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Fête des 60 ans de l’AOC Menetou-Salon c'heu l’Zib

  • Jean-Loup Guerrin
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Fête des 60 ans de l’AOC Menetou-Salon c'heu l’Zib a été créé par Jean-Loup Guerrin

Les 60 Ans de l’AOC Menetou-Salon, c’est quelque chose et j’y reviendrai, mais c'heu l’Zib, c’est une institution de Menetou-Salon, que dis-je, du Berry ! :jump:

Ce restaurant a en effet été ouvert en 1937 et c’est donc les 82 ans qu’il a fêtés… Aujourd’hui c’est Dorothée Fontaine, de la troisième génération, qui est la patronne, et la quatrième génération est bien présente avec son fils en cuisine et sa fille en salle …
Cette auberge cultive la tradition, en servant toujours les mêmes plats qui ont fait sa réputation, et avec des portions plus que généreuses à un prix modique. L’ambiance est familiale, on s’en serait douté, le service attentionné, souriant et quasiment à la bonne franquette, et d’une grande efficacité (400 verres auront été utilisés pour la soirée, donc avec lavage entre certaines séries).

Ainsi, quand j’ai vu que l’Université Populaire de Bourges organisait cette soirée, je me suis tout de suite inscrit ! Eh oui, quand je vous expliquais à l'occasion des 25 ans d'Amphores (voir ICI ) que l’UP disposait de cours très variés, je n’affabulais pas… Et ce cours-là, il était drôlement chouette à suivre !

Après une courte introduction de Dominique Paulin, le dynamique Président de l’UP de Bourges, c’est Jean-Michel Chavet, éminent vigneron de Menetou-Salon et tout jeune retraité, qui nous a présenté avec enthousiasme l’histoire de l’appellation.
Celle-ci a donc été classée en AOC par le décret du 23 janvier 1959, pour les trois couleurs, blanc, rouge et rosé. 600 ha sont aujourd’hui cultivés sur les 1000 ha de l’appellation : avis aux amateurs ! J’ai aussi appris que le nom de Menetou-Salon proviendrait du Monastère de Sarlon le Riche, autrefois situé sur la commune, et que la Confrérie locale des Chevaliers du Paissiau se rapporte au nom qu’on donne ici aux tuteurs des vignes. Enfin les vignerons du coin sont appelés des « va aux vignes », ce qui n’a rien de péjoratif, et que personnellement je vois comme une reconnaissance du travail effectué tout au long de l’année.

Le principe de la soirée était bien entendu de rendre hommage aux vins de Menetou-Salon. Nous aurons donc droit à deux vins pour accompagner chacun des quatre plats, choisis parmi les cuvées « spéciales » de vignerons situés sur la commune de Menetou (l’appellation en compte dix mais celle qui lui a donné son nom est la principale). Ce parti-pris a écarté les domaines Pellé et La Tour Saint Martin, qui comptent parmi les meilleurs, mais le choix judicieux effectué par Dorothée Fontaine a permis d’avoir un excellent niveau et des accords parfois remarquables.
Avec l’apéritif composé de feuilletés, un autre vin de Menetou-Salon a été servi, ainsi qu’une « surprise » avec le dessert.


Domaine Chavet – Menetou-Salon blanc – Cellier du Monastère – 2018



Cette cuvée fait donc référence au Monastère à l’origine du nom de Menetou.

La robe est pâle.
Le nez nécessite un peu d’aération dans le verre pour s’ouvrir et proposer une aromatique bien classique de fleurs blanches et de fruits blancs, complétés par des touches fraîches de buis et de menthe.
La bouche est bien ronde, typique du millésime, sur une aromatique plus fruitée qu’au nez, la finale de longueur moyenne se révélant plus acidulée.
Bien


Terrines maison, de lapin et de sanglier


Domaine Fraiseau-Leclerc – Menetou-Salon blanc – Cuvée des 3 frères – 2017



Cette cuvée a été élevée en fûts.

