Les aventures ubuesques d'Oliv au Pays de Château Grillet 1987
Bon, autant vous le dire de suite, même si Hulk sort cette semaine en salle, je crois que je suis encore plus vert et en colère que lui !!
Je m'explique...
Depuis l'an passé où j'ai eu l'occasion de rentrer ce vin en cave, je me faisais une joie de le partager avec mes comparses qui ont si souvent ouvert la
grandeur de leur cave au modeste mais motivé débutant que je suis.
J'avais l'an passé profité de l'expérience de l'ami Philippe Ricard pour en savoir un peu plus sur ce vin et ce millésime difficile mais bien sorti lors de la monumentale verticale d'IVV , Bruno l'avait lui aussi contacté pour avoir son avis sur des accords mets/vin réussis, j'avais même un pari en cours avec un ami DCien...
En gros, cette bouteille était attendue !
Et PAF, catastrophe, au premier coup de nez, ça renifle les ennuis ! Et les gros, le genre incarnation de l'irrémédiable, champion du sans espoir !
Un nez, comment dire?? Un mixe entre la vieille serpillière oubliée dans le fond du seau, avec du fond de cave humide, un peu de poussière et du moisi.
Nous sommes trois professionnels et deux amateurs passionnés autour de la table à pester contre cette cochonnerie de goût de bouchon qui nous gâche tant de belles bouteilles.
A ce stade, effectivement, aucun doute que la bouteille est morte, TCA m'a (encore) tuer !
Sur les conseils de mes 3 pro de copains, je décide de passer retourner la bouteille au caviste, pas pour me la faire changer (je n'aurais pas refusé un petit geste toutefois) mais plus pour en discuter avec eux.
La bouteille (qui, dans mon esprit, était un cadavre abîmé et juste bon pour la science) est laissée sur la table du salon puis sur le siège passager de ma voiture pendant 3 ou 4 heures sans être ré-goûtée ni même reniflée.
J'arrive chez mon caviste et lui explique le défaut.
Il met le nez sur la bouteille et je le vois sceptique !
Je sens ma tension monter, mon coeur s'accélérer et le Banner en moi s'éloigner petit à petit au profit d'un être vert furieusement colérique. NON MAIS IL ME PREND POUR QUI !! X(
Et là, re PAF, tends la joue mon minou, la deuxième arrive !
Car je ne peux que confirmer que le vin à 30° servi dans un verre ne ressemble en rien à la caricature ménagère qui m'avait emboucanée le pif la veille au soir !
Pour dire, je n'avais même pas goûté le vin hier soir par peur de me flinguer le palais au goût de bouchon.
Là, je porte le verre à mes lèvres et ... ... rien à dire, le vin revit !:
Même servi brûlant au sortir de ma voiture, je ressens du miel et des fleurs blanches et plus du tout de moisi ou de vieux goût de pas net même si l'ensemble n'est pas nickel nickel (mais la température de service était catastrophique) !!
A ce stade, j'ai déjà commencé à arracher ma chemise et à pousser des borborygmes !
Le caviste me propose de conserver la bouteille pour la regoûter plus tard.
Alors, c'est là que toute humanité en moi a dû disparaître car j'ai préféré regagner mes pénates, encore groggy par cette expérience curieuse. Ce vin était tellement mort dans mon esprit que je crois que mon cerveau en avait accepté l'idée et qu'il ne concevait pas de faire machine arrière.
Et c'est en roulant vers la maison que je sens revenir à moi la Raison : mais si ce vin était en train de revenir à la vie? Mais si ce vin avait juste besoin d'une longue aération pour trouver son point d'équilibre, mais si...?
MAIS POURQUOI LUI AI JE LAISSE LA BOUTEILLE !!!!!!!!!!!
A peine rentré, j'envoie un petit mail aux copains pour partager cette expérience (ça rassure d'être épaulé !) et au caviste en lui demandant de m'envoyer un petit mot pour me parler du vin goûté 24 heures après son ouverture et à bonne température.
Je vous copie colle le mail qu'il m'a envoyé dans l'après midi :
Bonjour,
Nous venons de déguster à température idéale le Château- Grillet 1987, aucun défaut liégeux n’est apparu, il semblait même supérieur à la dégustation que nous avons faite ensemble à température chaude pour un vin blanc, l’oxygène a été bénéfique, des flaveurs très intéressantes aubépine, agrume et camphre se sont révélées, en bouche peu d’acidité mais une belle amplitude et une finale moyenne peu minérale mais gourmande, aucune odeur de serpillière même après 24 heures de plus (en général très marquée après une longue ouverture).
Bilan de l'opération qui intéressera peut être les heureux propriétaires de Chateau Grillet.
* [size=medium]
Il pourrait être judicieux d'aérer longuement le vin avant sa dégustation[/size]
J'emploie le conditionnel car il semble qu'aucun des vins ouverts lors de la verticale IVV n'ait subi ou nécessité de préparation particulière. Laurent pourra peut être nous en parler...
Loïck, comment était ton 87 à l'ouverture? Si je te lis bien, rien à voir avec le nôtre !?
Bilan de l'opération qui n'intéressera personne mais que j'ai besoin d'extérioriser:
Les copains et moi avons eu le droit à la serpillière et mon caviste à une grande bouteille !!
Ça doit être ça, un bon client !
Signé Hulk !
Toute information LPVienne sur un évident goût de bouchon (ou détecté comme tel?) qui disparaît le lendemain sera appréciée, une forme de baume sur la plaie béante de mon ego blessé !