris : (pas à l’aveugle) Je me faisais un plaisir de regoûter cette cuvée qui était ma préférée de la verticale dégustée l’an passé.
Nez sur les fruits mûrs, notes balsamiques (souvent rencontré comme volatile sur les vins italiens plus riches) ; très belle bouche tonique et fruitée, matière riche mais très fluide sur sa trame acide ; encore un peu jeune avec une astringence en fin de bouche qui s’ouvre bien dans le verre. Déjà agréable bien carafé, sera encore mieux d’ici quelques années
Tophe : Des notes balsamiques, réglissées et un fruité délicat au nez. Beau vin, sur la légèreté, avec une belle colonne vertébrale sur l’acidité, on sent le potentiel, mais c’est encore un peu trop serré, même question que le précédent : bu trop jeune ? (D’autant qu’on est sur des magnums).
Seconde triplette de rouges :
Pomerol 1982, Château petit Village
Chris :
On attaque une nouvelle série très déroutante, certaine forme de bouteille ou certains aromes suggéreraient une virée bordelaise mais les bouches contredisent, c’est le bordel je suis perdu
Nez riche, un peu de bois façon bordelaise, confirmé par des notes de poivron très marquées. En bouche il y a un très beau fruit , c’est plutôt acide, assez long, fluide, mentholé mais pas très complexe. En tant que bordogérontophile je ne peux pas renier que j’aime bien mais avoir une telle aromatique sur Pomerol avec 10% de cabernet c’est littéralement un scandale
TB-
Tophe : Nez marqué par le poivron vert, un poil de champignon, un léger caoutchouc. Dureté en bouche avec des tannins peu amènes et une acidité trop présente. Aucun plaisir.
Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 1995, Jean Grivot
Tophe : Nez mentholé, poivré, bien agréable, mais on revient sur terre en bouche : là encore de l’acidité et des tannins asséchants et pas grand-chose d’autre. C’est sacrément raide pour un Vosne.
Chris : Pas de nez, attaque plutôt ronde mais très vite acide, joli fruit mis en valeur pas cette acidité, un peu complexe, salivant mais il n’y a que ça et ça finit très astringent. Un autre scandale cette bouteille !
TB quand même mais je suis bon public, j’ai été élevé aux vins maigres
Chateauneuf du Pape, la Reine des Bois 2000, domaine de la Mordorée
Tophe : Nez peu expressif, fruits noirs, cacao. La bouche est bien charnue, surtout par rapport aux deux précédents, avec une belle matière, mais pas beaucoup de relief. Belle longueur et fraîcheur maisil manque un supplément d’âme pour vraiment faire un beau vin.
Chris : Nez plus mûr, notes balsamiques, un peu de bouillon de viande aussi. Bouche charnue, astringence mais les tannins sont bien enrobés, du fruit sur une trame acide jusqu’en finale.
EXC plutôt frais pour un chateauneuf une fois découvert, et beau potentiel d’évolution sur encore 5-10 ans sans problème
On termine avec un liquoreux :
Sauternes 1988, Château Rabaud-Promis
Chris : Nez botrytis max, très fruité, acidité marquée qui équilibre un ebouche encore bien sucrée, notes de vieille cire et de safran
EXC
Tophe : Sauternes dès le premier nez, très safran. Un bel équilibre acidité sucre et encore une belle jeunesse, il est loin d’avoir mangé ses sucres. C’est malheureusement un peu lourd en finale.
Conclusion
Tophe : Les vins qui pour moi sont ressortis du lot, très bons en l’état (sans ordre de préférence) :
Le Sancerre 2002 de Cotat
Le Pradel Terrasse d’Elise 2007
L’Anglore 2015
Pas loin derrière, avec du potentiel :
Le Clos des Grillons 2014
Le Montedesassi 2015 IGP Toscania
Chris : De mon côté, j'ai le plus aimé
en blanc : les Amants
en rouge Pradel et Nizon aussi ainsi que le Mordorée