Bonjour,
En ce Samedi matin pluvieux en Vallée du Rhône, nous nous rendons au bord de la nationale 7 à Tain l’ Hermitage où le talentueux Marc Sorrel nous attend dans son caveau, pour une dégustation hors du commun.
Au programme, deux verticales d’Hermitage. Les Roucoules en blanc puis le Gréal en rouge.
La veille, c’est le célèbre œnologue Pierre Casamayor (RVF) qui a pu découvrir l’ensemble de ces vins.
Vin rare et prestigieux, l’Hermitage, que l’on servait à la cour du Tsar, se négociait jadis au pris du Lafite et de la Romanée. Marc Sorrel, vigneron discret, cultive avec sagesse ses vieilles vignes dans ‘les mas’ les plus nobles du coteau. Le Méal est le cœur du cru et produit, sur un sol de gros galets, le vin le plus velouté et le plus parfumé de l’appellation. A deux pas du Méal, les Roucoules donnent un blanc confidentiel, puissant et racé, d’une incomparable finesse.
Hermitage Blanc Les Roucoules
Cépage Marsanne et Roussane (moins de 10%), vignes âgées d’une cinquantaine d’années. Fermentation en fûts pendant huit à dix semaines, élevage partiel sur lies fines, pas de filtration.
2008
Robe dorée assez intense.
Le nez est sur la poire, le tilleul et la vanille.
En bouche c’est mielleux, très équilibré et racé.
En finale, une certaine amertume ressort qui donne un côté frais au vin.
Un vin qui a encore de très belles années devant lui.
2006
Le vin titre 15,5% !
Robe jaune foncé.
Un nez sur l’abricot, la liqueur.
En bouche le côté liquoreux ressort, un parfait équilibre. Nous sommes sous le charme.
Une finale qui n’en finit plus, une persistance hors du commun.
Il est encore très jeune et doit encore vieillir pour atteindre son optimum.
Marc Sorrel nous glissera même ‘C’est l’un des vins les plus riche que j’ai fait, il peut vieillir 30 ans’.
2005
Un nez fermé, sur le pruneau.
Marc Sorrel nous confiera que c’est un vin encore fermé.
La bouche me rappelle un vin du Jura, sur la noix. Le pruneau ressort aussi en bouche.
A attendre !
2004
Robe jaune pâle.
Le nez est très ouvert, sur la noisette sèche, avec un peu de caramel.
La bouche est, quand à elle, un peu plus fermée, nous retrouvons la noisette mais pas le caramel.
Finale sapide et fraîche.
2003
L’année de la Canicule en Vallée du Rhône, Mr Sorrel nous dira qu’il ne restait plus aucunes feuilles sur les ceps au moment des vendanges. Il nous confiera aussi que pour lui, son Hermitage est très atypique
Au nez, on retrouve le pruneau, mais aussi le vin cuit. Un nez de Xérès. Il ressemble à un vin blanc espagnol en sur maturité.
En bouche, le pruneau sec ressort, avec un coté un peu vanillé. Très peu d’acidité.
En manque d’acidité, il devra être bu dans les trois ans à venir.
2001
Un nez très complexe, agrumes (pomelo, orange). C’est très frais et plaisant.
La noisette ressort en bouche, avec toujours ce coté mielleux.
C’est très équilibré, un vin de grande race sans note oxydative, à son apogée pour les cinq années à venir.
Un très bel Hermitage
2000
Au nez, pain d’épice, miel, avec un petit coté vanillé.
En bouche c’est mentholé, frais avec un parfait équilibre.
Un vin qui en a encore sous la semelle. Son acidité le fera vieillir encore une dizaine d’années sans problème.
1999
Nous retrouvons le nez du 2000, sur le pain d’épice et le miel.
En bouche le pain d’épice ressort, l’équilibre est parfait.
Une finale onctueuse et interminable.
Nous sommes scotchés par ce vin, c’est du très grand art. Ce vin nous rappelle tout le génie de ce vigneron hors du commun.
La verticale des blancs se termine sur ce fabuleux 1999, qui reste avec le 2006, nos deux coups de cœur.
Marc Sorrel nous avouera que ses Crozes Hermitage blanc ont la même durée de vie que ses Hermitage, et pour nous en persuadé, il fera les fonds de tiroirs et sortira deux Crozes Blanc, un 2005 et un 1999.
Crozes Hermitage Blanc 2005
Un nez d’agrume, de compote de pommes.
En bouche, l’acidité est plus présente que l’hermitage du même millésime. Ce qui confirme les dires de Marc sur le potentiel des ses Crozes.
