Ah, le Jura Tour !
Toujours de très belles dégustations, du Jura bien entendu mais pas uniquement…
Donc, quand je reçois un MP de Christophe (chrisdu74), m’annonçant que leur prochain tour aura lieu vers Sancerre et que je peux me joindre à eux pour dégustation, repas et / ou visites de vignerons, je me mets tout de suite en quête d’une autorisation
parentale conjugale pour me dégager un peu de temps…
Finalement je les rejoindrai au gite pour une soirée que je vais vous conter, avant de poursuivre le lendemain par une très belle visite au domaine Pinard et un excellent déjeuner au restaurant Le Momento, les deux étant situés à Bué.
Dans la joyeuse bande présente ce week-end, je ne connais que Joseph (bonaye) et Patricia, mais je suis accueilli très simplement et tout naturellement par les deux Christophe (chrisdu74 déjà cité et Tophe, arrivé sur LPV en mai 2003, respect…
), les deux Philippe, Eric (Erig) et Hubert.
J’apprends ainsi que le groupe est constitué de passionnés du Jura (on pouvait s’en douter), mais qui habitent dans des régions très différentes. Ils se retrouvent, pas toujours tout à fait les mêmes, pour un long week-end (qui commence le vendredi) dans le Jura en automne, et pour un autre dans une autre région au printemps.
Bonne idée : c’est le Sancerrois qui a été choisi cette année comme lieu de rassemblement ! Et la soirée du vendredi soir est traditionnellement consacrée aux vins de la région, donc de la Loire. L’expression « consacrée aux vins » est un raccourci malheureux car ces fous de Jura sont aussi des fous de bonne chère, et ils se mettent volontiers aux fourneaux…
Je suis incompétent en la matière et après des discussions en guise d’apéritif, je vais me mettre les pieds sous la table…
Nous aurons deux vins pour accompagner ces huitres de compétition venues tout droit du golfe du Morbihan.
Domaine Jean-Paul & Benoît Droin – Chablis 1er cru – Vosgros - 2008
Un cadeau de Benoît Droin auquel certains avaient rendu visite le matin même avant de rejoindre les autres.
Nez intense, chablisien et d’une belle évolution, les champignons prenant le pas sur les fruits blancs.
Le profil de la bouche est bien droit, comme attendu sur cette cuvée et accentué par le millésime.
La très belle tension s’appuie sur une chair irréprochable et se poursuit dans la grande finale aux accents salins.
Très Bien ++ et on démarre donc sur les chapeaux de roues !
Le mariage est superbe (4 + / 5) avec les huitres, accord sur la salinité bien entendu, mais le vin gagne aussi en amplitude sans rien perdre de sa grande minéralité.
Domaine de la Roussière – Muscadet de Sèvre et Maine sur Lie – 2020
Le nez est très intense, presque puissant, mais assez monolithique sur le citron.
La bouche est confortable, à la fois large et d’un fruité bien mûr. Elle manque toutefois de peps pour mieux l’équilibrer, surtout par rapport au Chablis et pour l’accord avec les huitres.
Bien ++
Nous profiterons de pas moins de quatre vins pour s’allier à ce beau plat très réussi.
Domaine Raffaitin-Planchon – Sancerre – Terre d’Argile – 2017
Le nez intense propose des fruits blancs et une sensation crayeuse prégnante.
La bouche révèle une belle élégance, avec un boisé bien intégré, une bonne rondeur et suffisamment de fraîcheur.
Très Bien et donc une découverte intéressante.
Domaine Vincent Gaudry – Sancerre – Pour Vous – 2017
Le nez n’est pas très loquace mais exprime une grande finesse, alliant fleurs blanches et fruits blancs.
La bouche associe une matière charnue d’un fruité riche à une belle acidité pour la soutenir.
C’est indéniablement une bouteille lumineuse, ce qui se confirme dans la finale très goûteuse qui donne même une impression de très légère sucrosité.
Très Bien (+)
Clos Rougeard – Saumur – Brézé – 2013
La robe se présente sous un vieil or.
Le nez très intense exhale d’abord des arômes de verveine, puis du miel, des fruits secs et une touche exotique.
Il y a sans doute une pointe d’oxydation dans ce vin, ce qui a pu gêner certains mais pas moi.
