Au fur et à mesure que la journée de samedi avançait, l'impatience et l'excitation de pouvoir se rencontrer, s'apprécier et discuter de visu, plutôt que virtuellement, augmentaient.
Pour les Bruxellois, première rencontre sur le parking d'une grande surface, peu avant 19 h et dans le taxi, la conversation devient générale : nous parlons vins.
Un petit moment de perplexité, le temps de trouver la maison de notre hôte. (20 h) Accueil chaleureux, chacun découvre l'autre, et dans l'instant, la glace est rompue, c'est comme si nous retrouvions de vieux copains (sans Olivier, qui a eu un empêchement de dernière minute), et la conversation, arrêtée hier ou seulement durant l'après-midi du 2/11 sur le net, reprend de plus belle, avec le plaisir de l'échange en direct.
Cécile, la maman de Julien, nous a concocté un superbe dîner dont nous nous léchons encore les babines : c'est une cuisinière hors-pair. Julien est logé à bonne enseigne.
J'ai pris quelques notes sur les vins goûtés durant le repas, ce que je vous livre ici est le résultat d'un panachage entre les miennes et celles récoltées au vol autour de la table....
Si je raconte des "carabistouilles", que les copains et copines me corrigent.
CHAMPAGNE BLANC DE NOIRS GC d'E. BARNAUT (Bouzy)
belle robe d'or clair, mousse assez fugace, mais belle concentration des bulles, nez et bouche floraux, structure et charme, rondeur, une toute petite pointe d'amertume en finale.
CLOS FLORIDENE, PESSAC, blanc, sur trois millésimes 1997-96-95
1997 : Robe d'or pâle soutenu; nez flatteur sur les agrumes (citron, pamplemousse), les fleurs, le boisé vanillé. Le boisé est tout le temps présent et même quelque peu dérageant (comme beaucoup de pessacs blancs du même millésime). Le vin est charmeur.
Personnellement, par après, je décèle d'autres notes que je qualifierais de mentholées.
1996 : robe dorée plus soutenue que le 97; le vin se révèle peu disert, notes discrètes d'agrumes. En s'aérant, les arômes deviennent plus présents auxquels se mêlent des notes miellées. La bouche est à l'unisson.
Ce vin révèle une belle structure, et un grand potentiel. Il n'a pas encore tout dit.
1995 : Robe d'or très pâle. Ce vin se révèle très vert, avec des notes de "pipi de chat", de vagues notes d'agrumes. En bouche, peu de fruits, très discret. Ce vin est en retrait : phase intermédiaire ou déjà en déclin ?
Les 3 vins ont un style particulier, que l'on retrouve millésime après millésime, une assise commune.
Pour les 3, nous notons cependant une finale courte et peu de persistance aromatique. Laurent se souvient des superbes 89 & 90 qui l'avaient séduit par leur caractère plus "gras", plus complets et longs.
DE FIEUZAL, PESSAC, Blanc, 1995
robe d'or claire. Nez déroutant : notes d'oxydation qui prendront de plus en plus de place au fur et à mesure que le vin s'aère. Noix et brou de noix; sans étiquette, on aurait pu le prendre pour un Jura. Le goût de rancio et de noix se retrouvent en bouche. Ce ne sont cependant pas ces arômes-là que nous sommes "en droit d'attendre" d'un Pessac. Sous l'anomalie, le vin se révèle cependant distingué et long. Repris un peu plus tard, il développe des notes douteuses tirant vers les pommes sûries ou les poires blètes.
Dommage.
SAINT-AUBIN en blanc 1er Cru "En Rémilly" 1999 de Marc Colin
Robe d'or pâle, légers reflets tirant sur le vert.
Notes d'agrumes (citron, pamplemousse) mais vin plus rond, plus gras que les pessac, belle minéralité, épicé, jeune, beau potentiel. A l'aération, apparition de notes épicées plus exotiques, notamment le gingembre.
PERNAND-VERGELESSES blanc "Sous le Bois de Noà«l/Les Belles Filles" 1998 du Manoir Murisaltien
Robe relativement pâle, plus soutenue cependant que le précèdent vin. Au nez, notes de pain grillé, qui s'estompent à l'agitation pour laisser la place à la rhubarbe, et à des notes de beurre. En bouche, les notes de beurre sont très présentes + notes de noisette. Vin légèrement dissocié. parfait avec un beurre d'escargots (que nous n'avions pas au menu).
Les notes beurrées semblent "typiques" pour le Pernand-Vergelesses. Je les retrouve également dans les vins de Laleure-Piot, ce que confirme Koen.
CHASSAGNE-MONTRACHET blanc 1er Cru Morgeot 1997 de Christian Bergeret
Robe pâle, prenier nez très fumé, atypique. Peu après, nous avons vraiment affaire à un pétard mouillé (trop soufré). Le vin est imbuvable : acidité folle, brûlant en bouche, vin brûlé, désagréable. Il a fini à l'évier : dommage.
