Bonjour,
Un rassemblement que les agendas rendent trop rares, mais toujours aussi chaleureux.
Et puis entendre Claudius, le seul, l'unique, dire qu'un Fondant était bon (il l'était d'ailleurs)...
Cela vaut vraiment la peine de se lever chaque jour car il recèlera indubitablement un moment d'anthologie, qui méritera d'être vécu
.
Tout comme le moment, où Jérôme nous a dit apprécier ces Riesling des ''Grooossseeuu Vaches''. Je ne savais pas si c'était une manière de se moquer de ces domaines teutons, ou moi qui était vraiment trop fatigué et sujet à des hallucinations auditives. Les vins étaient à notre goût, nous avons trouvé une énième occasion de rire, c'est bien le principal.
Un grand merci pour la découverte de ce pinot slovène que bien des domaines aux terroirs plus réputés mondialement devraient tenir comme repère.
Je compléterais le compte-rendu de Claudius en confirmant que,
* le
Clos Mogador 2005 s'était montré sensiblement meilleur la veille au soir:
Une robe plus évoluée qu'attendue.
Au nez pas totalement causant au départ avec une ombre épicée, voire légèrement mentholée s'échappant d'un fruit noir mûr, mais un peu lisse et laissant entrevoir une petite réduction.
La bouche un peu réduite également avec un très léger volatile profitera grandement de l'aération dans le verre. Vin savoureux, avec quelques notes de graphite, d'humus, un fruit bien présent, un poil concentré et des tanins arrondis du plus bel effet, le tout sous-tendu par une acidité tout à fait contrôlée, quoique un peu entachée par une légère déviance, quelque chose de peu perceptible, mais qui n'était pas à sa place.
Yves et moi sentions une petite retenue, une ombre qui nous l'espérions disparaîtrait en se décantant.
Vraiment bon malgré tout, mais pas aussi juvénile que je m'y attendais. Je l'aurais imaginé plus ''brillant", plus expressif. Mais je deviens difficile.
Néanmoins, cette ''chose'' indéfinissable pas tout à fait en place était sans doute la trace d'un défaut, qui a pris ses aises le lendemain.
Ce Priorat a aussi subi la comparaison avec un vin sans rapport, mais qui une demi-heure plus tôt a offert beaucoup de plaisir sur le moment :
* Font de Joubert - Châteauneuf du Pape 2016
Robe sombre.
Nez oscillant étonnamment entre une légère fraise un peu ronde et un fond floral plus discret, mais bien plus hypnotique.
Bouche à l'attaque arrondie, gourmande avec un retour de la fraise ressentie au nez. Un baby fat, qui sans être pesant, couvre la délicatesse devinée au nez.
Mes papilles se font à cette relative richesse/concentration lorsque soudain reprenant mon verre la décantation a transformé le vin (mon bavardage nocturne avec Yves avait laissé du temps au temps).
La gourmandise laisse percer une rose, qui s'étire longuement tout en parsemant le palais de petites touches caillouteuses et de cerise. Les tanins sont veloutés et la bouche soyeuse, juteuse même. Il pinoterait presque.
Le vin encore serré n'est visiblement pas totalement prêt à se dévoiler dans toute sa finesse. Mais il en recèle indubitablement.
Le lendemain, près de vingt heures plus tard, il se montrera plus dissocié et moins savoureux.
Mais la bouteille n'avait pas été vraiment bien traitée.
Clos Veličane
Les 3 vins m'ont enjoués.
De les apprécier sincèrement alors que leur auteur était à portée capable d'expliquer plus tard comment il les avait enfanté, n'en était que plus agréable.
* Clos Veličane - Riesling 2018 :
Robe paille, lumineuse.
Un nez déroutant (Je n'aurais jamais reconnu le cépage au parfum dégagé), mais appétissant: cire d'abeille, légère prune jaune, fleurs blanches.
En bouche, le vin est droit, serré, filant en bouche comme un astéroïde, mais sans astringence. L'acidité, présente, est mesurée permettant à de jolies notes d'agrumes et une discrète pêche de s'exprimer.
C'est vraiment agréable sans être aussi expressif, ni profond, qu'il devrait l'être avec les années. Pas de note de pétrole, pas une typicité plus évidente qu'au nez pour votre humble serviteur. Mais c'est bon.
Mes comparses se plaindront d'une température un peu élevée et prendront encore plus de plaisir lorsque le vin sera rafraîchi.
Pour ma part, j'ai apprécié son équilibre et son tranchant relatif malgré une température non académique. Pas de mollesse, pas de pointe alcooleuse que le froid aurait camouflé aisément. Sapide à 14°C tout comme à 10°C.
* Clos Veličane - Pinot Gris 2018 :
Robe paille à peine plus dorée/rosée que celle du Riesling.
Le nez est à nouveau atypique. On retrouve la cire d'abeille à laquelle s'ajoute le coing et une petite impression de pomme (pas celle des vins oxydatifs, mais une ombre de pomme fraîche).
En bouche, le vin est sec comme le précédent, mais avec plus de gras, sans tomber dans le moelleux.
On retrouve le miel, les petits fruits jaunes, sur une finale, qui s'étire raisonnablement.
Autant le Riesling s'exprimait sur la longueur, autant celui-ci s'étale.
Le vin n'est pas très profond, mais il exprime pourtant de multiples facettes gustatives, qui troublent mes repères, mais excitent mes papilles.
Une rétro, qui rappelle la pomme verte, les fleurs blanches et la mirabelle miellée avec un léger amer du plus bel aloi.
Moi qui ait souvent du mal avec les pinot gris, me voilà à me resservir...
Là encore le temps dira comment il va évoluer.
Moins tendu que le Riesling, il est gustativement plus disert que lui pour le moment.
Mais le vin, qui m'a bluffé est le
* Clos Veličane - Plešivica 2018 :
(Assemblage de 50% de Riesling et 50% de Pinot Gris).
Une robe dorée.
Un nez encore une fois déroutant, mais très complexe : La cire d'abeille, la pomme fraîche (pas la pomme blette, qui par exemple, me dérange parfois sur les Bollinger), et surtout du tilleul, de la verveine (comme chez certains Anjou moelleux), de la craie, des fleurs blanches et de la mirabelle.
En bouche, le vin qui aurait pu sembler plus riche au nez, est sec.
Il se présente certes gras et large en bouche, mais il est porté par une acidité sous-jacente qui l'étire pour se terminer comme une flèche, le vin restant équilibré par un bel amer, la sensation miellée, l'agrume et la verveine et même parfois une petite minéralité caillouteuse. Ces saveurs resteront longtemps en bouche.
La montée en température ne lui a pas porté préjudice, au contraire à mon goût.
Ce n'est pas une superposition des 2 cépages, mais une combinaison intime de ce qu'ils ont pu exprimer séparément. Un mariage, qui plus que de permettre de retrouver les traits principaux des 2 précédentes cuvées, est le creuset de parfums inédits.
Au regard des quelques notes de dégustation passées, je suppose le vin déjà plus en place qu'il y a 2 mois et à son aise dans la froidure fribougeoise.
Je n'ai pas cessé d'imaginer ce qu'il pourrait donner avec le temps, et en accompagnement de belles Saint-Jacques. Je pense que ce serait très bon.
Un pari heureux. Une gageure d'un jeune viticulteur, qui a préféré en une décision soudaine prendre le risque de mêler le restant de ses jus, plutôt que de prendre le risque qu'il prennent un peu trop l'air dans une grande cuve en les élevant séparément.
L'élevage du vin est une suite de décisions techniques et pragmatiques, qui crée de la magie.