Lors de la présentation des vins de son domaine, Thierry Sabon nous a annoncé, sur un ton jovial : "Mes vins sont comme moi, rustiques mais dans le bon sens du terme". Je les qualifierai surtout, lui et ses vins, d'authentiques, respectueux du terroir et qui gagnent à être connus …
C'est donc dans une ambiance décontractée et chaleureuse que nous avons pu découvrir ce très beau domaine de Châteuneuf-du-Pape, avec une sacrée remontée dans le temps !
Châteauneuf-du-Pape blanc Clos du Mont-Olivet 2010
La robe est de couleur paille, assez soutenue, avec des reflets verdâtres.
Le nez se révèle frais et intense, sur des arômes floraux (violette) et légèrement mentholés (réglisse).
La bouche est fruitée (fruits blancs, poire et abricot), sur la finesse, avec une certaine droiture due à son acidité (30 % de clairette et 30 % de bourboulenc) sans aller jusqu'à la minéralité. L'attaque montre un peu de gras (25 % de roussanne et 13 % de grenache blanc) et la finale des amers agréables.
Un beau Châteuneuf-du-Pape typé qui devrait très bien évoluer : 15,5 / 20.
Côtes du Rhône Montueil – La Levade 2009
80 % de grenache, 15 % de carignan et 5 % de syrah, élevage long mais sans extraction poussée, en cuve.
Il n'y a déjà plus de marque de jeunesse dans la robe assez sombre de ce vin.
Le nez, bien ouvert, montre un fruité franc (framboise, cerise noire) et des notes de suie, d'épices et de menthol.
La bouche est clairement sur le registre de la finesse, sans être au niveau du nez : elle ne privilégie pas le fruit et dévoile des arômes sauvages de garrigue, des tanins un peu amers mais pas grossiers.
A attendre environ deux ans pour son apogée : 14,5 / 20.
Châteauneuf-du-Pape rouge Clos du Mont-Olivet 2009
80 % de grenache, 10 % de syrah, 6 % de mourvèdre, 4 % de Cinsault, élevage long mais sans extraction poussée, en foudres et en partie en barriques de plusieurs vins.
La robe est un peu plus sombre, et avec encore des reflets violacés.
Le nez est assez intense, d'un fruité de classe et envoutant, fruité (fraise des bois, framboise), avec des notes florales (violette) et de bois précieux.
L'attaque est charnue, le milieu de bouche est ample sans être trop chaleureux, la finesse domine, les tanins sont presque veloutés.
Très beau Châteauneuf-du-Pape qui ravira les amateurs de vins fruités, mais encore plus les amateurs de "vrais" C9P dans dix ans et plus : 16,5 / 20 à 17,5 / 20.
Châteauneuf-du-Pape rouge Clos du Mont-Olivet "Cuvée du Papet" 2009
75 % de grenache, 15 % de mourvèdre, 10 % de syrah. Elevage de même type que pour la cuvée "classique".
La robe est sombre, avec quelques marques de jeunesse.
Le nez s'ouvre surtout à l'aération et et montre une très belle élégance et une superbe complexité : fruits rouges et surtout noirs, vanille (ne venant pas de l'élevage qui ne comprend que très peu de bois), bois précieux, réglisse.
La bouche est opulente, d'un beau volume, au toucher soyeux, au fruité pur, avec toujours une très belle fraîcheur, des tanins présents (mourvèdre) mais qui n'empêchent pas une finale très longue et plaisante.
Certainement un grand vin dans une ou plusieurs dizaine d'années : 16,5 / 20 (maintenant) à 18 / 20 (apogée).
Châteauneuf-du-Pape rouge Clos du Mont-Olivet 2004
La robe est moins sombre, avec déjà une évolution nette sur le bord du disque.
Le nez est intense et beau : fruit confituré, épices très présentes (poivre en fin d'inspiration), garrigue.
L'élégance de la bouche est superbe ; elle est ronde plus que charpentée, avec un fruité net pas encore secondaire, de l'acidité, des tanins fondus, une belle finale réglissée et salivante.
Dans ce millésime pas très flatteur que je découvrais en C9P, la réussite est remarquable. Certes ce vin a atteint son apogée mais il devrait y rester quelques années : 16,5 / 20.
Châteauneuf-du-Pape rouge Clos du Mont-Olivet 1994
La robe est proche de celle du 2004, avec un acajou encore plus marqué.
C'est vraiment dans ces vins vieux que l'on atteint une telle complexité : bois précieux, tabac, fruité secondaire, épices, sous-bois, vieille rose …
La charpente de la bouche est étonnante mais c'est la douceur qui l'emporte : pas celle qui viendrait du sucre mais celle procurée par le toucher de satin et les beaux arômes de fruits secs. La longue finale, plus saline, enchante également.
L'archétype (mais on n'a pas encore bu le 1983 …) d'un grand C9P évolué : 17,5 / 20.
Châteauneuf-du-Pape rouge Clos du Mont-Olivet 1983
La robe s'éclaircit encore un peu et se patine d'un superbe acajou.
Le nez est très intense et entièrement dévolu aux magnifiques arômes tertiaires : sous-bois, animal, tabac, vieille rose …
L'ampleur en bouche est superbe, le vin devient sphérique, tout est fondu, l'équilibre magique !
Un très grand vin qui procure un plaisir d'esthète : 18 / 20.
Jean-Loup