ROC DE CAMBES, Côtes de Bourg, 1990
Robe rubis sombre légèrement évoluée (traces brunâtres) sur les bords. Nez explosif, puissant, ample, de fruits rouges et noirs, champignons, joli boisé. A l'agitation, l'alcool est très présent, dénotant la puissance du vin. En bouche, sont perceptibles également des notes de torréfaction (café, chocolat), tirant vers le pruneau confit dans l'alcool. Le vin est soyeux, belle finale.
ANGELUS, 1er grand cru classé B, Saint-Emilion 1993
Robe rubis pourpre à reflets violets sans évolution.
Nez plus discret, moins alcooleux que le précédent.
Extraction poussée, une certaine dureté en bouche, notes de sous-bois, humus, champignons, mais cependant en équilibre.
Le vin se révèle encore jeune et bien assis sur ses tannins puissants.
A attendre.
ANGELUS 1986
La robe est très "mûre" pour un 86. Nez sur le pruneau, les épices (spéculoos ?); en bouche le vin se révèle un peu cuit, brûlé, les arômes de pruneau sont omniprésents. L'attaque et le milieu de bouches sont bons, la finale nous semble un peu en retrait. Le vin est cependant très classique. A boire.
LAGRANGE, 3ème CC, Saint-Julien 1990
Robe rubis très sombre, presque opaque. Premier nez très puissant, très mûr, puis il passe très vite.
Nous nous rendons compte qu'il fait trop chaud dans la pièce et que les vins ont chauffé : le nez n'exprime plus grand'chose, reste la puissance;la bouche est sur les fruits noirs bien mûrs. Le vin est totalement fondu, la chaleur fait ressortir l'alcool et confère au vin une certaine mollesse.
LEOVILLE BARTON, 2ème CC, saint-Julien 1990
robe rubis sombre, dense. le nez est superbe et distingué, boîte à épices, cuir, beaux fruité et boisé; en bouche, le côté alcooleux ressort également (chaleur), les fruits noirs et des notes de pruneau. Vin très puissant, d'une grande complexité, superbe avec un très beau potentiel (plus de 10 ans).
Les trois vins qui suivent ont été carafés :
COPA SANTA, Coteaux du Languedoc 1999, Domaine Clavel
Robe très sombre à reflets violets soutenus.
Au nez et en bouche, le grenache ressort (chocolat, mokka). Le vin est plus frais que le 98 issu d'une année plus chaude, et donc un peu cuit.
Certains dénotent un certain manque de finesse.
A boire sur son fruit.
PRIEURE SAINT-JEAN DE BEBIAN, Coteaux du Languedoc, 1995
Robe violette non évoluée, nez très frais : pêche de vigne, épices (dont curry), chocolat, légers arômes de garrigue (thym, myhrre). Tous ses arômes se retrouvent dans la bouche ample et riche, tannins encore présents. Ce vin n'a pas tout dit, il a encore du potentiel.
DAUMAS-GASSAC, 1986
Robe et nez étonnement jeunes : Boîte à cigares, peu languedocien, très cabernet sauvignon, lorgnant vers Bordeaux. Grande finesse; cerise noire confiturée, légère amertume, tannins légers en fin de bouche.
TAMAIOASA de Cotnari 1989
vin pirate, roumain, cépage furmint.
Nous nous accordons assez rapidement pour dire que ce vin n'est pas français, quant à découvrir son origine ? Mystère et boule de gomme.
Robe dorée à légers reflets plus soutenus, nez de pommes et de coings confits. Vin liquoreux aromatique d'une très grande fraîcheur, sucrosité faible, du moins selon la perception en bouche. Si j'ai bonne mémoire, le taux d'alcool est de 12,50 en volume.
Une découverte.
SIGALAS-RABAUD, 1er CC, Sauternes 1998.
robe dorée brillante, nez mêlé d'agrumes, d'amandes, de notes exotiques (ananas), de miel et notes sucrées. Certains trouvent nez et bouche saturés en sucres. Belle richesse en tout cas. Attendre que le vin se fonde. Il a de longues années devant lui.
BONNEZEAUX, CHATEAU DE FESLES 1996.
Roge dorée peu soutenue, nez de miel, de fleurs blanches (aubépine), épices et notes exotiques. Bouche à l'identique, légère amertume, le vin est aérien et léger, très équilibré, réussi. Du potentiel.
Julien nous a proposé un dernier lieu un rosé doux roumain, remonté in extremis de sa cave, servi de ce fait pas assez frais. C'est un vin que je n'apprécie pas. Je n'ai pris aucune note.
Il n'est de meilleure compagnie qui ne se quitte. C'est ce que nous faisons vers 1 h 30 du matin, heureux et repus, bien décidés à remettre prochainement le couvert.
Michel.