Ca y est, il est arrivé le jour de retrouvailles annuelles autour de la pétanque et du partage de quelques bouteilles à l’aveugle. Je sens que ça va bien lancer l’été !
Comme d’habitude, la majeure partie des copains a répondu présent. Encore une belle édition en perspective.
Le tirage au sort des équipes laisse présager de belles empoignades et de gentils chambrages.
Après un bon café, nous sommes prêts à lancer la journée sous une bruine oblique, qui n’est pas si gênante que ça pour les grosses cylindrées que nous sommes devenues au fil des ans. La canicule nous serait bien plus préjudiciable
.
La matinée se déroule sans accroc. On entend bien par-ci par-là des « oh mais non, y’a que moi qui prend ce caillou » ou des « oh vous avez trop de chance avec le cochonnet qui bouge », mais l’ensemble reste sérieux. Le temps a viré au sec au moment de déjeuner, c’est parfait.
On peut attaquer le repas et les immanquables bouteilles sous chaussette pour l’accompagner.
Le premier vin est un blanc, au nez expressif, sur des notes puissantes d’abricot, de muscat. Ça m’oriente vers des cépages aromatiques type viognier ou muscat (je connais les copains, pas un n’apporterait un gewurzt
).
En bouche, c’est rond mais ça reste bien équilibré. C’est assez puissant, avec quelques note de fruits exotiques, toujours de l’abricot, mais aussi des fleurs blanches. Ça discute, je pense à un viognier. Certains y voient un Bourgogne, mais si c’est le cas, je n’ai rencontré ces notes exotiques que sur du Pouilly Fuissé 2019. Je reste sur mon idée, mais ce sont les copains qui avaient raison car il s’agit d’un
Viré Clessé 2016 domaine Gondart Perrin.
Ça part sur les chapeaux de roue cette dégustation à l’aveugle
.
En tout cas, une belle ouverture avec ce vin sympathique. Bon à très bon (
3,5/5).
Le deuxième vin est encore un blanc.
Son nez fait plus classique. Ca sent les fleurs blanches, le citron et les coquillages. Je pense donc à Chablis.
En bouche je retrouve cette aromatique, sur une belle matière dotée d’un équilibre confortable, avec une certaine rondeur. Je reste sur la Bourgogne, mais du coup j’hésite entre un Maconnais d’année fraiche ou un Chablis d’année chaude.
Bon, j’ai faux, c’est un chablis d’année fraiche :
Chablis 1er cru Fourchaume 2017 Domaine Pommier.
Mais ça suffit à mon bonheur d’avoir déjà le cépage.
En plus, c’est long et c’est très bon.
4/5.
A noter que c’est la première fois que je ne trouve pas de notes de jasmin sur un vin de chez Pommier.
Pour le troisième vin, on passe au rouge, avec mon apport :
Pinot Noir d’Alain Brumont 2016.
A l’ouverture, le vin se présente fuité avec un boisé vanillé bien présent.
30 min plus tard, le boisé s’est fondu et on est en présence d’un beau pinot noir, plein, gourmand, frais, assez dense et de belle longueur. Les copains à l’aveugle ne s’y trompent pas et naviguent entre Mercurey et Chassagne, en passant par Gevrey Chambertin. A la levée de la chaussette, tous sont agréablement surpris et contents d’en avoir acheté (reste à venir les chercher à la maison les amis !).
Très bon,
4-/5.
On continue sur les rouges et me voilà de nouveau à l’aveugle. Mais ce vin me parle dès le premier humage. Ca sent (très bon) les fruits noirs, le lardé, l’olive noire et le graphite. Je pense à une syrah.
En bouche, c’est la claque. Je me régale, c’est frais et juteux, expressif, sur le lardé, les fruits noirs, les épices, et un petit côté cendré au grain de tanin très fin qui me rappelle le style Gangloff. Je pronostique donc un St Joseph ou une Barbarine de ce domaine. Et bien non, pas besoin de chercher si « huppé », c’est le simple
Côtes du Rhône de Jamet, millésime 2017.
