El Credito Série R #3
République Dominicaine - Robusto
A priori un cigare d'assemblage dont les composants ne proviennent pas du même terroir (Cape : Equateur variété Sumatra/ Sous-cape : Nicaragua /Tripe : République Dominicaine et Nicaragua).
Cette Série R cigare est déclinée sous différents modules, un numéro accolé au nom différenciant leur appellation. Mais ce numéro ne figure pas sur la bague.
Sachant que le N°3 est d'un diamètre de 1,9cm pour une longueur de 11,4cm, il me semble que c'est à celui-là que j'ai affaire.
Une réunion nocturne et une pause, où je me vois proposer un cigare.
Quelques cubains dont certains avec un pédigrée illustre me font de l’œil. Cependant, je remarque ce robusto dont j'ai entendu parlé sur LPV.
C'est donc celui-ci que je sélectionne avec curiosité.
Le snob que je suis n'a pas une grande expérience en dehors de Cuba, mais j'ai un grand respect pour les élans de Raymond, et je me dis que s'il a pu apprécier ce module, c'est qu'il mérite l'essai.
Cape assez sombre et lisse, quoique un peu terne.
* A cru, des notes prononcées de cuir et d'humus sont peut-être un peu plus présentes que dans mes habitudes, mais dans la norme.
* A l'allumage: La combustion homogène est un peu compliquée. D'un côté je suis un peu fatigué, mais de l'autre le cigare est peut-être un peu sec.
Des effluves de chocolat noir, d'épices douces parsemées d'éclats poivrés envahissent le palais au rythme de la cavalerie.
Je suis surpris par l'amplitude de la fumée. Pendant les 1ers instants de la dégustation j'ai même l'impression que le robusto se consume en vitesse accélérée et je me mets à craindre qu'il puisse se montrer bien trop échevelé.
*1er tiers: Le cigare monte un peu en température délivrant des saveurs boisées et de fève de cacao un peu strictes, mais qui s'avèrent suffisamment enrobées pour ne pas devenir entêtantes. C'est néanmoins plus puissant que je ne m'y attendais.
A la moitié du 1er tiers alors que je m'étais fait à l'idée de cette puissance bien maîtrisée, mais un peu revêche sur une trame de sous-bois et de poivre un peu trop insistant, la vitole se transforme soudain.
Elle s'assagit littéralement.
Certes la fumée reste ample, mais elle délivre maintenant des arômes plus dociles. La combustion s'adoucit également, ne me semblant plus aller plus vite que de nature.
Les saveurs végétales s'estompent, faisant place à des notes torréfiées bien plus à mon goût.
Las, une pause dans la pause de la réunion obligeant à reprendre pendant une poignée de minutes la discussion me fait abandonner la dégustation. A ma grande surprise en reprenant le cigare qui semble éteint il n'en est rien. Il redémarre sans soubresaut aromatique.
* Le 2nd tiers: Le cigare se fait plus rond et suave avec une trame, qui reste néanmoins puissante rappelant un peu de mousse et de terre exprimées auparavant, mais cette fois très enrobées avec des saveurs de bois précieux, de moka, de fruits à coque grillés.
* 3e tiers: Un rythme de sénateur s'est installé depuis le tiers précédent, marquant peu de différence gustative.
Pas d’âcreté, pas d'amertume autre que celle de bon aloi d'une impression de fève de cacao revenant aux papilles. Aucune lourdeur.
Le manque de temps (et une certaine fatigue indépendante du cigare), ne m'a pas permis de le terminer. J'ai arrêté ma causerie avec ce module à la moitié du dernier tiers alors qu'il me semblait redevenir un poil plus piquant. Je ne sais donc pas s'il se maîtrise jusqu'au bout ou s'il reprend ses accents désordonnés. D'évidence si j'avais eu à subir un surplus de poivre, ou une soudaine âcreté non contrebalancée par les saveurs peu profondes de ce cigare mon avis aurait été autre.
Pas d'effet '' waou '', mais puisque j'en suis resté sur un moment agréable de la dégustation j'en demeure surpris en bien.
Ce n'est pas un cigare très subtil. Sans penser à une référence cubaine hors norme, je ressentirais sans doute plus de complexité avec certains Punch, Juan Lopes ou un petit Ramon Allones que j'affectionne, dans le registre plus rond que j'apprécie.
D'évidence les modules cités que j'ai en tête exprimeraient plus d'évolution gustative par rapport à ce cigare aux saveurs assez (trop) linéaires une fois qu'il trouve son rythme.
Mais il est très joliment structuré, chaleureux, presque serein s'il n'y avait pas cette sourde puissance boisée sous-jacente.
C'est tout simplement bien fait.
Quoi qu'il en soit, je suppose que l'on est nettement en deçà des tarifs cubains. Dès lors, un rapport Q/P certain.
Merci Raymond. Tu m'as permis (avec Hannibal grand zélateur dans les colonnes LPViennes de certains modules hors Havane), par tes CR dans ce fil d'arrêter de ne regarder qu'un pan des étagères des civettes, à un moment, où malheureusement beaucoup trop de cubains que l'on pouvait acheter les yeux fermés en n'ayant qu'à ''s'inquiéter'' de leur disponibilité, se montrent décevants.