De passage en Loire pour visiter quelques domaines (voir
ICI
), on s'arrêt chez J. Blot.
Sur le gel en premier lieu, c’est la catastrophe pour plusieurs parcellaires : Mosny est touché par exemple à 95%, et comme à Cravant, si le constat n’est pas définitif en raison de la reprise possible de certains plants, beaucoup de vignes (davantage à Montlouis qu’à Vouvray) sont littéralement « cramées ».
Les vins :
En 2014 :
Remarques générales : les vins sont voulus, et de fait ils le sont, très secs par leur concepteur : ils ne dépassent pas 1g/1,5g de SR pour l’ensemble des cuvées. Sur certaines, c’est très perceptible (Bretonnière), pour d’autres (Mosny ou Rémus +), c’est introuvable - je parle du taux de SR - tant les vins ont une certaine « sucrosité ». Les 10 arpents sont voués à disparaître et seul Rémus deviendra l’entrée de gamme du domaine (ce qui a de la gueule, il faut le reconnaître).
- Montlouis Clos michet : attaque très expressive sur les agrumes, belle tension qui tient tout le vin. Beau vin, avec de jolis amers en finale.
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Montlouis Clos de Mosny : Un ton au dessus, les agrumes laissent place aux fruits exotiques, il y a de l’ampleur et de la dynamique dans ce vin, relancé par une acidité parfaitement équilibrée : grosse finale qui vient et qui reste dans les gencives : c’est salivant tout en ayant un côté salin : c’est déjà très bon.
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Montlouis Remus + : Même profil que Clos de Mosny, avec sans doute un soupçon de volume en plus, les fruits exotiques (mangue), jaunes (abricot) et le coing sont vraiment là, et toujours une assise dite « verticale » (on reprend la terminologie Blot) qui assure l’ossature. L’ « horizontalité » (toujours la terminologie Blot) est là aussi : de la grosse matière, on pense à un taux de SR relativement important (le cahier des charges permet 8g/L) qui viendrait donner cette impression : non, on est à 1g et le vin emplit le palais et l’acidité lui donne une persistance impressionnante pour un vin si jeune : c’est très très bon et appelle la table. Coup de cœur.
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VDF Clos de la Bretonnière : terroir plus froid que Venise (Bretonnière est orienté sud est), avec une composition géologique un peu différente que Venise (argile en gros). C’est en l’état un vin très très « droit », c’est-à-dire avec une forte tension, les agrumes, présents en attaque, dominent la suite et s’imposent en finale, avec une grosse acidité. Une pointe de réduction à noter aussi. Le côté horizontal évoqué plus haut ne s’exprime pas trop : la matière, un peu compressée par l’acidité et un aspect minéral (mot trop utilisé mais ici, littéralement, on sent la pierre), peine à s’exprimer. Un vin à mettre sur des crustacés ou des entrées avec poisson cru. J’ai été moins séduit, en raison de sa relative austérité.
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VDF Venise : Deuxième coup de cœur : quelle gamme aromatique au nez et directement en bouche fruits blancs, tilleul, coing, fruits exotiques) ! On a un équilibre d’école entre acidité, matière et alcool : énorme persistance en bouche, je pense encore au dessus de Remus +, pour un très grand blanc. Il présente, en l’état, la plus grande complexité des 4. Ça peut se garder 15 ans, ça peut se boire très rapidement : c’est pratique.
Commentaire général sur les 2014 : très très haute qualité globale, avec un équilibre très proche des 2008, et avec une persistance et un volume global pour moi supérieurs. Les 2015 s’annoncent également très bien, notamment grâce aux efforts déployés pour récolter les raisins à maturité (nombre de vendangeurs variant selon les jours en fonction de la maturité des raisins).
Remarquons que le passage en VDF n’a pas eu d’impact sur la commercialisation des vins (pas plus que chez Chidaine). Et bizarrement, ça n’a pas eu d’impact non plus sur la qualité des vins !
Les 2012 : Ouverts depuis 3 jours, bus plus rapidement. Mosny et Rémus + présentent une aromatique similaire, avec une tension nettement inférieure aux 2014 : l’effet de séquence est préjudiciable aux 2012 qui semblent plus patauds, moins dynamiques (persistance et volume sont vraiment moins importants) : mais Venise et Bretonnière, avec leurs fruits et leur équilibre, sont des vins élégants : en l’état, au moment de la dégustation, les vouvray - encore à l’époque- sont au dessus des Montlouis.
On passe ensuite à une verticale de Remus, pour voir comment les vins se comportent dans le temps et constater – ou non – l’influence des éléments sur les cuvées :
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Remus 2004, marqué par l’eau, se défend bien ! Pas pataud pour un sou, son équilibre s’impose et rend le vin charmeur avec ses arômes de fruits exotiques, qui dominent les amers. Beau vin, impossible de trouver le millésime (qui a 12 ans et qui manifestement ne les fait pas).
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Remus 2005, marqué par le soleil : on sent directement une matière plus importante, riche, avec des fruits confits et une acidité insuffisante pour bien équilibrer l’ensemble. Le 2004, sur cette dégustation, lui est supérieur car il est plus élégant (si on aime les vins un peu moins riches).
- Remus 2009, marqué un peu par le soleil et le vent : et bien il est énorme en ce moment ! Grande complexité, grosse matière, belle acidité qui tend le vin et qui l’amène en finale vers des amers et du fruit jaune qui tapissent les gencives : c’est très très bon, dans un style en l’état proche des 2014.
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Remus 2008 (demi bouteille), marqué par l’équilibre (ce n’est pas un élément mais c’est sa caractéristique !) : je pensais qu’il serait au dessus du 09 ; et bien non, bel équilibre d’ensemble, gamme aromatique classique (fruits blancs, jaunes exotiques et coing), il se comporte bien mais encore une fois l’effet de séquence conduit à trouver le 09, en raison d’une acidité un poil plus prononcée, plus aboutit et plus séduisant car davantage équilibré (ce qui, comparé à un 08, est vraiment à retenir). Seul, le vin aurait été sans doute plus apprécié qu’il ne l’a été. Ça reste une très belle bouteille, dans la droite ligne des 2008 précédemment bues.
On finit par le
moelleux 2009, d’une très grande fraicheur, où les 50g de SR ne sentent pas et qui me fait penser au domaine de souch. C’est très beau. Moins conquis par le liquoreux, plus pataud.
Cordialement,
Seb