Quelle quille ! Excellent ! (
5/5). Et évidemment rapport qualité prix/exceptionnel.
On a presque fini le repas mais certains réclament encore du rouge avant de partir affronter l’après-midi sportive. Je vais donc chercher mon deuxième apport en rouge, tout en sachant qu’il va forcément pâtir de l’ordre de passage.
C’est un vin en demi-puissance, sur le fruit et la fraicheur, avec des arômes de fruits rouges et noirs, du poivre, une petite rondeur qui compense plus ou moins (selon les goûts) des petits tanins qui gratouillent. Ça se goûte bien à mon goût, mais moins bien que les fois précédentes, comme je le pressentait.
Les amis rament pour trouver le vin : l’un propose un gamay, l’autre une mondeuse, et un troisième lance d’emblée « crozes-hermitage ». Pas mal, car le millésime 2021 est atypique dans le coin, et ce côteaux de Seyssuel
IGP des Collines Rhodaniennes Pulchra Terra 2021 Domaine Avallet est totalement différent des années précédentes dans lesquelles il me paraissait très concentré et trop mûr avec son exposition sud.
Bon vin.
3+/5.
La photo des vins du midi :
Il est temps de repartir au terrain de pétanque. Crème solaire, chapeau et lunettes de soleil font leur apparition. Les conditions se durcissent, ca va peut-être se jouer à l’endurance et à l’hydratation !
Finalement, tout le monde ayant bien préparé l’évènement, aucune fringale ni insolation n’est à déplorer en fin d’après-midi. L’équipe vainqueur du championnat régulier remporte aussi la finale contre les deuxièmes, ce sont donc les meilleurs qui ont gagné, malgré le terrain qui a servi d’excuse à tous les autres
.
L’apéro commence pendant que je fais les comptes pour le classement final. Heureusement Tuukka pense à moi et me sert un verre du premier vin de la soirée.
C’est un vin blanc clair, au nez assez complexe de fruits blancs, fleurs blanches, avec une note minérale.
Léger perlant en attaque. La bouche est ample, tendue, acidulée, je me demande un moment si ce ne serait pas un jurançon avec ce niveau de tension. Et puis le côté fondu de l’aromatique, avec une dominante fruits blancs, notamment la poire, m’oriente vers autre chose. Je verrai bien un blanc frais du Languedoc ou Roussillon à base de maccabeu ou grenache blanc. Mais non, il s’agit du vin piège de la soirée, mélange de jacquère, chardonnay et mondeuse blanche, et que personne ne trouvera :
IGP Vin des Allobroges Argile Blanc 2020 Domaine des Ardoisières.
En tout cas, c’est très bon.
4-/5.
Le vin suivant est tout aussi clair, et sent le citron et les fleurs blanches. Ça sent le chardonnay élevé en cuve. La bouche me conforte dans cette idée, avec son côté net et frais, et les mêmes arômes qu’au nez. Il me semble trouver une petite note grillée en finale, que je surinterprète comme un élevage partiel en fût pas neuf.
En tout cas, ce vin assez simple est très efficace pour l’apéritif et donne beaucoup de plaisir sans saturer les papilles. C’est un
Petit Chablis 2020 de chez Droin. 3,5-/5.
Le troisième vin de la soirée est mon apport en blanc, que j’ai décidé d’ouvrir suite aux comptes-rendus élogieux récents. Et bien je ne regrette pas de l’avoir ouvert !
Le nez est complexe, appétant, entre citron, fruits blancs, et boisé noble plutôt discret.
En bouche c’est ample, puissant, plein. Ca occupe toute la bouche avec un équilibre que j’adore, entre tension, salinité et acidulé. C’est à la fois gourmand et élégant, avec une colonne vertébrale bien droite. C’est très long. J’adore. Très bon à excellent.
4,5+/5.
