Il avait presque disparu ce vignoble du vallon entraîné par le déclin des activités minières de Decazeville, puisqu'il en abreuvait les mineurs.
Et puis quelques vignerons audacieux ont relevé le défi de redonner vie à  ce cru qui n'avait pas très bonne réputation, et dont on disait que les vins étaient verts, pour ne pas dire rugueux, à  la limite du buvable.
C'est un vin de la montagne, qui pousse dans un contexte de climat rigoureux, sur un sol très particulier de terres rouges d'oxydes féreux, un des berceaux du fer servadou, encore appelé, braucol, ou pinenc et qu'ici on nomme le mansoi. Unique cépage pour un vin assez unique lui aussi, à  nul autre pareil, entre mille reconnaissable.
Il s'est bien assagi entre les mains expertes des Matha et Autres Teulier pour exprimer aujourd'hui ce qu'il a de meilleur, une robe d'encre, des notes de cassis, de poivron rouge et d'épices, un bouche structurée où il reste tout de même des tannins caractéristiques.
Il connaît aujourd'hui une certaine grâce auprès d'un public qui cherche avant tout le goût du terroir. Pour le coup, c'en est une essence!
Personnellement, je préfère les vins de Teulier du domaine du Cros, et j'avoue un faible pour le ratafia de la cave de Laurens qui fait merveille sur le chocolat.

Jérôme Pérez
Exclusivité LPV

Suis-je le seul à  avoir bu du Marcillac ou bien seules mes papilles voisines sont suceptibles d'apprécier le mansoi?

Mais non, t'es pas tout seul, Jérôme! Pour t'accompagner, je replace ici un copié-collé de DC sur les vins de Marcillac que j'ai bu à  mon retour de l'Aubrac. Depuis, j'ai eu l'occasion de reboire la cuvée VV du domaine du Cros, je confirme mon jugement et je pense que je vais attendre les autres bouteilles une petite année pour voir comment ce vin se comporte au vieillissement.

"Voici les commentaires de quelques échantillons rapportés de mon séjour dans l'Aubrac ce printemps et que je viens de déguster tranquillement cet été pour me faire une petite idée de la production de cette région:

Marcillac 2000 de Ph. Croizat: robe rouge pourpre, profonde, colorant le bord du verre. Au nez, des fruits rouges et des notes minérales, voire métalliques (de la limaille de fer? ou bien est-ce de l'autosuggestion?). En bouche, c'est un vin empreint d'une rusticité tannique de bon aloi avec beaucoup de mâche.
Un vin pour costaud du palais, mais bien fait et pas désagréable.
6,5/10.

Marcillac 2000 de Jean-Luc Matha, cuvée Laris: robe foncée à  reflets violines, beaucoup de fruits rouges et une bonne tenue en bouche, moins rustique que le précédent. Légère pointe métallique en fin de bouche.
Un vin agréable, d'un bon rapport Q/P.
7/10.

Marcillac 1999 du domaine du Cros, cuvée VV : le seul domaine du secteur que je connaissais auparavant, qui produit une autre cuvée plus simple dénommée "Le sang del pais".
Un élevage un peu plus ambitieux pour ce vin, toujours du fruit mêlé à  des notes minérales, mais aussi une légère amertume des tannins et une finale un peu astringente.
7/10, à  attendre encore un peu.

Globalement, les vins dégustés se valent, ce sont des vins solides, d'un bon rapport Q/P, essentiellement destinés à  accompagner la gastronomie locale (surtout l'aligot, miam!)."

Olif