Le GJM (Grand Jury Montois) tenait chapitre hier soir, chez Phil 85, qui, suivant les conseil de notre illustre ambassadeur LPVien du Jura, avait concocté un repas-dégustation autour d'une sélection de ce qui se fait de mieux dans la région célèbre pour ses fondeurs-douaniers, ses alcools forts et ses températures hivernales polaires !…. Vous me direz, tout est lié !…(bbb)

Une région qui, dans la même semaine, ou presque, a perdu son pape, Henri Maire, qui fut LE précédent ambassadeur des vins de Château-Chalon et autre Arbois (on peut en penser ce qu'on veut, mais pourtant…) et qui apprenait également, par France Info, que son point culminant pour tous les manuels de géographie de France et de Navarre (Crêt de la Neige, 1723 m) était en fait dépassé par un sommet inconnu qui ne porte même pas de nom !…

‘Va faire froid c't'hiver, ce sont tous mis à  l'absinthe, dans l'coin, déjà , non ?!…(aaa)

Pour l' apéritif, nous nous attendions tous à  un Macvin, voire un Vin de rhubarbe, mais en fait, l'un des membre du GJM, Jean-Claude, nous avait apporté rien de moins qu'un Château Lafite-Rothschild 1988 !!!… Très beau Pauillac dans un millésime dit « classique » dans le Médoc, avec un très beau nez sur les fruits confiturés et le tabac et une bouche plus sur la réserve… Tannins fondus, mais manquant peut-être d'intensité et de volume pour un 1er GCC ! Sensation que nous étions un certain nombre à  avoir déjà  perçu avec un Mouton-Rothschild du même millésime ! Ceci dit, cela reste tout à  fait relatif !…(hhh)

A table !…

Pour accompagner une saucisse façon Morteau sur un lit de pommes de terre tièdes, cuites dans le bouillon des saucisses :

- Trousseau 2001 de Stéphane Tissot :

Trouble ! Rouge assez clair avec de très légers reflets orangés.
Le nez est sur une dominante de framboise ou de cÅ“urs de pigeon. Cette approche aromatique ajoute à  la sensation d'acidité plutôt soutenue. En bouche, les tannins sont assez présents sans être désagréables. Le tout n'est pas fondu à  ce stade, mais s'accommode fort bien de la recette !

Ensuite, gambas grillées marinées, huile d'olive et piments avec :

- Domaine de la Tournelle, Fleur de Savagnin 2000 :

Joli nez sur une tendance noix verte. Le vin se révèle assez puissant, mais aussi tonique ! Du caractère ! Un duo plutôt réussi, malgré une recette assez relevée.

Puis, des paupiettes de sole safranées, accompagnées de petits haricots verts croquants entourés de poitrine fumée pour :

- Arbois, La Mailloche 2001, Chardonnay de Stéphane Tissot :

La star annoncée !… Nez assez puissant avec une première approche sur la poire, puis sur la pomme cuite. A l'aération, les notes minérales viennent faire étalage de toute la qualité de ce vin. Long, élégant. De discrets arômes apparaissent aux uns et aux autres : coing, fleurs coupées… Beau vin ! Et belle tenue avec le poisson de l'Atlantique !…

Duo non ouillé pour la suite, avec les médaillons de veau, sauce crémée et morilles:

- Arbois, Camille Loye, Chardonnay, Cuvée St Paul 1987 :

Très belle bouteille qui en a épaté plus d'un ! Très beau nez de noix, très fin et élégant. On est sur le « caractère Jura » qui surprend les non initiés, mais l'ensemble est d'un bel équilibre. La sauce et les morilles lui conviennent à  merveille ! Beau support acide sur une bouche harmonieuse.

- Stéphane Tissot, Savagnin 1999 :

Notes soutenues de noix ! La puissance confère à  ce vin une approche plus difficile ! On semble deviner très vite le besoin de donner du temps au temps à  ce vin… Il lui faut de la cuisine en conséquence (peut-être la recette de langouste au vin jaune ?!…). Pour la circonstance, il domine et déroute un peu. Mais, il y a du talent derrière tout ça !…

Enfin, un très beau comté, 36 mois d'affinage et salade de mâche à  l'huile de noix, pour :

- Arbois, Vin jaune d'André et Mireille Tissot 1990 :

De la noix, mais dans un registre de puissance montrant une certaine élégance. Un vin qui va laissé aux participants la sensation d'un ensemble de grande qualité. Certes, les « réticences » ne sont pas forcément vaincues lors d'une première approche, mais l'impression est très positive, notamment avec les chardonnays, voire la fleur de savagnin.

Pour finir et pour l'anecdote, la crème brûlée parfumée à  la noix sera accompagnée de :

- Tokay Pinot Gris, SGN 2000, Grand Cru Zinnkoepflé de Seppi Landmann :

Une robe et un caractère montrant une évolution assez rapide !?… C'est puissant et agréable mais le vin a perdu un peu du nerf qui lui confère parfois un très bel équilibre. A voir…

Merci encore à  Olivier ! Pas de doute ! Le Jura se tient bien à  table !…

PhR

Et bien bravo aux deux Philippes pour cette soirée à  laquelle j'aurais bien aimé participer, ne serait-ce que pour voir la tête des Vendéens réticents au moment d'avaler leur verre de vin jaune!

Effectivement, il manquait un petit verre de macvin à  l'apéritif et surtout un vin de paille au dessert! La prochaine fois, j'essaierai de mieux garnir le carton!(aaa)

Ce que je retiendrais de cette première approche vendéenne, c'est que les vins ouillés ont apparemment plu et surpris, faisant sortir le Jura de sa "typicité" de mauvais aloi, je dirais, celle qui associe les vins à  un goût particulier, qui a ses partisans mais aussi ses détracteurs. Et que cette approche favorable permet d'être moins réticent à  l'abord des oxydatifs, qui doivent rester l'image de marque jurassienne, à  l'instar du vin jaune, un vin pas évident à  apprécier, je le concède.

Le menu concocté par Phil85 met l'eau à  la bouche!

Olif

Olivier,

A certains moments, il fallait lutter pour ne pas trouver de la noix partout!... (aaa)

Le but, c'était surtout de démontrer que la plupart de ces vins sont d'une complexité qui va beaucoup plus loin que ce qu'on en pense ou ce qu'on en dit. Et je crois que finalement, tout le monde en était convaincu à  la sortie!...

La Mailloche était d'une très belle minéralité! Ce devrait être intéressant avec le recul de quelques années... comme un bon Savennières! (bbb).

Amitiés,

PhR

C'est tout à  fait ce que je voulais dire, Philippe!
Culturellement, le Jura, c'est la noix! Il est important de savoir que c'est également autre chose, qu'il y a une vraie diversité apte à  plaire à  beaucoup. Cette noix, bon nombre de personnes essaient de la traquer dans le moindre verre de Jura. A titre personnel, je dois être accoutumé car mon seuil de perception est assez élevé et je n'en ai jamais trouvé (je ne dis pas qu'il n'y en a pas un peu, la perception des arômes est forcément subjective!) dans un savagnin ouillé ou dans La Mailloche.

Faire passer le trousseau 2001 de Stéphane derrière un Lafite 88, fallait oser! Mais je ne suis pas sûr que cela ait joué en sa faveur!(aaa)

En tout cas, si le GJM dans son ensemble n'a plus un a priori complètement défavorable sur le Jura, c'est toujours ça de gagné!

Olif