C’est le désert des Agriates ici, Catheriiine, y sont où tes garçons ????:
les rouges, donc...
première série de 3 rouges goutés en parallèle dans trois verres différents.
6 Calvi Clos Culombu 2007.
assiette de lonzo, figatellu, saucisson sec fumé, terrine de sanglier / tomates séchées, poivrons rouges marinés.
Il s’en est fallu de peu pour que ce vin non prévu au départ, passe dans l’évier. La minuscule coulure au bouchon, tachant l’étiquette depuis des années, la baisse de niveau dans la bouteille, laissaient craindre le pire ! A l’ouverture, en milieu d’après-midi, un coté affreusement perlant un peu dissocié...mais avec du fruit, de la matière en arrière-plan, qui me décident quand même à carafer (et un peu bousculer) le vin pour voir. Deux heures plus tard, il a retrouvé ses marques...
Nez haut en couleur, évoquant une brassée de fruits, d’herbes aromatiques, d’épices, avec ce grain un peu sauvage, légèrement animal, résolument terrien qui redonne au mot rustique, toutes ses lettres de noblesse ; une vraie matière aromatique, sur un registre simple mais avec du fond, de la profondeur, de la complexité que ce vin, tout sur le fruit et la gourmandise dans sa jeunesse, ne laissait pas autant augurer.
La bouche conserve ce coté un peu insolent, presque canaille, dont le temps a lissé les tannins ; un beau grain de bouche dont la franchise et la pureté des saveurs (coté parfumé maquis assez craquant !) donnent à ce vin un caractère résolument aimable.
7 Calvi L’Enclos des Anges 2013 Richard Spurr.
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Je suis vraiment partagé sur ce vin... Au nez, une belle assise alliant fruits rouges, baies noires, herbes du maquis avec de fines senteurs de venaison, dont la franchise est un peu voilée par un coté empyreumatique allant du pain grillé au bois brulé un peu trop présent à mon avis. Plus une question de gout et de couleurs que de défaut !
Réserve malheureusement confirmée en bouche, tant ce coté grillé aux tannins un peu asséchants, me semble étouffer le fruit sous des amers qui manquent un peu du coté joyeux et affable du vin précédent. Elevage trop prononcé ?
Un rendez-vous manqué avec l’Enclos des Anges que j’avais hâte de gouter après l’enthousiasme ressenti à découvrir Nicolas Mariotti Bindi ou le Clos Signadore, lors d’une
précédente dégustation consacrée à la Corse.
8 Patrimonio 2006 Domaine Gentile.
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Il est intéressant de relire les CR de
Quentin /icna (24/05/10) ou d’Aurelien/drizzdodurden (6/01/12)
sur le même vin, car les années passant, la description reste est un peu identique. Une belle illustration des sens différents que l’on peut prêter au mot rustique !
Le nez reste un peu brut de décoffrage. Les fruits, les herbes du maquis, le coté un peu giboyeux sont au rendez-vous. Ni déplaisants, ni enthousiasmants, ils suggèrent aujourd’hui de beaux parfums de marinade en attente de sanglier.
En bouche, la matière manquant un peu d’étoffe, est joliment équilibrée par sa trame acide qui fait respirer les tannins...un peu rustiques. L’ensemble n’est pas déplaisant, mais manque vraiment de charme à mon gout. Je ne vois pas vraiment ce qui ferait évoluer ce vin aujourd’hui...Je préfère nettement le blanc et surtout le muscat excellent de ce domaine.
9 Patrimonio 2007. Domaine d'E. Crocce Yves Leccia.
osso bucco sur un rizotto au safran.
Je n’avais pas regouté ce vin depuis deux ans et ce que je ressens aujourd’hui correspond tellement à la description un peu lyrique que j’ en avais fait, que je ne vois pas ce que je pourrais écrire de plus pour en témoigner.
"A l' instar d' un tableau, d'une musique ou d' un visage dont l' harmonie, l' équilibre, la beauté font résonner en vous une corde intime, voire oubliée, ce nez vous réjouit. Son paysage aromatique intègre, condense, affine le fruit, l' empreinte animale, les parfums du maquis des trois rouges servis précédemment ; avec en plus, un surcroit de plaisir, d'émotion révélée par un grain singulier, une profondeur, une caresse qui vous mettent en état d' écoute totale quand l' écouté dégage des parfums de terre, de fleurs, d' encens. Mêlés au fruit, aux senteurs animales et à celles du maquis, ils prennent figure d' essence.
