Quand on me fait une offre que je ne peux pas refuser ...
L'histoire se doit d'être racontée une nouvelle fois car si ca peut donner des idées et faire que de nouvelles rencontres soient faites, ca ne peut qu'être positif !
Francois Mauss avait émis l'idée d'un repas où seraient conviés à la fois :
- Des "anciens" passionnés et dégustateurs chevronnés doublés d'une cave assez dense et fournie de bouteille prestigieuses et maturité.
- De jeunes freluquets passionnés par le vin mais étant nés dans une époque tristement célèbre pour l’explosion des domaines stars et des appellations devenues mythiques et quasiment inaccessibles pour l'amateur moyen.
Malheureusement, même si le principe était louable, ce repas n'avais jamais vu le jour.
Qu'importe, sur un certain forum aux trois lettres, la frustration et la soif de rencontres et de découvertes avaient déjà fait trop de dégâts et quelques messages privés plus tard, le contact était lancé entre deux membres à l'âge (et la cave) un poil différents mais animés par une même passion.
La dernière conséquence de cette rencontre fortuite vous est narrée juste dessous.
Un grand merci au Padrino pour la facilité avec laquelle tu débouches des quilles que pas mal d'amateurs (dont moi) pourraient considérer comme le Graal.
J'ai encore beaucoup de vignerons et de bouteilles à découvrir mais un truc est certain : la simplicité , le partage et la bonne humeur, peu importe les bouteilles, restent toujours les fondations d'une soirée mémorable !
- Alors qu'est ce qu'on boit ?
- Je sais pas trop, je te fais confiance. Pour les blancs j'aime les choses pures et traçantes ...
- Ok j'ai trouvé !
Domaine Bernard Moreau et Fils - Chassagne Montrachet Blanc 2014
Bouteille débouchée même pas 30 minutes à l'avance et servie à température de cave dans les 13°C.
Le nez donne déjà des indices quant à la qualité du vin. C'est très pur, sur un côté floral très net, aubépine, presque chablisien, silex et coquille d'huitre.
En bouche, une précision terrible, grande minéralité, salin, profond, tellement bien équilibré et traçant au possible sans quasiment aucun boisé perceptible.
Du très grand chardonnay qui descend malheureusement trop rapidement ...
Domaine Fourrier - Gevrey Chambertin Cherbaudes Vielle Vigne Rouge 2010
Débouchée au débotté.
Robe surprenante de clarté et de transparence.
Nez très pur, cerise rouge, ronce, légère touche de fumée, léger végétal ajoutant une pointe de fraicheur à l'ensemble.
Un nez vraiment hyper pur qui incite à plonger ses narines dans le verres pendant de longues minutes avant de le goûter ...
La bouche est la copie conforme de ce nez magnifique et envoutant. Un fruit évident et tellement lisible qui fait immédiatement plaisir, dévoilant un jus sapide et une gourmandise rarement entrevue grâce à un excellent millésime et un élevage respectueux (et un vigneron pas mauvais
). Les tannins sont très fins et le vin descend tout seul, car l'équilibre est juste parfait, la matière pas très concentrée mais la fraicheur associée au jus.
Très bon dans un registre de pureté. Pas forcément ultra complexe mais à ce niveau, on s'en fout totalement !
Domaine Bachelet - Charmes Chambertin Grand Cru Rouge 2008
Ouverte au débotté également.
Comparé au Fourrier, on sent tout de suite que ce vin s’affiche moins décomplexé et plus sérieux.
2008, millésime difficile et une très belle réalisation pourtant ! Nez poudré, sanguin, moins percutant que le précédent mais plus complexe, cerise noire, épices, menthol, poivré.
La bouche reste dans la même veine, avec un jus plus corsé mais pas déséquilibré, les tannins sont très fins et l’intensité aromatique honorable, ca se boit très bien mais on revient à ce stade dans un registre plus axé sur la réflexion et moins dans l’instant.
Très beau !
Domaine Jamet - Côte Rôtie - Côte Brune Rouge 1998
"Tu n'as jamais goûté Jamet sur la Côte Brune ?"
- Euh, non ...
- Alors c'est parti !
Quand on encave Jamet depuis quelques années, cette cuvée et les millésimes des années 90 font souvent référence à une époque ancienne est une réelle identité du vin.
Cette bouteille a été débouchée 1h à l'avance (pour lisser la moyenne).
Bouchon impeccable, absolument nikel, et robe encore très sombre et traduisant une certaine jeunesse.
Au nez, la complexité est assez exceptionnelle, et le vin se présente comme étant encore sur une certaine réserve à l'ouverture.
La syrah concentrée dans tout son panel le plus complet. D'abord (d'abord y'a l'ainé) le côté sombre, poivré, épicé, fumé, lardé, cuiré, sanguin, fond de veau. Ensuite la touche plus florale, aux notes de fruits noirs bien mûrs, enrobé ans cette touche d'épices et de bouillon de cube salé. Ca n'est pas d'un plaisir aussi immédiat que les deux rouge qui suivent mais en termes de profondeur et de complexité c'est assez impressionnant.
En bouche, les tannins sont poudrés et avec un peu d'aération, laissent place à une texture plus fine, encadrée par des muscles attendris montrant un poil d'évolution mais très peu par rapport à l'âge de la bouteille. On pourrait dire que le nez est raccord à la bouche, car l'élevage est bien intégré et révèle une aromatique très contemplative, plus réfléchie qu'évidente. Ca n'est pas un vin "direct" qui se livre immédiatement, mais une fois que l'on se pose dessus, on ne peut qu'être impressionné par la tenue de cette bouteille et l'avenir qui l'attend ...
Mention spéciale au veau cuisiné par madame et qui était absolument sublime !
Merci pour cette sublime soirée qui m'a permis de ne pas être (trop) frustré de louper le repas LPV à Toulouse !