L'acte 4 est
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L'acte 5 est:
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Aujourd'hui nous nous retrouvons dans l'hacienda de Don Miguel. Il y a quelques absents. Néanmoins nous avons pris goût à ces réunions espacées et les présents sont en forme, le teint frais, l'haleine pour un temps mentholée.
C'est avec notre habituel sens de l'organisation que la journée a été préparée. En gros et pour faire court, chacun amène ce qu'il veut. Une fois sur place, on se dit "Bon, on boit quoi?" Et alors, un peu au jugé, on avance d'un pas placide et régulier.
17 vins au menu aujourd'hui. Je n'ose imaginer le total si tout le monde avait pu venir…
Tout est bu à l'aveugle excepté le premier vin.
Vin 1:
Champagne Bernard Figuet. Brut. Rosé.
Nez fin, plutôt floral, précédant une bouche du même acabit. La bulle est fine, ça n'est pas sucrailleux, bon équilibre général. La finale est assez longue. Agréable entrée en matière.
Début de la dégustation à l'aveugle. 5 blancs tranquilles.
Vin 2: (pas à l'aveugle pour moi)
Robe claire, reflets grisés. Le nez est réduit sur l'allumette grillée. J'entends parler d'écurie. N'importe quoi… De la salinité.
Arômes absents.
La bouche confirme le ressenti grillé et délivre peu de plaisir. La matière est ample mais austère. Cela manque de tonus même si ce n'est pas pataud non plus. Un trait amer vient s'ajouter à la finale et n'égaye pas l'ensemble.
Plus tard, en fin de repas, revenant vers ce vin, je le trouve assoupli, arrondi, avec un beau toucher mais la dimension plaisir est toujours absente. Ce que j'ai pris pour de la réduction (pas désagréable d'ailleurs) est toujours là, plusieurs heures plus tard. En était-ce ? Au total, déception pour ce
Chablis 1er cru Les Lys 2015 du domaine W Fèvre
Vin 3:
Robe évoluée, presque ambrée.
Le nez laisse croire à un liquoreux, exhalant des arômes de miel, d'abricot ainsi qu'une petite pointe de fruits secs.
La bouche est raccord sur les saveurs avec un peu moins d'expressivité, assez salivante, quoique manquant peut-être un poil de vivacité, avec malgré tout un équilibre général satisfaisant.
Nous nous orientons vers un chenin de Loire lorsque le pape du contrepet dit avec solennité
" C'est pas la Coulée de Serrant parce que c'est pas oxydé! "
Coulée de Serrant 2006 - Savennières-Coulée de Serrant
Vin 4:
La robe est assez claire, d'un vin jeune.
Le nez ressemble un peu à celui du Chablis de Fèvre avec quelque chose qui m'apparaît comme de la réduction, accompagnée par une note fruitée d'agrumes.
La bouche est vive, pleine de peps et d'énergie, droite, ciselée, reposant sur une matière ample. L'aromatique est discrète mais la structure est très belle, prolongée par une finale assez longue.
Rapidement nous nous orientons vers un chardonnay bourguignon mais nous le situons à Chablis. Or non.
Voilà un vin qui transcende son niveau d'appellation.
Domaine Leflaive - Bourgogne 2015.
Vin 5:
La robe est paille, assez grisée. Le nez ne propose pas énormément, contrairement à la bouche, nettement plus volubile. On y trouve une matière abondante et puissante, délivrant des notes légères de cire/encaustique. Il semble y avoir des sucres résiduels. Tout cela est ciselé, canalisé, par une tension vive remarquable qui mène la danse jusqu'à une interminable et délicieuse finale.
C'est très beau, mais on voyage…
Aucun marqueur habituel du sauvignon pour ce vin superbe, dans sa plénitude qui s'arrondit quelque peu au réchauffement.
Domaine Cotat. Sancerre. La Grande Côte 2009 (15% !)
Vin 6:
Des agrumes au nez, avec une pointe florale.
La bouche est ronde et suave. Je reste marqué par le vin précédent et continue à percevoir des sucres résiduels là ou apparemment il n'y en a pas. Quoiqu'il en soit, c'est bon, parfaitement équilibré, avec une bonne vivacité et une jolie longueur. Bon vin, mais qui souffre sans doute d'un effet séquence défavorable. Aurait peut-être dû passer avant le Cotat.
Domaine Gérard Boulay. Sancerre 2017
On passe aux rouges pour accompagner une côte à l'os. 8 vins sont prévus.
Vin 7:
La robe est sombre, intense, d'un vin jeune.
Le nez est nettement mais joliment boisé, vanillé, fruité aussi avec ses fragrances de fruits mûrs plutôt noirs.
La bouche révèle la richesse que l'on pressentait. Il y a du volume, beaucoup de fruit, mûre, cassis, que le bois n'écrase pas, avec un côté légèrement sucrailleux que je n'adore pas. C'est le seul petit bémol pour ce vin équilibré, allégé par la fraîcheur, à la longue finale fruitée.
Jeune, bon, sans doute parti pour une longue vie.
Côtes-de-Bourg - Roc de Cambes 2016
Vin 8:
La robe est sombre, un peu brunie sur les bords du disque. Les senteurs sont discrètes. Je perçois une petite effluve sanguine, une note de poivron rouge, ainsi que quelque chose de l'ordre de la fraîcheur.
La bouche est en effet bien fraîche, sur une matière pas très ample. L'acidité structure le vin, lui conférant vivacité et droiture sans austérité car le toucher reste souple et rond. Le boisé et les tannins sont assez nettement intégrés en dépit d'une légère astringence finale. C'est bon, ça paraît encore bien jeune.