En bouche, la chair du vin se révèle fine, superbement équilibrée. Avec son corps charnu et délié à la fois, le vin semble danser sur ses tannins et son toucher fin, avant de clore son parcours sur un écho de terre, de fruit et de de fleur, déposant longtemps en bouche, l' écho de son passage .
Le vin est vraiment à son optimum aujourd' hui et je ne regrette pas d' avoir freiné des quatre fers pour ne pas ouvrir mes bouteilles avant cinq ans ! "
Ce à quoi, je rajouterai deux ans plus tard que c’était ma dernière bouteille et que je serai très heureux de lire d’autres commentaires dans 5, 10, 15 ans...
10 Patrimonio Morta Maio 2007. Antonio Arena.
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Je l’avoue, tous les rouges du domaine Arena, que j’ai goutés (beaucoup trop jeunes, notamment lors des dégust’ chez Augé) ne m’ont jamais enthousiasmé: réduits, tanniques, pas causant, du moins à mon gout.
Là, c’est tout le contraire tant le premier nez est affable, franc, ouvert ; un beau fruit ample, comme égayé par des notes florales et une fine tension dont le fil acide est vraiment le maitre du bal. Rien de statique dans ce nez, tant la brassée d’herbes du maquis, d’épices, de parfums qui succèdent au fruit, vous caressent de leur grain et vous font partir en voyage ! Bienvenue dans le monde des impressions qualitatives qui là, ne cessent de s’affiner, d’évoluer, d’opérer des synthèses vivantes et joyeuses. L’alliance de leurs singularités réunies composent une totalité qui est un peu le curseur de nos émotions ou simplement du plaisir que le vin nous donne.
Au passage, pour moi, cela n’a aucun sens de hiérarchiser ou pire, de séparer le nez de la bouche, en dégustation. Une saveur n’est jamais qu’un arôme qui prend chair, poétiquement. Un paysage aromatique n’est pas moins équilibré, structuré, tendu, fin, profond etc. que quelques centilitres de présumé liquide entre gorge et palais. Les deux sont des images doublées d'impressions, structurées par le langage, les concepts, symboles-miroirs de ce que l’on ressent. Le nez, la bouche, comme le vin, sont notre représentation...
Sur un beau vin, comme celui là, la bouche décline selon ses critères, ce que le nez raconte: la même franchise, la même pureté de saveurs empreintes de ce coté sauvage résolument corse, cette fine tension qui donne presque un caractère un peu féminin, à la texture plutôt virile, mais résolument souriante. Rien de sec, ni de chaud, tout est réuni ici pour donner plus que du plaisir !
11 Figari cuvée Amphora 2013 (élevée en Amphore). Yves Canarelli.
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Difficile de faire la fine bouche devant la proposition d’Olivier, d’apporter la fameuse cuvée Amphora du domaine, qui sur un millésime aussi récent, avait quand même un petit gout d’infanticide.
Au nez, une incroyable impression de fruits frais, bien mûrs, gorgés de jus, que l’on a écrasé, broyé, comme pour en extraire une essence de fruit et la quintessence de ce que le mot naturel pourrait signifier ! Le mot pureté aussi, tant le fruit apparait mis à nu, dans sa vérité. L’un de nous n’a t’il pas exprimé
“c’est comme un magnifique jus de raisin”! Puis le cortège de fleurs apparait et vous soulève ou presque, tant l’alliance des deux, est confondante de justesse, de précision, de vérité. Tout est encore un peu dans les limbes, mais annonce vraiment quelque chose de grand, hors du commun.
La bouche intensément parfumée, est coulante, aussi riche et complexe que fine et élégante.
“Ses tannins sont adoucis par l’argile de l’amphore”, nous explique Philippe, pas trop sûr que ce type d’élevage favorise la garde. Les saveurs que j’oserais qualifier de rares tant elles sont singulières, sont étonnamment délicates, avec une fraicheur superlative et un caractère floral presque oriental dont le halo s’allonge comme un sillage, sur la persistance. A l’aveugle, j’aurais du mal à situer ce vin étonnant en Corse (vin rappelant un peu le "Campagnès" de Magnon ou encore le "Un jour sur terre" du Clos d’un Jour), mais en l’état, déjà, qu’est-ce que c’est bon !!