Un bel avenir pour ce 2005.
Crozes Hermitage Blanc 1999
‘Un des plus beaux Crozes que j’ai fait !’ d’après Marc Sorrel.
Au nez, du miel et des agrumes.
La bouche nous épate par sa fraicheur, et son parfait équilibre. Une acidité encore bien présente, avec encore un bel avenir.
La typicité de ces Crozes blanc vient du terroir sur lequel pousse les vignes de Marc. Le sol est composé de Feldspaths kaoliniques.
La dégustation de ces deux Crozes nous montre bien que les vins de Marc Sorrel ont un très grand potentiel de garde.
Les Crozes Hermitage ne dépassent pas 12€, alors pourquoi se priver ?
Place maintenant à la dégustation des Hermitages Rouges, nos yeux continuent de briller en contemplant la série qui nous tend les bras.
Hermitage Rouge le Gréal
Cépage Syrah, vignes âgées de 60 ans. Raisins non égrappés, élevage en fûts de 18 à 24 mois, pas de collage ni de filtration.
2008
Une seule cuvée en 2008, le Gréal a été associé à sa cuvée traditionnelle.
Une robe tuilée, à l’aveugle on rajoute facilement une dizaine d’année.
Au nez, c’est épicé, très fruité (Fruits rouges).
La bouche n’est pas trop chargée en alcool. C’est très souple et rond avec une finale sur le tabac.
Un vin très plaisant, qui peut être bu dès maintenant mais qui se bonifiera dans les années à venir. Un des meilleurs rapports qualité prix dans cette appellation (30 € au domaine).
2007
Une robe légèrement tuilée.
Le premier nez est très aguicheur, avec une dominante de fruits rouges. C’est très ouvert.
En bouche, c’est assez évolué, sur les fruits noirs. C’est un vin déjà très gourmand, même s’il reste tout de même encore un peu vert.
2004
Robe tuilée.
D’après Marc Sorrel, il est dans une phase de mi fermeture, mi ouverture.
Un nez vanillé, sur les fruits noirs.
En bouche c’est vif avec une finale assez longue.
Un vin pas encore prêt, à attendre !
2003
‘En 2003, toutes mes vignes étaient grillées…’
Au nez, c’est bizarre, c’est une odeur de choux qui prédomine.
En bouche c’est différent et beaucoup plus plaisant, avec beaucoup de matière. Les tannins sont encore bien présents, un peu rêches.
Une finale très longue.
Ce sera notre coup de cœur, même si le nez nous laissait un peu dubitatif.
Un vin qui se bonifiera encore dans les dix voire quinze ans à venir.
2000
Le nez est très différent du 2003, beaucoup de fruits mûrs.
Une belle matière en bouche, c’est léger, aérien, avec des tannins mûrs et souples.
Un vin riche a son apogée.
1999
Une robe d’une belle couleur, moins tuilée que les précédentes.
Un très beau nez, complexe et sur les fruits rouges.
Les tannins sont encore bien présents en bouche. Un vin d’une très grande race.
1998
RP 96/100
Un nez vanillé, un peu sauvage avec des notes d’olive noir.
Une concentration exceptionnelle, avec une très belle matière. Des tannins fondus mais encore présents.
Encore un beau potentiel pour un vin exceptionnel.
1988
Sur l’étiquette, nous lisons H.Sorrel(Henri, père de Marc) et non M.Sorrel.
Un nez un peu iodé et fruité, lissé.
En bouche les tannins sont fondus, le terroir s’exprime avec un coté terreux.
Un vrai plaisir pour un vin à son Optimum.
C’est sur ce 1988 que se termine notre inoubliable dégustation.
A travers ces verticales, Marc Sorrel nous prouve que ses deux cuvées de prestiges sont parmi les meilleures de l’appellation.
Il réalise des vins d’une très grande régularité pour le plus grand plaisir des palets.
Quand on sait que le Gréal de Marc Sorrel est un vin quasi introuvable (4000 à 4500 bouteilles par an), nous nous rendons bien compte de la chance d’avoir pu participer à cette dégustation.
D’après Marc, ‘C’est dans les vignes que l’on fait le vin, pas dans la cave’. Voila pourquoi au domaine Marc Sorrel, c’est 0% de fûts neufs.
Je terminerais cette article en remerciant Marc et à Guillaume Sorrel (Fils de Marc et copropriétaire du Domaine des Alexandrins), sans qui cette dégustation n’aurait pu avoir lieu.
Vous trouverez l'ensemble du reportage (avec photos) sur
mon blog !
Bonne visite,
Syracuz