La robe affiche une couleur paille, bien claire.
Moyennement intense, le nez s’exprime dans un univers fruité, allant jusqu’à l’exotisme par ses arômes d’ananas.
La bouche plutôt charpentée est habillée d’une chair généreuse au boisé sensible mais bien intégré. La finale plus vive et de bonne tenue invite à la gorgée suivante.
Bien +(+)
L’accord avec la terrine de lapin est très réussi (4 / 5), car celle-ci rehausse les saveurs fruitées du vin tout en patinant son boisé.


Domaine Pascal et Pierre Bourgeois – Menetou-Salon rouge – La Croix Margot – 2017



La robe claire est encore assez jeune par ses quelques reflets violacés.
Le nez ouvert développe un fruité acidulé sur la groseille et la cerise de Montmorency, mâtiné de notes vanillées agréables.
La bouche est bien charnue mais l’élevage domine tout, par ses arômes vanillés et boisés. Le fruit est complètement masqué et la finale assez courte.
Dommage, le nez était prometteur. Peut-être que dans deux ou trois ans le vin sera mieux équilibré, à condition que sa matière tienne la distance.
Assez Bien en l’état
L’accord avec la terrine de sanglier se révèle quelconque (2 / 5) car la terrine étouffe le vin, certes en atténuant le boisé, mais en écrasant tout en même temps.


Le fameux brochet à la crème, un incontournable de la maison !


Domaine de Châtenoy – Isabelle et Pierre Clément – Menetou-Salon blanc – La Dame de Châtenoy – 2018



Il s’agit d’une sélection de raisins à haut niveau de maturité, avec élevage sur lies totales et bâtonnage régulier pendant dix mois.

La robe est toujours très claire, de couleur paille.
Le nez montre une belle intensité après aération dans le verre. Avenant et fin, il exhale un fruité pur sur des fruits blancs, enrichi d’une note pâtissière et d’une autre d’agrumes.
La bouche a choisi le camp de la fraîcheur (superbe pour le millésime !) et de l’élégance. Une rondeur toute en fruit est également appréciable d’autant que la persistance est bonne, rondeur obtenue grâce au long élevage sur lies, que j’avais faussement attribué à un élevage en fûts de quelques années.
Bien ++ / Très Bien
Le vin fait un bon bout de chemin avec le brochet (3+ / 5), même s’il doit lutter pour rester au niveau de ce plat à la fois fin et puissant.


Domaine Chavet – Menetou-Salon blanc – Cuvée Exception – 2017



Cette cuvée est issue de raisins vendangés 8 à 10 jours plus tard que la moyenne, puis élevée pendant 6 mois en fûts, dont 10 à 15 % de fûts neufs.

La robe oscille entre paille et or.
Très intense, le nez offre une belle aromatique de fruits bien mûrs, notamment l’ananas, avec une touche florale plus fraîche.
La bouche d’une grande ampleur possède une matière mûre et confortable, certes au boisé que l’on ne peut ignorer, mais déjà bien intégré et qui va se fondre encore plus dans l’étoffe fruitée du vin. La très grande allonge se clôture sur une finale plus pointue et acidulée.
Bien ++ / Très Bien
L’accord fonctionne encore mieux (3,5 / 5) car la richesse du vin lui permet de mieux résister à celle du brochet, la sauce de celui-ci réussissant à assagir quelque peu le boisé du vin.

Nous avons donc eu droit à deux vins très différents avec ce plat mythique, mais deux vins que j’ai beaucoup appréciés, autant l’un que l’autre pour leur réussite dans leur propre style.


Canard à l’orange


Domaine Jean Teiller – Menetou-Salon blanc – Rencontre – 2017



Le domaine est en conversion biodynamie. Pour cette cuvée, la fermentation alcoolique est réalisée en fûts neufs, d’un, deux et trois vins, pendant plusieurs mois, suivie d’un long élevage en cuves, le tout sur 18 mois.

