Domaine de Clovallon, Mas d'Alezon, passage au domaine.
Dans ma petite tournée de quelques domaines du secteur, je suis allé rendre une petite visite à un domaine qui m'intrigue et me tente depuis pas mal d'années : Le Domaine de Clovallon, et en ai profité pour découvrir le Mas d'Alezon, l'autre propriété de Catherine Roque à Faugères.
J'avais dégusté il y a quelques années leur cuvée Palagret (80% syrah + pinot noir) achetée alors par curiosité sur le plus étonnant des cavistes en ligne, et je m'étais toujours promis de leur rendre un jour visite.
J'ai été accueilli par le conjoint de Catherine Roque avec lequel j'ai passé un excellent moment, conversation riche, facile, généreuse s'ouvrant dans tous les sens. Petite visite de la cave, quelques chouettes flacons offerts en partant… Merci beaucoup à lui pour ce temps passé.
Nous avons goûté les vins, dans l'ordre qui venait à nous comme il venait, évidemment pas à l'aveugle.
Clovallon, En Noir et Blanc 2016, vin de France
(80% pinot noir vinifié en blanc, 20% riesling)
Jolie robe jaune d'or clair. Le nez est assez fruité (fruits jaunes), avec un côté vineux qui me rappelle certains champagnes, enrobé par des touches minérales qui me semblent signer le riesling (je ne sais pas ce que j'aurai trouvé à l'aveugle je l'avoue). La bouche est fraîche, toute en tension minérale et saline, avec une certaine mâche, c'est vraiment très bon.
Clovallon, Les Aires 2016, vin de Pays d'Oc
(viognier)
Le nez est là aussi sur les fruits jaunes, mais plus marqués que le précédent, je pense d'un coup à certaines tartes à l'abricot familiales. La bouche est assez ronde et charnue mais tenue par une remarquable acidité. Je ne suis généralement pas très porté sur le viognier, particulièrement dans le sud de la France, mais celui-ci m'a surpris très positivement par sa fraîcheur.
Clovallon, Les Pomarèdes 2016, vin de Pays d'Oc
(100% pinot noir)
Très belle robe rouge rubis, éclatante. Le nez est plein de cerise, d'une cerise très noire, différente de celles que l'on retrouve dans les pinots bourguignons, plus expressive ici, plus expansive, plus ensoleillée probablement. Un petit fond terreux, un peu fumé encadre l'ensemble. La bouche est bien charnue, pleine d'une matière très fruitée, avec de fins et jolis tanins et là encore une fraîcheur bienvenue invite à se resservir. Belle longueur, un vin de belle classe. Une expression de pinot noir que je découvre avec beaucoup de plaisir, j'ai beaucoup aimé.
Clovallon, Les Indigènes 2016, pays d'Hérault
Ce vin est tiré d'une parcelle reprise en fermage par Catherine Roque il y a peu, une vieille parcelle sur les hauteurs de Bédarieux dans laquelle sont complantés de très nombreux cépages anciens, de manière désordonnée, dont certains sont préphylloxériques : on y trouve notamment du bourboulenc, du grenache noir, de l'oeillade, de la clairette, du noah, du jacquez, du carignan, du cinsault, de l'alicante, du terret, du muscat, et je dois en oublier… Tout cela est ramassé et vinifié ensemble, à l'ancienne pourrait-on dire.
Le nez est dense et multiple, assez marqué par les fruits noirs, des épices, de la pointe de crayon, un trait végétal. La bouche est fraîche avec des tanins serrés mais fins, avec une certaine puissance bien contenue. J'ai bien aimé ce vin atypique, qui se boit facilement malgré sa structure tannique assez importante, mais très abordable.
Clovallon, pinot noir rosé 2014
Une bouteille imprévue, sortie par mon hôte quand nous avons évoqué les aléas de la météo et une année 2014 qui a été compliquée pour eux, les conduisant à vendanger en urgence certains de leurs pinots noirs en 24h et à les vinifier tout aussi vite en rosé.
La robe est d'un beau rose soutenu tirant vers le rouge. Le nez est sur la fraise écrasée et la griotte, avec de petites notes poivrées. Le vin est gourmand, croquant de fruits, développant une certaine chair assez atypique d'un rosé. Moi qui ne suis généralement pas amateur de rosé, ce vin m'a plu par sa gourmandise et sa vinosité.
Mas d'Alezon, Le presbytère 2017, Faugères
(cinsault, carignan, lledoner pelut)
Nez assez garrigue, avec des fruits noirs, du cassis en particulier, des épices orientales, un petit trait d'eucalyptus. Bouche charnue, suave, croquante de fruits, très gourmande, avec là encore une fraîcheur saline qui contribue à l'équilibre du vin. Sans doute le vin le plus "facile" de la gamme, mais quelle réussite, quel plaisir, quel équilibre.
Mas d'Alezon, Montfalette 2016, Faugères
(80% mourvèdre, 20% syrah & grenache)
La robe est plus dense, tirant vers le violet. Le nez est superbe, avec des fruits noirs, évoquant la myrtille et la mure en particulier, une présence végétale, de la terre mouillée, du poivre, de la fumée, de l'eucalyptus, de l'olive noire… Magnifique ensemble complexe et changeant. La bouche est très charnue, on sent une matière dense, suave, avec des tanins présents, très nets et très fins, soutenue par une acidité parfaite. C'est juteux, séveux, riche, mais reste d'une finesse et d'une élégance absolue. Magnifique vin !
Mas d'Alezon, Cabretta 2014, Faugères
(Clairette, grenache & roussanne)
Robe d'un jaune assez soutenu. Le nez est sur les fruits secs, entre noyaux et abricot sec, prunes jaunes, orange amère, avec un petit reste d'élevage bois je pense. Bouche ample, enveloppante, assez saline, délicatement amère et fraîche en finale. Longueur remarquable avec un bouquet final d'arômes qui s'entremêlent. Sans doute un des meilleurs blancs du secteur que j'ai pu déguster, d'un très bel équilibre.
Bref, une très belle série…
En essayant de synthétiser mes ressentis sur le domaine, je reste séduit par la combinaison que l'on retrouve dans tous les vins d'une composante charnue, avec toujours une densité et une suavité, systématiquement contrebalancées par une fraîcheur, une acidité, et parfois une fine amertume en particulier sur les blancs. Le travail des tanins est absolument remarquable, ils sont présents là où il faut, mais restent toujours d'une finesse, d'une netteté et d'une délicatesse impressionnantes.
Merci encore, et au plaisir de revenir une prochaine fois.