J'avais fait mon deuil de l'idée de rendre visite à des vignerons lors de cet été corse. Mais l'opportunité d'un passage à Patrimonio s'est finalement présentée. Je l'ai saisie à pleines mains pour faire un petit tour au domaine Giudicelli. Pas au caveau situé dans le village même, mais directement au chai, au cœur des vignes, où je crois que j'ai bénéficié d' un traitement de faveur...
Patrimonio blanc 2018. Pas encore à la vente
De la délicatesse, nez floral, pointe minérale, bouche vive, dynamique, agrumes fins sur un tapis végétal, souplesse et finesse, finale de bonne longueur. Prometteur.
Patrimonio blanc 2017. Plus rien à vendre
Ressemble beaucoup au précédent, avec une matière à mon avis un peu plus généreuse. Toutefois encore loin d'exprimer son potentiel.
Patrimonio blanc 2014. Évidemment plus en vente depuis longtemps.
Au nez ça pétrole à mort. Il n'y a pas que ça, mais c'est impressionnant. Des fruits aussi (plutôt jaunes), petite impression de miel, du volume. Encore de la vivacité. De la longueur. Difficilement crachable. Un régal et des années devant lui. Mais je n'en ai plus.
Patrimonio blanc 2011
Heu... On n'est plus en Corse là hein? Si? Didiou !
La robe est franchement dorée, le nez sur la cire, le miel, les hydrocarbures. Toujours porté par la vivacité, des saveurs dans tous les coins, vraiment complexe, dynamique, c'est absolument magnifique. Implaçable en Corse à l'aveugle.
Dire que j'ai bu mon stock depuis longtemps.
Ça vieillit remarquablement ce bestiau.
Que les amateurs de vins pétrolés ne se précipitent pas pour ouvrir les blancs magnifiques du domaine s'ils ont la chance d'en posséder. Le bonheur est au bout de la patience.
Muriel Giudicelli va sans doute procéder par allocations pour son vermentinu. Elle en fait peu, même si elle en a replanté et elle est toujours en rupture de stock (allez savoir pourquoi)
Blanc de noirs 2018.
Grenache/vermentinu. Bu il y a quelques jours (voir CR un peu plus haut) Cette fois je ne ressens pas le trou d'air aromatique à partir du milieu de bouche. Damien, si tu me lis, il y a de l'espoir pour tes bouteilles
Un été rouge 2018. Vin de France.
La cuvée glouglou. Redoutable d'efficacité. (Voir CR un peu plus haut)
Patrimonio rouge 2015.
Costaud mais pas que. Jamais fatiguant, de la fraîcheur, fruité net sur les fruits rouges, encore quelques tannins mûrs, épicé. Des années devant lui. Très bien.
Patrimonio rouge 2016.
Beaucoup de similitudes avec le précédent. Davantage de souplesse, de digestibilité. Encore des fruits rouges, de la fraîcheur mentholée. Tannins mûrs. Devrait être prêt plus rapidement que le 2015, mais pour autant il n'y a aucune raison de se précipiter.
Patrimonio rouge 2017.
Toujours en élevage. Encore un jus frais et digeste. Fruité rouge à nouveau. Vif, de la délicatesse sur une belle matière.
Patrimonio rouge 2018.
En cours d'élevage bien sûr. Matière plus fine que le 17. Au risque de me répéter, on retrouve les caractéristiques des 3 autres millésimes, fruit, digestibilité, recherche de la finesse et de la fraîcheur.
Ce qui varie le plus, c'est la matière, plus ou moins opulente, généreuse, selon les années.
Au cours de nos échanges, Muriel Giudicelli me dit qu'elle a planté du sciacarellu. Moins d'un hectare. Elle est très impatiente de s'amuser avec ce cépage.
Il faudra absolument goûter ça.
On finit avec les 3 douceurs.
Muscat n 1.
Correspond à la cuvée classique. Délicieux. Les arômes sont nets, fruits confits, agrumes, fleurs, miel. Longueur kilométrique. Jamais lourd parce que porté par une belle vivacité. Pur moment de bonheur.
Muscat n 2.
Vieilli en bonbonnes de verre, laissées à l'extérieur.
Très différent du 1 bien sûr. Certes il y a du sucre, mais de la vivacité aussi. Un furieux air de ratafia.
Muscat n 3.
Élaboré quand les conditions le permettent. Vendangé fin octobre. 6 hecto/hectare. Tourbillon de saveurs acidulées, confites, miélées. Le tout encore porté par une belle acidité. C'est vif, jamais lourd. Longueur interminable. Je n'ai pas pu cracher.
Courte anecdote finale. Alors que je lui demandais si je pouvais acheter quelques petites choses, Muriel Giudicelli m'a répondu "Non, il faudra passer au prochain salon des vignerons indépendants de la porte de Versailles."
Comment allécher le client tout en le frustrant...
Merci à elle et son époux pour leur extraordinaire accueil.