Maison ACKERMAN
19, rue Léopold Palustre
Saint-Hilaire Saint-Florent – 49400 Saumur
Tél : (+33) 2 41 53 03 21
Télécopie : (+33) 2 41 53 03 32
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Presqu'étonné de ne pas trouver de rubrique consacrée à cette grande maison de Saumur, spécialisée dans la production de vins mousseux "fines bulles de Loire"; créée en 1811 par Jean-Baptiste Ackerman, d'origine belge, qui a développé un négoce de vins avec Jean Pierre Apollinaire Laurance-Olivier (J.B. s'est marié avec la fille de son associé par la suite), puis les premières méthodes traditionnelles de la région à partir de 1834 (premières bouteilles vendues), avant la consécration obtenue avec son fils Louis-Ferdinand, qui place la production sur les tables royales et promeut la marque grâce à des publicités très innovantes pour l'époque.
Bref, désormais sous la férule de la coopérative Terrena, on trouve dans le magasin à Saint-Florent-Saint-Hilaire et sur sa boutique en ligne, l'ensemble de la production de cette grande maison de Loire (22 millions de bouteilles produites par an, 104 ha en propres, le reste en approvisionnement externe), ainsi que les domaines de la sphère Terrena (Varière, Perruche, Monmousseau, etc.).
Mais évidemment, quand il fait plus de 35° à l'ombre et qu'on se demande que faire quand la piscine du camping est pleine à craquer, une visite de cave constitue une solution de repli qui est loin d'être bête. Surtout avec deux ados qui voient leur papa passionné par la chose bacchique depuis tant d'années. Et qui s'intéressent aussi mine de rien à l'élaboration du vin, tout en aimant de plus en plus goûter aux fruits fermentés défendus...
Durant cette semaine de quasi canicule en Val de Loire, j'avais prévu de contacter des vignerons, mais à la dernière minute, je savais que ce serait très compliqué et ce malgré la gentillesse de la réponse de la plupart des domaines sollicités).
Visiter une grande maison comme Ackerman, ou Langlois (le lendemain) - dans la même rue, il y a aussi Veuve Amiot et Bouvet-Ladubay -, ce n'est pas une idée qui me viendrait au premier abord, mais, faisons fi d'une réputation de vins industriels, très loin de ce que je bois habituellement. On ne sait jamais.
L'accueil est très sympathique, dans le hall climatisé qui fait un bien fou. Il y a du monde d'ailleurs. Et certains couples avec des enfants en bas âge, il est prévu une petite table pour occuper les plus jeunes, pendant que les parents dégustent.
D'ailleurs, Ackerman produit un jus de raisin issu de pineau d'aunis très bon, qui nous a beaucoup plu. Et des vins pétillants sans alcool, dont un rosé plutôt bon, qui a plu à mon second fils.
Je prends l'option de la visite guidée (env. 1 h dans les caves), çà me rappelle évidemment Bougival, je suis bien dans les caves troglodytiques creusées dans le tuffeau.
L'explication de l'élaboration des cuvées est intéressante, mais reste superficielle. La visite le lendemain chez Langlois complète utilement certains points, même si faut pas creuser beaucoup, les réponses deviennent très limitées, quand il n'y a pas carrément des erreurs grossières... que je n'ai pu m'empêcher de corriger, avec l'autorisation de notre guide.
Elle était vraiment sympathique, commerciale dans le bon sens du terme et à l'écoute des questions, notamment de celles de mes fils.
Même type d'accueil chez Langlois, à souligner. Evidemment, même si la guide chez Langlois a fait un passage chez Catherine et Pierre Breton, je sens vite la limite de leurs propos, dans une vision industrielle de masse, impressionnante d'efficacité et de technicité dans les lieux où sont installés les gyros-palettes et autres machines, cuves, etc. immenses, standardisés, autour d'un discours bien pensé mais superficiel.
Mais je préfère me taire le plus souvent, je ne suis pas là pour montrer une science que je n'ai aucunement par rapport aux personnes qui bossent à la vigne et aux chais, je ne suis qu'un amateur lambda.