La bouche de caractère se montre sphérique et développe un discours généreux. Elle possède suffisamment d’acidité pour ne pas tomber dans la lourdeur mais ce n’est pas son point fort. C’est dans la finale persistante que l’on retrouve plus de vivacité.
Très Bien ++
Domaine de la Taille aux Loups – Montlouis sur Loire – Rémus – 2016
Le nez encore plus intense, presque puissant, part sur la gamme exotique, assortie d’une touche de truffe (déjà ?).
Le volume est également au rendez-vous dans la bouche, qui est cependant dotée de plus de tension que le Brézé, ce qui lui confère un grand dynamisme.
La finale longue et très savoureuse procure une sensation de légers sucres résiduels (5 ou 6 g / l ?).
Edit : un grand connaisseur du domaine me dit qu'il y en a moins d'un gramme...
Très Bien ++ / Excellent et il ne s’agit que de la cuvée Rémus !
Ballotine de saumon sauvage fumé, mousseline de crevettes, sauce à l’ail des ours
Deux derniers vins blancs secs pour s’accorder à ce plat très fin.
Domaine Labet – Vin de France – En Chalasse – 2015
Le lecteur attentif aura noté qu’il ne s’agit pas d’un vin de Loire !
C’est en effet un vin prévu pour la dégustation « Jura » du lendemain et qui s’est retrouvé là suite à une erreur de manipulation.
On m’a soufflé que c’est la première fois que cela arrive depuis que le Jura Tour existe…
L’or de la robe est bien marqué.
Bien intense, le nez offre des fruits blancs, la pomme principalement, mais s’oriente rapidement vers des arômes exotiques, avec une touche moins pure (vernis ?) et une autre finement grillée.
L’attaque est assez large et donne une impression de richesse sucrée, mais très vite c’est une énorme acidité qui envahit la bouche. Presque mordante, elle permet cependant une allonge magnifique.
Le plat vient heureusement à son secours (4 / 5) : le vin s’assagit et on peut alors apprécier sa dualité finesse – puissance.
A ce niveau d’écart, je suis obligé de distinguer deux notes :
Bien ++ seul et
Très Bien + avec le plat.
Domaine François Cotat – Sancerre – Les Monts Damnés – 2006
Le nez très intense affiche une belle complexité : le côté crayeux est bien présent et s’associe à de jolies notes truffées pour s’asseoir sur une base fruitée et de plantes d’infusion.
La bouche cossue et d’un charnu généreux est redressée par une acidité raisonnable mais pas marquante. La belle aromatique reprend celle du nez avec une sensation crayeuse presque tannique. C’est sa force impactante qui l’emporte très loin.
Très Bien ++ / Excellent
On confirme avec ce vin la remarque d’hyllos (tu es où Matthieu, on ne te lit plus sur LPV…
) sur le fait que les 2006 sont très solaires chez François Cotat.
Trois Sancerre rouges pour faire la fête à un beau poulet fermier, les trois avec des robes moyennement prononcées.
Domaine Delaporte – Sancerre – Cul de Beaujeu – 2014
Le nez brille par son intensité mais encore plus par sa franchise, au fruité charmeur de cerise rehaussé par une pointe de volatile.
La bouche est dans la continuité, sur la même aromatique en rétro et le même caractère frais. C’est bien équilibré dans un registre gouleyant, avec une bonne allonge.
Très Bien
Domaine Delaporte – Sancerre – Le Cul de Beaujeu – 2015
Changement d'étiquette !
Le nez est plus démonstratif et profond, bâti sur la cerise noire, teinté d’une touche fumée et d’une autre de framboise.
La bouche est confortable, présentant corps et rondeur appréciables. La bonne acidité la guide sans dévier vers une finale plus tendue de grande persistance.
Très Bien (+)
Deux vins assez différents, donc, bien représentatifs de leurs millésimes. Certains y ont trouvé la patte du même vigneron : bravo !
Domaine Henri Bourgeois – Sancerre – Les Bonnes Bouches – 2009
La robe est à peine plus évoluée (une teinte timidement tuilée sur la frange) que celle des deux autres compères de la triplette.
Intense et avenant, le nez développe des fruits rouges et des accents de grenadine.
La bouche de demi-corps présente une aromatique plus avancée, avec des notes de cuir, et une finale de longueur honnête.
