Visite en Arbois
Je profite de cette belle journée de juin pour mettre à l'ordre du jour un plan que nous avions avec Olif depuis plus d'une année : mon introduction aux vins du Jura !
Après nous être retrouvés à la résidence du guide es Jura, nous prenons les petites routes qui relient Pontarlier à Arbois.
Restaurant la Balance :
Rosé Poulsard 2002 de Ligier : apres un premier verre bouchone, le deuxieme presente des aromes nettement plus francs, fruites et frais. Sympa mise en bouche.
Chardonnay, millésime non communiqué (2001 ?) de Dugois : Frais, avec une typicité Jura et une belle minéralité.
Fleur de Savagnin 2001, Domaine de la Tournelle (savagnin ouillé) : une révélation de par sa typicité sur les fruits secs et les amandes, son caractère éminement minéral, son coté solaire et sa forte persistance aromatique. Un superbe blanc qui a marqué ma journée (car bu 3 fois !).
Vin Jaune, Château Chalon 1992 de Berthet-Bondet : Olif avait eu un peu peur pour Jean Claude lors de la dernière dégustation de ce vin. Il s'est toutefois montré nettement plus à son avantage ce jour-ci avec une belle typicité jurassienne sur la pomme, le curry, la noix, les fruits secs, mais surtout un joli équilibre ou l'alcool ne ressort pas de façon déraisonnée.
Macvin du Clos de Grives : obtenu à partir de jus de raisin non fermenté auquel on ajoute un tiers de marc, cet alcool a droit à l'AOC Macvin. Le nez et la bouche présentent des notes de houblon et de fourrage. Puissant et très chaud, je le conçois plus en digestif qu'en apéritif.
Domaine Mireille et André Tissot, Arbois (vins vinifiés par Stéphane Tissot)
Visite du Domaine M. & A. Tissot avec Olif. Dès notre arrivée, nous sommes cordialement reçus par Mireille Tissot, Stéphane étant en repas avec des importateurs italiens. J'ai l'impression d'arriver dans la famille d'Olif tant l'accueil est amical et convivial. On se connaît, on échange des souvenirs du Casino ( ;-) et on se met à table pour déguster la production du domaine. Là Mireille nous annonce que dès 2003, les vins seront oficiellement en byodinamie alors qu'ils étaient en bio avant. Mais passons au plus important : le résultat.
La Mailloche 2002 : nez sur les fleurs blanches avec une grande minéralité du type silex.
La bouche garde cette minéralité conductrice et impressione par son côté sec et sa persistance aromatique en finale. Très belle expression du Chardonnay, dans un registre qui tout en gardant une typicité du lieu-dit donne un vin abordable même pour ceux qui n'aiment pas la typicité jurassienne. On peut mettre La Mailloche en aveugle avec d'autres Chardonnays bourguignons et mondiaux, je serais curieux du résultat.
Les Bruyères 2001 : nez plus « Jura », c'est-à -dire moins floral et plus sur l'amande fraîche et les arômes noisettés. Légère impression oxydative qui sert grandement ce vin.
La bouche est tranchante, vive, franche et longue. Tres vineux et plus accompli à ce jour (une année de plus en bouteille), je lui trouve un petit plus par rapport à la Mailloche même si cela est 100% subjectif car au niveau qualitatif, les deux sont là .
Les Graviers 2002 : un peu entre les deux vins précédents avec une petite touche florale et minérale, un peu d'amande, une très belle longueur et une grande intensité.
Ces 3 cuvées sont qualitativement au top et les différencier dépend des goûts et des couleurs de chacun. La Mailloche est plus universel, les Bruyères plus typique et les Graviers fait le pont entre les deux. J'en ai pris de chaque car en fin de compte, c'est excellent !
Traminer 2002 : nez sur le pétale de rose. Très mûr, presque surmuri, ce vin se décline toutefois sur un registre sec. Ce cousin germain du savagnin, vinifié comme un Chardonnay ouillé, provient de la cave de la Reine-Jeanne et est vinifié par Stéphane.
Un bon vin, qui aura souffert d'être passé après les 3 stars !
Nous passons aux rouges.
Poulsard Vieilles Vignes 2002, celles-ci ayant entre 50 et 70 ans.
La robe ets claire, le nez joue sur des notes de grenadine, de groseille et de marc. La bouche est encore fortement tannique. A laisser se reposer pendant 4-5 ans.
Poulsard Les Bruyères 2001 : robe claire, nez de petits fruits, bouche hyper-fruitée et amère, tannique mais moins que celle des VV. A attendre.
Trousseau 2002 : robe plus foncée que celles des Poulsard. Nez frais, sur les fruits, dont certains diraient qu'il pinote, mais au vu du prochain vin, je crois que cette expression n'est pas justifiée. Bouche épicée mais fraîche.
Pinot Noir En Barberon 2000 : robe similaire à celle du Trousseau. Nez de très beau Pinot, sur le fruit, les épices, le feuillage, la rose et encore marqué par l'élevage. La bouche est tannique, forte et d'une longueur remarquable.
Ce vin que je buvais pour la 1e fois m'a paru excellent. Olif et Mireille, qui le connaissent depuis quelque temps, pensent qu'il est dans une phase ingrate. Ca promet donc !
Retour aux blancs.
Savagnin 1999 : vieilli 3 ans et demi en fût, sur lies. Nez typique sur la noix, le curry, la pomme. La bouche retranscrit ces mêmes impressions, tout en y ajoutant un côté sec et un peu de chaleur.