Et je prends plaisir à partager ces moments avec mes fils, qui comprennent un peu l'art du vin.
D'ailleurs, la visite est en grande partie consacrée aux œuvres plus ou moins éphémères exposées dans les caves de cette maison. Œuvres monumentales (magnifique fresque permanente de Julien Salaud), aussi bien à l'entrée de la bâtisse, que dans certaines salles.
A noter leur salle "cathédrale", à plus de 38m de haut, je crois. Et 7km de galeries... sur les env. 1500 km de galeries creusées autour du Saumurois et qui étaient toutes reliées avant que certaines maisons ne décident de cloisonner certaines parties.
Un point très positif de la visite : trois stands ludiques consacrés à la découverte des senteurs des 3 principaux cépages de la Loire : chenin, cabernet franc et pineau d'aunis. Très sympa à faire, la plupart sont bien faits (je pense évidemment au Nez du Vin que je pratique toute l'année). Par contre, le choix des senteurs m'a laissé dubitatif. Pour le chenin, si la pomme et le miel sont évidents, mettre de la mangue de l'abricot me semble moins pertinent que le coing et la poire, sans parler de l'aubépine/tilleul/Chèvrefeuille par exemple. Sur le pineau d'aunis, pas de poivre, pourtant l'un de ses grands marqueurs, mais certains fruits exotiques alors que la rose est une bonne idée.
Pourtant les choix ont probablement été validés par les deux œnologues maison ? Faudra que je révise à nouveau ces cépages alors
La visite s'achève au bout d'une heure de cave, par une dégustation de 4 vins mousseux et pour mes fils, par 3 pétillants sans alcool, ces derniers plutôt bons, même les deux bulles désalcoolisées (par chauffe à 30°).
Pour les vins dégustés, je les ai trouvés bien faits, mais sans intérêt, en prenant garde à tout a priori, que j'ai nécessairement. Alors, pas d'hypocrisie, on sait pourquoi il n'y a pas de rubrique consacrée à cette maison jusqu'au présent post. Mais je dois être honnête et si c'est bon, alors il faut le dire.
Alors, ce n'est pas mauvais en soi, mais vraiment, l'acidité était forte (majorité de chenin, avec chardonnay et pinot noir pour la plupart, avec parfois du pineau d'aunis), la longueur toujours courte et si les bulles sont plutôt fines, je ne ressens pas grand chose à la dégustation (heureusement, il y a un crachoir que je suis le seul à utiliser). Quand on nous demande ce que l'on en pense, je fais le choix éminemment courageux de me taire. A quoi bon ? Je pense aux méthodes traditionnelles de Montlouis et Vouvray et d'ailleurs en Loire, en Touraine, etc. Surtout au regard des prix, plutôt raisonnables à première vue, mais il y a tellement mieux à ce niveau de prix.
Même constatation chez Langlois et même attitude, polie mais réservée quand des clients me demandent ce que je vais prendre : rien (quoique Quadrille 2016 chez Langlois, ça aurait pu se discuter, au final je l'ai trouvé trop court en bouche et avec cette température extérieure, acheter sur place n'est pas la bonne solution).
Et cela, d'autant plus aisément que les visites sont payantes (entre 5 et 10 €/ pers.) et que je me sens pleinement légitime de profiter de ces lieux tempérés et très intéressants, sans avoir à acquérir des flacons que je n'aurai pas l'envie d'ouvrir, même à des néophytes.
Seule exception, pour faire plaisir à mes fils, leur jus pétillant est bien fait, par trop sucré en comparaison d'autres.
Au final, une belle visite en famille, pour initier mes fils à l'art de l'élaboration de vins pétillants.
Merci aux deux personnes de cette maison puis de Langlois pour leur accueil.
Prochaine étape : visiter avec eux des vignerons de talent, pour leur montrer les différences d'approche et de vision d'un produit qui s'appelle le vin et qui est bien autre chose qu'un truc qui se vend, se boit et se p... J'ai hâte !