Cela fait bien longtemps que le pinot noir est cultivé dans le Jura, entrant dans l'assemblage de vins rouges charpentés et colorés, en association avec le trousseau et le poulsard.
La tendance actuelle qui consiste à  le vinifier seul va de pair avec la mode des chardonnays ouillés. Il est issu en général de terrains sélectionnés, avec de petits rendements, dans le but de produire des vins de qualité, un peu inspirés du modèle bourguignon, mais il faut reconnaître que certains terroirs jurassiens calcaires lui conviennent à  merveille, justifiant d'encourager cette pratique.

Stéphane Tissot produit une cuvée de Côtes du Jura dénommée "En Barberon" depuis 98 (la même existe en chardonnay depuis le millésime 2000). Le millésime 99 porte le nom de cuvée "Louison", en hommage au dernier né de la famille.
Le 2000, déjà  goûté au caveau il y a une quinzaine de jours, est un vin fruité et charnu, avec de la mâche en finale, qui résiste bien à  l'aération sur plusieurs jours. Apparaissent alors des notes de fruits compotés et épicés (cannelle) très agréables.
Le 2001, encore en fût et non dégusté à  ce jour, s'annonce supérieur, Stéphane ayant procédé à  des essais de vinification en raisins entiers, la récolte de grande qualité le permettant.

Dégusté parallèlement, le Pinot noir 2000 cuvée Julien du domaine Ganevat à  Rotalier n'a rien à  lui envier. Jolie matière au fruité bien présent, beau volume en bouche, fraîcheur et grande longueur.

A titre de comparaison, et dans la même gamme de prix (12-13 euros), un Bourgogne 2000 du domaine Groffier à  Morey-Saint-Denis, réputé pour ses Bonnes-Mares et Chambolle, mais qui produit cette cuvée générique habituellement de haute volée qui développe un beau fruité dans sa jeunesse, la situant au niveau d'un bon "village". Ce dernier "terroite" un peu plus que nos deux compères jurassiens, avec une composante terreuse plus marquée pour accompagner le fruit. Une simple mais belle et bonne expression de la Bourgogne.

Qualitativement, ces trois vins me semblent très proches et le Jura se tire plutôt bien de ce petit test comparatif, ce qui est tout à  son honneur. Il ne reste plus qu'à  persévérer pour affiner les caractéristiques du terroir.

Olif

En Barberon 98 pinot noir

Robe d'intensité moyenne, reflets bruns.
Le nez est encore marqué par le boisé, qui se dissipe à  l'aération pour faire place à  un fruité parfumé assez simple. La bouche est très tendue. Le fruit domine l'attaque, mais se tarit rapidement pour faire place à  de l'extrait sec et de l'amertume. Le vin finit très sec, dur et astringent. Je ne suis pas convaincu. Ca manque singulièrement de rondeur et de charme. A table, sur le rôti de porc, ça passait encore, mais tout seul, c'est vraiment trop sec et austère pour mes papilles.

Yves Z

Te conquérir avec un vin de pinot noir semblait une gageure, Yves. (aaa) Et ce d'autant que je ne l'avais pas regoûté récemment, donc ne sachant pas comment il se situait dans son évolution. Il s'agit du premier millésime de cette cuvée, je pense que 2000 et surtout 2001 sont plus réussis.

Olif

Olif,

...il est vrai que je ne suis pas un ambassadeur du pinot. J'ai essayé, en vain, de faire preuve de bonne volonté (jjj).

chassez le naturel....

Cela dit, je ne doute pas que l'on trouve de beaux pinot dans le Jura. On sent qu'il y a un terroir derrière ce vin, mais c'est franchement trop sec en finale. je n'ai aucune idée en oenologie mais je dirais qu'il y a un indice d'extrait sec très élevé (eee)

amitiés

Yves

Averroes,

Stephane Tissot est d'accord avec toi. Il reconnais que pour ce 1er millésime il n'a peut-être pas compris comment travailler ce vin.
Il pensait que le vin tiendrait un élevage long, mais le caractere austere des 98 accompagner d'un élevage en fut neuf important le rend sec et amer.
Personellement j'avais completement craquer sur ce vin sur fut, mais ma deception fut à  la hauteur de mon engouement quand je l'ai regouté 6 mois aprés le mise. Ce vin ne se fera jamais je pense.
Stephane continu à  essayer et à  chercher quelle serait lavinification et l'élevage le plus interressant pour ces Pinot.
J'ai gouté les 2001 en élevage au début de l'année. Les vins que j'ai goutés sont exellents, mais, je ne recherche pas dans une bouteille de Jura la concentration et la puissance.
Ces Pinot me font penser à  la tendance bourguignone qui consiste à  extraire et concentrer le Pinot.
Ce n'est pas sa vocation dans les vignobles septentrionaux.

Saint-Vernier

Saint-Vernier

merci pour ces précieuses informations. Je pense aussi que ce vin ne se fera jamais.

Je ne recherche pas non plus la concentration et la puissance dans le pinot, qu'il soit du Jura ou d'ailleurs.

amicalement

Yves

moi aussi, cet en barberon 98, je l'ai trouvé extrêmement séducteur dans sa jeunesse et j'y croyais beaucoup. il semble s'avérer que l'avenir ne nous donne pas raison. je ne vais pas tarder à  en ouvrir une. olif

Les seuls Pinots jurassiens qui me séduisent sont ceux, évidement de Fanfan Ganevat qui de part son passage en Bourgogne comprend merveilleusement bien ce cépage.
D'autre part Jacques Puffeney sort de tps en tps des cuvées en 100% Pinot. Je vous invite à  déguster le 98 qui m'a récement mis sur le cul.
C'est un véritable vin rouge de Montigny, 1 pointe austére, trés terrien et merveillesement plaisant par sa race.
Mais ce n'est pas une nouvelle Jacques fait parti des plus grand faiseur de rouge que possède le Jura (Pour ne pas dire Le Meilleur).
Il a compris son terroir et en tire le meilleur.
Saint-Vernier

Petite série jurassienne pendant que certains de mes amis Belges se sont rendus à  la Percée du Vin Jaune, et première expérience pour moi avec un pinot noir de Stéphane Tissot.
Expérience qui, sans être exceptionnelle, se révèle tout de même très intéressante.
La robe est peu intense, aux reflets rubis. Le nez est étonnant mais pas désagréable, très minéral et fumé, avec à  l'arrière plan, un beau fruité et un petit côté épicé. La bouche est tendue, bien équilibrée, avec des tannins qui demandent encore à  se fondre un peu et une longueur correcte. Beau vin.

Luc