Vin Jaune 1997 : sur les mêmes tons que le Savagnin précédent mais avec en sus des notes de vernis à ongle, une intensité beaucoup plus forte et une touche de foin. La bouche est très longue, marquée par le curry, tout en finesse, sans accoups et sans impression alcoolique du type polycopieuse. Grand.
Il est clair que je préfère le Jaune au Savagnin, ce dernier me paraissant être un « entre-deux » qui ne me comble pas.
Spirale 2000 : issu de raisins passerillés sur paille avec 320g/l de sucre résiduel. Robe ambrée, nez passerillé, légèrement mielleux avec une typicité Jura (noix et pomme). La bouche est sucrée, sur le miel, tout en intensité, mais bien équilibrée. C'est gourmand malgré ses 8% d'alcool !
Nous allions partir lorsque Stéphane arrive. Après avoir bavardé pendant 5 minutes et apprécié sa bouillie d'orties qui lui permettra de diminuer le traitement au cuivre de l'ordre de 90%, il nous demande si nous avons dégusté les 2003. A notre hochement de tête horizontal, ils nous arme d'un verre et d'une pipette et en route pour les chais.
Pinot Noir 2003. Nous avons bu de 2 barriques différentes, une issue de raisins égrappés et légèrement soufrée et une issue de raisins entiers sans soufre. La première apporte un côté plus droit, avec un fruit énorme et une maturité incroyable. La deuxième nous offre un fruit sans concession, avec une pureté de grand et une éxubérance qui fait que Stéphane l'appelle « mon grenache ». L'assemblage 40/60 donne un résultat qui dit simplement : achetez quand ça sort et buvez les sur le fruit, ça sera grand !
Mailloche, Les Bruyères, Les Graviers et En Bergeron blanc sont tous excellents, certains plus marqués par la barrique que d'autres, mais avec une belle fraîcheur malgré le peu d'acidité.
C'est avec quelques minutes de retard mais une grande satisfaction que nous quittons le passionné qu'est Stéphane et Mireille afin de nous diriger au domaine de la Tournelle, chez Pascal Clairet.
Domaine de la Tournelle :
Pascal, très occupé à la vigne, nous réserve toutefois quelques heures et une collection impressionate de flacons au frais dans ses chais.
Les impressions sont plus succintes car ayant dégusté debout et ayant été pris d'une crise de rhume des foins malgré l'isolement du caveau !
Poulsard 2000 : fruité, sur la groseille, un vrai vin de soif et rafraîchissant.
Poulsard 2003 : fruité, frais, gouleyant et plein. Il passe très bien.
Trousseau 2003 : tiré du fût (agé de 10 ans !) Fruité, épicé, plein, avec un nez de marc. Les tannins sont fins et serrés. A attendre 4-5 ans.
Trousseau Les Corvées 2002 : Frais, moins éxubérant que le 2003, mais avec une bouche plus ronde aux tannins patinés pour reprendre l'expression d'Olif. Saveurs de pépins et de noyaux. Ce vin a été élevé 50% en fût et 50% en foudre.
Poulsard 2001 : ne sera pas commercialisé en bouteille car il ne répond pas aux attentes du domaine. Légèrement en sous-maturité, il renarde pas mal. Ceci dit, j'ai bu des vins pires que ceux-là et ils étaient en bouteille.
Chardonnay 2003 : élevé en fûts de 5-6 ans. Belle fraîcheur malgré le peu d'acidité, présentant des arômes typiques de Chardonnay. Bon.
Fleur de Savagnin 2003 : après le 2001 bu à midi, voici le millésime encore dans son élevage. Superbe, peu oxydatif, très sur les fleurs blanches. Le millésime entre deux – le 2002 – sera sûrement superbe.
Terre de Gryphées Chardonnay 2001 : de type ouillé et provenant d'un terroir de marnes grises. Cette minéralité se fait nettement sentir et est complémentée par les amandes fraîches et sèches. Belle longueur.
Terre de Gryphées Chardonnay 2000 : plus abouti que le 2001 à ce stade, avec un nez moins expressif mais plus fin, plus révélateur. Ce vin est long en bouche, tout en finesse avec des tannins serrés.
Cuvée Curon 2002 tiré de la barrique. Léger, aérien, marqué par son sol froid, frais et raffiné aux arômes de fruits secs. Un vin d'intellectuel.
Fleur de Savagnin 2000 : Long, intense, rappelant l'océan par ses notes salées, astringeant mais équilibré, avec une belle typicité. C'est mûr et frais en même temps, un régal !
Savagnin Solstice 2002 : sec, mûr, presque surmuri et oxydatif. Excellent !
Vin Jaune 1996 : Fin, épicé, minéral et pas trop puissant, il comblera les amateurs de finesse.
Paille 2003 (je crois) : tiré du fût, ouillé avec 120 g/l de sucre résiduel. Assemblage de Poulsard, Chardonnay et Savagnin à parts égales. Alcoolisé mais avec une belle longueur, il est encore trop tôt pour dire ce qu'il donnera. Mais Pascal nous avoue que les vins très sucrés et surmuris, ce n'est pas son style. Il préfère rester dans des dosages assez bas.
Paille 2002 : registre oxydatif, classique, sur les fruits confits. Je le préfère au 2003 à ce stade.
Il est 19:00 et après quelques emplettes, il est temps de regagner Pontarlier, puis la Suisse. Quelle belle journée et quelle découverte de grands vins !!! Merci Stephane et Pascal pour ce que vous faites et merci Olif pour la decouverte !