Merci Paul pour ce premier CR.
J'en attend d'autres !
Pour cette nouvelle session d’automne, j’ai invité un petit nouveau : Cédric ! Ben oui, je me suis dit que cela ne peut pas faire de mal d’être bien vu par un modérateur…
2008 : voilà un millésime froid un peu partout en France qui a donné de très beaux blancs, mais qu’en sera-t-il des rouges ? Eh bien, sans pouvoir généraliser car les échantillons dans les deux couleurs étaient très raisonnables, on peut dire que le verdict leur a été plutôt favorable !
Champagne Jacquesson – Extra-Brut – Cuvée n°736
Il ne s’agit pas d’un millésimé 2008 mais d’une base 2008.
La robe présente un bel or.
Le nez exhale avec une belle intensité des arômes grillés et de fruits secs, complétés de notes briochées et de mirabelle.
Très concentrée en attaque, la bouche impressionne ensuite par son énorme tension (dosage 1,5 g / l). L’effervescence se fait crémeuse car c’est une myriade de bulles vraiment très fines qui caresse le palais. La finale persistante et saline couronne en beauté ce beau premier vin.
Très Bien ++
Avec les traditionnelles galettes de pomme de terre, l’accord est particulièrement réussi (4 / 5), la grande tension du vin et le gras des galettes s’équilibrant l’un l’autre.
Domaine Vincent Dauvissat – Chablis Premier Cru – Séchet – 2008
Bouteille laissée ouverte pendant 1h30 puis carafée pendant 1h30 supplémentaire.
L’or de la robe est bien clair.
Le nez s’ouvre bien sur une aromatique de champignons voire de truffe, de grillé, d’iode, le tout sur un fond de fruits jaunes. A l’aération dans le verre le nez perd un peu de sa complexité pour s’axer sur un fruité assez riche.
L’attaque est ronde et dotée d’une bonne sapidité. La deuxième partie de la bouche joue plus sur la finesse et, même si l’allonge est appréciable, on note un manque de densité pour un vin de cette origine (vigneron, terroir et millésime).
Très Bien +
Sur le clafoutis de fruits de mer (miam !), le vin prend des accents crayeux en finale et se bonifie donc légèrement grâce à l’accord (3,5+ / 5).
Domaine Alphonse Mellot – Sancerre blanc – Génération XIX – 2008
Ce vin est élevé en cuves tronconiques de 900 l, donc avec moins de bois que la cuvée Edmond.
Bouteille laissée ouverte pendant 2h puis carafée pendant 1h30 supplémentaire.
La robe vieil or interpelle un peu.
Le nez très intense livre une aromatique légèrement oxydative avec de la pomme au four, du miel et des épices.
La bouche est dotée d’un beau volume et d’une grande acidité, toujours sur une aromatique pas très nette. La finale longue, saline et très salivante est de bonne facture.
Très Bien mais pas du tout classique pour un Sancerre, même d’une dizaine d’années.
Le vin domine le saumon au lait de coco et au citron vert, pour un accord correct (3,5 / 5), et il prend quelques accents réglissés.
Château Rayas – Châteauneuf-du-Pape blanc – 2008
Il s’agit d’un assemblage pour moitié de grenache blanc et moitié de clairette.
Bouteille laissée ouverte pendant 18h puis carafée juste avant service.
La robe présente un or très brillant.
Dès l’ouverture de la bouteille j’avais été subjugué par la puissance et la beauté du nez. Le lendemain, il développe des senteurs de résine, de cire, de miel, de fruits jaunes et particulièrement de l’abricot, ainsi que quelques jolies notes de chèvrefeuille : superbe !
La bouche est dans la même veine, une bouche XXL en termes de densité, avec de la mâche, voire des tanins ! Elle est capiteuse, c’est indéniable même si l’étiquette n’annonce « que » 13,5 °, mais équilibrée par une sapidité voluptueuse et une acidité formidable. La persistance sur de très fins amers vient parachever cette belle œuvre.
Excellent (+) pour ce vin qui n’est pas pour les pdf et qui a donc divisé les dégustateurs.
Le mariage avec le poulet aux girolles (lui-même excellent) est très réussi (4+ / 5) car le vin s’affine, mais il aurait sans doute été parfait avec un homard et peut-être même intéressant (en termes de trame et de structure) avec une côte de bœuf !
Clos Rougeard – Saumur-Champigny – Les Poyeux – 2008
Bouteille laissée ouverte pendant 4h puis carafée juste avant service.
La robe assez claire fait encore apparaître quelques reflets de jeunesse.
Très intense, le nez allie de beaux arômes fruités de framboise et de cerise à des notes florales voire végétales de menthe et de poivron mûr.
La chair de la bouche est étonnamment dense pour la cuvée et le millésime, dense par sa texture et par son fruité magnifique. Elle est bien équilibrée par une grande fraîcheur et des tanins civilisés. La finale épurée et apaisée s’étire remarquablement.
Très Bien ++ / Excellent
Sur la terrine aux trois viandes, le vin gagne encore en tension et des épices ressortent en bouche, pour signer un très chouette accord (4 / 5).
Domaine Marc Roy – Gevrey-Chambertin – Clos Prieur – 2008
Ce vin m’avait forte impression il y a un an los de la paulée chez Duband, donc pourtant dans des conditions non optimums. Ayant réussi à en trouver, il me tarder de le tester à nouveau.
Bouteille laissée ouverte pendant 3h puis carafée juste avant service.
