Fin d'année oblige, il est l'heure pour notre groupe de joyeux gaulois de sortir nos plus beaux apparats et de fêter dignement cette fin d'année ensemble. Comme d'habitude, nous sommes organisés en binôme où chacun propose quelques bouteilles issues de sa cave et chacun choisit une bouteille de l'autre sous le contrôle de notre MC.
Vin 1 : Champagne Fallet Gourron, Extra Brut Base 2011
Le nez présente des notes d'amandes et de pâte de coing signe d'une légère évolution qui s'accentue sur quelques fruits confits à l'aération. La bouche présente un bel équilibre avec des bulles fine, une longueur moyenne et soutenue par une fine amertume et des arômes de fruits jaunes cuits. Le moins que l'on puisse dire est que c'est un champagne qui glisse tout seul en bouche, très agréable et une parfaite mise en bouche.
Vin 2 : Champagne Selosse, Lieu Dit Les Carelles, NM
Le nez présente plus de puissance que le vin précédent : on sent qu'on franchit un cap avec un certain toasté qui domine au premier nez et qui s'évapore sur des épices (impossible à déterminer) des agrumes avec au premier plan de la mandarine. La bouche présente à mon goût une bulle très (trop) présente en attaque pour ensuite passer sur de beaux amers avec des arômes encore une fois sur la mandarine et un peu de miel.Un vin qui présente une matière certaine et qui est très beau tout en gardant une certaine finesse.
Je suis cependant plus fan de la cuvée Substance sur ce que j'ai bu de ce producteur. On est dans tous les cas sur une bouteille de très haut niveau.
Vin 3 : Domaine Raveneau, Chablis Grand Cru, Blanchots 2007
Le nez est encore une fois très complexe avec un mélange de fleurs blanches voire même une pointe de violette (qui m'a mis sur une piste de Rhône blanc). L'élevage apparaît aussi avec quelques notes de sésame mais l'ensemble est intégré. C'est surtout sur la bouche que l'on atteint un sommet avec une matière encore très importante, des arômes de sésame légèrement grillés et des petites fleurs blanches et du citron. Toute en rondeur, la finale possède une belle amertume qui permet d'avoir une longueur de plus de 15 secondes.
Premier Raveneau qui me provoque cette émotion bien qu'encore jeune car je n'avais pour l'instant pas eu de coup de coeur pour ce producteur.
Vin 4 : Clos Rougeard, Saumur Champigny Blanc, Brézé, 2003
Le nez est beau avec un mélange de miel, de coing et de rose. Cela est très prometteur mais la bouche ne donne pas d'aussi belles promesses que ce nez. En effet, c'est bien fait globalement sur des arômes de coing mais la longueur est faible, le vin fait un peu pataud. Effet millesime, problème de bouteille ? En tout cas aux antipodes de la bouteille de 2009 (pu 2005?) ouverte il y a 2 ans et qui reste l'un des plus beaux vins blancs bus. Connaissant l'étiquette (apport de mon binôme) je ne peux m'empêcher d'être déçu même si l'on reste sur un vin d'un (très) bon niveau. C'est qu'on commencerait à être difficile et exigeant dis donc.
Vin 5 : Domaine Roulot, Meursault 1er Cru, Charmes 2010
A peine le temps d'analyser le vin précédent que l'on me demande de vider mon verre pour le remplir avec le vin suivant. Ayant un peu de retard, je ne peux qu'entendre les exclamations de mes camarades qui semblent aux anges et moi-même, je commence à mettre mon nez dans le verre. Le nez possède un charme fou, une certaine évidence sans trop en faire avec des notes de fleurs blanches, du sésame et du citron. L'aération renforce ce côté agrumes et en plus du citron, on peut sentir des notes de zestes d'orange. Tout est bien intégré même si l'ensemble fait jeune avec aucune trace d'oxydation notable. La bouche est aussi belle avec une attaque sur le citron presque acidulé qui crée une sorte de fraicheur dans ce vin et permettant en milieu de bouche de basculer sur une matière présente mais traçante avec encore ces arômes de citron. La rétro est encore une fois sur le sésame et portée par cette acidité qui donne une longueur plus qu'honorable.
Cette fois-ci, c'est mon premier Roulot et j'avoue que je suis charmé pour ce qui est l'un des plus beaux vins blancs bus cette année et dans tous les cas à cette soirée.
Vin 6 : Domaine Frédéric Esmonin, Ruchottes Chambertin Grand Cru, 2009
Le nez est tout de suite avenant sur la cerise, un peu de sous-bois et même du noyau de cerise. La bouche est toute en finesse avec un peu de framboise et une matière qui fait de ce vin assez puissant en attaque. L'ensemble est plutôt bien équilibré sur les fruits rouges avec la framboise majoritairement et une petite touche végétale de bon aloi et une finale portée sur une petite pointe de réglisse. L'ensemble finit cependant assez rapidement et la longueur de ce vin se révèle la plus faible de l'ensemble des vins bus précédemment. On reste cependant toujours sur une belle bouteille que j'aurais plaisir à ouvrir.