Bien ++ / Très Bien
Pour une pièce de bœuf goûteuse au barbecue, il faut des vins plus corsés : nous avons donc droit à trois vins de cabernet franc, même si certains ne sont pas fans de ce cépage…
Domaine René-Noël Legrand – Saumur-Champigny – Les Rogelins – 2005
La robe est sombre et fait encore jeune.
Le nez ouvert montre immédiatement un côté très classieux, mêlant fruits noirs et rouges, des notes gourmandes de vanille et d’autres plus racées de cuir noble. Aucune trace végétale…
La bouche est en résonnance avec le nez, dévoilant une grande harmonie, une superbe élégance, dans un registre droit, fin et long.
Très Bien ++
Domaine Charles Joguet – Chinon – Clos de la Dioterie – 1986
La robe est sombre et bien tuilée, presque fauve sur les bords du disque.
Très intense mais aussi très poivron, le nez est bien marqué par une fraîcheur végétale, sur un fond de framboise.
La bouche est à l’avenant, bien acide et laissant une impression de non-maturité. C’est d’une austérité empreinte d’une certaine classe mais on sent que celle-ci a laissé depuis longtemps la première place à celle-là.
Bien + car le vin n’est pas mort et pour le témoignage qu’il apporte encore.
Domaine Charles Joguet – Chinon – Clos du Chêne Vert – 1986
La robe est tout aussi sombre mais beaucoup moins tuilée. Et pourtant le vin a aussi 35 ans !
Le nez intense est teinté de végétal mais celui-ci est moins prégnant. Le fond fruité et raffiné est rehaussé d’une touche fumée.
Le style de la bouche est longiligne et relativement fluide. Sa grande finesse est certes teintée d’une certaine verdeur mais qui passe bien à table. La longueur est tout à fait correcte.
Très Bien
Quelle bonne idée d’avoir présenté cette paire ! Merci joseph.
Fromages (il y avait aussi de l’Epoisses pour les gourmands aux grands appétits)
Domaine du Clos Naudin – Philippe Foreau – Vouvray demi-sec – 2003
La robe est intermédiaire entre paille et or.
Doté d’une bonne intensité, le nez crayeux entremêle fruits blancs et fruits jaunes, avec une belle touche d’embruns marins.
La bouche gourmande est bâtie sur un bel équilibre, calé sur trois pieds solides, sucre, acidité et matière fruitée.
L’allonge appréciable permet d’en profiter plus longtemps.
Très Bien (+)
Domaine du Clos Naudin – Philippe Foreau – Vouvray demi-sec – 1990
Cette fois-ci la robe affiche un bel or très ambré.
Bien intense, le nez se développe avec une complexité certaine, déployant des flagrances de fruits confits, de miel et de coing.
La bouche fait preuve d’un bel accomplissement, où la puissance, déclinée en concentration et profondeur, fait corps avec l’acidité. Les sucres sont parfaitement fondus dans la matière dont l’aromatique évolue vers des notes plus tertiaires qu’au nez.
La grande persistance nous ravit !
Très Bien +(+)
Je n’ai pas été convaincu par les accords avec les fromages mais c’était superbe bu seul en avant-dessert !
Un seul vin pour accompagner une tarte aux pommes classique, mais quel vin !
Domaine Ogereau – Coteaux du Layon Saint Lambert – Clos des Bonnes Blanches – 2005
La robe est parée d’une couleur très ambrée, presque caramel.
Le nez très intense embaume le coing, le miel et les épices.
La bouche est complètement épanouie, les sucres encore bien sensibles mais parfaitement intégrés à la matière dense et de grande maturité. L’aromatique participe à une sensation de sensualité et l’acidité apporte beaucoup de tonicité et de dynamisme.
La finale plus alanguie n’en finit pas de durer.
Excellent si on est un bec à sucres
Comme si cela ne suffisait pas, le vin signe un grand accord (4 / 5) avec la tarte aux pommes, ton sur ton en aromatique et avec un effet multiplicateur sur le plaisir.
Nous avons donc terminé en beauté cette dégustation !
Après un démarrage au rythme très rapide, nous avons pris le temps d’échanger et de partager, car le vin, au Jura Tour comme dans tous les clubs de passionnés, c’est le partage !
Merci les amis pour votre accueil et pour ce partage.
Jean-Loup