Les copains tournent tous plus ou moins en Bourgogne, avec « un bel élevage beaunois ». Jusqu’à l’arrivée de Seb, qui après son punch et son Ricard lance d’un ton péremptoire un : « ça, c’est pas un chardonnay. C’est un vin de l’ouest ». Ca sème le doute, tout le monde réfléchit à nouveau ; Lolo dit « pourquoi pas mais mon nez à sauvignon me dit que ce n’est pas du sauvignon ». Et là, ça déclenche un moment de grâce chez Tuuk, qui dit : « ca y est, je le tiens ; c’est un Blot. Ce petit élevage, cette gourmandise. C’est du Blot, mais pas un haut du Husseau. Ça doit être un Clos de Mosny ». Argh, dommage, à 2 doigts du sans-faute le Podyak
. Car il s’agit d’un
Montlouis Les Hauts de Husseau 2017 domaine de la Taille aux Loups.
On passe aux rouges, et sur ce vin je n’ai pas de souvenirs précis (la journée sans prises de notes a ses limites
). Souvenir d’un pinot de belle facture dans lequel j’aurais aussi pu voir un cru du beaujolais. Il me semble que Tuuk a encore trouvé le producteur (mais bon, il connait la cave de tous les copains). Il s’agit d’un
Mercurey 1er cru 2019 domaine Gaelle et Jérôme Meunier.
Le deuxième rouge du soir est dans un style bien différent. La robe est dense et bien évoluée, avec des reflets brique.
Nez ouvert, sur les fruits cuits, le cuir, l’humus, un peu d’épices.
La bouche confirme que le vin est évolué, avec des tanins complètement fondus, un puissance contenue et un bel équilibre. On retrouve les aromes du bouquet. Ça discute sec sur l’origine du vin, les copains partent sur Languedoc, j’essaie de défendre vaguement l’idée d’un Bordeaux entre 15 et 25 ans, mais les autres soulignent le côté un peu solaire du vin, et je me rallie au pronostic collectif « Languedoc évolué ». C’est cela, puisqu’il s’agit d’un
Minervois Le Prieuré 2012 domaine Gibalaux-Bonnet qui est encore bon selon mes goûts mais auquel la garde n’apportera plus rien.
3+/5.
Je remarque au passage, à la rédaction de ce compte-rendu, qu’on avait bu la même bouteille l’an dernier. Bizarrement, personne ne l’a reconnue
.
Sur le vin suivant, à nouveau j’ai des souvenirs partiels ; mais je sais que je l’ai trouvé un peu austère. La robe annonçait une certaine évolution, j’ai trouvé un côté un peu végétal/vert dans ce vin pas très expressif, qui m’a orienté vers un Bourgogne 2008 ou 2013, voire vers un cabernet franc à cause du côté terreux en finale. Cela dit, ça reste bon.
3/5.
Il me semble que les autres l’ont trouvé plus à leur goût. En tout cas, moi j’avais encore faux sur l’identité de ce vin qui était un
Morgon Les Impénitents 2011 domaine Louis Claude Desvignes.
Nous sommes nombreux, il faut ouvrir une dernière bouteille pour finir d’accompagner la tomme de montagne (vache). Pour la première fois, nous n’avons plus de bouteilles secrètes à mettre sous chaussette (les absences de Flo et Bud ont dû peser dans la balance
). Je pars à la cave de mon père pour pallier au problème. Et je tombe sur une bouteille à moi dont je ne sais pas comment elle est arrivée là. Elle fera parfaitement l’affaire pour boucler la soirée en finesse et gourmandise.
La robe est de faible intensité.
Le nez sent bon le pinot élégant, avec un boisé discret. La bouche est fine, aérienne, élégante. On est sur des arômes de cerise un peu kirschée, de fleur séchée, de cuir, de vanille. C’est un vin d’une gourmandise évidente, mais tout en digestibilité. Très bon à excellent, comme d’habitude.
4,5/5. Il s’agit d’un
Gevrey Chambertin La Justice 2020 Domaine Bernard Munier.
Les copains ont rapidement identifié un Bourgogne.
La photo des vins du soir :
Voilà qui clôt une journée bien réussie, encore placée sous le signe de l’amitié et du partage. Rendez-vous est pris par tout le monde pour l’année prochaine.
Bibi