La robe arbore une couleur paille.
Le nez s’ouvre généreusement sur un beau fruité teinté de notes exotiques et d’agrumes, notamment l’écorce d’orange.
L’équilibre de la bouche est remarquable : elle allie finesse et grande fraîcheur à une chair arrondie et enjouée, d’un toucher sensuel, jusqu’à une longue finale sereine et sincère.
Quoi ? Ce vin a vraiment vu autant de bois ? C’est insoupçonnable à l’aveugle car le vin forme un tout dont il est difficile de tirer l’origine de telle ou telle caractéristique.
Très Bien

Ma précédente rencontre ;) avec cette cuvée (millésime 2013) n’avait pas été couronnée de succès car le manque de matière n’avait pu bien intégrer l’élevage, mais dans un bon millésime tel que 2017, quel équilibre !
Bravo à Dorothée qui a sans doute eu l’idée de ce formidable mariage (4+ / 5) avec ce vin blanc. Non seulement celui-ci n’est pas écrasé par le plat mais il s’en trouve magnifié !



Domaine du Prieuré – Menetou-Salon rouge – Cuvée Alain – 2017



La robe moyennement sombre est encore bien jeune.
Très expressif, le nez allie des arômes fruités de cerise et empyreumatique de fumée.
La bouche est bien charnue, presque corsée, mais un peu rustique. Une bonne acidité affirme sa présence mais paraît un peu dissociée, ne parvenant pas à s’intégrer parfaitement à la matière. La finale est d’une longueur honnête.
Bien
L’accord, plus classique, est intéressant (3,5 / 5) car le plat assure la fusion des éléments du vin qui lui manquait.


Fromages : brie, chèvre frais et Chavignol sec


Domaine Philippe Gilbert – Menetou-Salon blanc – Les Chandelières – 2015



Le domaine est en biodynamie. La parcelle de cette cuvée, isolée pour la première fois pour ce millésime, dispose d’un terroir au substrat de marnes kimméridgiennes et d’une orientation à l’est. Le vin bénéficie d’un long élevage de 18 mois, essentiellement en cuves.

Une fois de plus la robe est de couleur paille.
Le nez, intense sans plus mais d’une belle élégance, livre une aromatique sur les fruits blancs et des notes grillées bien présentes. Il s’enrichit de touches florales et mentholées.
Un léger gras en attaque lui confère de la rondeur, le milieu de bouche volumineux et la finale effilée sont très sapides, tout en étant animés d’une tension et d’un élan remarquables.
Très Bien
Je n’ai pas noté les accords avec le brie, bien difficiles. Le vin est éteint par le chèvre frais (2 / 5) mais bien mis en valeur (4 / 5) par le Chavignol sec car il fait ressortir sa belle acidité et ses saveurs florales et fruitées.


Domaine de l’Ermitage – Menetou-Salon rouge – Grand Vin – 2017



Cette cuvée a été élevée pendant treize mois en tonnes (fûts de 600 l).

La robe moyennement sombre est assez jeune.
Le nez montre une belle intensité, malheureusement sur une aromatique fumée qui emporte tout, en masquant le fruit certainement présent mais sous-jacent, ne laissant apparaître qu’une note vanillée fugace.
La bouche possède une belle structure et une matière extraite et exubérante, avec l’élevage encore bien présent. C’est un peu démonstratif et « too-much » pour moi, jusque dans la finale.
Bien + quand même car il y a du vin !
Ce vin est plus à son aise (3 / 5) face au chèvre frais car sa fougue s’en accommode pas mal. L’accord est en revanche plus difficile (2 / 5) sur le Chavignol sec car si celui-ci l’assagit quelque peu, il lui donne un côté rustique peu avenant.


Charlotte au chocolat : un autre incontournable de la maison !

