Visite au Domaine Ganevat
Les racines jurassiennes et la tradition viticole de la famille Ganevat remontent loin, puisque le domaine appartient aux Ganevat de père en fils depuis 1650. Jean-François a repris le domaine en 1998, après une formation en Bourgogne, chez Jean-François Morey. Si ses références sont bourguignonnes, il est convaincu de la grandeur des terroirs jurassiens qui n'ont a ses yeux rien à envier à leur grands frèrs bourguignons.
Deux minutes après l'avoir rencontré, on se rend compte que Jean-François Ganevat est un passionné, avec des convictions profondes. Les vins qu'il cherche à faire sont le fruit de son expérience et de son cheminement personnels, et il donne l'impression que rien ne pourra le détourner de la voie qu'il s'est tracée. Ce n'est manifestement pas quelqu'un qui doute. même s'il cherche toujours.
Jean-François Ganevat n'utilise pas de soufre, il cherche à faire des vins qui ont le goût de «jus de raisin », qui ont le goût de jus de raisin plus que d'alcool et recherche dans cette direction.
Depuis 2001 et surtout 2002, il a innové sur le palan technologique. La vendange est rentrée en petites caisses et il utilise un pressoir pneumatique. Pas de débourbages et plus de bâtonnages depuis 2001, Jean-François Ganevat estimant qu'ils apportent trop de gras et de glycérol. A la mise, les vins ne sont pas pompés, mais «poussés à l'air». Jean-François Ganevat à aussi l'intention de replanter des vignes franches de pied.
Les vins sont ouillés, non soufrés, et mis en bouteille sans filtration.
L'équipe « jura » de LPV est au grand complet pour cette visite : Olif, évidemment, accompagné du Seb et de Saint-Vernier. Nous parcourons les différents chais pour un incroyable marathon de dégustation sur fût. Jean-François voulait tout nous faire goûter, non seulement tous les vins mais aussi différentes barriques du même vin, qui présentent parfois des différences considérables.
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Dégustation sur fût
Chardonnay 2003
Initialement destiné à faire du Crémant, cette cuvée issue de vignes de 10 ans d'âge, produite à faibles rendements, titrant 13.2°, un vin avec une acidité excessive qui me dérange un peu : il faut dire que c'est la première confrontation de mes papilles avec cette acidité marquée qui est une constante des vins jurassiens, en blanc comme en rouge.
Chardonnay les Grandes Teppes 2003
Vignes de 50 ans, 15,6°, 1,5 SR, PH de 3,73, 2,7 d'acidité naturelle. Sans acidification. Les marnes grises apportent du gras au vin. Belle impression de moelleux, de richesse et de minéralité.
Chalasses vieilles vignes 2003
Chardonnay Les Grandes Teppes 2003
14,7°
Les vielles vignes ayant mieux résisté à la chaleur, ce vin affiche un équilibre différent des précédents, plus puissant, avec plus de gras. Très beau.
Savagnin 2003 ouillé
Le nez est parfumé, la bouche est joliment fruité et d'une belle vivacité. De la concentration, de la minéralité. Ca me plaît.
Chalasse 2002 cuvée Florine
Issus de terroirs de marnes rouges.
Nez ouvert, charmeur. En bouche, le terroir s'exprime à merveille, avec du gras et de l'acidité. Belle finale, où je retrouve des notes de noix de coco (?). Un vin complet.
Grandes Teppes 2002 (barrique débourbée)
Ganevat nous tend un piège, en nous faisant goûter une barrique débourbée et travaillée un peu différemment, dans un style plus international : le vin est moins serré, avec moins de CO2 et plus de glycérine : j'aime beaucoup aussi. Les différences entre les barriques sont énormes, l'une a des notes de fenouil et d'estragon, l'autre est plus toastée, l'une a du gaz, l'autre est plus serrée et exprime plus le caractère variétal.
Grandes Teppes VV 2002
Grand terroir. Du pep, de la race, le vin est sur le fil du rasoir est démontre tout le potentiel d chardonnay dans la région.
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Dégustation en bouteilles, lors d'un sympathique repas au restaurant le Comtois.
Florine 2002
Le nez est moyennement intense, c'et un vin de terroir, avec de la minéralité et une belle vivacité dans la finale citronnée. Grand équilibre pour ce vin qui demande encore un peu de patience.
Grandes Teppes 2001
Le nez est typé, mais encore fermé. Il prend de l'ampleur à l'aération. Belle vivacité en bouche, citronné et vif en finale. Il m'a paru manquer un peu de profondeur.
Grandes Teppes VV 2000
100% fût neuf, 36 mois d'élevage, évidemment ouillé, vinifié et mis en bouteille sans soufre.
Le nez est parfumé, peu marqué par le bois. La bouche est serrée, avec du gras. Belle longueur. Un grand vin.
Grandes Teppes VV 99
Nez complexe, avec des notes de surmaturité qui m'étonnent un peu. La bouche est fermée, droite et tendue, la puissance est là mais on reste sur la réserve sur le plan aromatique.
Savagnin Cuvée privilège 2000
Ce Savagnin ouillé est passé 36 mois en barriques, pas de soufre,
Robe or. Le vin est riche, d'une belle définition, finale longue, vive, avec des notes minérales. Beau vin.
Poulsard 2001
Robe claire, la bouche est sympa, avec un fruit délicat, mais ça manque de structure et d'allonge.
Trousseau 2002
La robe est d'intensité moyenne. Beau nez de rhubarbe, avec un fruit très pur en bouche, avec une pointe de gaz qui me dérange un peu. Un vin sympa. Carafer.
Pinot noir 2002
Cuvée Julien, terroir argilo-calcaire. Un joli pinot, élégant et agréablement fruité, avec des tannins un peu secs et une acidité marquée qui me dérange un peu.
J'ai été très impressionné par ces chardonnays ouillés, dont le meilleurs sont d'une pureté et d'un finesse et d'une élégance qui n'a rien à envier aux grands blancs de Bourgogne. Le Savagnin fut une découverte, avec une gamme aromatique originale, de la structure, de la puissance et de la classe, c'est sans conteste un grand cépage.
J'ai été moins convaincu par les rouges, pour lesquels je n'ai pas de repères. Ils sont d'une grande pureté mais je trouve qu'ils manquent un peu d'étoffe et surtout de chair. De plus, j'ai un peu de peine avec l'acidité qui n'est pas toujours compensée par le fruit.
Pour mon premier contact avec les vins jurassiens, j'en ai vraiment pris plein les papilles !
un grand merci à Jean-François Ganevat pour ce passionnant marathon et son enthousiasme !
Cordialement
Yves Z