Rapide passage lundi dernier chez André-Michel Brégeon, de passage éclair à Nantes.
Je ne pensais pas pouvoir rencontrer et bavarder avec AM Brégeon, sa femme m'ayant indiqué au téléphone la semaine précédente qu'il avait un rendez-vous. Cependant, la personne ne s'étant pas présentée, sans avoir la courtoisie et la politesse de s'excuser ou de décommander, j'eus le loisir de faire ma visite en la compagnie du maître des lieux.
Ce vigneron est éminemment sympathique et je n'ai pu que regretter de ne pas pouvoir rester plus qu'une heure trente, notre conversation étant marquée par la sincérité et j'ai perçu de sa part une envie d'échanger avec le modeste amateur que je suis, ce qui m'a profondément touché. J'espère qu'un jeune passionné et motivé pourra prendre la relève de ce vigneron (7 ha de vignes sur sol constitué de gabbro), car les conditions de travail et des locaux ne semblent pas favorables à la reprise de son exploitation, la remise en conformité de la cave ayant été refusée récemment, si j'ai bien compris. Deux jeunes stagiaires ont failli reprendre sa suite, mais ont été découragés semble-t-il par l'impossibilité de la remise aux normes sanitaires de la cave. Quel dommage !!!
Le temps m'étant compté, nous passons rapidement à la dégustation, même si AM Brégeon est bavard

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Le Muscadet 2008 se déguste bien à l'heure actuelle, tout comme le 2006, d'une puissance et d'un gras que j'ai initialement attribué à 2005... bon, c'est ma première rencontre avec ce vin et je ne connaissais que le 2002 de sa production. Deux millésimes qui se boivent fort bien actuellement. A 3,75 € au domaine, comment dire... impossible de faire mieux et je n'ai pas manqué de m'interroger ouvertement auprès de AM Brégeon de ce prix bien bas eu égard à la qualité de ces muscadets d'école.
A peine plus onéreux, le 2009 est plus puissant, mais aussi plus austère, pas encore en place, le potentiel est indéniable. A attendre.
Après quelques coups de téléphones le conviant à quelques fêtes, nous poursuivons avec les "Gorgeois" (initiés depuis 1992 ou 1993) :
Le 2004 est encore très vif, proposant une jolie matière. 65 mois sur lies et autant de fraîcheur et de précision en bouche, quelle gageure ! Et quelle complexité sous-jacente qui perce à l'aération, avec des notes d'agrumes, de tisane à la verveine et des notes en bouche saline et de naphte tout en délicatesse, qui m'ont fait penser à de jolis riesling alsaciens. L'Expression de Granite 2004 de Guy Bossard était loin de posséder cette précision pour le même prix environ (à peine 9 €), il y a un mois ; c'est pourtant un vin qui m'avait plu. Mais là, c'est un autre monde, un autre niveau qualitatif.
Quant au 2002, qui ne porte pas le sceau "Gorgeois", suite à un oubli d'échantillon pour l'agrément, l'expression citronnée est particulièrement présente, marque de fabrique de ce millésime de la Touraine au Muscadet en blanc. A nouveau, la complexité me séduit pleinement et la longueur est hors norme. A peine plus de 9 € à la cave, il pourrait vendre ce vin au moins le double. Je suis triste qu'il ne parvienne pas à vendre ses vins un peu plus chers pour vivre mieux, car avec une telle qualité, il rivalise, il me semble, avec les meilleurs Vouvray voire avec de belles cuvées alsaciennes ou chablisiennes.
Malheureusement, le 2007 ou le Gorgeois 2003 sont épuisés depuis peu.
Pour terminer, voyant que je devais rejoindre ma petite famille qui commençait à s'impatienter, et pour achever de me convaincre du potentiel de ses vins, il ouvrit un magnum de Gorgeois 1995 que j'ai dégusté et bu avec délectation : un vin dans la plénitude de sa maturité, complexe à souhait, d'une magnifique couleur dorée brillante, un grand vin simplement. Sous l'insistance d'AM Brégeon, ma femme - qui allaite pourtant et ne boit quasiment jamais de vin en temps normal - fut invitée à goûter ce Gorgeois 1995 ; après avoir perçu toute la richesse et la complexité au nez, elle n'a pu s'empêcher d'y tremper ses lèvres - je la soupçonne d'avoir été au delà : elle l'a trouvé excellent, avec une rare persistance en bouche, ce qui n'est pas un mince compliment.
Monsieur Brégeon, même si vous n'avez pas accès directement à internet, je vous souhaite à nouveau un excellent anniversaire et bravo pour votre courage et votre ténacité.
Merci à tous les LPViens [size=small]
(en particulier à Laurent alias Enzo d'Aviolo)[/size] et aux passionnés qui m'ont donné envie de découvrir ce domaine et ce vigneron hors du commun.