Le poivre voatsiperifery (de Madagascar) a été un complément proposé par l’UP à discrétion aux convives : il relance parfaitement le chocolat.
De même le ratafia de Jacques Vincent (de Reuilly et non de Menetou-Salon ! ;) ) s’est montré un bon compagnon par ses saveurs de cerise (le ratafia vient du marc et du fond de cuve de pinot noir) et son sucre suffisamment généreux pour faire face à la magnifique charlotte aux saveurs affirmées.
Servi à l’aveugle, je l’ai immédiatement reconnu, sans mérite car je l’avais goûté chez l’ami Jacques moins de deux semaines auparavant…

Mais ce n’est pas fini car une des convives était Thérèse, qui sait tout sur le Berry… Je ne rapporterai pas sa première histoire car racontée en berrichon, ni son poème « La dernière bouteille » car un peu trop triste, mais une histoire drôle bien d’cheu nous que la plupart des LPViens doivent connaître mais pas tous puisque je ne la connaissais pas…
Un vigneron de Sancerre est en train de pulvériser de la bouillie bordelaise sur sa vigne depuis le bord de route. Un parisien conduisant un peu trop vite dérape dans le virage et le verse dans le fossé. Tout penaud et inquiet, il s’approche du vigneron :
- « Vous souffrez ? »
- « Non, je sulfate… »


C’est donc sur un sourire que nous terminons cette superbe dégustation, sourire que nous avons gardé toute la soirée. La cuisine de Cheu l’Zib n’a plus besoin d’être vantée, les vins de Menetou-Salon un petit peu.
J’ai été vraiment bluffé par le très haut niveau des blancs, moins par les rouges, trop marqués par le bois ou par un léger déséquilibre. Sans doute étaient-ils trop jeunes. Mais ces blancs, ah ces blancs !!!!
Merci à Dorothée, Dominique et Jean-Michel pour cette superbe soirée ! ::turn::


Jean-Loup
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24 Oct 2019 17:45 #1

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Pas de Pellé? Etonnant non? ;)

Thibaut
24 Oct 2019 22:02 #2

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tma écrit: Pas de Pellé? Etonnant non? ;)


Non, mais y avait quand même 3 tondus :D
24 Oct 2019 22:13 #3

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  • Jean-Loup Guerrin
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Réponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Fête des 60 ans de l’AOC Menetou-Salon c'heu l’Zib

Thibault, lis bien le dernier alinéa de l'introduction. ;)

Jean-Loup
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: tma
24 Oct 2019 22:14 #4

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J'ai un faible pour les vins de Jean TEILLIER sauf les cuvées RENCONTRE.
Mais les vins de Philippe GILBERT sont pour moi ce qui se fait de mieux dans l'appellation .
En particulier, les parcellaires CHANDELIERES et RENARDIERES en blanc comme en rouge.
Ces vins sont au niveau des belles cuvées de Sancerre.
Le style nature surprend évidemment mais il y a une densité de matière et une mâche incroyables.
Nous avons bu cet été RENARDIERES BLANC 2014 versus CLOS DE LA NEORE 2008.
Si la NEORE était au dessus en termes de finesse et de complexité, RENARDIERES n'était pas très loin.
Je n'aurais pas osé mettre CHANDELIERES 2015 sur les fromages.
A mon avis ça l'a largement desservi.
Nous aurons largement le temps d'en rediscuter en novembre

Didier
24 Oct 2019 22:40 #5

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Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Fête des 60 ans de l’AOC Menetou-Salon c'heu l’Zib

Jean-Loup,

Merci pour ce splendide CR d’une appellation que je déguste trop rarement à mon goût. (tu)
Et puis cette photo du Brochet à la crème ! zX

Olivier
25 Oct 2019 07:37 #6

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Terrines, brochet à la crème, canard à l'orange.!!!
Même pas une petite tête e'd viau au menu ( autre plat emblématique de la maison) ?
Vous étiez au régime hypocalorique!!!!

Didier
25 Oct 2019 08:04 #7

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck