C’était en tout cas la volonté de notre MC François, surtout pour les rouges qui ont été présentés sous forme de paires valeur sûre – challenger, sans que nous soyons prévenus bien entendu.
Pour les blancs, des valeurs sûres plus nombreuses mais pas classiques pour autant, avec des vignerons qui sortent des sentiers battus : pas mal de vins de France, beaucoup de vins en biodynamie et peu soufrés.
Du coup les millésimes sont le plus souvent récents : il ne faut pas jouer avec le feu avec des vins peu protégés !
Le LPVien connaisseur (quel euphémisme !
) ne sera pas surpris que les blancs aient été choisis principalement en Anjou et les rouges en Saumurois.
Nous avons déploré l’absence de notre « sage », Benjamin, mais avons pu apprécier la compagnie de Quentin, qui s’est intégré très facilement à la joyeuse bande.
Un premier blanc pour se faire la bouche
Domaine Benoît Courault – Vin de France – Le petit chemin – 2020
L’or de la robe est clair et brillant.
Moyennement ouvert mais élégant, le nez s’exprime par des fruits blancs et des notes d’herbes aromatiques pour tisanes.
La bouche est dans la lignée du nez, légère, presque aérienne, mais fine et gourmande. Elle bénéficie d’une certaine vivacité, plus que d’une réelle acidité. Son allonge est correcte sans plus mais salivante.
Bien ++ pour cette cuvée bien réalisée au bon rapport plaisir / prix
Une triplette de vins pour connaisseurs sur un millésime hors-normes
Domaine Bertin-Delatte – Vin de France – Vingt Neuf – 2018
29 est l’année de plantation de la vigne, qui est donc bientôt centenaire !
La robe dorée est assez mate, voire turbide (pas ou peu de filtration ?).
Le nez intense présente d’abord des arômes grillés bien prégnants mais pas dérangeants. On est en Côtes de Beaune ou dans le Jura ? Non, bien dans le thème. Avec l’aération cette fine réduction s’estompe pour faire ressortir un bel assortiment de fruits blancs et jaunes.
La bouche impressionne par sa dualité puissance – tension. Elle attaque bien droit, puis rapidement s’élargit, prend du volume et de l’envergure. Elle va très loin sur sa lancée, jusqu’à une finale de grande précision.
Quelle découverte pour moi ! On a franchi plusieurs marches d’un coup, que dis-je, plusieurs étages !
Très Bien ++ / Excellent
Domaine aux Moines – Savennières Roche aux moines – 2018
La robe arbore un or marqué et bien brillant.
Puissant et opulent, le nez offre une aromatique composée de fruits exotiques, de miel, et même une touche de caramel.
A l’instar du nez, la bouche se révèle extravertie, avec de l’épaisseur surmontée d’un léger gras, mais sans lourdeur grâce à une bonne acidité vivifiante. On retrouve pour l’essentiel la riche aromatique du nez. Le vin s’affine un peu sur la longueur.
Très Bien ++ mais pas pour un pdf !
Domaine Thibaud Boudignon – Anjou blanc – À François(e) … – 2018
La robe est bien plus claire que celle de ses deux acolytes, présentant une couleur paille.
Le nez fin et profond déroule des arômes de fruits blancs, de tilleul et de citron, ces derniers prenant le pas sur les autres à l’aération.
La bouche est bien cadrée par une structure sérieuse sans aller jusqu’à l’austérité (heureusement, on est toujours sur 2018 !). Cette sensation est renforcée par la rétro-olfaction qui présente des arômes pierreux et citronnés, dont on profite longtemps grâce à la belle persistance.
Très Bien +(+)
Autant j’ai trouvé le Tessa Laroche un peu trop « too much » pour le qualifier de grand vin, autant il manque un peu de confort au Thibaud Boudignon pour atteindre l’extase. J’aurais dû essayer un assemblage…
mais le Bertin Delatte l’avait fait !
Quelle triplette…
Une paire de très haut niveau sur un bon millésime, où le challenger se hisse au niveau du favori.
Domaine Les Grandes Vignes – Anjou – La Varenne de Combre – 2017
La robe se présente sous une couleur vieil or, légèrement trouble.
Le nez est doté d’une belle intensité et développe une aromatique plutôt évoluée, en cohérence avec la robe : fruits secs sur un fond de fruits blancs, agrémentés d’une touche fumée intéressante.
Mais c’est la bouche qui impressionne : ses dimensions évoquent une sphère, son toucher est dense et son acidité mobilisatrice lui confère un grand dynamisme ! L’équilibre est magistral et ne se dépare pas tout au long du déroulé magnifiquement persistant, y compris dans sa finale raffinée.
Excellent (+)
Domaine Stéphane Bernaudeau – Vin de France – Les Nourrissons – 2017
L’or de la robe est très dense et très brillant, presque fluo.
Le nez généreux et libéré livre une aromatique exotique, teintée de pomme au four et de notes miellées.
La bouche, est complètement en phase : d’un caractère déluré, prenant appui sur une matière mûre à souhait et reprenant les arômes du nez, elle tapisse parfaitement le palais. C’est surtout dans la finale d’une persistance grandiose que la grande tension ressort, assortie de fins amers.
Excellent
Un grand vin à maturité (d’après l’étiquette) servi seul en apothéose (en théorie)
Domaine du Collier – Saumur blanc – La Charpentrie – 2012
La robe, hésitant entre le vieil or et un léger ambré, inquiète un peu.
Le nez très intense exhale des arômes de fruits jaunes, mirabelle et coing, mais aussi des arômes d’oxydation, fruits secs et whisky. Celles-ci sont ressenties de manière différenciée selon les dégustateurs ; pour moi cela reste agréable mais pas normal.
La bouche allie densité et tension, avec de très beaux extraits secs, mais l’aromatique confirme une évolution trop forte. Le vin s’étire mais finit très sec, donnant une impression de rigueur.
Très Bien +
Il s’agit manifestement d’une bouteille qui a évolué trop vite, surtout si on consulte les CRs sur LPV, et notamment ceux sur la bouteille bue par Rémi il y a un an avec Rachid et Samuel à La Madeleine à Sens. Dommage…Mais pourquoi les vignerons ambitieux ne passent-ils pas tous aux bouchons Diam ?
Un premier rouge pour se faire la bouche
Domaine des Sables Verts – Saumur Champigny – Les Poyeux – 2019
La robe très sombre arbore fièrement ses atours de jeunesse.
Bien ouvert et avenant, le nez affiche des fruits noirs bien mûrs. Si une pointe de poivron, mûr lui aussi, ne s’invitait à la fête, on pourrait partir dans le Languedoc !
La bouche est équilibrée, montrant une belle maturité sans être riche, une bonne fraîcheur et même une certaine tension, de petits tanins qui viennent titiller le palais, et une finale peu persistante mais agréable.
Bien ++ pour ce vin bien élaboré, pour lequel on attendrait mieux en raison du terroir, mais restant d’un bon rapport prix / plaisir et permettant un bon étalonnage.
Première paire sur un beau millésime
Domaine des Roches Neuves – Saumur Champigny – Les Mémoires – 2016
La robe est sombre, jeune, avec de l’éclat.
Intense et classieux, le nez évoque un grand Bordeaux par ses arômes de cassis, empyreumatiques et de graphite, sur la mine de crayon.
La bouche confirme, avec une grande élégance et toute en harmonie, sur un profil longiligne. Elle a un côté « sérieux » mais s’exprime avec grâce jusque dans la finale.
Très Bien +(+)
Domaine Dominique Joseph – Saumur Champigny – Les Poyeux – 2016
La robe sombre et mate dévoile des reflets violacés sur la frange.
D’une belle intensité, le nez est axé sur la gamme fruitée, combinant fruits noirs et fruits rouges, comme la framboise.
La chair en bouche montre une bonne maturité. Elle est tenue par une grande vivacité plus que par les tanins qui sont gommés. Un beau peps lui procure un certain rebond en finale.
Très Bien (+)
Deuxième paire sur un millésime chaud
Domaine Antoine Sanzay – Saumur Champigny – Les Poyeux – 2015
La robe sombre montre déjà quelques reflets tuilés sur le pourtour du disque.
Le nez d’un beau volume attire par sa noblesse, alliant fruits noirs, touche de poivron rouge mûr, notes fumée et graphitée.
La bouche est dense, aux tanins serrés mais fins, bâtie sur une matière irréprochable et rafraîchie par une belle acidité. La grande finale fait preuve d’un grand raffinement, avec un retour légèrement fumé.
Très Bien ++
Château du Hureau – Saumur Chamigny – Lisaghate – 2015
La robe a perdu ses teintes de jeunesse sans gagner celles d’évolution.
Peu ouvert ni expressif, le nez dévoile à peine des notes fruitées et florales.
La bouche est marquée par une acidité structurante, inattendue pour le millésime. Le jus est charnu et pulpeux mais la matière semble montrer une maturité insuffisante, en tout cas pour apporter suffisamment de plaisir. La finale tombe assez vite.
Bien +(+)
Troisième paire sur des millésimes frais et un peu plus évolués
C’est l’absence au dernier moment de Benji qui a désorganisé cette partie de la dégustation, mais sans conséquence négative car les deux vins étaient homogènes.
Clau de Nell – Anjou – Cabernet Franc – 2012
La robe sombre est ourlée de beaux reflets tuilés.
Le nez affiche une belle intensité et des arômes de fruits noirs bien mûrs, teintés de cuir noble.
La bouche a choisi le camp de la finesse et de la fraîcheur. Sa mince silhouette et bien en ligne n’empêche pas un peu de rondeur, d’autant que les tanins soyeux apportent un peu de moelleux. La persistance intéressante ne dépare pas de ce beau tableau.
Très Bien +
Domaine Pierre-Adrien Vadé – Saumur Champigny – Les Châtaigniers – 2014
La robe assez sombre paraît encore plutôt jeune.
L’intensité du nez est renforcée par une pointe volatile, ce qui ne me gêne pas, contrairement à la touche de vernis qui se superpose à une belle base de fruits noirs.
La bouche est bien dessinée, longiligne, tout en étant dotée d’une chair enrobante qui prend le dessus en deuxième partie de bouche.
Très Bien (+)
Un liquoreux pour bien terminer la dégustation
Domaine Pierre Ménard – Coteaux du Layon – Cosmos – 2017
La robe se présente sous un bel or très légèrement ambré.
Bien expressif, le nez est empreint de marqueurs du botrytis, avec également du coing et de l’écorce d’orange.
L’équilibre en bouche est maitrisé : le sucre (on me souffle 170 g / l ?) est bien intégré grâce à la superbe matière et à l’acidité tonique. Un très léger perlant (à peine ressenti par moi, plus par d’autres) l’affine et la finale s’allonge en gagnant en précision.
Il lui manque juste de l’ampleur pour en faire un grand vin.
Très Bien +(+)
Au final, une série magnifique de blancs, avec trois grands vins et sans fausse note malgré une déception, des rouges intéressants et bien sélectionnés, et un liquoreux de très bon niveau pour couronner le tout.
Bravo François et bravo à l’assemblée pour l’ambiance très chaleureuse, avec des débats vifs mais argumentés.
La prochaine, qui aura lieu bientôt, sera une éclectique avec un point commun très courant : « Mont ».
Jean-Loup