La robe claire se teinte de reflets tuilés.
Le nez est d’abord sur la retenue et il faut aller le chercher pour trouver un fruité pur de cerise, juste nuancé de notes de ronce ou de vanille.
La bouche est très harmonieuse, bâtie sur une belle chair fruitée teintée d’un léger fumé, une grande fraîcheur, un toucher soyeux et une persistance goûteuse.
Un beau Bourgogne parfaitement à point !
Très Bien ++
Je n’ai pas noté l’accord avec la même terrine, sans doute car le vin se suffisait à lui-même !
Château Rayas – Châteauneuf-du-Pape rouge – 2008
Bouteille laissée ouverte pendant une grosse journée puis carafée juste avant service.
La robe claire laisse percevoir un début d’évolution.
Le nez très intense a tous les marqueurs d’un Reynaud. La deuxième moitié des dégustateurs n’est pas encore servie que la première moitié s’exclame en chœur : « c’est un Reynaud ! ».
Fraise écrasée, rose, pot-pourri de fleurs, épices douces, écorce d’orange : c’est complexe et irrésistible ! Il a sans doute gagné à la longue aération car la veille je l’avais trouvé distingué et attirant, peut-être un peu moins complexe.
Il y a tout en bouche ! De la concentration, de la finesse, de la vivacité, un grain serré et de velours, une longueur phénoménale portée par l’alcool et l’acidité.
Excellent + pour ce vin qui devait moins déranger les pdf que sa petite sœur en blanc mais qui peut néanmoins rebuter certains par sa sensation capiteuse.
Avec les pavés de cerf aux poivres et au jus de romarin (un plat divin !), le mariage est extraordinaire (4,5 / 5), vin et plat faisant ressortir mutuellement les épices de l’autre, et le jus de romarin affinant le vin.
Domaine Jamet – Côte-Rôtie – 2008
Bouteille laissée ouverte pendant 4 puis carafée pendant 1h supplémentaire.
C’est le rouge sur lequel j’aurais parié le moins…
La robe assez sombre montre encore quelques rares reflets violacés.
Très ouvert, le nez embaume les fruits noirs et des arômes lardés du plus bel effet. Des touches florales et épicées viennent compléter ce beau tableau.
La bouche a clairement choisi le camp de la finesse et de l’élégance, avec un profil rectiligne et une austérité classieuse (certains se sont trouvés en Bordelais, sans que ce soit idiot). Egayée par de belles épices, elle ne manque pas de vivacité : rien ne dépasse jusqu’à la longue finale savoureuse.
Très Bien ++ / Excellent
L’épaule d’agneau façon méchoui est une tuerie mais, même si les saveurs s’allient bien, elle domine un peu le vin (3,5+ / 5 pour l’accord).
Domaine des Marnes Blanches – Côtes du Jura – Vin Jaune – 2008
Bouteille laissée ouverte pendant 4h puis carafée juste avant service.
La robe est bien ambrée mais très claire.
Le nez très intense exhale des arômes classiques de céleri et de curry sur un fond de noix.
La bouche réalise un lien entre un toucher très rond et caressant et une aromatique très sèche, reprenant celle du nez, bien dynamisée et allongée par une grande tension.
Un jaune très pur d’un remarquable équilibre.
Très Bien ++
Les accords sont tous forts réussis (4+ / 5) avec des comtés de 6, 12 et 20 mois, peut-être avec un petit plus pour celui de 12 mois.
Pour accompagner un très bon crumble aux pommes, raisins secs et épices douces, deux « sucres » étrangers qui ont fait tourner en bourrique mes invités.
Marie-Thérèse Chappaz – Ermitage – Grain d’or mi-flétri – 2008
Bouteille de 50 cl, laissée ouverte pendant 5h puis carafée juste avant service.
L’ermitage est le nom local de la marsanne.
La robe très claire est parée d’un or légèrement ambré.
Le nez ouvert sans plus offre une aromatique plutôt complexe, composée de fruits secs, de raisins secs, d’abricot et de pain d’épices.
La bouche est sur un équilibre de moelleux très réussi, dotée d’une belle aromatique savoureuse et animée par une grande acidité qui lui procure relief et persistance jusque dans une finale où la violette ressort.
Très Bien +(+)
Le mariage avec le dessert fonctionne à merveille (4 / 5) car ni l’un ni l’autre ne sont trop sucrés, les raisins secs font le lien aromatique et le vin gagne une certaine minéralité, notamment en finale.
Domaine Royal Tokaji - Tokaji Aszu - 5 Puttonyos - 2008
Bouteille de 50 cl, laissée ouverte pendant un peu plus de 5h puis carafée juste avant service.
La robe affiche un or très ambré assez dense.
Très expressif, le nez exhale des arômes de raisins secs, d’abricots secs et de miel, avec un botrytis très pur.
La trame de la bouche est énergique et longiligne grâce à une superbe tension. Le sucre est bien intégré à la matière sapide, sapidité qui se maintient jusque dans la longue finale.
Il ne lui manque qu’un peu plus de complexité pour être un grand vin.
Très Bien +
L’accord (3,5 / 5) se réalise sur l’aromatique mais le vin prend le dessus sur le dessert.
Voilà, c’est déjà fini, mais avant de reprendre la route, très longue pour certains, il faut vider les coffres et les remplir à nouveau. C’est cela aussi, LPV : le plaisir de faire partager aux copains nos allocations ou nos bonnes découvertes !
A très vite, les amis !
Jean-Loup