Jean-Luc Piette, Donation sanglante en Médoc, Editions Confluences
Cet auteur est un LPVien de longue date, professionnel du vin, mais écrivain à ses heures, à moins que ce soit écrivain dans l'âme et professionnel du vin à ses heures....
J'ai eu le privilège de découvrir son dernier roman policier, dont le décor est planté dans un milieu qu'il connaît bien, ce lui du vin en général, celui des grands vins de Bordeaux en particulier, et en zoomant encore davantage, celui du négoce et des crus classés, largement liés, comme le montre ce livre.
L'intrigue est ficelée de main de maître et je ne vais surtout pas vous en dévoiler la moindre miette, mais on sent bien une grande maîtrise de la narration, le sujet est totalement maîtrisé : comme dans les bons romans policiers, quand on a commencé, c'est difficile de lâcher.
Les mateurs de vins que nous sommes trouveront dans ce bouquin une description très fine du monde bordelais, j'ai failli écrire du "milieu" bordelais. Bien entendu, toute ressemblance avec des faits... etc. Jean Luc Piette décrit avec finesse, précision, mais aussi avec courage ce monde finalement bien microcosmique qui brasse des fortunes colossales, qui se fait et se défait à l'aune des coups bas et autre vicissitudes de la vie des affaires. Ce mots "affaire" prend ici tout son sens.
"Bordeaux" est un personnage à part entière de ce livre, et derrière ce nom, ce tout, il y a le vin omniprésent, le vin des grands crus, les grandes familles, la grande bourgeoisie locale liée d'une façon ou d'une autre à ce monde du vin et tout ce petit monde joue une partition commune qui fait "Bordeaux" et sa singularité.
Mais il y a aussi la ville et ses tables : l'amateur trouvera dans ce livre également un bon guide des adresses incontournables de la place !
J'ai parlé un peu plus haut de courage ; en effet, quand on sait qui est Jean Luc Piette, quelle est sa place dans "Bordeaux", on lit différemment certains coups de griffes sur les primeurs, l'influence de Parker et des autres... On peut se dire aussi que finalement, de là où il est, il peut se le permettre sans crainte. Il n'empêche qu'il fallait quand même le faire.
Ne cherchez donc plus un bouquin pour l'été, vous venez de le trouver !