Avant notre départ tant redouté de l’Auberge du Cèdre, nous décidons d’aller rendre visite au voisin d’en face, le Domaine de Cazeneuve.
Sans prendre rendez-vous, nous nous présentons au caveau de dégustation ou nous sommes reçus par le maitre des lieux, André Leenhaardt.
Première question : « vous connaissez mes vins ? ». Bien sur nous connaissons, mais pas tout !
André Leenhaardt a racheté le domaine en 1998, à l’époque majoritairement planté en raisins de table. Il arrache et replante principalement syrah, grenache, mourvèdre (le cépage fétiche d’André Leenhaardt).
Le premier millésime est vinifié en 1992 avec une cuvée principalement issue de Syrah. Par la suite les cuvées vont s’équilibrer et donner trois cuvées (principalement sur des terroirs d’argile rouge, dixit le patron) : les Calcaires (syrah, grenache, mourvèdre, cinsault, élevé en cuve et en barrique pendant 12 mois), le Roc des Mates (75% Syrah, 15% Grenache, 10% mourvédre, 12 mois de barrique dont 15% de neuves) qui est un massif dans le Pic St Loup, et le Sang du Calvaire (100% mourvédre, 24 mois de barriques en grand partie neuves) qui est une parcelle spécifique de mourvèdre.
Le premier blanc est vinifié en 1997 (50% de roussanne, du grenache, du viognier, du rolle et du muscat). Les parcelles sont sur des terroirs d’argile blanche dont certains sont en altitude (entre 300 et 400 mètres).
Un rosé est vinifié en fut et est un 100% mourvèdre.
La discussion s’installe peu à peu. André Leenhaardt est un personnage extrêmement sympathique et très simple à aborder. Il nous raconte sur un ton amusé la première visite de l’INAO en Pic St Loup : les autochtones ont servis à ces messieurs leurs meilleurs crus dans des bouteilles en plastique. C’est vrai, ça surprend et, aujourd’hui, ça nous fait bien rire !
Nous commençons par le
blanc 2005 (AOC Coteaux du Languedoc, Pic St Loup). Le nez est puissant, anisé, herbacé et porté par les fruits blancs.
L’attaque est iodée. La bouche est ample, sudiste et de belle fraicheur. C’est bien fait et il nous fait forte impression.
Le 2006 à un profil plus basé sur la vivacité mais possède les mêmes caractéristiques aromatique et les mêmes atouts.
Nous enchainons sur un magnifique
rosé de saignée de mourvèdre, puissant, corsé et atypique. La bouche possède quelques tannins et fait preuve d’une personnalité bien marquée. C’est vineux et vraiment beau. Attention, à mettre à table !
Les Calcaires, entrée de gamme en rouge, a un nez marqué par les fruits rouges. La bouche est sans aspérité et dotée d’une belle gourmandise.
Nous attaquons les rouges de garde et de demi garde.
Le
Roc des Mates 2004 est marqué par un nez fumé, sur les fruits noirs et la garrigue.
La bouche est fine avec des tannins bien présents qui doivent s’affiner avec le temps. C’est un rouge sérieux et un très beau Pic St Loup.
Le
Roc des Mates 2005 est plus profond, le nez possède lui aussi des notes fumées très marquées. Elles sont accompagnées de notes puissantes de fruits noirs. Le nez est un peu marqué par l’élevage mais cela devrait s’estomper avec le vieillissement.
La bouche est « musclée », les tannins marqués et sauvages en font un vin qui doit attendre. Joli potentiel.
Puis pour nous montrer le potentiel d’évolution de ses vins le vigneron débouche une bouteille de
Roc des Mates 1999 (millésime comparable au millésime 2004) au nez animal, à la bouche toute en finesse et à la belle finale aromatique. Un très beau qui va m’inciter à garder mes 2005.
Nous enchainons sur un vin de table
2006, 100% carignan. Un carignan à dompter, très puissant, marqué par des tannins qui monopolisent la bouche. C’est mur, c’est du tout bon. A carafer ou à attendre.
Nous terminons avec le GRAND vin cher à son créateur, le
Sang du Calvaire 2005. La robe est dense, noire. Le nez est dans une phase de fermeture mais laisse échapper des nuances animales et de fruits mur.
La bouche possède une matière dense. La trame tannique et de grande qualité. Le vin est serré. C’est un très beau mourvèdre, bien maîtrisé, qui promet un vin sublime dans quelques années.
André Leenhaardt est un vigneron dont la sympathie n’a d’égal que la qualité de ses vins. La gamme est exemplaire. Les rouges sont sérieux et à attendre pour extirper tout le potentiel. Le blanc est un des plus beaux du Pic St loup et mérite des mets de qualité. Le rosé atypique et de grande classe.
Sans aucun doute un domaine INCONTOURNABLE, tout en haut du Pic !
Loïck,
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