Suite à ce fil initié ici
www.lapassionduvin.c..., un couple de très bons amis ont été invités hier pour une dégustation à l'aveugle pour célébrer entre nous mon anniversaire ::oups::
Je ne souhaite pas m'étendre davantage sur le contexte, d'autres le font bien mieux que moi sans nul doute et comme je l'ai expliqué maintes fois, quand j'ai eu l'opportunité d'en croiser quelques uns d'entre vous sur ma route, je privilégierai toujours le contact physique au charme initiatique de la plume virtuelle...
Mes apports étaient donc les suivants : il n'y a pas d'ordre puisque tout était en verres numérotés (des Spieglau Authentis 02 42 cl et d'autres encore plus grands dont j'ignore le nom):
1) Domaine David Duband - Hautes Côtes de Nuits Blanc 2016
Nez plutôt discret sur les fruits jaunes, boisé imperceptible.
Jolie attaque fraîche et légèrement citronnée qui donne force acidulée et vigueur au vin avec un commencement de gras en milieu de bouche fort agréable.
Finale saline, mais légèrement austère à ce stade.
Déjà très bon mais sans doute meilleur encore dans 2-3 ans le temps que le vin s'enrobe et s’étoffe davantage car sa composition est belle. 15/20
Jolie quille offerte par un expert du domaine Didierv
Merci l'ami
2) Armailhac 1990
Un vin très représentatif de son appellation (mon ami a trouvé immédiatement Pauillac) avec un nez très puissant sur le cèdre, la boîte à cigare, et cette caractéristique fumée que l'on retrouve à Pessac mais ici moins marquée toutefois. L'ensemble est joliment équilibré et le vin se présente en demi corps avec un joli fruité sur le cassis (classiquement).
Le manteau tannique a dû être imposant mais il est aujourd'hui très civilisé, le vin est mur et agréable on reprochera juste une structure globale un peu fluette sur ce millésime d'anthologie à Bordeaux. Typiquement le genre de vins qui met en exergue la mutation des notes Parker, celui ci a été noté 85/100 en son temps (quand ce n'était pas l'école des fans) et aujourd'hui le même vin serait gratifié a minima d'un 92. Mon bilan personnel : 16.5/20
3) Nuits Saint Georges 1er cru Domaine Olivier 1978
A l'ouverture, à 11h le matin le nez était délicat sur la Marat des bois et la framboise sauvage.
Le soir ce nez a laissé place à un nez plus poussiéreux et métallique et je regrette mon oxygénation longue pour ce vin (pour le bouquet qui s'est étiolé en tous cas).
Néanmoins en bouche, la tenue de ce Nuits saint Georges est admirable (mon ami a dit 2010 !!!!!!!!!) la robe est encore très soutenue et le vin s'exprime tout en profondeur et finesse avec une finale encore fruitée et pinotante.
Alors la grande inconnue pour moi est : si j'avais bu à l'ouverture le nez aurait été admirable mais comment se serait comporté ce vin ?
Avec mon choix le nez était décevant mais la tenue remarquable et beaucoup de plaisir sur cette bouteille atypique (dans le sens où je n'en croise pas souvent de ce style).
La prochaine fois, je suis moins con et je
dégoulotte à la Starbuck ^^
15.5/20
4) Brane Cantenac 1986
Le matin j'avais cru au TCA... bilan il n'en était rien, comme quoi je suis encore un
noob en dégustation (et c'est tant mieux).
Vin superlatif sur la complexité aromatique de ces senteurs où l'on pourrait laisser son tarin s'y extasier sans relâche.
Je pense que le matin ce qui m'a trompé était une combinaison d'arômes marqués de poivron vert et de cendre.
Le soir il n'en était plus rien et la valse des arômes est franchement subjective mais je dirais qu'il y a avait de la cerise, du moka, du tabac, de la mure avec une touche florale.
Les tanins sont ciselés, le vin est néanmoins volubile et de corps mais réellement touché par
la distinction féminine.
Une finale longue et voluptueuse achève cette expérience symphonique.
Ce vin, pour proposer une analogie avec les gouttes de Dieu, c'est une femme dont la beauté et la classe éblouit l'assemblée par sa grâce naturelle.
Clairement pour ce vin le meilleur choix possible était bien une oxygénation Audousienne de 10-12h.
18.5+/20 Un grand Margaux. Là aussi on sourit en se disant que ce vin
valait 92/100 Parker en son temps alors que je suppose que ce serait 96-98 de nos jours.
Les deux vins amenés par mon ami :
5) CR Prieuré Lichine 2015
Un nez clairement sur les notes empyreumatiques avec des notes de torréfaction, pain grillé, cacao clairement pas le plus intéressant de la soirée car on ressent essentiellement l’élevage luxueux.
Je situe à raison son apport en bordeaux rive gauche et je dis 2010 pour la puissance (et pis honnêtement je le pensais pas assez fou pour tester un 2015
)
Bah finalement en bouche et bien c'est bon et là aussi l'oxygène lui fait un bien fou et libère un très joli fruit mur et complet.
Naturellement puissant et monolithique à ce stade mais la structure de ce jouvenceau est belle et l'avenir prometteur (on croirait Starbuck qui sélectionne une génisse sur son marché
)
15-16/20 aujourd'hui bien moins que demain..
Et là on rigole car son vin est classé unanimement second derrière
"la" bellissime Brane Cantenac 86 et il s'agit de...
5) CR Brane Cantenac 2005
Un vin très similaire à son aîné de 1986 sauf que je lui trouvé un côté jouissif et jovial que j'ai eu envie de placer en rive droite...
Bon on dira que j'avais déjà la région
...
Bref excellent vin qui amorce à peine son plateau de maturité mais au moins ce n'est pas un 2005 fermé comme j'en ai croisé pas mal récemment.
Sincèrement la description est très proche de celles du 86 sauf qu'ici c'est une femme sublime mais plus jeune (20 petites années) et sans doute plus frivole... (Audrey dans la série originale Twin Peaks par ex)
Excellent : 17.5/20 à mon avis exceptionnel dans 10 longues années...
Voilà un moment de partage, coudées franches et amitié sincère comme on aime les vivre et que je suis heureux de partager avec vous ce matin.
Alex
ps : Les anecdotes concernant les notes Parker sont simplement ici pour que les jeunes amateurs (comme je l'ai été) ne focalisent plus sur les notations des critiques actuels mais au contraire fomentent leur expérience en dénichant notamment des vins de Bordeaux des années 80 et 90 même si notés 82-84 ou 87 en leur temps (mais en revanche en privilégiant les grands millésimes).