Château Cheval Blanc 1993. Saint-Emilion 1er grand cru classé A
Vin 9:
La robe est assez claire et présente de nettes traces d'évolution brunie.
Le nez est fruité, évoquant des fruits sudistes comme la figue. Il est aussi épicé, parfumé et me renvoie à des souvenirs de moments passés à l'ombre des pins.
La bouche est toute de maîtrise, dans un équilibre à la fois gourmand, évolué sans déclin, mûr mais également vif et droit. Il doit y avoir une bonne dose d'acidité pour que ce vin aux accents si méridionaux reste aussi digeste.
Très belle réussite.
Terre Brune - Santadi - Carignano Del Sulcis - Superiore 2006 (Sardaigne)
Vin 10:
Robe nettement tuilée. Le nez est neutre, tout au plus évocateur d'un lointain fruit acidulé. Cette neutralité aromatique se retrouve en bouche. Pas de fruit, pas de gourmandise. Un jus à l'équilibre un peu haut perché, bâti autour d' une acidité certes pas saillante, qui donne de l'allant à un ensemble pas désagréable mais qui ne diffuse pas non plus beaucoup de plaisir.
Domaine Castagnier - Clos de la Roche 2008
Vin 11:
Robe brunie. Le nez, délicat et avenant, propage des senteurs fines d'alcool de fruits. La bouche est elle aussi faite d'une finesse assez suave. Charmeuse. Le vin est plutôt en demi corps, proposant une aromatique de fruit évolué, une sorte de liqueur de vieux garçon envoûtante. Une pointe à peine alcooleuse se manifeste, guère gênante. Bel équilibre général dans un registre plutôt tertiaire sans pour autant donner l'impression d'un proche déclin.
C'est très bon. Michel finit par évoquer la galaxie Reynaud, mais davantage grâce aux indices distillés par l'apporteur que par les marqueurs habituels des vins du vigneron, totalement absents de cette bouteille.
Château de Fonsalette - Côtes du Rhône 1998
Vin 12:
Robe brune, intense, quasi opaque.
Le nez est très discret, la bouche propose un vin rond, au toucher souple, au fruité un peu cuit. Le milieu de bouche révèle des notes de moka. L'ensemble n'est pas mauvais, pas transcendant non plus.
Je suis un peu passé à côté de ce vin.
Château Vannières - Bandol 2001
Vin 13:
La robe présente quelques notes d'évolution en contradiction apparente avec le nez qui révèle un fruit noir assez jeune.
L'attaque en bouche est fraîche et engageante. Mais assez vite, l'amertume apparaît, désagréable, suivie d'une nette astringence qui vient figer la mâchoire. En finale, amère elle aussi, on trouve le temps un peu trop long. Je n'ai pas aimé.
Château La Rouvière - Bandol 2001
Vin 14: (pas à l'aveugle pour moi)
Robe relativement sombre avec de nettes traces d'évolution.
Nez à peu près mutique. En bouche le volume ne manque pas d'ampleur. Il y a de la matière et elle est dotée d'une belle fraîcheur. Le vin est souple, équilibré mais cela manque beaucoup de fruit. Je trouve un peu de cerise kirschée, mais je crois que c'est parce que je le veux bien. Or sans fruit, peu de plaisir. Déception.
Domaine Capitain-Gagnerot - Echezeaux 2008
Après cette série inégale où le bon a alterné avec le décevant, nous opérons un retour vers les blancs, un sec que j'entrevoyais intéressant avec des fromages de montagne et 2 sucres pour les desserts.
Vin 15:(pas à l'aveugle pour moi)
Robe dorée, plutôt claire, brillante.
Le nez pétrole direct, avec des notes d'herbe, de grillé.
La bouche offre un beau fruit mûr, posé sur une structure vive, précise, d'une parfaite rectitude, dans un registre totalement sec. Tout est en place, la longueur est très belle.
C'est vraiment très bon.
En un coup de nez, le cépage a été trouvé et rapidement une question m'a été posée: "C'est un grand cru?"
Domaine Trimbach - AOC Alsace - Riesling - Cuvée Frédéric Emile 2007
Vin 16:
Robe or soutenu.
Nez mélangé de fruits confits, mangue, agrumes…
La bouche est au diapason, très fruitée, très sucrée aussi, mais l'acidité tient cet ensemble qui ne demanderait qu'à déborder. Là, rien de tel. C'est rythmé, droit, équilibré, long. Très bon.
Domaine Camin Larredya - Jurançon Moelleux - Au Capcèu 2014
Vin 17:
Nez d'agrumes confits, coing, fruit acidulé, pointe safranée.
Bouche fruitée, suave, caressante. Il y a assez d'acidité pour éviter toute lourdeur. Toutefois il aurait peut-être fallu boire ce vin avant le Jurançon. L'effet séquence le dessert un peu. On pourrait le croire un tantinet mou. Il ne l'est pas. Il conserve d'ailleurs une belle fraîcheur jusqu'à sa finale savoureuse.
Clos Haut Peyraguey - Sauternes - 2007
Ainsi s'achève ce très bon moment.
Côté vins, les blancs, secs ou sucrés, se sont en général bien comportés. Les rouges ne nous ont pas toujours mis dans l'état extatique escompté par leurs généreux apporteurs. Peut-être leur aurions-nous trouvé davantage de qualités étiquettes découvertes…
Côté gugusses, notre groupe, encore tout récent, me plaît beaucoup. Il est sain, simple, joyeux. Camarades, je nous souhaite de nous retrouver très vite, en compagnie de ceux qui n'ont pu venir cette fois et que j'espère revoir la prochaine.
Attention particulière pour Michel, grand ordonnateur des cérémonies, sur qui nous nous reposons plus qu'un peu.
La bise.