A la découverte de l'étiquette, j'avoue que je ne connaissais pas ce producteur qui a été acheté par notre apporteur du jour pour l'homonymie avec Sylvie Esmonin.
Vin 7 : Clos des Lambrays, Grand Cru, 2008
Le nez est tout de suite avenant et ne renie pas ses origines bourguignonnes avec de la rose fanée, un peu de cerise le tout intégré avec une vague de sous-bois et une pointe de réglisse. C'est globalement très complexe avec une impression de jeunesse mais déjà harmonieux. La bouche est superbe avec un bel équilibre sur la cerise et même une sensation animale (fourrure) et une touche d'orange confite une fois le milieu de bouche passée. L'acidité est présente mais très harmonieuse et permet au vin d'avoir une belle longueur sur ces arômes de cerise. J'aime beaucoup et je suis conquis.
Etant donné que c'est mon apport, j'ai pu observé l'évolution de la bouteille à son ouverture le midi : le vin se présentait avec une acidité redoutable qui faisait que le vin était difficile à boire et à lire. L'aération lui a fait le plus grand bien et cela montre à quel point il faut bien aérer ses vins en amont sous peine de passer à côté.
Vin 8 : Domaine Jean-Jacques Confuron, Clos Vougeot, Grand Cru, 2001
Le nez est encore une fois sur la cerise et le noyau de cerise, un peu de sous-bois et on ressent encore un certain élevage avec un peu de bois. A l'aération, cette sensation d'élevage disparaît pour laisser place à des arômes plus terreux encore une fois très beau. La bouche repose sur une acidité marquée mais portée en harmonie avec des arômes de cerise noire. La longueur est très importante (la plus importante du groupe) et on trouve une certaine plénitude dans ce vin. Encore une fois un superbe bourgogne qui donne envie de laisser vieillir ses bouteilles afin d'avoir cette plénitude et cette impression de vin bu au bon âge. Je suis personnellement content car j'ai réservé du 2018 de ce producteur et cela me confirme mon bon a-priori sur ce dernier.
Vin 9 : Clos Rougeard, Saumur Champigny, Les Poyeux 2007
Le nez est un peu sanguin avec des notes de myrtille, un peu de terre et même viandé. On note aussi des fines notes de poivrons rouges à l'aération. C'est dans tous les cas un beau nez complexe, totalement différent des vins précédents et on sait que l'on est dans une autre région. Par contre, j'avoue que je n'ai pas reconnu à l'aveugle le Cabernet Franc (alors qu'une fois l'étiquette dévoilée, il saute aux yeux : les joies de l'aveugle). La bouche est superbe, bien faite équilibrée, portant des arômes sanguins majoritairement et une superbe longueur. C'est très bon, bien équilibré même si l'origine à l'aveugle ne me sautait pas aux yeux.
Dans tous les cas, pour mon premier Clos Rougeard rouge, je trouve cela superbe. Dommage que le prix des bouteilles se soient envolées à ce point car c'est effectivement l'un des plus cabernets francs ligériens que j'ai bus (beaux souvenirs aussi sur Coteaux de Noiré 2003 d'Alliet et Mi-Pente 2003 de Blot). Cela me confirme aussi dans mon esprit qu'il faut oublier ces cabernets qui se dévoilent après plusieurs années.
A partir de ce moment-là, les notes deviennent moins présentes.
Vin 10 : Grange des Pères, Vin de Pays de l'Hérault, 2015
Le nez nous ramène à une jeunesse insolente et même un peu froid avec des anchois, un peu de cendre froide. C'est dans tous les cas très complexe et augure du bon. La bouche est enveloppante, ronde sur des arômes de fruits noirs et avec une belle longueur.
Deuxième rencontre pour ce vin et on reconnaît que c'est du bel ouvrage. Gourmand.
Vin 11 : Champagne Deutz, Amour de Deutz, 1999
Un vin sur lequel je suis totalement passé à côté. Le nez me paraît brouillon avec des fleurs blanches fatiguées et puis pas grand chose à part d'une certaine oxydation. La bouche est aussi pour moi fatiguée et je ne suis pas fan.
Vin 12 : Chateau Caillou, Barsac, Crème de Tête, 1975
Pas trop de note aussi mais globalement, c'est bon, encore jeune mais pas extraordinaire.
Une petite photo de famille
Au final, encore une fois, une belle soirée avec de superbes bouteilles. Je retiendrai majoritairement le Roulot en blanc qui était superbe ainsi que le duo Clos des Lambrays/Clos Vougeot de Confuron qui étaient deux très belles bouteilles de Pinot Noir. On dira que je fais la fine bouche mais je n'ai pas de coups de coeur ou d'illuminations comme les autres années. On reste cependant sur du très beau niveau et surement ce qui restera comme la plus belle dégustation de l'année.
Matthias