J'ai profité de cet après-midi pluvieuse pour revoir le remarquable film de Jean-Paul Jaud, "les 4 saisons d'Yquem", qui nous fait découvrir la propriété la plus prestigieuse du monde et vivre, en compagnie du comte de Lur Saluces, les travaux de la vigne au rythme des saisons.
Les plans sont magnifiques. On y voit le vignoble, le château, le raisin, le vin, les caves, les chais, les vendanges, la fabuleuse collection de vieux millésimes, dont une bouteille de la collection de Thomas Jefferson.
On y apprend plein de choses, par exemple qu'Yquem n'utilise que des engrais organiques, une fois tous les cinq ans, que les parcelles sont confiées tous les ans aux même ouvriers. Chacun a la responsabilité de la parcelle qui lui est confiée, qu'il connaît sur le bout des doigts. Ainsi, d'une année sur l'autre c'est le même tailleur qui s'occupera des mêmes ceps, qu'il peut modeler comme il l'entend. La confiance règne et les ouvriers du Château semblent fiers de travailler pour Yquem et avoir concience de faire un chef d'oeuvre et pas seulement du vin.
Le comte de Lur Saluces nous dit aussi que la production avoisine les 1000 bt/ha, et qu'il faut environ dix pieds de vigne pour faire une bouteille, soit un peu plus d'un pied pour un verre. Impressionnant, non ? Quand on voit le le soin minutieux apporté tout au long de l'année aux vignes et la sévérité avec laquelle on choisit les baies qui vont faire le grand vin, on se dit qu'une bouteille d'Yquem, contrairement à beaucoup d'autres vins surcôtés, vaut bien son prix.
En 2000, les premières tries furent très satifaisantes, mais la pluie qui suivit empêcha de poursuivre les vendanges et 80% des grappes, jugées indignes du Château, tombèrent à terre. C'est terrible de voir , à la fin de l'automne, les ouvriers qui ont apporté tant de soin durant l'année au travail de la vigne, couper sans états âme ou presque le 80% de la production, et de voir par terre toutes ces grappes partiellement botrytisées, gorgées d'eau et incapables d'atteindre l'incontournable barrière des 20° potentiels.
C'estvraiment impressionnant de voir le soin apporté aux tries et au choix des baies botrytisées. Seul le meilleur est digne d'Yquem. On va jusquà ouvrir les grappes à coup de sécateur, à humer, à goûter les baies, pour être vraiment sûr qu'il s'agit bien de la pourriture noble et non pas de l'ignoble !
Un film à recommander à tous les amateurs de vin et de Sauternes
cordialement
Yves Z